AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Christine Le Boeuf (Traducteur)
EAN : 9782742754762
80 pages
Actes Sud (02/03/2005)
3.64/5   50 notes
Résumé :
Est-il meilleur moyen de rencontrer un auteur, parmi les plus fameux et les plus fascinants du XXᵉ siècle, qu'en lui faisant la lecture ? Durant les dernières années de la vie de J. L. Borges, Alberto Manguel, alors étudiant à Buenos Aires, fut chargé par l'écrivain argentin de lire les pages auxquelles ce dernier, atteint de cécité progressive, n'avait plus accès par lui-même. Au fil de souvenirs, dont on sent l'importance qu'ils ont eue sur l'écriture et la ... >Voir plus
Que lire après Chez BorgesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,64

sur 50 notes
5
4 avis
4
4 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Quelques jours en avance, avec cette critique du livre écrit par Alberto Manguel, je rends hommage au grand écrivain Borges décédé le 14 juin 1986.
Alberto Manguel raconte que lorsqu'il était étudiant à Buenos Aires, Borges l'engagea comme lecteur. En effet, depuis la fin de la cinquantaine, cet illustre écrivain est devenu aveugle, une cécité qui ne l'empêche en rien de "lire", doté d'une mémoire colossale toute lecture est pour lui une relecture. Ce livre témoignage m'a beaucoup appris, autant sur l'écrivain que sur l'homme.
“Il aimait les métaphores anciennes – le temps comme un fleuve et la vie comme un voyage et un combat – et pour lui, maintenant, ce combat et ce voyage sont achevés, et le fleuve a tout emporté de ces soirées sauf la littérature qui (il citait Verlaine) est ce qu'il reste après que l'essentiel – toujours inaccessible par les mots – a dit son fait. ”
Alberto Manguel ajoute : “Il me fait remarquer que tout écrivain laisse deux oeuvres : l'oeuvre écrite et l'image de lui-même, et que ces deux créations se pourchassent l'une l'autre jusqu'à la fin. ”
Un livre que je conseille aux lecteurs de Borges !
Commenter  J’apprécie          460
Ce livre-témoin est magnifique.
Les yeux de Manguel, très avisés déjà, nous servent de guide dans l'univers personnel de Borges, dans ses lectures et son amour des livres. Et par là même, nous entraînent déjà dans les pas de celui qui deviendra le passeur permanent de l'envie de lire.
Et sans le dire, Manguel nous permet d'effleurer l'univers magique de Broges, et ainsi, l'air de rien, invite le lecteur à y entrer, et à lire cet auteur parfois redouté.
Ainsi j'ai lu mon le premier Manguel.
Puis lu mon premier Borges.
Commenter  J’apprécie          210
Voici une superbe invitation à prendre le thé "Chez Borges", une introduction au génie de l'aphorisme (oserais-je au prodige de la « punch line » ?) de l'aveugle de Buenos Aires : « Dieu m'a donné les livres et la nuit » ; mais aussi une biographie humaniste qui éclaire sur les événements forts de sa vie : amitié avec Bioy Casares…, parfois cocasses : comment Borges n'est pas devenu inspecteur de volailles sur les marchés ; et aussi sur les failles du grand homme de lettres, pas vraiment marqué par les idées de gauche...

Mais le vrai tour de force de cet opus : nous offrir, en moins de 100 pages, les clés de sa bibliothèque et l'on comprend comment Jose Luis Borges plaçait l'acte de lire à la base et au sommet de toute sa création littéraire. La lecture, passion débridée auquel l'homme conventionnel ne mettait aucune limite : « Sa bibliothèque (…) reflétait sa confiance dans le hasard et dans les lois de l'anarchie. » (P.33)

Et pour un lecteur il s'agit donc de cheminer dans les pas du plus grand des lecteurs. Celui qui semble avoir lu tous les grands auteurs (Shakespeare au firmament) ou du moins ceux qu'ils jugent importants, position très relative lorsque l'on sait qu'il rejetait aussi bien Jane Austen que Thomas Mann ou Gabriel Garcia Marquez de son panthéon littéraire, au profit de… Rudyard Kipling !

Ces « goûts » et « dégoûts » arbitraires affirment la position commune à tous les amoureux des livres : la liberté totale de leurs choix.

Et cette liberté, elle pourrait bien être ébranlée lorsque page 71, Alberto Manguel dénonce le racisme de Borges : "il manifestait à l'occasion un racisme ordinaire..." démontrant "l'infériorité de l'homme noir".
Borges raciste m'empêchera-t-il de lire Borges ? Il est important de savoir qui écrit lorsqu'on est un lecteur, une lectrice mais surtout un être humain qui a été longtemps considéré, même par des esprits éclairés, comme un objet. Objet d'étude, de curiosité, d'échange, mais pas un sujet et encore moins un égal.

Et c'est peut-être là que le prodige s'opère : la lecture a la faculté de briser tous les sortilèges et permettre à l'esprit d'aujourd'hui de trier et tirer vers la lumière ce qui fait notre oeuvre commune et fait de chaque lecteur un égal, voire un frère humain.
Commenter  J’apprécie          80
Que n'aurais-je donné pour assister aux rencontres de Borges et Manguel , un de ses lecteurs !
Le livre permet à Manguel de rencontrer Borges, Manguel permet à Borges de pouvoir continuer à lire, les yeux fermés tandis que Borges à travers Manguel nous offre d'entrer dans son univers , son monde, son affect pour l'histoire écrite.
Et quelle belle place nous y avons , nous lecteurs, choyés , confortés dans l'idée que chaque histoire appartient à chaque lecteur .
J'ai tout aimé de ce livre .
Commenter  J’apprécie          100
"On lit ce qu'on aime, disait-il? tandis qu'on n'écrit pas ce qu'on aimerait écrire, mais ce qu'on est capable d'écrire. »


Un tout petit bouquin qui raconte ce qu'Alberto Manguel a déjà souvent évoqué : comment à 16 ans, il faisait partie des nombreux lecteurs qui remplaçaient les yeux de Borges et lui faisaient la lecture, admis dans son intimité. Sans souci d'exhaustivité aucun, quelques anecdotes et réflexions côte à côte avec la malice habituelle de Manguel et la passion affectueuse qu'il porte au grand homme.
C'est des plus agréable de découvrir quelques qualités et travers du grand homme, qui aimait tant la conversation qu'il choisissait des plats sans intérêt pour ne pas se laisser distraire, et évidement un amoureux des livres en lequel on prend plaisir à se reconnaître:


« Pour Borges, l'essentiel de la réalité se trouvait dans les livres ; lire des livres, écrire des livres, parler de livres. de façon viscérale, il était conscient de poursuivre un dialogue commencé il y avait des milliers d'années et qui, croyait-il, n'aurait jamais de fin. (...) Il ne se sentait jamais obligé de lire un livre jusqu'à la dernière page. Sa bibliothèque (qui, comme celle de tous les autres lecteurs, était aussi son autobiographie) reflétait sa confiance dans le hasard et dans les lois de l'anarchie. « Je suis un lecteur hédoniste : jamais je n'ai permis à mon sentiment du devoir de se mêler d'une affaire aussi personnelle que l'achat de livres."
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
"Les conversations avec Borges étaient ce qu'à mon avis devaient être toutes les conversations : elles traitaient de livres et de l'horlogerie des livres, de la découverte d'auteurs que je n'avais pas encore lus et d'idées qui ne m'étaient encore jamais venues à l'esprit ou que je n'avais qu'entraperçues de façon hésitante, à demi intuitive, et qui, par la voix de Borges, brillaient et étincelaient dans toute leur splendeur généreuse, et d'une certaine manière, évidente."
Commenter  J’apprécie          80
“Toutes les littératures commencent par des épopées, plaidait-il, pas par de la poésie intime ou sentimentale.” Et il citait l'Odyssée pour s'en expliquer : “Les dieux tissent pour l'homme l'adversité afin que les générations futures aient quelque chose à chanter. ”
Commenter  J’apprécie          150
INCIPIT
"Je me fraie un chemin dans la foule de la Calle Florida, je pénètre dans la toute récente Galeria del Este, j'en ressors à l'autre bout, je traverse la Calle Maipu et, en prenant appui sur la façade de marbre rouge du numéro 994, j'enfonce le bouton marqué 6B. J'entre dans la fraîcheur du vestibule de l'immeuble et je grimpe les six volées de marche. Je sonne à la porte et la bonne vient m'ouvrir, mais, sans lui laisser le temps de m'introduire, Borges apparaît derrière une lourde tenture, très raide, son costume gris boutonné jusqu'en haut, son col blanc et sa cravate rayée de jaune légèrement de travers, et il s'avance à ma rencontre en traînant un peu les pieds."
Commenter  J’apprécie          50
Il y a des écrivains qui tentent de mettre le monde dans un livre. Il y en a d'autres, plus rares, pour qui le monde EST un livre [...].
Commenter  J’apprécie          220
Il y a des écrivains qui tentent de mettre le monde dans un livre. Il y en a d'autres, plus rares, pour qui le monde est un livre, un livre qu'ils tentent de lire pour eux-mêmes et pour les autres. Borges était de ceux-là.
Commenter  J’apprécie          100

Videos de Alberto Manguel (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alberto Manguel
A l'occasion de la soirée de lancement Lettres du Monde, rencontre avec Javier Cercas "Le château de Barbe Bleue" et Alberto Manguel "La cuisine des contrés imaginaires" aux éditions Actes Sud. Entretien avec Caroline Broué.
Retrouvez les livres : https://www.mollat.com/livres/2727711/javier-cercas-terra-alta-vol-3-le-chateau-de-barbe-bleue https://www.mollat.com/livres/2947559/alberto-manguel-la-cuisine-des-contrees-imaginaires
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature espagnole et portugaise>Romans, contes, nouvelles (822)
autres livres classés : argentineVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (101) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1705 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}