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EAN : 9782253099369
153 pages
Le Livre de Poche (06/04/2005)
3.35/5   13 notes
Résumé :
" Romancier à grand souffle des Buddenbrook et de la Montagne magique, Thomas Mann n'a cessé en même temps d'être fasciné par l'art de la nouvelle, fait d'intensité et de concision. En témoignent ces textes écrits à divers moments de sa vie, et qui révèlent un aspect particulier de son génie d'écrivain.

La passion sensuelle qui conduit un frère et une sœur à outrepasser le tabou de l'inceste ; un chagrin d'amour enfantin, dans l'Allemagne chaotique e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans Sang réservé, la première des deux nouvelles de ce recueil, les Aarenhold ont eu une excellente idée : appeler leurs deux dernier rejetons, un garçon et une fille qui sont jumeaux... Siegmund et Sieglinde. Pour ceux qui auraient besoin de réviser leur mythologie nordique, et, en passant, leur Wagner, je rappelle que Siegmund et Sieglinde font partie du cycle des Nibelungen, qu'ils sont frère et soeur jumeaux, séparés jeunes, se retrouvant adultes, tombant alors amoureux, couchant de plus ensemble en toute conscience et concevant ainsi un enfant, le fameux Siegfried. Je ne m'étendrai pas sur toutes les calamités qui en découleront.


Nous voici donc dans la famille Aarenhold où les bien nommés Sieglinde et Siegmund passent leur temps à se tenir la main (ils sont en âge de se marier, je précise), à se faire des caresses par-ci, des bisous par-là. Pas besoin d'en dire plus, je suppute que vous avez compris où Thomas Mann veut en venir. Pour passer à l'acte, ils auront tout de même besoin d'un coup de pouce, et quoi de mieux que d'aller voir La Walkyrie, je vous le demande, qui se trouve justement être l'opéra de la tétralogie de Wagner où Siegmund et Sieglinde (ceux des Nibelungen) vont s'envoyer en l'air ? Arrêtons-nous un instant sur ce long passage de la Walkyrie. Thomas Mann nous raconte par le menu ce qui se passe sur la scène, à condition que ça fasse sens pour sa nouvelle - donc, grosses ellipses en vue, une fois que Siegmund et Sieglinde Aarenhold auront - c'est pas trop tôt ! - pris conscience du désir qui les pousse l'un vers l'autre. Ce qui est ennuyeux, c'est que si vous n'avez pas vu La Walkyrie, vous n'allez pas bien comprendre pourquoi Wotan est furax et pourquoi Brünnhilde finit endormie au milieu d'un cercle de feu. Car le truc, c'est qu'en tant que lecteur, nous sommes censés avoir vu La Walkyrie. Bon, pour ma part, j'ai eu sacrément de la chance, vu que j'ai assisté à seulement deux opéras dans ma vie et que La Walkyrie en fait partie (ah, zut, j'aurais dû vous ménager avant d'annoncer ça tout de go, parce que si vous vous imaginiez que j'étais une sorte de puits de science en matière d'opéra, vous venez probablement de subir un gros choc).


Ce que je veux dire par là, et que j'exprime très confusément, c'est que Thomas Mann s'y entend dans cette nouvelle pour user des codes du symbolisme et du décadentisme. Siegmungd est une espèce d'ersatz du Des Esseintes de Huysmans, il se pomponne, il s'ennuie, etc., etc. Et selon les règles du symbolisme chères à Mallarmé, on ne va certainement pas s'adresser à la plèbe, mais bien à un lectorat choisi. Et puis Mann rappelle un peu trop le jeune Proust du recueil Les Plaisirs et les Jours, avec vingt ans de retard (Sang réservé a été composé en 1905)... et c'est sans compter ce qui avait été écrit avant dans le même genre. J'en resterai là, même si ce n'est pas une lecture désagréable. Disons qu'avec la renommée bien établie de Thomas Mann, on en attend davantage.


Désordre, qui s'intitule en fait Désordre et Jeune souffrance, et datant de 1925, se révèle une nouvelle plus intéressante. Un homme, le docteur Cornelius, universitaire vieillissant - si ce n'est déjà vieux -, bien installé dans sa vie familiale et bourgeoise, observe à l'occasion d'une soirée organisée par les aînés de ses enfants, à quel point le monde change et lui paraît désordonné. Partout, du désordre, et même dans l'attachement qu'il éprouve pour sa fille Lorette de cinq ans, sa préférée parmi ses six enfants (si j'ai bien compté). Désordre dans la société - ces jeunes gens se conduisent si bizarrement ! -, désordre dans son monde, désordre dans sa famille - pourquoi son fils Bert n'arrive-t-il pas à la cheville de ses amis ? -, désordre partout.


Et, pire que tout, désordre causé par le premier amour éphémère, mais bien réel, de Lorette, qui lui fait éprouver un tel chagrin que ni son père, ni quiconque, pendant une heure ou deux peut-être, ne comptera plus pour elle. Thomas Mann suit avec pudeur les appréhensions du docteur Cornelius devant ce monde qui n'est déjà plus le sien, ses questionnements, son retrait probablement imminent de la vie sociale. Et il suit avec la même réserve ses appréhensions en tant que père, qui, déjà, voit ses enfants échapper à la sphère familiale, à l'adolescence et à l'enfance, même pour les plus jeunes d'entre eux, même pour un instant. Un texte à la saveur douce-amère...
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Deux nouvelles. Que dire ? Thomas Mann est un styliste, ses descriptions sont d'une finesse et d'une justesse rares. Mais le fond de ses deux textes ne m'a pas passionné. Déjà vu. Surtout la première. La seconde, Désordre, est plus intéressante, selon mon goût, il y a des moments d'humour, et une façon de voir qui me semble étrangement très contemporaine. Ou alors intemporelle. Mais c'est du lourd-léger, plutôt agréable. Alors, oui, pour ce Désordre.
Ceci dit, ce livre-ci n'est pas un indispensable de l'auteur. Sauf si vous êtes un grand Manniaque.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L’œuvre compte seule. Il n'y a pas de circonstances atténuantes. Que votre paysan nous donne un chef d’œuvre ou qu'il retourne à son fumier! Moi-même, où en serais-je avec des opinions aussi indulgentes? Certes, j'aurais pu me dire : de naissance, tu n'es qu'un gueux, ce sera déjà beau de t’élever à la hauteur de ton propre comptoir. Mais je ne me suis pas satisfait de cela et j'ai forcé le monde à me reconnaître … Tel que vous me voyez, mesdames et messieurs …
Les enfants rirent. Pendant un instant ils cessèrent de le mépriser. Ils étaient assis mollement et profondément autour de la table avec des expressions capricieuses et des attitudes nonchalantes ; mais, malgré la luxueuse sécurité où ils étaient installés, leur esprit demeurait aussi tendu que si, de la clarté de leur discours, de l'acuité et de la vigilance de leur pensée, leur vie eût dépendu. Leur louage les engageait complètement, leur blâme désarmait sans ménagement en un tour de main l'adversaire, faisant mat son enthousiasme et le laissant stupide et sans paroles. Ils nommaient « excellente » l’œuvre dont l'intellectualité consciente répondait victorieusement aux critiques, et ils n'avaient que railleries pour les erreurs de la passion.

"Sang réservé"
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Connaissez-vous ce roman dont l'action se déroule toute entière entre les murs d'un sanatorium accroché au flanc d'une montagne ? Lieu qui exerce un tel sortilège sur l'un de ses visiteurs qu'il ne voudra plus en repartir ?
« La montagne magique », de Thomas Mann, c'est à lire au Livre de poche.
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