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Critique de lilianelafond


« Tout commence par un voyage », affirme l'écrivain-lecteur Alberto Manguel, né argentin, citoyen canadien, élevé en allemand, écrivant en anglais, parlant français, italien, espagnol, portugais, un peu latin. Tout commence, donc, par la curiosité, ce mouvement irrépressible qui projette tout homme dès sa naissance vers l'inconnu. Nomade par excellence, elle est ce « pourquoi ? » enfantin qui le mènera vers d'autres « pourquoi ? » et des « comment ? », des « qu'est-ce que ? », des « que sais-je ? », des « qui suis-je ? »… Parfois, la curiosité égare, conduit aux eaux troubles du mystère, de l'interdit, de la folie. Il suffit alors de suivre le conseil du Roi de coeur au Lapin blanc (dans Alice au pays des merveilles) : « Commencez par le commencement, et continuez jusqu'à ce que vous arriviez à la fin ; alors, arrêtez-vous. » Ou alors, lorsqu'on est, tel Dante au début de sa Divine Comédie, exilé et perdu dans une profonde forêt, de lui emboîter le pas comme lui-même suit Virgile de l'Enfer au Paradis.
C'est ce que fait ici Alberto Manguel pour qui La Divine Comédie est ce livre inépuisable que cherche tout grand lecteur et qui concentre, à un moment de sa vie, « l'exploration de soi-même et du monde ». Avec Dante pour guide, il nous fait partager sa traversée de l'humanité, des livres, de la connaissance, du langage. de la curiosité devient, le livre du livre de tous les livres : l'autobiographie d'un lecteur.
Chaque station s'enroule autour d'une question : que voulons-nous savoir ? Qu'est-ce que le langage ? Quelle est notre place ? L'itinéraire commence avec l'histoire du point d'interrogation et s'achève en questionnant la vérité de l'imaginaire. On y croise Socrate, Hume, Thomas d'Aquin, Primo Levi, Oppenheimer, le Talmud et la Bible, le poète sanskrit Bhartrihari, le mystique andalou Aboulafia et l'écriture des quipu incas, l'histoire des sophistes et des représentations de la mort… l'époustouflante érudition se donnant à lire comme un immense conte.
On a raconté un jour à Alberto Manguel que, lors du décès d'un apiculteur, quelqu'un doit aller en avertir ses abeilles. Il souhaite depuis lors qu'à sa propre mort, quelqu'un « prévienne [s]es livres qu['il] ne reviendr[a] plus ».


Lien : http://www.philomag.com/les-..
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