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Thomas Mann raconte dans ce livre, avec un sens aigu du détail, la lente décadence d'une famille aisée de négociants en céréales qui vivait à Lübeck au 19ème siècle. Cette famille était l'héritière d'une longue lignée de riches marchands qui avait vu le jour au Moyen Age avec la création de la Ligue hanséatique dont le siège était à Lübeck.
Cette précision dans le détail dénote de la part de l'auteur d'une connaissance évidente des moeurs et de la mentalité de cette bourgeoisie marchande, à laquelle d'ailleurs sa propre famille appartenait. En effet, son grand-père, négociant en grains, était propriétaire de la grande demeure dite "Buddenbbrook" que l'on peut visiter à Lübeck. C'est d'ailleurs cette maison qui a servi de cadre à ce roman qui évoque, sur quatre générations, l'apogée et le déclin de la famille Buddenbrook. Par petites touches, Thomas Mann décrit les forces et les atouts, mais aussi les travers et les failles des membres de cette famille. A cet égard, le personnage central de Thomas, le dernier de ceux qui ont tenu l'entreprise familiale à bout de bras, est représentatif de cette dualité: Alors même que tous les honneurs lui semblent accordés, ses fragilités intérieures apparaissent de plus en plus en parallèle, jusqu'à l'effondrement final.
Cette vaste fresque est sociologiquement et psychologiquement très intéressante. Elle est également très bien écrite, d'une plume élégante, colorée et précise dans la description des physionomies, des comportements, des habillements, des cérémonies familiales, festives ou non, des intérieurs cossus et des paysages extérieurs balayés par les intempéries et les ensoleillements de l'Allemagne du Nord.
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Buddenbrooks
Traduction : Geneviève Bianquis

Premier roman de Thomas Mann, "Les Buddenbrook" conte la splendeur et la décadence d'une famille de la bonne bourgeoisie hanséatique à compter de l'an de grâce 1839 - ou 1834, j'avoue que j'ai une doute Confused - date à laquelle toute la famille vient de s'installer dans cette somptueuse maison qui se verra achetée à la fin de l'ouvrage par le fils de parvenus.
A cette époque, le chef de famille se nomme Johann Buddenbrook et tous les espoirs lui semblent permis. Il a quatre enfants : Thomas, dit Tom, Christian, Antonie dite Toni et Clara. le titre de consul écherra d'ailleurs à Tom, qui reprendra aussi l'affaire familiale. Clara, la plus jeune, épousera un pasteur luthérien qui lui survivra et auquel elle lèguera sa part de la fortune familiale. Christian quant à lui ne fera pas grand chose de son existence et Toni ...
La souriante et fière Toni, pour qui le nom de Buddenbrook vaut titulature de prince, se mariera deux fois - et ses deux unions seront malheureuses. Son premier époux, Grünlich, ne prétend à sa main que dans l'espoir que la fortune qu'elle lui apporte fera patienter ses créanciers. Ce qui sera d'ailleurs le cas pendant huit ans. Puis les choses suivront leur cours et Johann Buddenbrook viendra lui-même chercher sa fille et sa petite-fille pour les ramener chez lui. Il laissera son gendre à sa faillite et, vu la personnalité détestable de celui-ci, le lecteur ne peut lui donner tort.
Le remariage de Toni avec le Munichois Permaneder, homme brave mais on ne peut plus rustre, ne lui apportera pas plus de joies. Comprenant un soir qu'il la trompe avec leur domestique, elle fait ses malles et repart dare-dare pour Lübeck, ville natale des Buddenbrook.
Telles sont quelques uns des événements majeurs de ce roman qui se lira facilement si l'on aime à la fois les grandes histoires familiales et les romans-pavés. Mann n'y atteint pas - première oeuvre oblige - à la perfection qui sera la sienne dans "La Montagne Magique" ou dans "La Mort à Venise" mais ses personnages, surtout Johann Buddenbrook et ses deux enfants, Tom et Toni, ont déjà une carrure qui annonce celle d'un Hans Kastorp.
Ajoutons que le roman restitue les péripéties sociales - la révolution de 1848 et l'émergence de la Prusse, entre autres - qui marquèrent le XIXème siècle de l'autre côté du Rhin. ;o)
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Allemagne du Nord, Lübeck, entre 1835 et 1877.
Les Buddenbrook relatent le déclin d'une famille de la grande bourgeoisie sur quatre générations. Ou comment une mécanique bien huilée se grippe peu à peu à cause de grains de sable répétés. Il y aurait tant et tant de choses à dire de cette oeuvre ample et puissante, au style parfait, parue en 1901 et couronnée du prix Nobel en 1929.

Le roman se déroule dans la cité hanséatique de Lübeck. Il s'ouvre au premier étage de l'hôtel particulier -le salon des paysages- du vieux Johann Buddenbrook, un riche négociant qui a fait fortune dans le commerce des céréales. L'acquisition étant récente, une soirée de "pendaison de crémaillère" y est organisée. Même si le roman met en scène de nombreux autres personnages, ce chapitre permet à Thomas Mann de présenter au lecteur les principaux représentants de la famille Buddenbrook : Johann Buddenbrook, premier du nom, marié à Antoinette, née Duchamps ; son fils Johann, dit "Jean", marié à Élisabeth, née Kroeger ; leurs quatre enfants, Thomas, Christian, Antonie, dite "Tony", Clara, sur lesquels la majeure partie du récit se concentre. Plus tard, à la quatrième génération, apparaîtra Johann, dit "Hanno", fils de Thomas et Gerda.

Il s'achève avec huit femmes au petit salon de la maison de la Fischergrube, chez Gerda, pleurant la mort de son fils, le plus jeune des Buddenbrook. Hormis Christian, en maison de santé à Hambourg, aucun homme ne porte plus le nom Buddenbrook : le déclin est alors achevé.

Entre les deux, sur quatre décennies, outre des décès, une succession de faits illustrant le déclin de la famille et mettant en lumière les codes de la bourgeoisie, le tout parfois raconté avec une pointe d'humour.

Les déboires conjugaux d'Antonie y occupent une place centrale. C'est en effet à contrecoeur qu'elle se marie avec M. Grundlich, pour faire plaisir à ses parents qui voient en lui un bon parti. Puis, la faillite du gendre entraîne son divorce, qu'un second suivra. le désaccord entre les deux frères, -Thomas le gestionnaire, Christian l'artiste- constitue l'autre fait majeur. Christian mène une vie au-dessus de ses moyens et abuse d'un nom sonnant bien, le sien.

En toile de fond, Thomas Mann illustre l'importance de la famille. En premier lieu, la réputation du nom Buddenbrook : Christian, le noceur saltimbanque, qui tourne en dérision la maison Buddenbrook, -sa maison- et jette le discrédit sur elle, en est mis à la porte, "parce qu'il compromettait la maison de commerce et la famille". Et Antonie fait de même "par sa seule présence de femme divorcée" ; elle souhaite donc se remarier pour "réparer son premier mariage", "car c'est un devoir vis-à-vis de notre nom" (Sixième partie - chapitre V - page 301). le prénom compte aussi beaucoup. C'est ainsi que trois des représentants des quatre générations s'appellent Johann. Côté femmes, Erika donne naissance en 1868 à une petite Élisabeth, qui porte le même prénom que sa grand-mère. Tout comme Antonie, sa mère, porte un dérivé du prénom de sa propre mère, Antoinette.

Ainsi, la filiation est importante. Les femmes mariées sont d'ailleurs toutes désignées par la précision de leur nom de jeune fille : Madame Johann Buddenbrook, née Antoinette Duchamps ; Mme Gotthold Buddenbrook, née Stüwing ; Mme Johann Buddenbrook, née Elisabeth Kroeger. Même s'il n'en porte pas le nom, le gendre de Tony, Hugo Weinschenk, mari d'Erika, fait également partie de la famille, qu'il salit par son séjour en prison.

La place de l'argent est tout aussi primordiale, avec l'immobilier comme premier signe extérieur de richesse : l'hôtel particulier de la Mengstrasse, où se tient le traditionnel repas de famille du jeudi soir, une fois par quinzaine. Maintes fois décrit, le "salon des paysages", au premier étage, n'a plus de secret pour le lecteur. En 1863, la maison que Thomas fait construire en bas de la Fischergrube est le symptôme de sa prospérité. La richesse ne se limite pas à l'immobilier : le nombre de domestiques, le montant de la dot, le mobilier, la décoration intérieure, la tenue vestimentaire sont autant de sujets de préoccupation, qui justifient des descriptions détaillées. A titre d'exemple, le chapitre V de la quatrième partie décrit avec mult détails l'intérieur et la tenue d'Antonie, au point qu'une lecture peu attentive risque d'indisposer le lecteur. Et pourtant, ces lignes préparent la chute. M. Grundlich lâche en effet le reproche fatal, par ces mots sans appel : "Et toi, tu me ruines..." La scène est digne de figurer dans une anthologie.

Le déclin d'une famille passe aussi, a fortiori sur quatre générations, par plusieurs décès. Les Buddenbrook nous offrent plusieurs images fortes. Outre le rappel que "les décès tournent, en général, l'esprit vers les choses du ciel" (Cinquième partie - chapitre V - page 248), on retiendra le récit de la mort de la deuxième Madame Buddenbrook, née Élisabeth Kroeger (Neuvième partie - chapitre I - page 491), d'un réalisme saisissant. Dans son agonie, elle appelle les siens qui l'ont précédée dans la mort, son mari Johann, sa fille Clara, et finit par expirer en prononçant les mots "Me voici", ceux que la Bible fait dire notamment à Abraham, Samuel et Isaïe.
Tout aussi grandiose est la dispute entre les frères et la soeur, au sujet de l'héritage et de la vente de l'immeuble, dans la pièce voisine de la chambre mortuaire de leur mère (Neuvième partie - chapitre II - pages 492-505).

L'humour n'est pas en reste. Quand Antonie, deux fois divorcée, s'affaire à marier sa fille Erika, Thomas Mann écrit en effet : "Alors commença le troisième mariage de Tony Buddenbrook" (Huitième partie - chapitre I - page 392). Quand Christian décrit le travail qu'il effectue sous la conduite de Thomas, c'en est risible de ridicule (Cinquième partie - chapitre III - page 241). La description de la fièvre typhoïde dont Hanno va mourir prête aussi à sourire (avant-dernier chapitre). Enfin, faut-il voir dans le personnage (Dixième partie - chapitre V) du lieutenant de Trotha, relation de Gerda, un clin d'oeil de Thomas Mann au héros homonyme de la marche de Radetzky, de Joseph Roth, qui relate une histoire similaire ?

Épais, écrit en petits caractères, l'ouvrage peut rebuter un lecteur peu motivé. A tort. Il découvrirait des chapitres courts, qui rendent la lecture fluide et aisée, même s'ils s'allongent dans le dernier tiers de l'ouvrage. Des phrases souvent longues, jamais pesantes : de belles phrases, dont on se dit qu'elles expriment à la perfection un sentiment ou une personnalité, et qu'on n'aurait pas fait mieux. Un roman comme on en lit peu dans une vie. Une montée en puissance, au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture de l'ouvrage, qui vous fait atteindre un sommet. N'est-ce pas, là, la marque des grands auteurs, ceux qui vous font gravir sans peine la montagne magique que sont les chefs d'oeuvre de la littérature ?
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25 ans. Thomas Mann a écrit ce chef d'oeuvre à l'âge de 25 ans ! J'y ai trouvé ce que j'étais venu y chercher, à savoir être surpris, être positivement impressionné par le style, le pouvoir d'analyse, le sens du détail, la justesse de l'observation anthropologique d'un auteur. Que tout cela ait été réalisé par un si jeune homme, avec autant de réussite, ne laisse pas de m'impressionner, et de me plonger dans un état d'admiration devant tant de talent précoce.
J'ai eu l'impression de vivre pendant tout le temps de ma lecture dans un tableau du siècle d'or de la peinture hollandaise du XVIIéme - bien que ces splendeurs et misères des Buddenbrook aient place au XIXéme siècle - comme dans « La Ronde de nuit » ou « le Syndic de la guilde des drapiers » de Rembrandt, ou la « Vue de Delft » de Vermeer. C'est tout à fait cette ambiance que réussit à recréer Thomas Mann, dans un style flamboyant, avec une profusion de détails. A ce propos il est surprenant d'observer un changement dans le texte à partir de la mort de Thomas Buddenbrook. La vie quotidienne de Hanno, le dernier représentant mâle de la lignée est contée avec encore plus de précision, notamment son rapport à la musique, et sa mort est évoquée de façon tout à fait elliptique par un très impersonnel article d'encyclopédie de médecine. Comme pour mieux marquer la grande différence entre ce musicien à la santé fragile et ses ancêtres, solides marchands hanséatiques.
Voilà la littérature comme je l'aime.


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Les Buddenbrook

C'est une immense saga qui s'étendra de 1835 à 1877 ! L'histoire d'une famille de la haute bourgeoisie allemande sur quatre générations et son déclin ....
Ce déclin , malgré les années fastes de grande prospérité liées au commerce de grain , est pressenti à travers la narration de Thomas Mann .....
C'est un roman dans lequel on s'installe confortablement : une lecture "cossue" s'apparentant au monde que nous décrit merveilleusement Thomas Mann ! Rien ne manque pour nous rendre la lecture divertissante , facile , et presque addictive malgré des thèmes douloureux , des réflexions graves et très intimistes , et une fin tragique inévitable ....
Car l'auteur , malgré un classicisme indéniable , possède un atout unique dans l'expression de ces analyses et la description de ses personnages : Un humour caustique surprenant pour l'époque , caricaturant ses protagonistes pour mieux nous en faire percevoir la finesse psychologique , excacerbant les sentiments , dramatisant et jouant un peu l'outrance ....Le sourire aux lèvres , on s'attache à Tony et sa vaniteuse conscience de son statut social :
Citation :
Tony était en robe de chambre : elle raffolait des robes de chambre . Rien ne lui paraissait plus distingué qu'un élégant déshabillé ; comme on ne lui permettait pas, à la maison paternelle, de satisfaire cette passion, à présent, étant mariée, elle se dédommageait… Aujourd'hui, elle portait un peignoir grenat, dont la couleur s'harmonisait bien avec la tapisserie et les boiseries.
Citation :

" c'est à ce moment là seulement qu'elle découvrit , tout le sens du mot faillite , tout ce que , dès son enfance , elle avait ressenti de vaguer et de terrible à ce mot ....La faillite ...C'était plus horrible que la mort , c'était le scandale , l'écroulement , la ruine , l'oppobre , la honte , le désespoir et la misère ..."

Thomas, le chef de famille de la troisième génération , engoncé dans les notions de devoirs et de morales liés à sa condition sociale et qui , jusqu'à sa mort soignera son image avec un souci obssessionnel de ce qu'il entend de la bienséance et la dignité et que Thoma Mann avec un superbe trait d'ironie, fera mourir d'une rage de dents !
Annonçant son mariage à sa mère il écrira : "
Citation :
"J'ai une adoration pour Gerda Arnoldens , mais je n'ai nullement l'intention de descendre au fond de moi-même pour découvrir jusqu'à quel point la grosse dot dont l'on m'avait chuchoté le chiffre à l'oreille d'une manière assez cynique atout de suite contribué , dès la première présentation , à cet enthousiasme .Je l'aime , mais mon bonheur et ma fierté sont d'autant plus grands qu'en la faisant mienne ,j'apporte à notre maison de commerce un important appoint de capitaux .


Ce passage traduit très bien l'état d'esprit de la famille , empêtrée dans un conflit intérieur lié à son appartenance sociale , à la notion de famille indissociable de la représentation qu'elle se fait d'elle même dans sa réussite commerciale .

Christian , le "raté de la famille , pathétique et tristement comique dans sa quête d'émancipation : l'artiste torturé , en proie à des douleurs chroniques liées à une hypocondrie que Mann nous décrit avec moult facéties très savoureuses .....


On s'amuse tout au long de cette narration teintée de burlesque mais empreinte de tragédie ....
Tout est peint avec une apparence caricaturale qui adoucit l'amertume de la mise en évidence de cette décadence qui entrainera cette lignée à l'anéantissement .
Pourtant , rien ne sera passé sous silence sous la plume de Mann et l'impact de la religion ,les accointances des représentants de l'église avec la haute bourgeoisie........ la psychorigidité de la société de l'époque et l'absurdité de cette conscience de soi comme faisant parti d'une classe supérieure ( à un moment il fait dire à l'un de ses personnages :"je ne crois pas être coupable devant Dieu .Je crois avoir fait mon devoir en m'efforçant de te procurer une existence en rapport avec ta naissance )



Thomas Mann s'amuse pour notre plus grand bonheur en s'alanguissant presque avec volupté dans des descriptions qui n'en finissent pas, se répétant inlassablement , dans un grand luxe superfétatoire dont on ne se lasse pas , se gaussant malicieusement de ces gens naifs inadaptés à l'évolution inéluctable du monde, tellement formatés par leur éducation et leur croyance en leur supériorité de naissance , sous le regard bienveillant et protecteur de Dieu-le Père !
S'amuser peut-être pour ne pas pleurer ....

Un vrai bonheur de lecture
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Comme l'annonce le sous-titre de l'oeuvre (Le déclin d'une famille), il s'agit du déclin d'une famille allemande vers la fin du dix-neuvième siècle. On y suit le parcours de quatre générations des Buddenbrook des années 1830s jusqu'aux années 1870s.

L'histoire débute quand le fondateur de l'entreprise de commerce de grains, Johann Buddenbrook est encore en vie et ses petits-enfants encore jeunes. Il a deux enfants: Gothold d'un premier mariage et Johann de son mariage avec Antoinette Duchamps. Gothold est un personnage très secondaire dont on ne sait pas grand chose à part le fait qu'il épouse une femme de condition inférieure et s'aliène par ce fait même de son père. Il me semble que ce personnage est là simplement comme un précurseur de la décadence de la famille. Johann est marié à Elizabeth Kroeger avec laquelle il a quatre enfants: Thomas, Christian, Antonie (dite Toni) et Clara.

Les enfants grandissent. Les années filent et rien ne passe vraiment. Thomas tient les affaires de la famille et épouse Gerda Arnoldsen, une fille d'une famille riche. Leur fils Hanno, le dernier héritier des Buddenbrook, est asocial et ne montre aucun intérêt pour ses études à l'école ni pour le commerce familiale. Hanno a un grand penchant vers la musique, une passion qu'il hérite de sa mère. Chrisitian s'avère être un raté. Il essaye à plusieurs reprises de travailler mais n'y parvient pas. Il ne concrétise jamais sa passion pour le théâtre et finit par vivre aux dépens des autres. Son concubinage avec une fille d'une classe sociale inférieure lui attire les foudres de Thomas.

Le personnage de Toni occupe une grande place dès le début et demeure de premier plan tout au long. Elle est le seul personnage avec qui j'ai un peu sympathisé, peut-être à cause de son sacrifice de jeune fille mais aussi de l'échec de ses deux mariages. Elle renonce à son premier amour – un jeune homme de condition inférieure – pour ne pas affliger son père sans faire trop d'histoire grâce à un sens précoce du devoir familial et une conscience aiguë de la différence entre les classes sociales.

L'histoire des personnages de Clara, Erika – la fille de Toni – et de Clothilde, la cousine pauvre et gourmande recueillie par la famille rajoutent un peu de chair au déclin familial sans jouer un grand rôle dans l'histoire.

Le thème de l'opposition entre l'art et le commerce est principal dans ce roman. On le voit dans les conflits entre Christian et Thomas mais surtout dans la déception de Thomas par rapport à son fils unique Hanno à qui il espérait léguer l'entreprise familiale.

La vie de ces personnages, même pendant la révolution de 1848 en Allemagne, reste sans beaucoup de reliefs. Même lors des grands événements, comme les divorces et les décès, ces personnages restent relativement calmes.

Bien que rien ne se passe vraiment dans ce roman, on n'a pas envie de le lâcher avant la fin.
Lien : http://www.litteratureworld...
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Je referme Les Buddenbrook de Tomas Mann et je suis déjà triste d'abandonner cette famille de Lübeck. Ce chef d'oeuvre, véritable livre culte de la littérature allemande est une saga familiale, celle des Buddenbrook, une famille de riches marchands de la ville hanséatique de Lübeck au nord de l'Allemagne. le roman retrace l'effondrement progressif de cette famille. Après avoir fêté les 100 ans de cette maison et après des malheurs et de mauvais choix, la lignée et cette maison commerciale disparaitra.
Au-delà de l'histoire familiale, Thomas Mann entraîne le lecteur au coeur de la vie de la Bourgeoisie de cette ville avec ses codes, ses devoirs et ses tourments. Les femmes tiennent une place importante et peu enviable. le paraître et le qu'en dira-t-on, les dotes et les mariages arrangés dictent la vie des jeunes filles et des jeunes hommes.
C'était un véritable plaisir de découvrir cette famille attachante et de me transporter dans l'Allemagne du 19ème siècle sous la plume de Thomas Mann. Ses descriptions sont très belles.
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LES BUDDENBROOK de THOMAS MANN
Lübeck, une grande famille de la Hanse, de riches négociants en grains, Johan le père, consul et Antoinette la mère. de cette union naîtra Johan( Jean) qui va épouser Élisabeth, ils auront 4 enfants, Antonie(Tony), Thomas(Tom) Christian et Clara. Ils vivent dans cette maison depuis 1682, on est au début du 19 ème siècle. La famille est toujours prospère bien que certains biens aient été morcelés. Tom va se retrouver plus rapidement que prévu à la tête des affaires suite au décès de son père assez jeune. Christian son frère est un être très sensible peu enclin au travail, jouisseur aimant le jeu et les femmes, Antonie va se marier puis divorcer plusieurs fois et toute les responsabilités retombent sur Tom. le monde des affaires change, les pratiques évoluent Tom se lance dans des spéculations, la famille est toujours riche mais les divorces coûtent cher et les frasques de Christian également. Tom travailleur acharné va se marier avec Gerda et ils auront un fils, Hanno, artiste né sans aucun intérêt pour le commerce et les affaires.
C'est une grande fresque familiale chez les nantis du 19 ème siècle en Allemagne, la vie d'une famille qui tel un énorme paquebot va lentement dériver faute de passion pour les affaires chez les descendants ( à l'exception de Tom)plus attirés par les arts et le laissez aller. Pas de faillite frauduleuse ou d'escroquerie retentissante, c'est la lente agonie d'une dynastie qui s'éteint faute de combattants. Thomas Mann connaît très bien ce milieu dont il est issu, c'est une lecture passionnante qui a largement contribué à son prix Nobel. Avec La Mort à Venise et La Montagne magique, Les Buddenbrook sont les oeuvres majeures de Thomas Mann. 800 pages qui s'avalent goulûment!
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Lübeck 1835-1877. Il n'y a pas de destin personnel chez les riches Buddenbrook, chacun doit participer à l'empire familial, s'élever parmi sa caste et ne point déroger. Chaque personne est « comme l'anneau d'une chaîne (p. 169) ». Nous suivons la vie de Thomas et de sa famille proche. Thomas est le pilier familial, celui qui produit de la richesse, mais à 40 ans, il commence à réfléchir sur lui-même. Il vacille sur les bases ancestrales et à notre époque, on parlerait de burn-out. Responsable de tout et de tous, on le sent perdre pied et ce n'est pas Tony sa soeur ni son frère Christian qui vont l'aider. de plus, son héritier ne lui ressemble absolument pas, c'est un artiste et il ne sait plus pour qui se battre.
Malgré un peu trop de descriptions des nez et bouches des personnages (qui m'ont fait rire), j'ai beaucoup aimé ce roman. Il est tellement actuel, les réflexions sur « la préoccupation anxieuse, vaine et curieuse de soi-même » sont d'une brûlante actualité (page 274). La page 661 sur la mort est magnifique. C'est la fin d'une dynastie, d'un monde et d'une famille. Moi qui adore Zola, Thomas Mann ne pouvais que me plaire.
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Un grand roman que j'ai lu pendant cette semaine de vacances ! Un peu impressionné par la longueur (850 pages), j'ai fait attendre ce roman pendant plus de six mois. J'ai bien fait de me lancer : la division en parties et en chapitres assez courts le rend très accessible. On prend plaisir à suivre la vie de cette famille et son lent déclin qui paraît vite irrémédiable au vue de la personnalité du dernier héritier.
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