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EAN : 9782363391506
240 pages
Finitude (19/08/2021)
  Existe en édition audio
3.58/5   350 notes
Résumé :
Les parfums sont toute la vie de Sylvain Bragonard. Il a le don de cerner n'importe quelle personnalité grâce à de simples senteurs, qu'elles soient vives ou délicates, subtiles ou entêtantes. Tout le monde y passe, même les morts dont il s'occupe tous les jours dans son métier d'embaumeur. Cette manière insolite de dresser des portraits stupéfie Alice, une jeune thésarde qui s'intéresse à son étrange profession.
Pour elle, Sylvain lui-même est une véritable ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (107) Voir plus Ajouter une critique
3,58

sur 350 notes
Rentrée littéraire 2021 # 11

Sylvain a un nez exceptionnel, capable de cerner la psychologie d'une personne rien qu'à son odeur. Forcément, on pense au Parfum de Patrick Süskind. Mais Sylvain n'est pas un psychopathe mais thanatopracteur et ce sont les morts qu'ils hument afin de les embaumer au mieux de ce qu'ils ont été. Forcément, on pense à l'univers de Six feet under tellement il est rare qu'un roman s'intéresse à ce métier-là. Mais il y a aussi quelque chose d'Anna Gavalda dans la manière de conduire ses personnages vers une dénouement bienveillant apportant la douceur de la résilience.

Au-delà de ces références, le Parfum des cendres est surtout un premier roman original qui chante sa propre musique avec une qualité d'écriture qui relève haut la main le défi de mettre en mots des sensations liés à l'odorat. Certaines descriptions du parfum des morts relèvent de la magie et emportent le lecteur dans un foisonnement sensoriels très évocateurs. En fait, c'est tous les sens qui sont convoqués pour parler de la mort avec une douceur rarement lue.

Voici le portrait de Giselle : « parfum chaleureux et végétal, la lourde et capiteuse puissance du patchouli sur ces bras massifs, plutôt flasques, bardés d'hématomes, des bras faits pour serrer – éventuellement pour étouffer – et pour s'agiter avec expressivité ... Une drama queen à l'orientale, le patchouli, fragrance liquoreuse, séductrice et entière, qu'on aime ou qu'on déteste, une note de fond, facilement entêtante, avec une tendance notoire à s'incruster. Et puis aussi, en humant bien, quelque chose d'autre .. quelque chose de plus tendre et léger, une note de tête, aérienne, fragile : le lilas. Et ce n'était pas un mélange parfaitement harmonieux, non, le lilas et le patchouli, l'accord était risqué et parfois dissonant, comme une guerre que l'un et l'autre se menaient au coeur de Giselle. Souvent à l'avantage du patchouli, qui écrasait tout, mais le lilas résistait, il surgissait brièvement puis se faisait de nouveau engloutir, et l'ensemble formait malgré tout un semblant de cohérence, une odeur poudrée, vibrante, très effective, nimbée de naïve coquetterie. »

Alors que Bernadette n'est que groseille : « Cette fragrance piquante et fruitée. Une bille écarlate qui éclate en jus acide, très acide sous es dehors pimpants, pas du genre à enrober le palais de douceur sucrée, la groseille, plutôt du genre à le picoter délicieusement – avec, de temps à autre, l'éclair d'amertume des minuscules grands qui cèdent sous la dent. »

Si la prose est parfois inégale, ou du moins plus ordinaire lorsqu'on sort du monde des morts, le personnage de Sylvain est parfaitement caractérisé, bourru et silencieux, semblant préférer la compagnie des morts à celle des vivants. Empli d'un mystère triste, il vit dans une prison de verre comme un mort sans rémission et ne peut que regarder le monde à travers une baie vitrée. Par contre je n'ai pas accroché avec celui d'Alice, jeune femme pleine de vie qui débarque dans sa vie pour rédiger sa thèse sur les thanatopracteurs. Leurs confrontations et interactions sont très prévisibles voire convenues, même si jamais l'auteure ne tombe dans le piège de la niaiserie potentielle.

Peu importe cette dernière réserve, lorsque le terrible secret de Sylvain est révélé, je me suis laissée attendrir, heureuse de l'accompagner dans son retour à la vie.
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Même s'il utilise fard et pinceaux, Sylvain exerce un métier qui manque un peu de glamour, et s'il colore avec soin lèvres et pommettes, ce ne sont pas ses patients qui l'en remercieront. Il est thanatopracteur, et permet ainsi aux familles endeuillées de garder le souvenir d'un visage apaisé pour leur proche qui a rejoint une autre rive.

La jeune femme qui lui a demandé de pouvoir observer sa pratique de l'embaumement est un thésarde, éternelle étudiante. Elle a déjà fréquenté plusieurs collègues de Sylvain, mais quelque chose l'intrigue cette fois, dans la manière d'examiner les sujets et de leur attribuer une palette d'odeurs personnelles qui le guide pour choisir ce qu'il va utiliser.

C'est un véritable ours, un taiseux, à la limite du malpoli et Alice devra prolonger son stage pour tenter de comprendre le fonctionnement de ce drôle de paroissien….

Il est évoqué à plusieurs reprises, et on pense bien sur à Jean-Baptiste Grenouille, héros du roman de Patrick Süskind, en raison des multiples allusions au parfum. Et pourtant rien de commun entre ces deux personnages.

L'histoire évoluera, on s'en doute vers quelque chose d'intime entre les deux protagonistes, tout le suspens réside dans la façon dont Alice brisera ou pas la carapace de Sylvain et comment elle découvrira son secret.

Le roman est plaisant par le caractère atypique des personnages, par le paysage sensoriel qui revient en boucle, évoqué avec beaucoup de finesse. Malgré la présence constante des cadavres, on ne ressent pas de malaise, peut-être grâce au traitement que leur applique le thanatopracteur et toute l'attention qu'il y consacre.

Un joli roman, dont le sujet risqué est traité avec délicatesse et originalité.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Ce livre est terrible : je ne l'ai terminé que parce qu'il me semblait important de pouvoir poster ici une critique complète offrant un contre-point de vue...
LA NARRATION : Sylvain Bragonard est devenu thanatopracteur après avoir abandonné son rêve de devenir parfumeur. Ce changement de carrière est motivé par un drame personnel et tout l'intérêt du livre réside dans le fait de comprendre de quoi il s'agit (il ne se passe strictement RIEN dans ce livre à part ce dé-tricotage psychologique). Seulement voilà, l'autrice vend très grossièrement la mèche sur ce traumatisme avant la page 35. On s'ennuie donc profondément pendant les 200 pages restantes.
LE SUJET : le livre vous emmène dans le monde de la thanatopraxie. Mais de toute évidence, l'autrice n'a jamais vu un cadavre de son existence, ni assisté à aucun un soin thanatopraxique (ni même pris la peine de demander à des membres de cette profession de lui expliquer un peu les choses). Ses descriptions - longues - destinées à reconstituer l'univers sensoriel de la manipulation des cadavres sont donc bourrées de clichés et d'erreurs. En plus de briser le contrat de crédibilité avec le lecteur un tout petit peu averti, l'autrice tend donc à propager des idées reçues sur un métier déjà tristement stigmatisé...
LE STYLE : la langue est lourde : tantôt lyrique, tantôt quotidienne ascendant vulgaire, empruntant au langage des romans de gare policiers. Autant dire que l'autrice n'a pas encore trouvé son style et imite celui d'autres sans même parvenir à une cohérence. (voir citations)
LES PERSONNAGES : depuis les personnages principaux jusqu'aux simples figurants, tous les personnages sont caricaturaux et campés à travers des descriptions sans saveur. Les ados rebelles portent des Doc Martins, la soeur du héros est "féminine" : elle a donc dû "faire de la danse classique et collectionner les barbies", etc... Une fois de plus : bienvenue au coeur d'un roman de gare !
CONCLUSION : Je n'ai rien trouvé de bon pour "sauver" ce livre. Je suis profondément attristée de voir atterrir en pleine rentrée littéraire un ouvrage aussi mauvais et irrespectueux. C'est désormais la mode, tous les ans, de nous sortir un primo-romancier issu d'une maison d'édition confidentielle pour le porter aux nues... mais je suis certaine qu'il existe des candidats plus méritants à qui on aurait pu donner cette opportunité !
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Sylvain Bragonard est thanatopracteur. Il s'occupe de donner l'illusion de la vie à des corps tout juste morts. L'embaumeur, celui qui masquait l'odeur de putréfaction du cadavre grâce à d'agréables fragrances…

Et bien avec ce texte, Marie Mangez nous propose justement un voyage au coeur des odeurs par le biais de ce personnage timide et bourru qui décrypte le monde et les gens grâce à son nez d'une finesse inouïe. Il perçoit toutes les senteurs et il arrive à percer à jour la personnalité des corps dont ils s'occupent rien qu'en les humant et à leur redonner un visage, un souffle, le temps de la crémation. Bragonard… à une lettre près, ça donne le nom du célèbre parfumeur Fragonard !

Sa solitude est vite bousculée lorsqu'arrive Alice, jeune thésarde qui dédie ses travaux au métier de thanatopracteur, aux pratiques mortuaires et plus largement à la mort. Mais Alice a tout d'une vivante et va tirer Sylvain du monde des morts grâce à sa joie de vivre mais aussi grâce à sa passion pour la musique qu'elle va lui insuffler. Car après tout, l'odorat et l'ouïe parlent un peu la même langue, la langue des sens et son pouvoir de réminiscence.

La rencontre de ses deux êtres solitaires est plutôt crédible et les personnages ont une belle profondeur. Bien sûr, la vie n'a pas épargné Sylvain et, petit à petit, on comprend ce qui est arrivé à sa pote Ju et pourquoi il est aujourd'hui si mutique et si triste.

J'ai eu peur de me retrouver face à une pâle copie du très bon roman de Süskind, le parfum, qui m'avait fascinée étant ado. Mais pas du tout, je n'ai pas été déçue. L'auteure fait d'ailleurs un joli clin d'oeil au personnage de Jean-Baptiste Grenouille.

Son écriture est un régal, si je peux ajouter le goût à ce joli mélange des sens. Elle excelle dans la description des parfums et des bouquets avec un vocabulaire riche et évocateur, nous offrant une palette olfactive colorée.

Le thème de la mort est abordé avec beaucoup de pudeur et dans ces multiples aspects : la mort qui surgit dans la vie, la mort synonyme de dépouille, la mort comme sujet d'étude...

Une lecteur que je conseille. Malgré un sujet de prime abord austère et sombre, un premier roman lumineux et plein d'espoir qui ravit les sens et le coeur !

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Dix jours pour lire ces 230 pages ! Autant dire qu'elles ne m'ont pas inspirée.

Avec la méthode Cémantix (jeu découvert avant-hier, follement addictif, hein Sachka ? 😉), ces mots seraient bien classés : deuil, souvenirs, traumatisme, mort, parfums, essences, vinaigre, pastilles à la menthe, thanatopraxie, cadavres, musique, solitude, enfermement, taiseux, romance (?). Et enfer, aussi, le mot d'hier.
.
Pour mon ressenti de lecture, on serait sur : dégoût, ennui, agacement, envie de secouer le mec apathique & antipathique (ça n'entrerait pas, le robot n'accepte qu'un mot à la fois).
Adolescente, j'avais été bluffée par 'Le Parfum' de Patrick Süskind. J'ai toujours les - grandes - narines bien ouvertes, j'aime sentir, nommer les (bonnes) odeurs, me les rappeler, et l'idée de les 'enflaconner' me ravit.
.
Ici, le personnage principal est thanatopracteur, il manipule les défunts avec une délicatesse presque suspecte et les définit à partir d'odeurs.
Je trouve ça glauque, je ne suis pas curieuse de savoir ce que devient le corps mort des gens que j'aime.
Exemple de métaphore, quand le 'héros' cuisine :
« Il remplit la casserole, puis s'attaqua à l'ail, l'éminça avec la même minutie que lorsqu'il s'agissait de dégager l'artère carotide d'un nourrisson. »
Au secours ! 😱🤢
Et le roman est très long. Je salue Alice pour sa patience, moi qui supporte mal les huîtres...
.
Jury Cézam roman 2022.
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critiques presse (3)
Psychologies
13 septembre 2021
Ce premier roman nous séduit par sa puissance d’évocation du monde des senteurs et par le charme qui s’en dégage. On évoquera bien entendu le célèbre roman Le Parfum de Patrick Süskind (Fayard), mais ce serait oublier la petite musique personnelle de ce texte, qui parle d’amour, de désir empêché et de senteurs qui font chavirer une vie.
Lire la critique sur le site : Psychologies
LaLibreBelgique
24 août 2021
Un premier roman maîtrisé et osé aux effluves d’humanité.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Actualitte
06 juillet 2021
Cette manière insolite de dresser des portraits stupéfie Alice, une jeune thésarde qui s'intéresse à son étrange profession.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Nico et Sylvain, depuis le début, n'avaient jamais pu se sentir. Il est trop chelou ton frangin, disait le premier, honnêtement il me fout un peu les jetons - et ledit frangin, de son côté, n'avait jamais exprimé à l'encontre de son beau-frère autre chose qu'une glaciale indifférence.
Aude ne pouvait pas en vouloir à Nicolas. Elle avait tenté de lui expliquer que Sylvain n'avait pas toujours été comme ça - qu'est-ce que ça peut foutre, avait rétorqué Nico, moi ce que je vois c'est comment il est maintenant, et tout ce que je peux dire c'est qu'y a sérieusement un souci au niveau du ciboulot.
(p. 51)
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Il pleurait Ju' et il pleurait la saveur du monde, l'odeur de la terre après la pluie, celle des draps propres dans la lingerie d'Eliane, l'odeur du romarin dans les bocaux de la cuisine, du café et du parquet ciré, du dissolvant et du vernis sur les frêles ongles de sa sœur préadolescente, l'odeur du chocolat, du poulet rôti à l'entrée des charcuteries, des vieux livres à la couverture craquelée et des nouveaux au pages blanches et veloutées, des paquets de petit-beurre, le goût des fraises du jardin et des noisettes torréfiées, l'odeur d'amande de la colle en bâton, la senteur du tabac blond, l'odeur suave de la peau d'Aude, le parfum fleuri de sa mère et l'odeur du cou de son père, du feu de cheminée des après-midi d'hiver, les relents aigres des vestiaires du gymnase, l'odeur de formica et de linoléum des salles de classe et des bâtiments administratifs, l'odeur du basilic frais sur les marchés italiens, le parfum de beurre chaud des viennoiseries à l'approche d'une boulangerie, le goût de la coriandre, des girolles, des premières pêches de la saison, la saveur des baies roses dans un tartare de saumon, l'odeur de marée sur les plages bretonnes et celle de chien mouillé de Durian qui rentrait crotté, et même l'odeur de merde, oui, il la pleurait aussi, l'odeur nauséabonde des couloirs de métro et de la pisse de chat, du chou cuit et des éponges sales, toutes ces odeurs furtives, bonnes ou mauvaises, qui coloraient le monde et lui conférait sa saveur, ces odeurs qui surgissaient par surprise devant son nez au vent, des fragments d'univers aspirés, avalés qui, en éveillant chacun une zone enfouie de sa mémoire, rappelaient Sylvain à lui-même autant qu'ils l'attachaient au monde.
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- Pouvez pas vous empêcher de poser des questions, hein ?
Alice, en guise de réponse, enroula sa main autour de son oeil, façon longue-vue.
- Vous savez ce que c'est ?
Il secoua la tête.
- Mon nom en langue des signes. Ça veut dire 'curieuse', précisa-t-elle en riant. Épeler Alice à chaque fois, vous imaginez, c'est un peu fastidieux, alors on a tous un nom de substitution.
(p. 141)
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Elle en avait déjà rempli la moitié d'un carnet, des pages parcourues de notes excitées, gravitant autour de deux mots-clefs, embaumement et parfum. Deux mots liés dans leur essence : c’est aux rituels d’embaumement que le parfum devait sa maternité. Les hommes avaient commencé par parfumer leurs morts, avant d’embaumer les vivants.
(p. 125)
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Bernadette était allongée, paupières fermées, les bras sagement étendus le long du corps. Au cœur de ses joues sillonnées de rides, légèrement affaissées, on distinguait le creux des fossettes, centres névralgiques d’un visage encore animé par des années de sourire. Visage arborant désormais une expression sereine – Bernadette attendait que l’on s’occupe d’elle, remettant placidement son enveloppe charnelle aux soins d’autres mains que les siennes.
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Vidéo de Marie Mangez
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Sélection Prix des lecteurs 2022 -- "Le parfum des cendres", Marie Mangez (Finitude)
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Musique : Copyright © Hicham Chahidi
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