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Rémi Cassaigne (Traducteur)
EAN : 9782757811542
347 pages
Points (15/01/2009)
3.69/5   406 notes
Résumé :
Automne 1914. La Suède, malgré sa neutralité, craint d'être entraînée dans la guerre, car les flottes allemande et russe s'affrontent au large de ses côtes. Le capitaine Lars Tobiasson-Svartman reçoit la mission de sonder les fonds de la mer Baltique et de chercher une route maritime secrète à travers l'archipel d'Östergöland. L'homme est hanté par l'idée de contrôle qu'il exerce en mesurant tout ce qui l'entoure, les masses, le temps, les distances entre les lieux,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (60) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 406 notes
Mes plus belles émotions de Henning Mankell ne me sont pas parvenues par l'intermédiaire de son fameux inspecteur Wallander. Pourtant, je l'aime bien ce flic, un peu solitaire, un peu mélomane. En sa compagnie, j'y ai découvert une Scanie telle qu'aucun office du tourisme n'aurait pu vous la décrire. Il m'a même fait voyager jusqu'à Riga et même au-delà, en Afrique du Sud.

Mais aujourd'hui, je suis plongé, immergé même dans l'eau glaciale de la Suède, aux prémices de la première guerre mondiale. le héros ne s'appelle plus Kurt Wallander, mais le capitaine Lars Tobiasson-Svartman, sondeur des profondeurs de la mer Baltique.

« Profondeurs » est un roman pour les amoureux des bateaux, les amoureux de la mer et de ses profondeurs, les amoureux tout court. Une profonde histoire d'amour et de déchirement sur un ilot de terre, solitaire et abandonné, à l'aube de la première guerre mondiale. Je ne vous cacherai pas que c'est le meilleur Mankell que j'ai lu. La beauté de la mer, la beauté des sentiments, la désolation des lieux... Ce n'est pas un polar comme à son habitude, c'est juste une profonde et émouvante histoire d'amour dans les profondeurs de la mer Baltique !

Le capitaine Lars Tobiasson-Svartman m'a profondément ému, j'ai envie de devenir marin rien que pour vivre une telle aventure, perdu et reclus seul sur un ilot désertique entouré de glace et de vents marins.

« La mer est un rêve qui ne rend pas les armes. »
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Loin des yeux, loin du coeur.
En 1914, alors que la guerre déploie son ombre jusqu'aux portes de la Suède, Lars Tobiasson-Svartman est hydrographe, officier de marine. Sa mission est de mesurer des distances et de sonder le fond des mers pour établir des routes que les bateaux pourront emprunter. Marié à Kristina, ils n'ont pas d'enfant, leurs rapports sont à l'image du climat du coin.
C'est lors d'une de ces longues missions, sur un îlot désertique, qu'il fera la connaissance de Sara, elle a perdu son mari quelques temps auparavant. Très vite ils vont devenir amants et Lars va déraper de mensonges en mensonges essayant désespérément de contrôler la situation.
C'est un livre de Mankell que je ne connaissais pas, découvert au détour d'un rayon de la nouvelle médiathèque dont je fais partie. Pas de commissaire Wallander dans celui-ci, bien qu'il y ait un nom approchant Welander.
Tout doucement l'auteur nous attire vers le fond, vers les profondeurs, vers une lente dérive de ses personnages. Cette histoire ne se résume pas qu'aux trois principaux, avec Mankell, il y a toujours des événements parallèles qui viennent se greffer apportant de la richesse à la trame principale.
Je suis toujours aussi émerveillé par les talents de conteurs de Mankell. Sa façon de décrire les situations, les rapports entre les gens, les paysages, ça façon d'avancer dans le scénario, tout me transporte, tout me passionne dans ses bouquins.
L'un de mes trois conteurs préférés avec Robin Hoob et désormais Pierre Bordage.
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Automne 1914. Lars Tobiasson-Svartman est hydrographe. Sa mission est de sonder les fonds marins de la mer Baltique afin d'établir des cartes marines dans le plus grand secret.

Il sonde, il mesure les distances, cartographie ce qui se cache sous les apparences. Ses missions secrètes lui collent à la peau. Enfermé dans son enfer blanc, pris au piège d'un filet de mensonges, il s'enfonce doucement dans un gouffre sans fond où l'infini de ses rêveries machiavéliques, de sa folie, l'éloignent à tout jamais de la réalité et des hommes.

« La liberté est toujours en fuite ». Lars n'a jamais été libre, enchaîné par le souvenir de son père, et des larmes silencieuses de sa mère, il dérive et cherche une issue dans un gouffre sans fond, une porte vers un autre monde où il naviguerait sur des routes secrètes.

« Une cage pensa-t-il. Ou un piège. Mais est-il en moi ? Ou suis-je le piège ? ».
Dans cette cage il s'enferme, il s'éloigne des autres, de leurs regards, pour ne pas se dévoiler à lui-même. Il y met ses secrets, sa noirceur, sa lâcheté, sa violence. Il devient la cage, le piège. Ses mensonges le rattrapent, les barreaux éclatent. La vérité le libère dans un vide glacial, et une souffrance insupportable pour ses proches.

Roman noir sous fond de première guerre mondiale.
La guerre d'un homme contre lui-même. La folie dévastatrice. Lars est la torpille, la mine qui dérive dans la mer baltique. Plus il s'enfonce en lui-même plus il devient épave.

J'ai tourné les pages avec un dégoût du personnage principal. Pourtant ce piège dans lequel il se débat, sa propre vie, ce n'est pas lui qui l'a posé. L'ombre de son père, Svartman ; l'homme noir, et le chagrin silencieux de sa mère ont créé ce monstre de froideur et de fausseté.

L'écriture d'Henning Mankell me séduit toujours autant, même ou surtout lorsque sa plume poétique trempe dans un gouffre sans fond.

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C'est certainement le roman le plus poétique et le plus mélancolique de l'oeuvre de Mankell.
L'écriture très imagée donne la place aux éléments naturels du paysage nordique. La mer est le point d'ancrage, les dialogues sont écrasés dans un silence âcre et il y a comme un voile de crêpe qui entoure le récit dans un brouillard diffus.
Mankell sonde les voies intérieures du coeur et cartographie nos vies, qui peuvent devenir de lents naufrages, entraînant tout et tous sur leur passage. Comment il est simple de vaciller dans le gouffre et partir à la dérive, brisant les branches qui nous retiennent…
C'est triste, c'est noir, c'est sombre, c'est tragique, mais il y a une forme de beauté dévorante de désespoir qui m'a touché en profondeur.

Un roman taiseux à la beauté fragile qui nous traverse de frissons de mélancolie.
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Octobre 1914, première guerre mondiale, la Suède risque de perdre sa neutralité et d'être entraînée dans la guerre à cause des affrontements maritimes entre L’Allemagne et la Russie.
Lars Tobiasson-Svartman, capitaine hydrographe, reçoit la mission de sonder la mer Baltique et de rechercher de nouvelles voies navigables du nord au sud à travers l'archipel d'Ostergötland. Etre étrange, maniaque du contrôle, obsédé par les distances, obnubilé par les profondeurs et les mesures en mer pour tracer ses routes, il prend soin de maintenir entre lui et les autres une certaine distance.
Au cours de ces missions en mer ou sur la glace, le capitaine Lars deviendra l’amant d'une femme ermite qui vit sur l’îlot d’Halskär. Très vite, elle l’obsède et pour la revoir, il invente des missions secrètes, fait des allées et venues fréquentes entre l'île et Stockholm. Ses mensonges font dévier sa raison et l’emportent loin du refuge de certitudes qu’il s’était construit.
Le capitaine commence alors une longue descente aux enfers de la passion jusqu’à la démence.
Le lecteur est prisonnier de cette lente descente, entraîné dans les profondeurs de son côté obscur.
Parallèle évident avec un autre protagoniste de Mankell, Fredrick Welin, le chirurgien solitaire des Chaussures italiennes : deux hommes tourmentés, perdus sur leur île glacée.
« Profondeurs » de Henning Mankell est un roman noir écrasant qui transforme le lecteur en brise-glace, l’obligeant à lire comme il avancerait dans la banquise. Éprouvant.
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Citations et extraits (210) Voir plus Ajouter une citation
Il avait un grain de beauté au cou, juste au-dessus du col.
Lars le regarda fixement, à en loucher. Chaque fois qu'il découvrait une tache sur un corps, il essayait d'y deviner un dessin secret. Son propre père, Hugo Svartman, en avait plusieurs sur l' avant-bras gauche. Dans son imagination, elles étaient devenues un archipel de petites îles sans nom, d'écueils et de rochers. La peau blanche figurait les routes maritimes qui se croisaient. Où menaient les chenaux tracés sur la bras gauche de son père ? Quel était le chemin le plus sûr pour y engager un navire ?
Sa passion secrète pour la sonde, les mesures et les distances, si profondément ancrée dans sa vie, prenait source dans ce souvenir et ces images des grains de beauté paternels.
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Ma mère avait cent deux ans. Elle est née en 1812, et si elle avait vécu en France, elle aurait pu rencontrer Napoléon. Sa propre mère était née dans les années 1780, je ne me souviens pas de la date exacte, mais c'était avant la Révolution française. Quand je touchais la main de ma mère, je me suis souvent dit que je sentais la peau de quelqu'un qui à son tour avait touché la peau et senti l'haleine de personnes nées au dix-huitième siècle. Dans certaines circonstances, le temps rétrécit à n'y plus rien comprendre... Il est difficile d'avoir de la peine pour une personne de cent deux ans. Ces dix dernières années, elle ne m'a plus reconnu. Parfois elle m'a pris pour son défunt mari, mon propre père, donc... L'extrême vieillesse est pour l'âme un champ de bataille plongé dans de profondes ténèbres. Bataille dont l'issue est une défaite inévitable. Face aux heures sombres et à la déchéance du grand âge, les religions n'ont jamais su apporter la moindre consolation ni donner la moindre explication acceptable... Même pour une personne de cent deux ans, la mort peut venir à l'improviste. Etrange peut-être, mais la mort dérange toujours, quelle que soit son heure. Même plongée dans les ténèbres, ma mère avait gardé une farouche volonté de vivre. Elle ne voulait pas mourir, malgré son grand âge.
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La mémoire lui revient pourtant. Elle jette un regard perdu autour d'elle, parmi les troncs d'arbres. Pourquoi penser ici à son mari? Lui qui détestait les forêts, lui qui était toujours attiré par la mer? Lui qui fut cadet dans la marine, puis hydrographe et capitaine chargé de missions secrètes?

Le brouillard se dissipe, l'air devient transparent.

Elle reste sans bouger. Quelque part, dans un battement d'ailes, un oiseau s'enfuit. Puis à nouveau le silence s'installe.
Mon mari, pense Kristina Tacker. J'avais autrefois un mari, nos vies mêlées formaient un rempart autour de nous. Pourquoi dois-je me souvenir de lui maintenant, alors que j'ai trouvé un trou dans la clôture, que j'ai laissé derrière moi le fauve aux aguets?
Dans sa tête, parmi les arbres, elle cherche une réponse.

Il n'y en a pas. Il n'y a rien.
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Il aimait profondément sa femme. À chaque voyage de service, au moment de la quitter, il profitait d’un baiser rapide pour s’imprégner en cachette du parfum de sa peau. Il emmagasinait ce parfum, comme un bon vin, ou peut-être de l’opium, pour le ressortir lorsqu’il se sentait abandonné au point de perdre la maîtrise de soi.
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La plus grande distance à laquelle je dois me mesurer, c'est celle qui me sépare de moi-même.Où que je sois, la boussole pointe de toutes parts vers l'intérieur de moi-même.
Toute ma vie, j'ai usé de faux-fuyants et de détours pour essayer d'éviter de me retrouver face à moi-même.
Je ne sais pas du tout qui je suis, et je ne veux pas le savoir.
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Vidéo de Henning Mankell
https://www.laprocure.com/product/1407882/nesbo-jo-une-enquete-de-l-inspecteur-harry-hole-eclipse-totale
Jo Nesbø Éclipse totale, une enquête de l'inspecteur Harry Hole Éditions Gallimard
« Voici le grand retour de Harry Hole, l'inspecteur préféré de Jo Nesbø qui est, comme on le dit toujours, le digne héritier de Henning Mankell. Voilà ça fait treize ans que ce héros existe qui lutte contre les psychopathes et autres, il est assez spécialisé dans le genre. Ici, on le retrouve un peu comme d'habitude au bout du rouleau, au fond du trou, plus alcoolique que jamais. Il va faire la connaissance d'une actrice qui a un gros gros besoin d'argent, qui est poursuivie, qui est menacée de mort et il va quelque part se rendre lui aussi victime de cette mafia... » ©Marie-Joseph Biziou, libraire à La Procure de Paris.
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