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3,97

sur 204 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
" Pan, sur le nez " , bien fait pour moi ....J'ai voulu , au bout de 100 pages de lecture passionnante , aller consulter les critiques concernant ce roman et ...bon , celle de Kirzy puis celle d'Umezzu et là, je ferme mon clapet , comme on dit vulgairement et je poursuis mon parcours dans ce Marseille qu'en 1973 , je savais placer sur la carte de France , qui me faisait rêver par sa Canebiére , qui était le Marseille de Pagnol , qui m'évoquait Fernandel ...Oui , j'avais beau avoir 20 ans ( pas majeur à l'époque ) , pour moi , Marseille , c'était une sorte d'Eden , du soleil , un accent chantant , les cigales.....Bon , j'arrête, j'en connais un qui va encore dire que mes critiques sont nulles , mièvres , qu'on se fout de mes états d'ames ....si , si . le pauvre . S'il savait à quel point je m'en moque , lui qui m' a empêché toute réponse en me bloquant . A ce sinistre courageux qui m'a insulté , et pour utiliser son langage , je dirai que je m'en" b.. les c....." ( ...que c'est laid ) de son avis . Désolé , la vulgarité ne " va pas à tout le monde " , je ne la pratique pas, contrairement ...Le Marseille de 73 , ce fut le théâtre d'atroces règlements de compte , vengeances , racisme . Et oui , la guerre d'Algérie trouvait là un terrain où toutes les rancoeurs accumulées s'abattaient sur les algériens, nourrissaient une haine sans limite .
Le bandeau du livre le note , c'est " une Histoire de la France " et , pour moi , bien plus qu'un polar , effectivement . Je ne repéterai pas ce qu'ont dit des amies et amis babeliotes , si brillamment exprimé . Tout y est . Un style sec qui s'imprime en vous , des personnages ambigus, déterminés mais pas facilement " identifiables " , pas forcément attachants , mais ...Qui aurions nous été, en ce lieu , à cette époque, dans ce contexte ? Personne ne nous le demande , personne ne nous le reproche , l'auteur nous ouvre une porte sur L Histoire , l'histoire de Marseille , l'Histoire de France , notre Histoire ...En admiration quelques années plus tard face au Vieux Port , j'ignorais naïvement qu'ici en 1973 ....
Mais je sortais de ma Creuse , proche de l'Auvergne , endroits bien " reculés " , pour certains qui aiment y situer des actions d'un autre temps ....odieuses , monstrueuses ...."Le trou du cul du monde" , quoi .... Un livre ( ? ) sur " les monstres " ..... Marseille , la presse n'en parlait pas trop non plus . Certains magazines cités n'étant pas si " diffusés " qu'on aimerait le croire aujourd'hui , les priorités financières , à l'époque et dans la région, se dirigeant plus vers la nourriture vivrière que vers la culture intellectuelle , hélas. Mais , je vous le répète, régions déshéritées mais ... fières et travailleuses .
Je remercie vraiment les auteurs de toutes ces critiques incroyablement étayées que ...Je n'aurais pas dû lire aussi vite ! Tant pis pour moi . Grand merci aussi à cette auteure qui a beaucoup travaillé et écrit un trés bon livre , et ce n'est pas que mon avis.
Amitiés ( ironiques , faut pas exagérer non plus .. ) à ce B........ qui m'a insulté( et les auvergnats dans son roman unaniment reconnu ... par une foule enthousiaste ) et m' a courageusement " bloqué " son compte . le mien lui est ouvert , comme à tous et toutes . Mais , si mes critiques lui " donnent toutes envie de vomir ( sic !) ", j'espère qu'il ne me lira pas , je ne voudrais pas lui ruiner la santé .
Je regrette mais assume mes propos .Babelio est un site de gens respectables et respectueux . On y parle de livres en toute franchise et respect et, d'accord ou pas d'accord , on y fait de belles découvertes, on y a de beaux échanges .J'aurais dû ne parler que du livre ......Mais , finalement ....S'exprimer de temps en temps et clore le bec à certains , ça fait pas de mal .....Excusez moi , et surtout , consultez les autres critiques des copains et copines ....vous ne passerez pas à côté d'un livre très bien mené.
J'avoue m'être laissé aller . Je vous prie de bien vouloir m'en excuser et , à bientôt peut - être. Je ne sais pas , on verra .
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Le nouveau Dominique Manotti renoue avec son personnage habituel, le commissaire Daquin, dans sa période marseillaise. du point de vue temporel, Marseille 73 s'inscrit entre l'avant-dernier Manotti, Racket (les débuts de Daquin à Marseille), et Sombre sentier (Daquin à Paris), le tout premier Manotti.

Marseille en 1973 connaît une résurgence des combats de la guerre d'Algérie. Des groupes de pieds noirs extrémistes estiment le temps venu de se montrer de nouveau, après les années de De Gaulle et du SAC. L'après 68 leur paraît plus porteur, les anciens du SAC ont bénéficié d'amnisties. le pouvoir a tourné la page. Mais pas ces quelques radicaux qui veulent désormais lutter contre la présence d'immigrés nord africains en France. Ces derniers sont employés le plus souvent au noir, et risquent l'expulsion s'ils ne sont pas régularisés. Leurs employeurs en profitent.
Des Algériens finissent noyés dans le port de Marseille ou visés par des tirs, dont les auteurs ne sont pas identifiés. le climat se fait tendu, lorsque survient le meurtre en plein jour d'un jeune Algérien dans le XV éme arrondissement de Marseille. La Sûreté vite arrivée sur place veut rapidement clore ce dossier, imputé à des règlements de compte au sein de la population immigrée. Daquin et son équipe, de permanence à la PJ, voient les choses autrement, mais ils ne sont pas saisis. Par contre, ils sont chargés de suivre de loin les activités d'un nouveau groupuscule de rapatriés d'Algérie, qui semble se préparer à des actions violentes. Il est demandé à Daquin de marcher sur des oeufs. Pas de vagues, pas de problèmes…

La Police urbaine et la sûreté urbaine, basées à l'Evêché, tout comme la PJ, comprennent des rapatriés d'Algérie prêts à tourner la tête lors d'une action violente, ou même d'aider les auteurs de ce type de délits. Les tenants de la place veulent maintenir l'équilibre entre toutes les forces autour du Vieux Port : criminalité corse en déclin, gros bras rapatriés d'Afrique du Nord qui ne se cachent plus, politiques qui veulent absolument nier tout racisme en ville…

Pendant que la violence monte, les travailleurs immigrés commencent à s'organiser, avec le concours des organisations de gauche, pour se faire entendre. La presse locale, elle, évite de parler des meurtres qui visent la communauté nord-africaine, et des manifestations et grèves qui s'en suivent. Seuls un journaliste engagé et un avocat idéaliste vont chercher à faire progresser les enquêtes en cours.

Le roman de Manotti est une plongée dans ces eaux troubles. Les idéaux de justice et d'action de Daquin ne conviennent pas à ce marigot. Il va encore une fois devoir avancer malgré les obstacles hiérarchiques et judiciaires.

Chaque roman de Manotti est un régal quant à la forme. Phrases ciselées, simples mais efficaces. Pensées des acteurs qui surviennent au milieu du texte. Basculements impromptus entre le « il » et le « je ». La fluidité du texte contribue grandement à l'avancée de l'action.
Le fond est un coup d'éclairage total sur une période passée sous silence, mais qui, quand on la redécouvre, constitue les prémices de beaucoup de problèmes actuels. Travailleurs immigrés qui peinent à trouver leur place. Leurs enfants qui se débrouillent comme ils peuvent. Oppositions de la guerre d'Algérie qui se renouvellent sur le territoire national.
Le récit est par moments moins vif qu'à l'accoutumée. Mais la reconstitution historique est impressionnante. Marseille 73 est un petit cours d'histoire sociale marseillaise.
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" (...) Ce roman est une belle reconstitution du Marseille complexe des années 1970, il nous rappelle des événements tragiques et la complicité de l'État français, le rôle de la justice et de la police où les Daquin existent peut-être mais ne sont manifestement pas assez nombreux. Dominique Manotti nous raconte avec talent comment s'organisent les assassinats racistes et la protection des meurtriers, comment se construit le déni, bien commode pour ceux qui ne veulent rien voir, bien pratique pour aveugler les autres, et comment ce déni entraîne l'oubli.
Marseille 73 est un roman efficace et utile, passionnant et sans pitié, avec une écriture sèche qui va droit au but, des personnages marquants auxquels on s'attache ou qu'on déteste. C'est une fiction qui révèle une vérité dérangeante qui fait écho au mouvement Black Lives Matter.
Un roman de combat contre l'oubli, à lire bien évidemment."
François Muratet in DM (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/mars..
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j'ai hésité à lire ce polar qui présente l'histoire sociale et raciale de Marseille dans les années 1973 !
Certes, Dominique Manotti s'est servi d'un acte raciste fictionnel pour l'intérêt du récit policier mais, j'habitais encore à Marseille durant cette période car j'en suis partie l'été 83 et, même si mon quartier était résidentiel et même si j'évitais les endroits chauds de la ville phocéenne : je peux témoigner du climat délétère, de la déclaration du maire Defferre à propos des pieds-noirs qu'il " voulait rejeter à la mer" et de la main-mise de la mafia des "Guérini "..
Bref, le jeune Malek Khider est tué dans le XV ° de Marseille suite à la mort d'un traminot tombé sur la ligne 72 sous les coups d'un maghrébin, ce qui va relancer la haine des anciens de l'OAS qui n'arrivent pas admettre leur échec, de la CDM ( comité de défense des Marseillais ), de l'UFRA (union des repliés d'Algérie ).
Tout va être mis en place pour faire payer aux travailleurs arabes leur nouvelle clandestinité suite à la circulaire Marcellin-Fontanet qui fait d'eux 86 % de " sans-papiers " expulsables ( ou liquidables ) ! La chasse à l'immigré est ouverte mais la famille Khider aidée par Me Berger et par l'équipe du commissaire Daquin ( le héros de Manotti ) vont tenter d'amasser des preuves parmi les policiers du SRPJ et ceux de la la PU (police urbaine ) sise à l'Evéché qui est supervisée par le Gros Marcel et quelques flics pourris !
Le commissaire Daquin a été nommé récemment à Marseille comme le jeune inspecteur parisien Delmas, et ils sont mis " au parfum" par l'inspecteur Grimbert, plus âgé et bien introduit dans les milieux marseillais...c'est à dire dans la " bouillabaisse " des loubards, des " nervis ", des éventuels auteurs de" ratonnades " !
Les arabes vont faire grève pour paralyser l'économie de la ville, des environs et, ils vont êtres suivis à Toulon, à Paris dans leurs actions ! En 1973 : quelque chose de grave vient de naître : le racisme...qui n'est toujours pas réglé !
Un polar explosif sur l'histoire de France après les accords d'Evian de mars1962, l'arrivée des pieds-noirs en masse et le sort des travailleurs algériens !
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J'ai souvent vu passer le nom de Dominique Manotti lors de mes visites sur les blogs et sites consacrés aux romans noirs. Dans mon imaginaire, elle faisait partie des sommités française du genre et pourtant, je n'avais encore jamais franchi le pas de découvrir son oeuvre. Erreur enfin corrigée !

Comme son titre l'indique, ce livre s'intéresse au Marseille des années 70. On assiste à plusieurs agressions et meurtres dans les rues de la cité phocéenne. L'auteure nous place en observateur des différents acteurs mêlés à ces drames. Elle nous plonge dans l'ambiance de l'époque. Avec une grande densité de personnages, on assiste aux échanges des différentes communautés qui forment le tableau complet de l'affaire.

L'enquête et ses mystères ne sont que la partie visible de l'iceberg. le roman prend vraiment sa puissance dans la retranscription des comportements inhérents à la période et à la ville. le passé colonial est encore chaud dans les esprits et on sent bien qu'il n'a pas été complétement digéré. S'en suit alors des organisations sectaires, des manigances politiciennes et des violences policières, sur fonds de rejet de l'autre. Afin de démanteler cette machine idéologique, rien de mieux qu'un commissaire venu de Paris, qui va mettre les pieds dans le plat et prendre un peu de recul sur les évènements.

Pour mon premier essai, Dominique Manotti vient de me démontrer qu'elle est bien la grande écrivaine que j'imaginais. Elle apporte à son aventure une dimension politique et sociale qui en fait un grand roman noir. Malheureusement, cette lecture entre en résonance avec notre monde actuel, comme si rien n'avait vraiment changé. Les mêmes préjugés, les mêmes dérives, les mêmes haines parsèment l'Histoire, alors qu'elle semble se répéter. S'appuyant sur le format polar, l'auteure vulgarise et met en lumière toute l'importance de bien comprendre le passé !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Marseille 73… Août 1973 « Marseille, début d'une vague anti-algériennes qui vont tuer 50 personnes et en blesser 300, et qui s'achèveront avec un attentat contre le consulat d'Algérie à Marseille qui fait 4 morts et 22 blessés, revendiqué par l'organisation terroriste d'extrême-droite Groupe Charles-Martel. » … La France était en vacances…. J'avais 8 ans, et je crois bien que j n'avais pas encore toutes mes dents…J'avais huit ans et je me souviens de incendie du Collège Édouard-Pailleron à Paris...je me souviens du Tupolev 144 qui s'est écrasé à Goussainville…Mais en 1973 du haut de mes huit ans , Marseille devait me paraître une terre lointaine...
C'était la France d'après de Gaule, la dernière année de Pompidou, l'avant vieille de Giscard..
Bref c'était le temps des affaires perpétuelles, le temps des Guerini, des Pasqua, du SAC, 11 ans après la guerre d'Algérie, 19 ans après la guerre d'Indochine, trois après que l'Ordre Nouveau ait créé le FN, cinq ans après la création du GUD, un an avant la fin de la guerre du Viet-nam, c'était encore pour un moment la guerre froide, c'était deux ans après le premier choc pétrolier, Boumediene présidait l'Algérie, 1973...deux après la nationalisation par l'Algérie des hydrocarbures, « au grand dam de la France », c'était la Françafrique, c'était quelques mois après la circulaire Marcellin-Fontanet, … première lecture pour ma part d'un roman de Dominique Manotti, et j'avoue que cela ne sera pas la dernière. Travail d'enquête, véritable travail d'historienne, l'auteure nous entraîne avec efficacité à travers ces mois terribles qui ensanglantèrent Marseille et qui firent trembler l'Évếché…
Bienvenue en histoire de France !
https://www.dominiquemanotti.com/2020/05/19/marseille-73-video/

Astrid Shriqui Garain
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Encore une fois, la militante politique tape fort, frappe sur Marseille, la police en 1973. Époque sinistre des ratonnades où désabusés et racistes décidaient de descendre des Algériens principalement à Grasse et Marseille, avec désintéressement des médias et des politiques ne voulant pas faire les liens dans les morts criminelles d'une cinquantaine d'Arabes. L'été 1973 va rester comme l'une des périodes les plus « sanglantes » pour l'immigration maghrébine dans le sud de la France, au point qu'on a pu parler de « flambée de racisme » ou d'« été meurtrier ».
Mais l'inaltérable inspecteur Daquin va démêler tout cela…
Pour rappel, le commissaire Daquin, est un personnage compliqué, agréable, on l'avait quitté à la fin d'Or Noir.

De son passé de professeure d'Histoire, Dominique Manotti a gardé la méthode et le talent pour l'investigation, Marseille 73 est son treizième livre.
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Je découvre cette auteure avec ce livre, et pourtant elle a obtenu de nombreuses récompenses. Elle fait partie des auteurs incontournables de romans français. Son héros Théo Daquin est déjà apparu dans 5 romans. A travers ses romans, elle chronique notre société d'un point de vue économique, sociétal, politique. Ce roman est inspiré de faits réels.
L'histoire débute an août 1973 à Marseille.Le jeune commissaire Théo Daquin vient d'être nommé à l'Evêché (hôtel de police). Il fait équipe avec Grimbert et Delmas. Des immigrés, souvent employés au noir, sont la cible de tous les maux, et subissent des crimes racistes à leur encontre. Daquin et son équipe enquêtent sur le meurtre du jeune Malek.
On est dans une France post guerre d'Algérie, mais les accords d'Evian non pas mis fin aux idées. le contexte historique est fort. Il y a de fortes tensions. C'est le début du FN.
Je dois avouer qu'une partie de ces faits historiques m'étaient totalement inconnus.
Chaque début de chapitre commence par un extrait d'articles de journaux de l'époque, et cela accentue encore plus les propos et le contexte, les tensions, et cela s'accentue au fil des pages et des chapitres. A la fin du roman il y a un petit lexique qui explique les différents découpages des services de police.
Il y a différentes émotions qui nous traversent à la lecture de ce roman. Pour moi c'est bien plus qu'un polar. Il n'est pas facile d'en parler sans trop en dévoiler. Il n'y a pas que la colère, les ratonnades, il y a aussi la dignité d'une famille algérienne qui croit en la justice.
Une lecture que je vous recommande vivement
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Il fut un temps où… le roman de Dominique Manetti aurait pu commencer comme cela. L'action de ce polar noir se situe à Marseille en 1973. C'est toute une époque dont nous ne pouvons pas être fiers que l'auteure ravive pour nous, entre petite histoire et grande Histoire. On ne doit pas oublier que les ravages d'un racisme ordinaire à cette époque ont causé une hécatombe chez les immigrés algériens. Dix ans après la guerre d'Algérie, la communauté Pieds noirs se regroupe, le Front National émerge, les anciens de l'OAS ne lâchent rien, c'est la fin des « trente glorieuses » et le chômage grimpe. La communauté des travailleurs nord-africains commence à gêner, il y aura une manifestation pour protester contre la précarité de leur statut, la nuit sera sanglante. le commissaire Théodore Daquin nouvel arrivant dans la cité phocéenne, a bien du mal à trouver ses repères dans ce milieu puant dont il se sent si éloigné. J'ai aimé le personnage de Daquin qui n'en revient pas du fonctionnement illégal de la Police et de l'impunité qui semble régner. Avec sa petite équipe, il avance comme un flic intègre et respectueux des lois. Il mettra tout en oeuvre pour trouver le coupable du meurtre de Malek ce jeune algérien de 16 ans abattu en toute impunité. C'est un défi alors que l'affaire semble déjà vouloir être classée. le style de l'auteure est franc et direct, on ressent toute la colère et le besoin de justice derrière chaque phrase. Une roman noir qui donne le frisson parce qu'il prend sa source dans la réalité de notre histoire et que l'on peut toujours se demander si les choses ont tant changé que cela en 50 ans. le racisme est toujours là sournois, nous devons plus que jamais rester vigilant. Un livre comme celui-ci ne peut qu'aider à mettre les choses en perspectives. Bonne lecture.


Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Agrégée d'histoire, militante politique et syndicale, Dominique Manotti est une autrice que j'admire beaucoup pour sa capacité à construire des fictions à partir d'une analyse exigeante et implacable de faits historiques, politiques et sociaux.

J'avais été littéralement emballée par la lecture d'Or noir, qui voit le commissaire Théodore Daquin débarquer à Marseille, ville fascinante et cadre fort adapté pour un roman noir. Nous sommes au début des années 70 et avec ce nouvel opus, Marseille 73, l'autrice signe la fin de la période marseillaise du héros, promis à une mutation accélérée par son zèle qui dérange certains barons locaux.

Marseille 73 nous plonge avec beaucoup de réalisme dans l'ambiance de la cité phocéenne sous tension, entre l'évolution du statut des travailleurs immigrés et les remugles de la Guerre d'Algérie. Réseaux corses ou pieds-noirs, avocats défendant des causes plus ou moins nobles, rapports tendus entre les services de police, émergence des mouvements politiques racistes: tout s'entremêle et les crimes contre les algériens s'accumulent.

Le bar du XVeme arrondissement fréquenté par les algériens, les lieux de pouvoir et d'influence marseillais, l'église des Aygalades ou l'appartement de Daquin sur le Vieux Port, ou encore l'émulation idéaliste des militants de la Cimade: l'autrice excelle à faire entrer le lecteur dans des ambiances, des décors disparus, mais aussi à le faire réfléchir et à regarder certaines réalités en face grâce au filtre de la fiction.

Il est impossible d'espérer que la justice triomphe d'un tel contexte mais Dominique Manotti semble avoir à coeur de ne pas désespérer son lecteur en réservant au moins un dénouement positif à la cause centrale du roman, celle de rendre justice à Malek Khider.
Si cette victime est fictive, le contexte posé est tout à fait historique et c'est réellement passionnant de le découvrir. Dominique Manotti ne fait pas son héros un porte voix, Daquin est porté par son ambition et son besoin de dominer les situations, plus que par des motifs idéologiques ou militants. Mais il tient la ligne de la recherche de la vérité entre des personnages qui défendent tous leurs intérêts et leur clan.

Pour le lecteur curieux, au delà du divertissement, ce roman pose beaucoup de questions et permet d'analyser différemment la situation politique d'aujourd'hui, qui traîne cet héritage. On comprend peut être mieux comment on en arrive aux réactions lors de la mort d'un jeune en juin dernier, quand on se replace dans la filiation de cette omerta des années 70.

Une lecture percutante, parfois trop, accentuée par le style assez sec de Dominique Manotti qui retranscrit souvent les pensées de ses personnages par des phrases en saccades, sans verbe. Maintenant, une question : après la cité phocéenne le commissaire Daquin va t'il nous embarquer à New York ?
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