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EAN : 9782245001974
220 pages
Club pour vous Hachette (30/11/-1)
4.15/5   13 notes
Résumé :
Trois roman en un seul livre : la mort à Venise, Tristan, Le chemin du cimetière. Pour les fans des grands classiques
Que lire après La mort à Venise - Tristan - Le chemin du cimetièreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Parlons d'abord de « La mort à Venise » : j'ai beaucoup aimé Aschenbach ce vieil écrivain qui se consacre à son oeuvre de façon quasi obsessionnelle, s'attelant à l'écriture tous les matins de façon perfectionniste et qui semble beaucoup ressembler à l'auteur qui décide de partir en vacances à Venise et tombe amoureux du jeune Tazzio âgé de quatorze ans.

Thomas Mann décrit très bien les affres de l'amour de façon romantique, la façon dont on attend l'autre, guettant son arrivée à la plage, le moindre de ses mouvements et la façon dont le héros analyse ses sentiments dans ce décor magnifique et triste de Venise où le choléra fait son apparition.

Avec « Tristan », on aborde un autre thème : un commerçant, imbu de lui-même, amène sa femme Gabrielle, dans un sanatorium pour un état a priori bénin. Elle est soumise, un peu transparente et on assiste à sa lente transformation alors qu'elle côtoie un écrivain miteux Spinell qui ne songe qu'à la séduire. Ce trio évolue sous nos yeux au son de la musique, des partitions qu'elle joue au piano (on lui a interdit de jouer pour protéger sa santé) et c'est la musique va la libérer dans tous les sens du terme.

Dans cette deuxième nouvelle l'écrivain est l'antithèse d'Aschenbach, autant le premier était brillant, dur à la tâche, autant celui-ci est un raté dont Thomas Mann se moque allègrement, avec un rythme d'écriture beaucoup plus enlevé.

Quant à « le chemin du cimetière » : splendide…

Ce recueil est le premier livre que je lis de l'auteur et c'est un livre qui se mérite. le rythme est lent, avec de longues phrase comme je les aime, une atmosphère trouble et troublante. le style est particulier et j'ai mis du temps à m'habituer à ce rythme lent (il est vrai que je venais juste de terminer « le vol des cigognes », opus haletant de Jean-Christophe Grangé

Par contre, au bout d'une trentaine de pages, je suis entrée dans l'histoire et je n'ai plus lâché le livre. On sent la fascination pour la mythologie, les grands mythes Apollon Dionysos pour la première nouvelle et Tristan et Iseut pour la seconde et Wagner qui nous hante…

On passe du romantisme lyrique à un style de plus en plus dépouillé, voire caricatural…

Un seul bémol qui ne concerne pas Thomas Mann : les notices d'Armand Nivelle sont très intéressantes mais placées en début de chaque nouvelle, elles modifient la découverte du texte. J'aurais préféré les trouver en fin, quitte à relire la nouvelle avec cet éclairage nouveau.

Bref, une belle rencontre et cap sur « La montagne magique »

Note : 8,5/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Tristan ? Touchant récit de l'homme amoureux qui sait mieux voir l'objet aimé que celui qui croit le posséder, mais que la vie rend un peu lâche, sauf à écrire. le chemin du cimetière ? Triste histoire du malheur augmenté par l'éthylisme…
Seulement voilà, ces deux nouvelles n'ont pas leur place à côté d'un chef-d'oeuvre de la littérature : La mort à Venise, cet hymne à la jeunesse regrettée et au beau dans ce qu'il a de plus idéal ; ici un jeune adolescent pour le coup beau comme l'antique.
Cet épisode final de la vie de l'écrivain Gustav Aschenbach vaut autant, sur le plan narratif et littéraire, que la tragique descente aux enfers de la culpabilité d'un Joseph K., dans le Procès de Kafka. Mais cela est plus feutré, plus aristocratique disons.
Cela se passe à Venise, où plane alors un mal diffus, tel un écho lointain au mal affectif qui ronge le protagoniste : « Les bras pendants, accablé et secoué de frissons successifs, il soupira la formule immuable du désir…impossible en ce cas, absurde, abjecte, ridicule, sainte malgré tout et vénérable même ainsi : “Je t'aime !” »

La vision de ce jeune éphèbe – Tadzio – relève vite de la « transe mortelle » pour Aschenbach, cet écrivain bourgeois anobli, venu chercher quelque exotisme dans la Sérénissime. Dès lors, l'artiste vieillissant, si sobre dans sa vie, en arrive « au point de ne plus vouloir se dégriser et de se complaire dans son ivresse ». Une ivresse interdite et coupable, le récit se déroulant au début du XXe siècle en Europe.

Mais au-delà de l'histoire banale d'un sentiment irrépressible, Thomas Mann pénètre avec une précision d'orfèvre l'âme tourmentée d'un homme victime de la passion ; un homme qui crut qu'une vie ordonnée mettait à l'abri des tourments.
Déjà, chez lui, des signes avant-coureurs l'avaient quelque part averti : « C'était envie de voyager, rien de plus ; mais à vrai dire une envie passionnée, le prenant en coup de foudre, et s'exaltant jusqu'à l'hallucination. » D'où sa décision de se rendre à Venise où, perméable à la passion, il y cédera…

Passion qui s'incarne dans un adolescent de quatorze ans et lui fait alors entrevoir le large, lui qui est demeuré sur la rive de la vie, qui avait abandonné l'absolu de sa jeunesse pour rentrer dans le rang bourgeois : « Avec les années, les propos d'Aschenbach avaient pris quelque chose de pédant, d'officiel. »

C'était un peu vite oublier que « l'exaltation de vie que l'art donne aux choses, il la donne aussi à l'artiste créateur ; il lui fait un bonheur qui va plus avant, une flamme qui consume plus vite. Il grave sur la face des fervents le dessin d'aventures intellectuelles, de chimères. »

Roman du beau, La mort à Venise raconte cette vénéneuse puissance du beau lorsqu'il se frotte à qui ne peut que trop le recevoir, jeté à leur face comme un éclaire dans le ciel. La beauté a en effet de ces sortes de pouvoirs sur ceux qui ne se contentent pas de la voir et la reconnaître mais la ressentent avec passion…

Enfin la vie descendante d'Aschenbach rencontrant celle, ascendante, de Tadzio, c'est un passage tragique de témoin ; c'est le temps qui passe impitoyablement…

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Relire Thomas Mann, ou Robert Musil, permet de renouer avec des textes pas très faciles certes, mais avec la littérature , et de mesurer le chemin parcouru en un siècle , et sur les facilités d'écriture , déconcertantes parfois de certains auteurs encensés aujourd'hui. Cela semble vertigineux.
Ceci dit, T.Mann offre un recueil de 3 nouvelles , genre inhabituel chez lui, et donc intéressant.
La trame de « La Mort à Venise » n'est pas très originale : Un romancier munichois célèbre, et même anobli à la cinquantaine , un « vieux beau sur le retour » V.Aschenbach découvre soudain qu'il est atteint de pulsions pédérastiques. Il se rend à Venise, ville qui l'a pourtant déjà mis mal à l'aise, croise dans l'hôtel qu'il s'est choisi, une famille polonaise qui comporte hormis 3 filles ; un jeune adolescent, Tadzio, beau comme un dieu. Leurs regards se croiseront parfois.
Cet adolescent le rend fou, et devient pour lui une obsession ; Il va même rester à Venise alors que sévit le choléra pour ne pas quitter des yeux ce bel éphèbe , et ce jusqu'à la mort qui le surprendra sur la plage du Lido où joue une dernière fois Tadzio.
Ce pourrait être le récit affligeant de la dérive d'un homme , mais sous la plume de T.Mann, sont convoqués le ban et l'arrière -ban des poètes et divinités grecs ; et les grandes thèses sur le beau et l'amour.
Cette nouvelle a quand même été le thème d'un opéra, d'un ballet , et le film de Visconti est un grand classique du cinéma.
«  Tristan », la seconde nouvelle , est d'un ton plus ironique, moins éthéré, quant à la troisième « le chemin du cimetière « , T.Mann rompt avec son milieu bourgeois habituel et traite de de la misère et de l'alcoolisme.
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Trois nouvelles dont la longueur va decrescendo, des 95 pages de la mort à Venise aux 10 pages du chemin du cimetière. Entre les deux, Tristan est une sorte de brouillon de la Montagne magique, dont les 77 pages satisferont les paresseux qui redoutent d'affronter les mille pages du chef d'oeuvre de T. Mann. Plus sérieusement, j'ai eu grand plaisir à lire la Mort à Venise (je n'ai pas vu le film), même s'il a fallu accepter un style parfois amphigourique : pour dire qu'il fait beau, l'auteur écrit que le dieu au visage ardent conduit tout nu son quadrige enflammé à travers les espaces du ciel, sa chevelure d'or flottant au vent d'Est au même moment déchaîné… J'ai surtout été séduit par la mélancolie qui nimbe cet amour platonique d'un homme vieillissant, dans le cadre d'une Venise vénéneuse bien loin des clichés touristiques.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
«D’être seul et de se taire, on voit les choses autrement qu’en société ; en même temps qu’elles gardent plus de flou elles frappent davantage l’esprit ; les pensées en deviennent plus graves, plus singulières et toujours se teintent de mélancolie. Ce que vous voyez, ce que vous percevez, ce dont en société vous vous seriez débarrassé en échangeant un regard, un rire, un jugement, vous occupe plus qu’il ne convient, et par le silence s’approfondit, prend de la signification, devient évènement, aventure, émotion. De la solitude naît l’originalité, la beauté en ce qu’elle a d’osé et d’étrange, le poème. Et de la solitude aussi, les choses fausses, désordonnées, absurdes, coupables.
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Et pourtant il ne savait que trop pourquoi il avait ainsi été pris à l’improviste. Impulsif besoin de fuir ; telle était, qu’il se l’avouât, cette nostalgie du lointain, du nouveau, tel cet avide désir de se sentir libre, de jeter le fardeau, d’oublier – besoin d’échapper à son œuvre, au lieu où chaque jour il la servait d’un cœur inflexible, avec une passion froide. Son service, en vérité, il l’aimait, et déjà presque il aimait la lutte énervante et chaque jour renouvelée de sa volonté tenace, fière, éprouvée, contre une lassitude croissante que tous devaient ignorer et qu’aucun fléchissement, aucun signe de laisser-aller dans sa production ne devaient trahir. Mais il paraissait raisonnable de ne pas trop bander l’arc, et de ne pas s’entêter à étouffer une impulsion jaillissant si vive et si spontanée. Il pensa à son travail, au passage qui, ce jour comme la veille déjà, l’avait arrêté. La résistance semblait ne devoir ni céder à un soin patient, ni être enlevée en un tour de main. Il recommença de l’examiner, essayant tantôt de trancher le nœud, tantôt de le délier, et malgré lui, avec un frémissement ; il lâcha prise. Ce n’est pas que la difficulté fût extraordinaire, mais il était paralysé par des scrupules, le déplaisir, les agacements d’une exigence qui en venait à ne pouvoir plus se satisfaire de rien. L’insatisfaction, certes il l’avait dès l’adolescence tenue pour l’essence même, le fond intime du talent. Pour l’amour d’elle il avait refréné le sentiment, il l’avait empêché de s’échauffer, parce qu’il le savait insouciant, enclin à se contenter d’à-peu-près, d’une demi-perfection.
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Les mots ne donnaient nullement l’impression de déferler en lui : pour un individu faisant profession d’écrire, il progressait avec une lenteur pitoyable et à le voir, on était obligé de conclure qu’un écrivain est un homme qui a beaucoup plus de mal à écrire que les autres gens. P 198 Tristan
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Ce qui occupe Thomas Mann, c'est le problème toujours vivant dans la littérature allemande : Was ist deutsch?
Ce qui est allemand, ce qui n'est pas latin, selon lui, c'est la culture, c'est à dire l'harmonieux développement de l'âme et de l'esprit; c'est la musique, art de l'inexprimable; c'est le protestantisme, religion de l'individu; c'est la tolérance et la notion du devoir. Tout cela trouve satisfaction dans un Etat où l'activité politique est réduite au minimum et confiée une fois pour toute à des techniciens qu'on estime capables et que l'on ne contrôle pas dans le détail.
Ce qui est latin, au contraire, c'est la civilisation, le développement exclusif de l'esprit aux dépens de l'âme; c'est l'éloquence et la littérature, arts tout formels et superficiels; c'est la catholicisme, religion des masses; c'est l'intolérance doctrinaire, c'est l'indiscrète et puérile notion du droit. Au fond, l'esprit latin est fait de politique; il est donc démocratique par essence, puisqu'il suppose que tous et chacun aient un intérêt et une responsabilité aux affaires de l'Etat. Il est, de plus, optimiste, car pour agir il faut croire à l'efficacité de l'action.
L'âme germanique, musicienne et métaphysique, est foncièrement pessimiste. (extrait de l'introduction de Geneviève Bianquis, traductrice, 1947)
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Connaissez-vous ce roman dont l'action se déroule toute entière entre les murs d'un sanatorium accroché au flanc d'une montagne ? Lieu qui exerce un tel sortilège sur l'un de ses visiteurs qu'il ne voudra plus en repartir ?
« La montagne magique », de Thomas Mann, c'est à lire au Livre de poche.
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