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EAN : 9782356080059
81 pages
L'Escampette (05/11/2008)
3.71/5   7 notes
Résumé :
En première lecture, ce livre est un essai sur le film de James Whale (1935), ses origines (le célèbre roman de Mary Shelley), l'écriture de son scénario, le choix de ses acteurs, la relation avec la censure, etc.
Mais, plus profondément, c'est un essai sur la création, sur les relations du créateur avec sa création, sur la prédominance de l'acte de création sur tout autres considérations philosophiques, religieuses ou morales.
C'est aussi un essai sur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La Fiancée de Frankenstein. le titre seul pourrait faire songer à une simple adaptation livresque du chef-d'oeuvre de Mary Shelley, ou bien à une suite médiocre de celui-ci. Cependant, quelle n'est pas la surprise du lecteur lorsqu'il se voit confronté à un essai sur le film de James Whale plus critique qu'élogieux! Ce second film se voit d'abord défini par son pathétique grotesque, mais ce "vernis" couvre, par ailleurs, "une dignité et [un] pathétique rares". Alberto Manguel entreprend en fait un réel travail de chercheur, en collectant divers documents, afin de déterminer la relation unissant une créature effrayante à son créateur. Les difficultés rencontrées après le tournage sont donc révélées, notamment en ce qui concerne la censure québecoise, preuve que ce film est plus dérangeant qu'il n'y paraît! On essaye alors de faire croire que l'histoire-même touche uniquement au domaine de l'hallucinatoire, au lieu de mettre en valeur la réflexion sur la création, sur le mythe du double qu'elle met en scène. En effet, qui est la créature de l'autre finalement? L'auteur, de façon très perspicace, établit un lien entre l'étymologie latine du nom "monstre" signifiant "montrer" et le personnage de Frankenstein: le monstre est cet "objet" créé de toutes pièces qui se dévoile à lui-même, qui a conscience de sa monstruosité, comme si le fait d'avoir été conçu par un homme lui permettait de se voir, non pas avec les yeux d'une brute, mais avec ceux d'un être humain. Peut-on dire alors que le monstre soit monstrueux? Rien n'est moins sûr ...Le manichéisme est bien déjoué, et l'on voit aussi que le metteur en scène se révèle être un second auteur qui évite de tomber aisément dans le comique de bas étage...et cela par le biais du grotesque!Frankenstein n'est plus cet orateur éloquent, mais une créature démunie, presque christique comme le sous-entend l'interprétation subtile d'Alberto Manguel: les réactions de l'épouvantable mort-vivant deviennent humainement compréhensibles. de même, la genèse du film fait place à un questionnement sur ce qu'est la création au sens biblique par exemple, l'acte de créer se révélant comme ayant toujours été monstrueux, le monstre s'interprétant comme une figure possible de l'étranger, mais aussi sur ce que veut louer le mythe du féminin, à travers le personnage de la fiancée. le livre n'est donc pas à restreindre au seul champ de l'adaptation cinématographique: il est un essai, une fenêtre ouverte sur bien d'autres mythes et notions...
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" La Fiancée de Whale (ainsi que l'a dit Paz de la Mariée de Duchamp) est une oeuvre 'en quête de signification' et, pour cette raison même, inépuisable." C'est ainsi qu'Alberto Manguel conçoit la réalisation de Whale, fièrement adaptée du roman de Mary Shelley.
Avec La Fiancée de Frankeinstein parut aux éditions de l'Escampette en 2008, et traduit de l'anglais par Christine le Boeuf, Alberto Manguel ajuste sa plume sur une écriture croisée entre l'analyse filmique et la critique littéraire.
L'essai s'ouvre sur la première rencontre entre Manguel et le monstre ; souvenir qui permet d'introduire le cinéaste Whale ainsi qu'une courte biographie sur la fin de sa vie.
L'essai est divisé en plusieurs petites parties qui se fondent parfaitement les unes aux autres, Manguel les fait couler avec brio entremêlant anecdotes multiples ( équipe cinéma, rencontre, confection du monstre) au même titre que des références littéraires et religieuses. L'écrivain aiguise son oeil critique sur un succès "monstre", il revient sur sa conception et le traitement de l'imaginaire et de la terreur. Il joue notamment avec les symboles qui transpirent des oeuvres respectives de Mary Shelley et de Whale, on remarque qu'il aime pointer les références aux personnages de Shakespeare tout autant qu'à ceux de la Genèse et qu'Adam et Eve.
Parfois avec ironie, il scalpe la relation qui unit le créateur et la création ; ainsi dans " le monstre parle ", Frankenstein "subit le sort de l'étranger qui consiste à se voir avec les yeux de celui qui le hait." ; la souffrance de la création d'avoir été créé est volontairement dénoncée quand sur un autre plan, l'attachement du créateur à ses créations est loué.
Manguel rapproche enfin les oeuvres de Shelley et de Whale pour mieux souligner les différences de traitements et d'interprétations qui sont faits par rapport au monstre.
L'écriture de Manguel est relativement simple, mais elle sait tout de même mettre le mouvement quand il est nécessaire, ainsi le lecteur est réellement plongé dans une suite de mots visuels qu'on ne lâche qu'à la fin.

J'ai apprécié cet essai, car loin d'être rébarbatif et ennuyeux, les 77 pages s'avalent d'une traite. Manguel n'échoue pas et propose un récit vif et juste. Je salue la construction de l'ouvrage et notamment les deux dernières parties qui élargissent sur les mythes de création, mais aussi sur le traitement des personnages féminins. L'accent est porté sur l'oeil compatissant par lequel on peut voir le monstre. Enfin cet essai est une réussite car Alberto Manguel m'a ouvert un univers qui m'était inconnu jusqu'alors.
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J'ai commencé la lecture de cet essai sur le film de James Whale d'après le roman de Mary Shelley : La fiancée de Frankenstein, plus pour l'intérêt que je porte à Alberto Manguel, que pour celui que j'ai pour le cinéma fantastique, que je ne connais pas. Au fur et à mesure de ma progression dans le texte, j'ai fait une découverte, et j'ai eu une confirmation. Je commence par la découverte : je suis complètement passé à côté de ce cinéma, lorsqu'il atteint le niveau de celui qui est décrit, c'est bien autre chose qu'un spectacle destiné à provoquer la peur, ce que je croyais avant de l'avoir lu. Je ne me souviens pas si j'ai vu ce film, mais je suis certain que je n'y aurai pas trouvé la profondeur philosophique que l'auteur met en évidence sur les rapports entre le créateur et la création. J'en viens maintenant à la confirmation, celle de son immense culture, que j'avais découverte dans une " Histoire de la lecture ". Les soixante dix sept pages de la " fiancée de FRANKENSTEIN " sont un foisonnement d'informations sur le cinéma américain des années trente, les acteurs, les studios, les metteurs en scène, les scénaristes, sur la littérature fantastique du XIX ème, mais également un bouillonnement de réflexions sur le mal, les interdits, toutes les formes de Création, (avec un grand C) la divine, l'humaine, scientifique, artistique. Ce texte, en plus de l'érudition dont il fait preuve est émaillé de vrais moments de bonheur de lecture. Dans le premier chapitre " première rencontre " Alberto Manguel se met en scène enfant, lui, que nous connaissons respectable barbu, il nous fait entrer dans son essai par la petite porte, celle du curieux, qui va découvrir un monde qu'il ignore. L'analyse du moment ou le monstre découvre son image dans l'étang idyllique et la relation de l'étranger qui se voit dans les yeux de celui qui le hait sont sublimes. La description de la rencontre entre le monstre et l'ermite aveugle est magnifique, riche d'interprétations philosophiques, mais également d'anecdotes comme celle qui concerne les affiches, " GARBO parle ! " et " le monstre parle ! " Je suis convaincu, que cet essai a transformé la vision de beaucoup sur le cinéma fantastique, et est une référence d'analyse cinématographique.
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La Fiancée de Frankeinstein d'Ablberto Manguel, édition : l'escampette

Alberto Manguel débute son essai en témoignant de sa première rencontre avec le « monstre », en 1998, à Buenos Aires. Il nous fait part de ce rituel cinématographique dominical pour plonger le lecteur dans un espace-temps qui diffère avec celui du lecteur et dont le rapport sociologique avec le septième art est tout autre que le nôtre. « Frankenstein » est un être fictif qui a été au coeur des pensées d'Alberto Manguel, la création a été l'objet d'étude de l'auteur résultant un essai au sein duquel, l'écrivain rapporte de façons stratifiées les différents enjeux de ce monstre. D'abord, l'auteur pointe le fait que « Frankenstein » incarne la figure de celui qui ne fait partie d'une norme et donc il effraie « la société devant se définir par ce qu'elle exclut, toute définition sociale comporte implicitement – ou explicitement – la définition de son contraire. La normalité a besoin de l'anomalie, des liens partagés circonscrivent la notion de barbare, un comportement convenable reflète le miroir inversé de l'inacceptable. » Cet essai est magnifiquement bien écrit, il stratifie le rapport entre la création et le créateur, l'auteur exemplifie sa pensée avec des références universelles, la création de l'homme est mise en parallèle avec celle d'Adam et Eve... Puis, il conclut ce livre sur la création en lien avec le cinéma, p67 « On peut imaginer les problèmes de la création – ceux du créateur et ceux de la créature – comme des problèmes de cinéma. le « Je veux faire bouger des images » de Lumières fait écho au « Je veux que ces ossements respirent ; » du Dr Frankenstein et la volonté d'apporte la lumière dans les ténèbres (ainsi que le fit Prométhée en volant le feu) est assurément l'une des définition du cinéma ». Cet essai est fragmenté par différentes problématiques abordées par l'auteur dont le sujet traité tout du long est le lien entre la création et le créateur, ce travail de réflexion est très bien mené, c'est donc un livre à mettre entre toutes les mains.
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La fiancée de Frankenstein d'Alberto Manguel est paru aux éditions de l'Escampette en 2008, traduit le l'anglais par Christine le Boeuf.

Alberto Manguel commence cet essai par ses souvenirs d'enfant découvrant le cinéma. Puis il part dans le vif du sujet. La Fiancée de Frankenstein, film réalisé par James Whale en 1935. Il y parle de la situation (historique, politique et financière) de la Universal Film Manufacturing Company, qui l'a produit. Il explique ensuite la genèse : le premier tome (Frankenstein), les acteurs choisis (et pour quelles raisons), le scénario, la censure des catholiques et des autres pays.

Après cette entrée en matière, Manguel nous fait partager ce film qui l'a tant marqué, et par là, en profite pour rédiger un essai également sur la cinématographie et sur l'histoire (littéraire et visuelle) du fantastique et de la terreur (terme qu'il préfère à l'horreur, comme il l'explique dans l'ouvrage). On apprend comment ont été réalisés les effets spéciaux, comment les acteurs vivaient ce tournage, ce que certaines scènes cachent, et bien d'autres choses. Par moment, le film se joue presque sous nos yeux, entre deux lignes de texte, nous embarque dans un effroi propre au sujet, et nous laisse pantelant et désarçonné lorsque Manguel reprend le fil de son essai avec des commentaires contextuels. Ce va-et-vient permanent m'a purement et simplement empêcher de lâcher le livre avant la fin !

Qu'ajouter ? Résumer plus avant serait une redite (dans un style bien moins agréable à lire que celui de Manguel) de ce court essai.

80 pages pour décrire un film des années trente, et nous donner envie de le voir, voilà le pari réussi, à mon sens, d'Alberto Manguel. Sa plume en fait un roman, nous berce, et prouve que les essais ne sont pas toujours des écrits barbares et ennuyants à souhait.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
" Il est des créatures imaginaires qui, étrangement, ne semblent pas imaginaires parce que le monde paraît inconcevable sans elles ; elles sont des inventions nécessaires, comme les licornes et les dragons, et appartiennent à un paysage intérieur aussi fondé dans notre réalité que celui de nos vies quotidiennes. Le monstre et sa fiancée font partie de cette faune impérissable et commune.
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 On peut imaginer les problèmes de la création – ceux du créateur et ceux de la créature – comme des problèmes de cinéma. Le « Je veux faire bouger des images » de Lumières fait écho au « Je veux que ces ossements respirent ; » du Dr Frankenstein et la volonté d'apporte la lumière dans les ténèbres (ainsi que le fit Prométhée en volant le feu) est assurément l'une des définition du cinéma 
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Dans la grande salle du château, le corps inanimé d'Henry est étendu sur une table. Cela nous rappelle le moment de la naissance du monstre dans Frankenstein, sauf qu'ici le créateur usurpe la place de la créature. ce thème fondamental - l'identification du créateur avec la création et vice-versa - est présenté par Whale d'un bout à l'autre du film [..]
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Vidéo de Alberto Manguel
A l'occasion de la soirée de lancement Lettres du Monde, rencontre avec Javier Cercas "Le château de Barbe Bleue" et Alberto Manguel "La cuisine des contrés imaginaires" aux éditions Actes Sud. Entretien avec Caroline Broué.
Retrouvez les livres : https://www.mollat.com/livres/2727711/javier-cercas-terra-alta-vol-3-le-chateau-de-barbe-bleue https://www.mollat.com/livres/2947559/alberto-manguel-la-cuisine-des-contrees-imaginaires
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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