Si j'ai très vite compris qu'aucun être humain normal ne pouvait espérer être pote avec les Rolling Stones, j'ai pourtant, par deux fois, appelé le groupe à mon secours, osant dévier la trajectoire des planètes Mick et Keith pour mon usage personnel.
Parfois, tes enfants te posent aussi une autre question : " c'est quoi le rock'n'roll ?". La réponse est là. C'est ça. Aller de ville en ville pour rejouer des chansons magiques de notre adolescence.
Métal hurlant quand je tombe sur un vieux numéro dans mon grenier,je me dis que c était vraiment autre chose.....feuilleter un Métal des années 70, c'est comme fumer un énorme pétard de skunk pure et surfer sur le net
Serge Gainsbourg est dubitatif. Je lui raconte donc qu'à la suite de la séparation des Smiths, deux gamins de Manchester se sont suicidés et je lui arrache la promesse de ne pas se tirer une balle dans la tête. Sur ce, je me recouche.
Aussitôt mon bac en poche, j'ai pris la direction de Paris. Et mon père a murmuré à ma mère : " Il est parti vite. On ne l'aura pas connu longtemps, cet enfant-là. "
C’est le début de la collection Speed 17. On va faire très vite des bouquins (speed), on va essayer d’en faire dix-sept. Robial est ok pour nous imaginer une maquette novatrice. Pour lancer la collection, il faut frapper fort. Je réussis à convaincre le rédacteur en chef de Rock&Folk, Philippe Paringaux, de traduire un livre sur la tournée US des Rolling Stones, STP de Robert Greenfield. Nous en vendrons quatorze mille. Mais l’autre grande trouvaille de la collection, c’est Bukowski. Déniché par Philippe Garnier, journaliste à Rock&Folk et grand ami à moi, Bukowski est un phénomène. Personne n’a osé le traduire en français. Les éditions Grasset ont acheté un titre, mais l’éditeur est perplexe. Il trouve ça trop cru, trop sexe, trop alcoolisé. Philippe Garnier accepte de traduire Notes of a Dirty Old Man que nous proposons en français, sous le titre de Mémoires d’un vieux dégueulasse. Le livre parait en 1977, année punk.
Un an plus tard, Brian Jones meurt. Nous sommes en vacances à La Baule. J’ai une copine bretonne qui s’appelle Myriam. Le 5 juillet, impossible de la rejoindre à la plage. Je reste cloîtré dans ma chambre, l’oreille collée au transistor. Tout seul sur mon petit lit, j’ai le cœur en larmes. Brian, putain, Brian, le lutin du groupe, casque d’or… Le club des 27 vient d’ouvrir ses portes froides.
Un soir, aux Bains Douches, une fille s’énerve contre ces lunettes noires Ray-Ban Wayfarer que je commence à porter jour et nuit. Gainsbourg l’arrête d’une phrase : « C’est son look, cocotte. » Voilà, tout est dit. Comme les rockers, il aime l’économie, il est sans cesse à la recherche du mot juste, de la phrase qui tue. Il vise le cœur de la cible, toujours