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sur 1316 notes
Lire un roman policier de Henning Mankell veut aussi dire enrichir sa culture générale. Ici on rallie la Scanie à l'Afrique du Sud en passant par la Russie en un battements d'ailes. On côtoie la lutte contre l'apartheid et la fin du KGB dans un monde au bord du gouffre.

La qualité indiscutable de la narration et la sensibilité de la plume transgressive de l'auteur font toujours mouche. Et avec des personnages récurrents on est un peu comme à la maison : les meubles sont toujours à la même place et on reconnaît le parfum familier du crime et des enquêtes.
Retrouver Wallander est toujours un plaisir teinté d'inquiétude.

Henning Mankell est un écrivain subtil qui parle comme personne d'autre des aléas de la vie, de ce que l'on subit, de ce que l'on construit.

Je pourrais encore trouver plein d'autres raisons de lire un roman de Mankell, ou de les relire puisque maintenant le manque qu'il a laissé ne pourra être comblé qu'en essayant de maintenir vivante la flamme des écrits qu'il nous a légués.

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L'intérêt de « La lionne blanche, » écrit en 1993, réside dans le fait que Henning Mankell craint une guerre civile en Afrique du Sud. Dans sa post-face il affirme : « Personne ne peut affirmer que la guerre civile est inévitable. Personne ne peut davantage affirmer qu'elle aura lieu. L'incertitude est la seule certitude. »
L'auteur présente des personnalités réelles : de Klerk, Mandela, qui se sont serrés la main au Forum économique mondial de Davos en 1992, conjointement prix Nobels de la paix en 1993.
Et pourtant le chaos.
Il dresse un tableau des trois groupes ennemis : les Zoulous, les Anglais, se considérant premiers occupants, et les Boers, héritiers de ces huguenots qui ont fui la France au moment de la révocation de l'Edit de Nantes, arrivés pour certains au pouvoir par leur fanatisme.
Parmi eux, le Président de Klerk, un Boer modéré conscient des enjeux et de l'impossibilité de continuer la haine. Il fait sortir de prison Mandela en 1990, il veut assurer en douceur la fin du régime de l'apartheid, et il l'abolit en 1991.
Le roman, ce sont les services secrets de l'ANC ou pro-Mandela, et des Boers. Une exécution est programmée par ces derniers, les fanatiques, avec comme exécutant un membre de l'ANC. Sauf qu'il ne saura pas jusqu'au dernier moment qui est la vraie cible, et bien entendu on lui fait croire, sans le dire, que c'est de Klerk. Ce tueur a grandi à Soweto, il a connu l'humiliation, et pire que l'acceptation, son acceptation obligée, sous peine de mort. Il est donc devenu voleur, tueur, pour survivre, dans la haine la plus profonde de ces Blancs qui lui interdisent tout.
Quoi de plus porteur que de faire tuer Mandela par un Noir ? Et quoi de plus facile, se disent certains fanatiques Boers ? Les Noirs ne peuvent que nous obéir.
Pour ces Boers, leur peuple élu ne se soumettra jamais. La libération de Mandela depuis Rodden Island, après 27 ans de détention, leur parut une déclaration de guerre. le Président de Klerk devenait à leurs yeux le traitre de la nation. le bain de sang inéluctable allait enfin rendre à la Confrérie des Boers son pouvoir déjà affirmé par l'apartheid.
Services secrets, donc, dont on apprend les agissements contradictoires, semer la panique pour asseoir le pouvoir, conspirer pour conduire le pays au chaos, s'assurer des tueurs des ex du KGB, qui, eux, savent, et pour cela délocaliser… mais oui, en Suède, pays où il est facile d'entrer illégalement, ainsi qu'analyse de ce qu'est l'apartheid, où les Noirs sont simplement dépossédés d'eux mêmes. « Passer de n'être personne à être quelqu'un, c'est le voyage le plus long que puisse entreprendre un être humain. »

Une fois ceci dit, le roman n'en finit pas de terminer.
Voilà, et Kurt Wallander doit se débrouiller avec cet noeuds de vipères, sans savoir qu'une lionne blanche apparait et dénoue sans le savoir ce noeud. Et renversements inattendus, je n'en dirai pas plus, même sous la torture.
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Il y a deux auteurs de polars qui monopolisent ma bibliothèque, Connelly et Mankell.
Si ce bon vieux Michael revient chaque année imposer un nouveau titre sur mes étagères, le regretté Henning, dont bien des ouvrages sont encore en attente dans ma PAL, était absent de mes lectures depuis trop longtemps.
J'ai donc sorti La lionne blanche de mes lectures en attente, pour mon plus grand bonheur de lecteur du genre.
Peut-être l'un des meilleurs romans de l'auteur que j'ai lu.
A Ystad, Suède,  le commissaire Kurt Wallander est amené à enquêter sur la disparition d'une jeune femme agent immobilier.
Dans le même temps en Afrique du sud, un mystérieux "comité " prépare un attentat contre l'une des personnalités les plus importantes du pays.
Deux événements à des milliers de kilomètres mais qui pourraient bien être liés.
Gare à ceux qui se trouveront sur le chemin des comploteurs.
Un Mankell efficace. Sans temps mort. Ancré dans la réalité de l'époque. (Notamment l'Afrique du Sud post apartheid).
J'ai retrouvé avec plaisir Wallander, le flic cher à l'auteur. Flic, donc, mais aussi, père,  fils, amant, humain quoi... Wallander n'est pas un super héros,  mais quoi qu'il arrive, même s'il doit mettre sa vie en danger il ne lâche rien et va jusqu'au bout de la traque des criminels.
Une lecture que je ne peux que recommander aux amateurs de bons polars.








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Fabuleux roman que La Lionne blanche écrit en 1993, dans lequel l'action se situe tantôt en Suède, tantôt en Afrique du Sud où l' apartheid vient tout juste d'être aboli en 1991.
Il débute par un prologue nous mettant déjà en condition pour la compréhension de l'histoire.
Tout commence par le meurtre d'une femme près d'une ferme isolée en Suède. L'enquête en rapport avec des événements qui se préparent en Afrique du Sud va mener Kurt Wallander dans des directions aux conséquences bien lourdes pour lui, tant physiquement que psychologiquement. L'auteur nous décrit une partie suédoise truffée de rebondissements, d'actions et de violence, et en parallèle, le déroulement d'un complot visant à liquider un personnage important de la scène politique sud-africaine.
A travers cette fiction mêlant des personnages réels, l'auteur réussit à nous décrire la période trouble post-apartheid où tout peut exploser d'un moment à l'autre, rendant l'ensemble bien plus instructif qu'un roman policier ordinaire.
Un suspense intense domine tout au long de l'histoire. Henning Mankell a réussit à imbriquer enquête en Suède et paysage social et politique en Afrique du Sud avec beaucoup d'habileté rendant ce récit écrit dans un style clair très intéressant.
Lecture passionnante.
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Kurt Wallander est toujours le taciturne commissaire de police d'Ystad, commune suédoise dans la Scanie devenue mythique après la parution de la série.
Cela ne va pas. Et comment pourrait-il en être autrement! Tourmenté par son quotidien et une enquête où il est question du meurtre d'une agente immobilière et d'un doigt noir sectionné trouvé dans une ferme.

Trouver le lien entre les deux serait poser une passerelle entre deux rives improbables, la Suède et l'Afrique du sud, et, au bout du chemin, découvrir une lionne blanche plaquée au sol, prête à bondir. Cette lionne blanche, animal dangereux s'il est en chasse ou s'il se sent menacé, semble être la métaphore du pouvoir blanc.

Ce jumelage de circonstance entre Ystaad et le township de Johannesburg est l'occasion de festivités qui ne seront pas de tout repos. Aux courses poursuites dans une Suède sommeillante se mêle une course contre la montre, à des milliers de km, pour sauver ce qui peut encore l'être dans une Afrique du Sud du début des années 1990 soumise à l'Apartheid.

Quand Mankell s'intéresse à un pays malade, il s'engage. Comme dans "Les chiens de Riga", où il n'avait pas trouvé "le bilan du communisme globalement positif en Lettonie", il souligne les efforts de certains Sudafs pour faire évoluer leur pays vers des droits plus humains.
Pour accompagner son lecteur dans les méandres de ce conflit, Mankell distille plus d'actions que dans ses premiers romans.
Bien dosée le mélange enquête et découverte d'une culture fonctionne comme un diptyque marchant sur l'eau.

Ajoutez deux méchants, comme on les aime dans les livres, et vous serez comme un gerris qui, profitant de la tension de surface, se meut en patinant.
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Une incursion en Afrique du Sud au moment où l'Apartheid vient juste d'être aboli et la tension est à son comble.

Wallander part sur les traces d'une femme signalée disparue par son mari depuis 3 jours. Rien ne semble trouble dans son passé ni dans sa vie actuelle. Pendant ces recherches, une maison isolée explose, un chien policier retrouve un doigt d'homme noir non loin, et dans les décombres émergent un élément d'un revolver rare ainsi qu'un reste de radio-émetteur fabriqué en Russie. Quel est le lien entre tout cela ? Y a-t-il un lien avec cette femme disparue ou est-ce une pure coïncidence ?
Cette enquête va se révéler très éprouvante pour le commissaire qui une fois de plus fait cavalier seul et part à la dérive au final, quand il se voit contraint de tuer deux hommes. Il faut dire que sa fille va être mêlée de près aux évènements et que son propre appartement va d'abord être cambriolé puis exploser. On observe un homme fragilisé, blessé en son for intérieur, et que la situation dépasse. Un homme terriblement humain tout simplement.

Ce troisième roman de la série s'ancre pleinement dans l'actualité du moment de son écriture (publié en 1993 en Suède). En parallèle de l'enquête du commissaire, Henning Mankell nous offre de belles pages de documentation sur la situation politique en Afrique du Sud. Un prologue tout d'abord, puis des chapitres mettant en scène divers protagonistes impliqués dans l'histoire de son roman. Quand l'Histoire rencontre la petite histoire, cela donne un récit mouvementé et engagé qui implique malgré lui le lecteur dans une réflexion poussée. Le tout dans un style habile sans longueur, une langue toujours aussi agréable à lire.
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Kurt Wallander est décidément un flic atypique aux antipodes de tous les profils connus.
Comment pourrait-il en être autrement d'ailleurs dans la mesure ou il doit exercer son métier selon des règles désormais désuètes avec un état d'esprit complètement inadapté à une criminalité d'une violence qui le dépasse totalement.
Une violence qui lui fait peur ainsi qu'à ses collègues, une violence à laquelle ils ne sont tout simplement pas prêts à faire face, naïfs et désarmés, lents et incrédules...
Cela change beaucoup des lectures habituelles sur ce thème, mais il faut dire qu'avec Mankell le crime est prétexte à des incursions instructives vers d'autres cultures, d'autres lieux et d'autres histoires qui relèguent presque l'enquête qui nous intéresse au second plan.
Histoire de l'Afrique du sud et de la création de l'apartheid, mais aussi les conséquences de la chute du mur de Berlin avec le reclassement des anciens du KGB en passant bien sur par la Suède.
L'auteur va nous faire la démonstration que des personnes que rien ne prédisposait à se rencontrer peuvent se croiser, se heurter et voir leurs destins se lier pour le meilleur et surtout pour le pire.
Une variation du battement d'aile du papillon parfaitement orchestrée par un Henning Mankell inspiré, une belle histoire dont on a l'impression de sortir plus instruit avec un regard qui porte plus loin sur le monde, la griffe Mankell, celle de la lionne blanche.
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Un merveilleux livre! Entre la Suède, l'Afrique du Sud et la Russie, et entre la chute de d'apartheid et celle de l'Union Soviétique, Henning Mankell nous fascine par sa façon de nous concocter une aventure à couper le souffle, prenant appui sur ces événements historiques qui ont marqué le XXe siècle. La lionne blanche, c'est le monde en ébullition, chacun veut protéger ses arrières....les anciens agents de KGB, les défenseurs de la domination des boers en Afrique du Sud, et les Noirs qui crient leur liberté, et La Suède un territoire neutre ... Que du beau avec ce Mankell!
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« Ce fut à cette époque qu'un petit groupe se réunit dans le plus grand secret pour prendre en main l'avenir des Boers. Ces hommes étaient prêts à défendre leurs droits inaliénables par n'importe quel moyen. A leurs propres yeux, ils obéissaient à une injonction divine. Ils ne se soumettraient jamais. Et ils ne choisiraient pas l'issue du sergent Stratton. La décision fut prise : ils allaient déclencher une guerre qui ne pourrait se terminer que d'une seule manière. Dans un bain de sang dévastateur. »

Une double enquête entre Afrique du Sud et Scanie, et un dernier tiers en forme de thriller : c'est le cocktail quasi-parfait d'un des meilleurs Henning Mankell : La lionne blanche.

Tout commence avec la découverte, dans la juridiction de Wallander, au sud de la Suède profonde, du corps sans vie d'une méthodiste sans histoire. L'enquête patauge, jusqu'à ce qu'on comprenne que cette femme a été tuée presque par hasard, après s'être égarée au mauvais endroit au mauvais moment. Son exécution semble en fait destinée à protéger un complot, qui se prépare là dans le plus grand secret. Très personnellement touché par cette histoire qui se joue à des milliers de kilomètres de la Scndinavie, Wallander se dévoile avec sa morale bien à lui, qui ne s'encombre pas toujours de déontologie professionnelle, surtout quand sa famille est en jeu.

« La sensation d'une menace diffuse, capable de se muer d'un instant à l'autre en violence incontrôlable … C'était cela, la vie quotidienne dans son pays. Tout le monde attendait que quelque chose se passe. le fauve était en eux. Les Noirs, avec leur impatience devant la lenteur des changements, les Blancs avec leur crainte de perdre leurs privilèges, leur peur de l'avenir. Comme une attente au bord d'un fleuve où une lionne les contemplait ».

Entre sédition et suspense haletant, La lionne blanche (titre superbe en référence à l'un des chapitres du livre) restitue la complexité et les fragiles équilibres de la transition post-apartheid sur fond de rivalité anglo-boer. Mankell est un excellent connaisseur de l'Afrique du sud, c'est dit, et parvient à tresser deux intrigues invraisemblables de vraisemblance et d'efficacité.

« Que pensions-nous donc ? Que notre rêve d'un monde immuable correspondait à la réalité ? Que les petites concessions faites aux Noirs suffiraient ? Les petites concessions qui, au fond, ne changeaient rien ? »
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Un polar prodigieux, époustouflant.
Wallander, débordé, chaviré est au bord de la rupture et flirte avec l'illégalité... sortira-t-il indemne de cette enquête qui va bien au delà de la Scanie.
En effet, grâce à l'intrigue, Mankell nous plonge dans les coulisses de l'histoire contemporaine, mais aussi plus éloignée de l'Afrique du Sud. Et nous fait percevoir les lumières noires de l'Afrique et ses ténèbres blanches.
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