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2,66

sur 208 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un livre comme une pièce de théâtre. le Brésil comme personnage principal. Dans une maison de Pétropolis, maison qui a connu une grande tragédie, deux hommes. Deux hommes, face à face. Leur passé, leur histoire.

L'un est brésilien, policier, l'autre est français, aventurier d'abord, avant de devenir écrivain. Autrefois, ils se sont connus. Aujourd'hui, ils se retrouvent, et sous nos yeux, au fil des pages, remonte à la surface ce passé qu'ils ont partagé.

Tels les méandres des rio, leur histoire est tortueuse, changeante, mouvante. Lors de ce huis clos, ce sont deux versions d'un même passé qui se confrontent. Qui dit la vérité ? Qui ment ? Il est difficile de cerner cette dernière, tous deux paraissent aussi sincères dans leur souffrance et leur version de leur histoire.

Il faut savoir prendre son temps pour savourer ce roman, ressentir en soi cette ambiance moite et malsaine. Il faut ressentir les heures qui s'égrènent, chaque seconde étouffant la précédente, comme cette jungle dangereuse, où à tout moment un boa peut s'enrouler autour de votre cou et lentement vous étouffer.

L'écriture de Ian Manook est foisonnante, riche, touffue, elle est comme cette jungle brésilienne, belle, flamboyante et sombre à la fois. Machiavélique comme ces fourbes rio, Ian Manook nous promène entre passé et présent dans cette région du Brésil qu'il aime, comme on aime une maîtresse, qui nous entortille et nous malmène. Mais ne nous y trompons pas, même si le Brésil est dans ce roman omniprésent, c'est bien davantage l'âme des deux protagonistes qui sont au coeur de roman.

Bien plus qu'un polar, ce roman est pour moi un roman noir. Un roman noir qui dissèque les âmes humaines, leurs faiblesses, leurs compromis, mais qui n'en oublie pas, comme le Brésil, d'être lumineux et chatoyant
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Je dois bien avouer que certaines critiques me stupéfient. Certains, ici ou ailleurs, se sont ennuyés, comparent ce livre à un guide touristique ! Trop de mots Brésiliens ! et j'en passe. OK. Chacun ses goûts, mais il me semble qu'un grand nombre est passé complètement à côté.
Ce livre est une pure merveille. Tant dans sa construction que pour le style de l'auteur. Pour l'ambiance, aussi, immersion totale qui vous imprègne, vous colle à la peau. C'est de la littérature, et sans doute n'y sommes nous plus habitués, dans ce monde où on consomme vite fait, sur le pouce. Il faut savoir prendre son temps. Savourer. Ce n'est pas un page-turner, un thriller à la mode, un de ces livres qu'on lit comme on dévore un burger au Mc Do et qu'on oublie aussi vite que le goût synthétique et artificiel de ces ersatz de nourriture. Sauf en cas de brûlure d'estomac, désagrément qui reste assez fréquent. Non. C'est l'oeuvre d'un esprit poétique, passionné, intelligent et réfléchi, aussi. Les descriptions de la faune et de la flore sont à tomber par terre. Aussi riches et variées que cette flore et cette faune elles mêmes, sans jamais une redondance, une répétition, une facilité. Ciselé. Au cordeau. du grand art. Oubliez Yeruldelgger et la trilogie mongole. C'est autre chose. Laissez-vous emporter sans à priori. Des livres aussi bien écrits, aussi denses, qui poussent autant à la rêverie qu'à la réflexion, il y en a bien peu. Un GRAND livre.
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Un salon du livre dans le cadre magnifique de la ville d'Auvers S/Oise, des moments très privilégiés avec les auteurs présents, dont Patrick accompagné de Françoise. Et me voilà riche de ce roman. Un ouvrage qui a une grande importance pour Patrick/Ian.
L'intrigue se déroule dans ce Brésil qu'il connaît et affectionne. Nous sommes ici bien loin de la steppe et de Yeruldelgger.
Mais cette histoire nous enveloppe aussi sûrement que la moiteur de la nature luxuriante du Brésil. Elle nous enserre quasi jusqu'à l'étouffement et nous conduit à un dénouement implacable : celui d'une vengeance.

L'histoire :
Avril 2006 - Jacques Haret est de retour sur le sol du Brésil. 30 ans qu'il en était parti. Il est accueilli à l'aéroport par Martinho et conduit à Petrópolis, petite Bavière sous les tropiques. Lotte, la femme de Stefan Zweig, définissait l'endroit comme « une petite jungle au creux des Alpes », quelques jours avant que le couple ne s'y donne la mort.
C'est le père de son chauffeur qui va héberger Jacques, dans la maison même où Stefan et Lotte se sont donné la mort. Quel choc pour l'écrivain. Dormir dans ce lieu tant chargé d'histoire et de symbole.
Extrait page 17 : « - Imaginez-vous, Martinho, qu'il y a 30 ans j'ai connu un homme qui affirmait avoir vécu son enfance dans cette même maison. Vous vous rendez-compte ? ».
Et le choc va être grand.
Car une voix, comme un écho du passé vient répondre « Je ne savais pas que nous avions été amis… »
30 ans sont gommés, et le passé ressurgi sous les traits d'António Figueiras, l'ancien policier. Vieilli, amaigri, en fauteuil. Reconverti dans l'édition, c'est à ce titre qu'il accueille Jacques pour son « Roman Brésilien ». Un roman écrit comme une confession. Un défi ? Un récit sans scrupules, sans états d'âme pour les survivants qui ne peuvent que se reconnaître, même si les noms ont été changés. le passé est là. Déroulé, enjolivé. Tellement de mensonges auxquels Haret a fini par croire. Il est tellement plus flatteur de ne pas avoir le mauvais rôle.

L'auteur est prisonnier de Santana/Figueiras qui le menace d'une arme. le fantôme d'une femme lumineuse, Angèle/Blanche, une femme que l'un a follement aimé, l'autre follement convoité en disant qu'il s'agissait d'amour, est là, dressé entre eux. Car les mots peuvent tuer. Et ceux de l'écrivain ont tué Blanche.
Jacques Haret, phonétiquement le jacaré (le caïman), va devoir affronter le passé et la vérité, dont la mort d'Evéraldo, qui l'a conduit à quitter le Brésil il y a 30 ans. Evéraldo, le père de l'enfant que portait Blanche. Cet enfant, c'est Martinho, à qui Figueiras a servi de père. Une histoire dans laquelle Figueiras n'est pas non plus un ange, pas plus que ces puissants pour qui la vie n'a pas grande importance.

1976 -
Extrait du roman d'Haret page 47 : « Je suis devenu fou de ce pays. de cette nature tirant sa beauté vénéneuse des pourritures qui s'y décomposent. de cette beauté dangereuse où glissent des cascavel mortels, grabouillent des mygales industrieuses, et se tapissent des jacarés aux aguets. Cette folie m'a gagné. Elle est en moi à présent, là où mes sentiments pourrissent et se délitent eux aussi pour former l'humus de cette déraison qui m'enivre de l'intérieur. »

Un face à face inexorable va se dérouler, où le roman d'Haret avec sa vérité, et la Vérité, vont se chevaucher et s'entremêler. Ce sera une explosion d'amour, de convoitise, et de mort, le tout dans la violence et la moiteur de ce pays fascinant.

Le Brésil est le personnage central de ce roman.
On rêve de déguster du pacu grillé relevé d'un juste molho d'oignons et de poivrons sur un riz blanc peu sucré, arrosé d'une bière bien fraîche. de savourer du fromage salé à la pâte de goyave. de se rincer la bouche d'un verre d'eau pour apprécier comme il se doit le café brésilien, ce concentré de nectar. Puis d'écouter les légendes indiennes le soir au bivouac. Perdu au milieu de cette nature, sauvage, autant que ses hôtes. Craindre la onça (panthère), capable de s'attaquer à un jacaré adulte, qui rode.

Ce plongeon au coeur brûlant du Brésil, que nous offre Ian, est un voyage inoubliable.
Les déviances et les travers de la nature humaine y sont merveilleusement dépeints.
J'ai pour ma part adoré ce roman, une ode au Brésil cher à l'auteur, et une histoire dense et prenante dont on ne sort pas indemne.
Du très grand Manook.
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