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3,97

sur 1316 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lire un roman policier de Henning Mankell veut aussi dire enrichir sa culture générale. Ici on rallie la Scanie à l'Afrique du Sud en passant par la Russie en un battements d'ailes. On côtoie la lutte contre l'apartheid et la fin du KGB dans un monde au bord du gouffre.

La qualité indiscutable de la narration et la sensibilité de la plume transgressive de l'auteur font toujours mouche. Et avec des personnages récurrents on est un peu comme à la maison : les meubles sont toujours à la même place et on reconnaît le parfum familier du crime et des enquêtes.
Retrouver Wallander est toujours un plaisir teinté d'inquiétude.

Henning Mankell est un écrivain subtil qui parle comme personne d'autre des aléas de la vie, de ce que l'on subit, de ce que l'on construit.

Je pourrais encore trouver plein d'autres raisons de lire un roman de Mankell, ou de les relire puisque maintenant le manque qu'il a laissé ne pourra être comblé qu'en essayant de maintenir vivante la flamme des écrits qu'il nous a légués.

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L'intérêt de « La lionne blanche, » écrit en 1993, réside dans le fait que Henning Mankell craint une guerre civile en Afrique du Sud. Dans sa post-face il affirme : « Personne ne peut affirmer que la guerre civile est inévitable. Personne ne peut davantage affirmer qu'elle aura lieu. L'incertitude est la seule certitude. »
L'auteur présente des personnalités réelles : de Klerk, Mandela, qui se sont serrés la main au Forum économique mondial de Davos en 1992, conjointement prix Nobels de la paix en 1993.
Et pourtant le chaos.
Il dresse un tableau des trois groupes ennemis : les Zoulous, les Anglais, se considérant premiers occupants, et les Boers, héritiers de ces huguenots qui ont fui la France au moment de la révocation de l'Edit de Nantes, arrivés pour certains au pouvoir par leur fanatisme.
Parmi eux, le Président de Klerk, un Boer modéré conscient des enjeux et de l'impossibilité de continuer la haine. Il fait sortir de prison Mandela en 1990, il veut assurer en douceur la fin du régime de l'apartheid, et il l'abolit en 1991.
Le roman, ce sont les services secrets de l'ANC ou pro-Mandela, et des Boers. Une exécution est programmée par ces derniers, les fanatiques, avec comme exécutant un membre de l'ANC. Sauf qu'il ne saura pas jusqu'au dernier moment qui est la vraie cible, et bien entendu on lui fait croire, sans le dire, que c'est de Klerk. Ce tueur a grandi à Soweto, il a connu l'humiliation, et pire que l'acceptation, son acceptation obligée, sous peine de mort. Il est donc devenu voleur, tueur, pour survivre, dans la haine la plus profonde de ces Blancs qui lui interdisent tout.
Quoi de plus porteur que de faire tuer Mandela par un Noir ? Et quoi de plus facile, se disent certains fanatiques Boers ? Les Noirs ne peuvent que nous obéir.
Pour ces Boers, leur peuple élu ne se soumettra jamais. La libération de Mandela depuis Rodden Island, après 27 ans de détention, leur parut une déclaration de guerre. le Président de Klerk devenait à leurs yeux le traitre de la nation. le bain de sang inéluctable allait enfin rendre à la Confrérie des Boers son pouvoir déjà affirmé par l'apartheid.
Services secrets, donc, dont on apprend les agissements contradictoires, semer la panique pour asseoir le pouvoir, conspirer pour conduire le pays au chaos, s'assurer des tueurs des ex du KGB, qui, eux, savent, et pour cela délocaliser… mais oui, en Suède, pays où il est facile d'entrer illégalement, ainsi qu'analyse de ce qu'est l'apartheid, où les Noirs sont simplement dépossédés d'eux mêmes. « Passer de n'être personne à être quelqu'un, c'est le voyage le plus long que puisse entreprendre un être humain. »

Une fois ceci dit, le roman n'en finit pas de terminer.
Voilà, et Kurt Wallander doit se débrouiller avec cet noeuds de vipères, sans savoir qu'une lionne blanche apparait et dénoue sans le savoir ce noeud. Et renversements inattendus, je n'en dirai pas plus, même sous la torture.
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Kurt Wallander est décidément un flic atypique aux antipodes de tous les profils connus.
Comment pourrait-il en être autrement d'ailleurs dans la mesure ou il doit exercer son métier selon des règles désormais désuètes avec un état d'esprit complètement inadapté à une criminalité d'une violence qui le dépasse totalement.
Une violence qui lui fait peur ainsi qu'à ses collègues, une violence à laquelle ils ne sont tout simplement pas prêts à faire face, naïfs et désarmés, lents et incrédules...
Cela change beaucoup des lectures habituelles sur ce thème, mais il faut dire qu'avec Mankell le crime est prétexte à des incursions instructives vers d'autres cultures, d'autres lieux et d'autres histoires qui relèguent presque l'enquête qui nous intéresse au second plan.
Histoire de l'Afrique du sud et de la création de l'apartheid, mais aussi les conséquences de la chute du mur de Berlin avec le reclassement des anciens du KGB en passant bien sur par la Suède.
L'auteur va nous faire la démonstration que des personnes que rien ne prédisposait à se rencontrer peuvent se croiser, se heurter et voir leurs destins se lier pour le meilleur et surtout pour le pire.
Une variation du battement d'aile du papillon parfaitement orchestrée par un Henning Mankell inspiré, une belle histoire dont on a l'impression de sortir plus instruit avec un regard qui porte plus loin sur le monde, la griffe Mankell, celle de la lionne blanche.
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C'est un bon Wallander, relativement long, avec un dépaysement partiel dans l'Afrique du Sud alors que de Klerk et Mandela mettent en place l'après-apartheid.
La mise en bouche en Afrique du Sud avec des Boers intransigeants est parfaite pour rappeler d'où part ce pays d'africains blancs.
Les personnages sont habités et il est aisé de se glisser dans le cours de l'histoire.
L'écriture, très simple, faite en majorité de phrases courtes, donne ce ton qu'on imagine très nordique suédois, sans emphase.
C'est peut-être ce rythme uniforme qui me plait particulièrement, qui ne permet pas de distinguer la vie intérieure, très bien rendue, de l'action, même brutale, où d'autres que Mankell sont meilleurs.
On ne sursaute pas, on n'est pas fébrile mais on fait le chemin, paisiblement, jusqu'à son terme en goûtant ce qui nous est présenté parce que Mankell prend son temps et nous le donne en partage.

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Le grand écart entre Suède et Afrique du Sud, les aller-retour entre espionnage, politique et policier font l'originalité de ce roman.
Passé le prologue, l'intrigue démarre doucement et accélère progressivement au point d'accrocher le lecteur sans ne plus le lâcher.
Au début le commissaire Wallander est un peu insaisissable et ses collègues encore plus transparents.... et ce sont les sud-africains qui ont les personnalités les plus marquées, les mieux définies. Mais ce ne doit pas être un problème pour lecteurs qui le suive depuis les romans précédents.
Plusieurs intrigues s'entremêlent, qui parfois font baisser l'intensité du suspens, mais chacune suit son cours, parsemé de morts violentes, dans sa logique propre, jusqu'à leur convergence sur une conclusion attendue.
C'est aussi l'occasion de réviser un peu l'histoire des années 90 avec la chute de l'empire soviétique et la transition en Afrique du Sud ; c'est encore une des qualités de ce livre, bien écrit et bien traduit !
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L'histoire débute en Suède mais a des répercussions insoupçonnables en Afrique du Sud. Kurt Wallander, qui se désespère toujours plus de voir son pays dans des folies meurtrières de plus en plus sauvages, doit cette fois enquêter sur la mort d'une jeune mère de famille. Et plus l'enquête avance, plus il ne comprend pas pourquoi elle a été tuée. Un dommage Collatéral, peut-être ? Nous sommes en 1992, l'Apartheid n'a toujours pas été abolie. Les relations entre les Boers, les Anglais et les Noirs sont encore au point d'exploser. Parallèlement, un complot semble avoir été mis en place pour assassiner Nelson Mandela et/ou Frederik de Klerk. Mais quel rapport existe-t-il entre ce complot et l'assassinat de cette jeune suédoise ? Si Henning Mankell connaît parfaitement l'Afrique et sait retranscrire ses émotions, ses rites et ses esprits, Kurt Wallander ignore tout de ce monde africain, accroissant la difficulté à comprendre son enquête.

Je considère « La Lionne Blanche » comme l'un des tout meilleurs Kurt Wallander, délaissant un peu sa Scanie natale pour une plongée dans les sombres heures de l'Afrique du Sud. Mais aussi, c'est l'un des plus cruels, non pas pour la sauvagerie du crime mais pour cette politique ségrégationniste.
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Troisième enquête « française » de Kurt Wallander, La lionne blanche fait enquêter le commissaire sur le meurtre apparemment gratuit d'une jeune mère de famille dans la campagne environnant Ystad. Parallèlement un complot est mené dans le plus grand secret en Afrique du Sud ; son objectif : rien de moins que l'assassinat de Nelson Mandela avant son inévitable accession au pouvoir (l'action se déroule en 1992). Apparemment il n'y a rien de commun entre la Suède et l'Afrique du Sud, mais Henning MANKELL parvient à réunir ces éléments hétéroclites en faisant de la Scanie de Wallander la base arrière des afrikaners extrémistes, sa tranquillité permettant la préparation de leurs opérations terroristes avec l'aide d'anciens agents du KGB.

Henning MANKELL conduit impeccablement sa double intrigue. Il confirme le regard acéré qu'il porte sur la société suédoise contemporaine, et montre aussi une fine connaissance sur la situation politique de l'Afrique du Sud. Et bien entendu son personnage principal prend encore un peu plus d'épaisseur, au moins autant pour son humanité que pour son instinct de policier. Pour toutes ces raisons La lionne blanche est une très belle réussite dans la série des enquêtes du commissaire Wallander.
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L'enquête se passe en Suède avec l'inspecteur Wallender, mais quel rapport y-a-t-il donc entre la femme assassinée et l'Afrique du Sud ?

L'auteur nous emmène dans cette période troublée après la libération de Mandela, où les Boers pressentent que plus rien ne sera jamais comme avant, car l'apartheid va être abolie.

J'ai aimé cette plongée en Afrique du Sud dont je ne connaissais finalement pas grand chose en dehors de l'histoire de Mandela.
J'ai aimé aussi cet inspecteur rempli de doutes, de fragilité mais de force également.

C'était une lecture palpitante, j'ai passé un excellent moment.
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Bonne nouvelle pour les fans : Arte rediffuse certains épisodes de la série télé "Wallander", avec Kenneth Branagh dans le rôle principal.
Comme je fais partie des fans en question, j'ai visionné le premier épisode diffusé, lequel était précisément "La Lionne blanche".
J'avoue pourtant ne pas avoir tout suivi ni tout compris : l'enchaînement des événements, trop rapides, ne m'a pas permis de saisir toutes les subtilités de l'épisode.
De ce fait, je suis partie à la recherche du roman, que j'ai trouvé dans ma bibliothèque. J'espérais mieux comprendre les événements de la série grâce au récit, certainement plus complet vu l'épaisseur du livre.
Malheureusement pour moi, le roman n'a rien à voir avec la série. Tout d'abord, Kurt Wallander, dans le roman, ne met pas les pieds en Afrique du Sud. Deuxième différence, toujours dans le roman, des tueurs Noirs sont entraînés en Suède par des Boers qui veulent faire assassiner une personnalité sud-africaine très connue.

Je ne suis donc pas plus avancée en ce qui concerne ma compréhension de la série télé, mais je dois dire que ce polar m'a plu malgré tout. Henning Mankell y glisse quelques éléments d'histoire et de politique sud-africaines : comme c'est une pays que je connais mal, ces éléments m'ont au moins permis de me rendre compte de ce qui s'y passait durant les années qui nous sont décrites (années 1990). La vie des Noirs aux prises avec des Boers sans scrupules n'était franchement pas drôle (euphémisme...). Il est d'ailleurs révoltant, à plusieurs reprises, de découvrir les conditions de vie des Noirs, relégués dans des bidonvilles pendant que les blancs se prélassent dans des villas avec domestiques - africains, évidemment !
Même si l'intrigue du roman était finalement aussi compliquée que celle de la série télé, elle est au moins mieux expliquée, car Mankell prend tout son temps pour bien décrire la situation. Et, surtout, elle était très instructive pour moi. Comme il n'y a rien que j'apprécie autant que d'apprendre des choses grâce à mes lectures, aussi futiles soient-elles, ce polar restera parmi mes préférés.
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Superbe roman ! J'ai adoré ce livre contrairement à - Les Chiens de Riga - qui m'avait un peu déçu de prime abord. Sur fond de thriller haletant, et d'Apartheid, ce livre nous fait voyager entre Afrique du sud et Suède, avec bien enttendu le retour de Kurt Wallander et cette fois dans un livre plein d'actions et de rebondissements.
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