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Citations sur Joseph et ses frères, tome 1 : Les histoires de Jacob (14)

C'est Jacob, durant son séjour chez Laban, qui, piégé par celui-ci se trouva dans l'obligation de rendre un service de plusieurs années pour espérer obtenir la main de l'une des filles de son hôte - Léa - puis dut rééditer cet exploit pour conquérir celle vers laquelle son cœur inclinait depuis le début : Rachel, mais que la malice de Laban lui avait interdit de prendre immédiatement pour compagne. C'est durant ce temps de dur labeur qu'il a découvert le moyen de faire s'accoupler plus souvent qu' à leur tour les animaux du troupeau dont il avait la garde en repérant les sujets les plus virils et les plus féconds et il a ainsi accru ses moyens de vivre. Thomas Mann nous apprend que le secret du métier est de repérer certaines couleurs permettant de distinguer ces spécimens prédisposés à la reproduction.
Mann a dû se régaler à écrire ces pages-là.
Et il a aussi parfaitement décrit et embelli l'épisode du "combat avec l'ange", une nuit de lutte qui lui vaudra le nom d' Israël (celui qui a su se mesurer à Dieu).
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Ceux qui sont beaux se croient tenus d'augmenter leurs avantages naturels en "s'embellissant", sans doute par soumission au rôle séduisant qui leur est dévolu. Ils dédient aux dons qu'ils ont reçus une sorte de culte qu'on peut assimiler à une pieuse ferveur - par conséquent tolérable, alors que les déploiements d'artifice des laiderons son insensés et piteux. La beauté, d'ailleurs, n'est jamais parfaite ce qui, précisément, l'incite à la coquetterie; toutefois elle tombe également dans l'erreur en se faisant un devoir de présenter le type achevé de l'idéal qu'elle suggère, car c'est précisément en ce qu'elle offre d'imparfait que réside le secret de sa puissance d'attraction.
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Profond est le puits du passé. Ne devrait-on pas dire qu'il est insondable?
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L'Histoire se compose des événements accomplis et de ceux qui ne cessent de se dérouler dans le temps. Mais elle est faite aussi de couches stratifiées superposées, y compris celle qui est sous le sol que nous foulons ; et plus les racines de notre être plongent profondément dans les couches insondables de ce qui réside en dehors et au-dessous des limites physiques de notre moi, mais qui pourtant le détermine et l'alimente (en sorte qu'à nos heures de moindre lucidité, nous pouvons en parler à la première personne, comme si c'était partie intégrante de notre chair), plus chargée de sens est notre vie, et plus se trouve accrue la dignité de l'âme captive en notre corps.
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Odieux gamin ! vantard ! canaille ! impudent fanfaron ! Que prétends-tu avoir rêvé et vu derrière tes paupières ? nigaud, épine plantée dans notre chair, pierre de scandale, qui nous demandes par surcroît de t'interpréter ta vision, gerbe d'horreur ! " s'inclinaient, s'inclinaient ?" Quoi ? voilà ce que tu rêves, sournois éhonté, et tu forces les honnêtes gens comme nous à t'écouter ? Elles rampent à la ronde, nos gerbes, et la tienne reste seule debout ? A-t-on jamais rien entendu d'aussi révoltant dans l'univers ? Pouah ! Schéol, fumier, crachat !
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Des cadeaux de toi à moi ? C'est du cœur qu'il s'agit et le mien a pardonné et oublié ton infamie à présent prescrite, et comment tu avais imité mon pelage, devant le vieux, en t'enroulant une peau de chevreau autour du bras, espèce de bouffon ! j'en ris encore dans mes vieux jours, bien qu'à l'époque j'aie versé des larmes de sang et t'aie dépêché Éliphas, à ta grande frayeur, ô toi, la risée des femmes.
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"Le doux éclat de l'image nocturne a rafraîchi mes prunelles blessées par les flèches du soleil".Est-ce la nuit qui cache le jour ou est-ce lui qui abrite la nui?Le visage appartient au jour qui tient les illusions en éveil; mais il n'existe pas pour la nuit qui sait la vérité". Thomas Mann
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"Pourquoi blêmir ? Pourquoi notre cœur bat-il à grands coups, non seulement depuis le départ mais depuis l'instant où il nous fut ordonné, non seulement d'allégresse mais de violente angoisse physique ? Le passé n'est-il pas l'élément et l'atmosphère du conteur, ce mode de temps ne lui est-il pas familier et ne lui convient-il pas comme l'eau au poisson ? En effet. Mais pourquoi ces raisons judicieuses n'apaisent-elles pas notre cœur curieux et lâche ? C'est que l'élément du passé qui d'habitude nous entraîne au loin, toujours plus loin, n'est pas le même que ce passé vers lequel nous nous dirigeons en surmontant notre répugnance physique, passé de la vie, monde qui fut, monde défunt, auquel notre propre vie, dont les commencements se perdent déjà dans une certaine profondeur, s'intégrera un jour, de plus en plus profondément. Mourir, c'est en effet perdre le Temps, en sortir, mais aussi gagner l'éternité et l'omniprésence, par conséquent acquérir la véritable vie. Car l'essence de la vie, c'est le Présent, et ce n'est que par une affabulation mythique que son mystère nous apparaît au mode passé et au mode futur, façon populaire dont use la vie pour se révéler, alors que le mystère n'appartient qu'aux initiés."
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"Ces vingt-cinq ans s'écoulèrent pour Jacob comme un rêve, comme s'écoule la vie des vivants, en convoitises et réussites, en espoirs, déceptions, accomplissements, en jours qu'ils ne comptent pas et dont chacun apporte sa contribution, en attentes et en efforts, en patiences et en impatiences, tous morcelés, mais finissant par s'amalgamer en gros blocs pour former les mois, les années, les groupes d'années, qui à la fin apparaissent comme un seul jour. On peut discuter au sujet de savoir de quelle façon le temps se passe le plus vite et le mieux, si c'est dans l'uniformité ou le changement, mais il est certain que tout aboutit à la fuite du temps. Tout ce qui vit s'efforce vers l'avenir, cherche à avancer dans le temps, se hâte, en somme, vers la mort, croyant se hâter vers des buts et des tournants de la vie. Et même si pour l'homme, le temps est fractionné et divisé en époques, il est néanmoins uniforme, parce que c'est son temps à lui, inclus dans les conjonctures de son moi, en sorte que pendant que s'écoulent le temps et la vie, deux forces sont à l’œuvre simultanément : l'uniformité et le fractionnement.
La division arbitraire du temps n'est pas sensiblement autre chose que de tirer des lignes sur l'eau : qu'on les tire dans un sens ou l'autre, pendant qu'on les trace tout s'est reformé en une vaste unité."
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Le "moi" de l'homme est-il étroitement circonscrit et hermétiquement enclos dans ses limites charnelles et éphémères ? Plusieurs des éléments dont il se compose n'appartiennent pas à l'univers extérieur et antérieur à lui et le concept selon lequel chacun a une identité propre et n'est personne en dehors d'elle, ne fut-il pas créé pour nos besoins d'ordre et notre commodité, en négligeant à dessein toutes les nuances par lesquelles la conscience de l'individu se relie à l'universel ?
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