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sur 82 notes
Poétique et mystique, la fable écologiste et humaine de Pascal Manoukian fascine aussi bien pour sa spiritualité que son actualité.

L'immensité de la forêt amazonienne peut renfermer des trésors inespérés : cette boucle presque parfaite du plus puissant fleuve du monde qui draine le poumon de notre planète en est une. Seulement ouverte par une étroite bande terre à l'Ouest, cette figure remarquable attire immanquablement ceux qui par hasard l'apercevraient par les airs. «  À l'intérieur, une beauté primaire, unique, presque irréelle, un reste d'Eden oublié là, posé intact depuis des millénaires au milieu de l'immensité  », c'est la vision romantique qu'en a Gabriel depuis son avion privé avant de s'y écraser. Cet industriel à hautes responsabilités n'a le temps de rien, mais a les moyens de tout se payer. Son crash dans ce qu'il croit être le paradis perdu lui révélera la beauté d'une nature très différente de celle qu'il pensait y trouver : celle d'une autre humanité.
L'homme d'affaires survit à l'accident, retenu par l'épaisseur de la forêt tropicale, mais aura sérieusement endommagé son appareil. Dans sa carlingue cabossée, son corps inconscient sera bientôt retrouvé. Car la région est habitée par une tribu isolée encore inconnue des civilisations industrialisées. L'apparence de roman d'aventures se transforme alors en véritable étude ethnologique. Reconstituant la culture, les croyances et le quotidien de ce peuple imaginaire, Pascal Manoukian nous offre aussi une véritable réflexion sur nous-mêmes. Car chez les Yacou on connaît cinquante-sept mots pour décrire les nuances de vert, mais aucun pour évoquer le profit, la science ou le bonheur. Chacun a son double animal comme un «  indispensable équilibre entre toutes les vies  » chez ce peuple nomade, qui refuse de s'arrêter, car s'installer reviendrait à prendre possession et à devoir défendre ses biens. «  La nature n'a pas besoin de l'homme, il doit se faire petit et discret  » pourrait résumer les moeurs de ces hommes originels.
Mais de cette « Chose » à la peau blanche étrangement vêtue, que vont-ils pouvoir en faire ? Bien que Gabriel ressemble à un être humain, ils ne sont pas certains qu'il en ait pour autant une âme. Cette Controverse de Valladollid inversée amuse autant qu'elle interroge, nous poussant dans les derniers retranchements de nos certitudes.
Un conte captivant et original, porté par une plume où affleure la poésie et spiritualité. Alors que le seul lien des Yacou est le bruit des bulldozers rasant leur précieux or vert, quel doit être le rapport entre l'homme et la nature animale ou végétale ? Une très belle réflexion sur la nature humaine.
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Un voyage magique au coeur du poumon de la planète, celui-là même que l'âpreté au gain d'humains imbéciles est en train de détruire sans vergogne. Destruction de la nature, et ce serait un moindre mal, si cette inconséquence ne nettoyait avec la même désinvolture les tribus indiennes que l'Amazonie abrite, pour combien de temps encore.

Pour Gabriel, qui est l'un des responsables de l'exploitation de ces terres, l'atterrissage est rude, au propre comme au figuré, puisqu'il est survivant d'un accident d'avion. Recueilli par une tribu, il devra faire ses preuves afin qu'on lui reconnaisse sa vraie nature : homme ou cochon. L'un d'entre le, le chaman aveugle sait.

On vit avec cette tribu, ces us et coutumes qui peuvent paraître incompréhensibles et qui pourtant sont tellement en communion avec la nature qui l'entoure, pourvoyeuse de tout ce dont ils ont besoin, c'est à dire peu de choses : un peu de chasse et de pêche, de la cueillette, et du feu. Gabriel apprend peu à peu le dénuement, lui qui s'enorgueillissait de sa monte à 250000 euros, qui en plus de donner l'heure, le confortait dans son sentiment d'importance.


Cette immersion au coeur de la forêt avec les Yacous est un récit extraordinaire, qui allie le spirituel et l'analyse pointue de dérives stupides de notre société dite civilisée.


J'ai adoré ce voyage et la transformation progressive de Gabriel qui est allé chercher sur les lieux même de ce qu'il, était entrain de détruire, un sens à sa vie.

Superbe.

Merci à l'auteur et aux éditions du Seuil pour leur confiance.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Qui sont les Yacou ? Inutile de lancer votre moteur de recherche pour vous faire une idée plus précise sur la question. Ils n'existent que dans l'imagination de Pascal Manoukian, qui en fait les principaux protagonistes de son roman : le cercle des Hommes. Mais ils ont très probablement, au fin fond de l'Amazonie, à l'endroit où la boucle d'un fleuve forme un cercle presque parfait, des cousins germains qui leur ressemblent comme deux gouttes d'eau... Et vivre à leurs côtés tout au long du roman a été pour moi un vrai bonheur de lectrice, grâce à la magie langagière de l'auteur, son imagination et son humour.
Imaginez un petit groupe d'hommes et de femmes invisibles à tout regard humain survolant la canopée, où chaque enfant qui naît a un double animal qui partage avec lui les tétées, où chaque jour, la chasse et la pêche qui assurent la suivie du clan, ne se conçoivent pas sans un dialogue préalable avec l'esprit de l'animal qui va être tué. Car chez les Yacou, le mot "homme" se décline de trois façons : "les hommes pieds", "les hommes sans mots" (les animaux), "les hommes enracinés" (les plantes).
On ne peut donc imaginer choc culturel plus total que celui qui va se produire le jour où, dans ce petit Eden, va tomber du ciel, au sens propre du terme, puisqu'il s'agit d'un accident d'avion, Gabriel, fraîchement nommé à la tête d'un des plus importants consortiums miniers d'Amazonie.
La découverte de Gabriel par les Yacou est pour moi un des meilleurs moments du roman, car grâce au comique de décalage dont l'auteur va user très subtilement, notre fameuse supériorité d'homme blanc en prend un sacré coup ! Ces Yacou qui possèdent cinquante-sept mots pour désigner la couleur verte mais pas un seul pour le profit, vont considérer avec beaucoup de circonspection, ce qui vient de leur tomber du ciel.
Il faut dire que Gabriel, notre fringant héros, n'est plus qu'un amas de chairs sanguinolentes qui vont d'abord faire douter de son humanité et ils ne vont pas hésiter à le nommer "la Chose qui pue". Puis il accèdera au rang de "l'homme cochon" après un long séjour en compagnie des cochons sauvages capturés par les femmes du clan, chargées de la chasse. Enfin il deviendra "un demi Yacou", comme il le dit lui-même, le jour où il sera capable de prouver sa virilité en faisant un enfant à une jeune femme du clan, Reflet. L'odyssée de cet affairiste est vraiment jouissive et rocambolesque, car avant de devenir le "Moïse" qui sauvera le clan d'une façon que je me garderai bien de dévoiler, il va passer par tous les stades d'une initiation où vont se mêler le merveilleux et l'horrifique, sous la guidance d'un chaman, tour à tour "Homme-Tigre", "Homme-Jaguar" ou "Homme-Cendre", selon l'apparence qu'il revêt. Ce qui va donner lieu à de merveilleux passages oniriques ou cauchemardesques, où Gabriel va plonger dans le monde aquatique et devenir un dauphin rose pour revenir survoler l'espace et assister, impuissant au spectacle d'une humanité qui pille, détruit la planète et la souille de ses déchets de toutes sortes.
La force de ce roman est pour moi de poser le problème de l'urgence climatique et de la biodiversité d'une autre façon. Je suis entrée de plain-pied dans l'univers des Yacou grâce aux légendes, à tous ces passages qui nous font passer du réalisme le plus cru, à un réalisme magique où les Caterpillar qui quadrillent la forêt amazonienne et la dévastent, deviennent les "boas jaunes" qui "font pleurer les arbres".
Ce roman m'a marquée par sa force de dénonciation mais aussi par sa poésie et sa grande empathie pour ces Yacou "qui rient des fesses" et " applaudissent des cuisses". Je les ai quittés avec regret...
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Seul dans la jungle amazonienne

Avec son nouveau roman Pascal Manoukian nous offre bien plus qu'une fable écologiste. En suivant les pas d'un chef d'entreprise dont l'avion s'écrase au coeur de la forêt amazonienne, il touche à l'essentiel, à la raison de notre présence sur cette terre.

Que ce soit au cinéma, à la télévision ou en littérature, la recette a déjà été souvent utilisée avec succès: la rencontre de deux mondes qui à priori n'ont rien de commun. Si la variante que nous propose ici Pascal Manoukian est également très réussie, c'est que derrière le roman d'aventure se cache une profonde réflexion sur l'écologie au sens large, allant puiser jusqu'aux questions fondamentales, sur le sens même de notre vie sur terre.
Dans la forêt amazonienne vivent encore quelques poignées d'êtres humains totalement isolés de la civilisation. Appelons-les les Yacou. Ils sont à la fois extrêmement forts pour avoir survécu à des conditions extrêmes et très fragiles, car leur territoire est à la merci des «exploiteurs» qui rongent jour après jour la forêt amazonienne pour ses ressources naturelles, son bois, son or ou qui défrichent pour implanter des cultures extensives et rentables à court terme, faisant fi de la biodiversité et des équilibres naturels. Tout l'inverse des Yacou qui, au fil des ans, ont appris à composer avec la nature et à la respecter. le secret de la longévité de la tribu tient du reste dans ce respect de tous les instants pour leur environnement naturel: «ils veillaient perpétuellement sur son inventaire, remettaient chaque feuille déplacée à sa place, dispersaient la cendre des feux et les restes des repas.» Une discrétion aussi rendue possible par les règles de la communauté qui n'autorisent que des groupes de huit personnes au maximum, hommes, femmes et enfants compris. Ils ont eu l'intelligence de s'adapter au milieu plutôt que de vouloir le détruire. S'ils ne se donnent jamais de rendez-vous, ils se retrouvent toujours. Un cri suffit à se signaler. Leur langage est sommaire, mais primordial. Si pour eux l'argent et tout son vocabulaire n'existe pas, ils ont en revanche une quarantaine de mots pour définir la couleur verte, dans toutes ses teintes.
Au-dessus de leurs têtes, Gabriel est aux commandes de son petit avion. À la tête d'une grande entreprise de prospection minière, il vient de célébrer ses fiançailles avec Marie et est en passe de conclure de juteuses affaires. Seulement voilà, un vol d'oiseaux va brusquement le plonger dans le monde des Yacou. Les volatiles se prennent dans les réacteurs, causant la perte de l'appareil. Gabriel échappe à la mort, mais ni aux blessures physiques, ni aux blessures psychiques. Choqué, il ne se souvient de rien lorsqu'il se réveille. le Yacou qui le découvre est intrigué par cet être qui lui ressemble un peu, mais dont les différences physiques sont telles qu'il se méfie et le jette dans un enclos avec les cochons.
C'est au milieu des animaux qu'il va devoir survivre, se nourrir, guérir. Au bout de quelques jours de souffrance, il va pouvoir se mettre debout indiquant qu'il n'est pas comme les animaux qu'il côtoie et intriguant les Yacou qui décident de lui laisser sa chance. «Il ne faisait plus partie du monde des porcs, mais il ne faisait pas non plus complètement partie de celui des hommes».
Alors que la mémoire et les forces lui reviennent, il lui faut constamment s'adapter et, avec chaque jour qui passe, apprendre et se perfectionner, contraint à franchir les rites de passage mis au point par sa tribu, gardant désormais dans un coin de sa tête l'idée de pouvoir un jour fuir et retrouver les siens.
Pascal Manoukian, le baroudeur, a dû se régaler en imaginant les épreuves auxquelles Gabriel est confronté, en intégrant aussi dans son récit la situation du pays qui a élu Bolsonaro avec ce chiffre terrifiant – qui est malheureusement tout à fait juste – depuis son arrivée au pouvoir, de juillet 2018 à juillet 2019, la déforestation de la forêt amazonienne a atteint 278%!
Sans dévoiler l'épilogue de ce formidable roman, disons que les Yacou vont aussi se rendre compte du danger qui les menace. En filigrane, le lecteur comprendra qu'en fait, lui aussi fait partie de ces Yacou, de ce cercle des hommes. Un roman vertigineux et salutaire !


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Il aura suffi de quelques oiseaux pris au piège du moteur de son avion pour que Gabriel vive l'expérience la plus incroyable et la plus enrichissante de sa vie.

Lorsqu'il se retrouve vivant bien que privé de mémoire, au milieu de la forêt amazonienne, Gabriel reste pétrifié.
Que lui est-il arrivé ? Qui sont ces gens qui l'observent avec autant de curiosité que de crainte ? Enchaîné dans la fosse aux cochons Gabriel devra faire preuve de son appartenance à la race humaine.

Pascal Manoukian, nous emmène chez les Yacou vivant au coeur de la forêt, avec des règles de vie bien précises, un vocabulaire restreint, sauf pour parler de l'univers végétal qui les entoure :

"Chez les Yacou, il existait cinquante-sept mots décrivant très précisément chaque nuance de vert, mais aucun pour dire le profit, la science ou le bonheur. Pour une raison simple : le profit n'existait pas, la science tenait déjà tout entière dans la nature et le bonheur, à part une période sombre, dont le vieux Mue gardait, en plus du secret, trois moignons et une méchante cicatrice sur le crâne, se révélait être pour les Indiens et depuis toujours un état permanent, une source intarissable."

La confrontation au mode de vie des chasseurs-cueilleurs oblige Gabriel à s'adapter alors qu'il n'a qu'une obsession, retourner dans son monde.
« Gabriel passait sa vie à courir après tout et n'importe quoi, sans jamais se satisfaire de rien. Les yacou se contentaient, eux, de poursuivre les abeilles en se léchant le bout des doigts avec la même gourmandise depuis cinq mille ans. »

Peu à peu la confiance s'installe, suivra le respect puis la volonté de se comprendre. Gabriel va tenter de pénétrer leur philosophie et leur rapport au monde ce qui lui permettra de se remettre profondément en question.

« le cercle des hommes » est plus qu'un roman d'aventure, c'est un formidable plaidoyer pour l'écologie et la préservation de la forêt amazonienne mise à mal au profit de multinationales peu scrupuleuses.
C'est aussi un livre sur le respect des autres et l'acceptation de la différence.

« le cercle des hommes » est un coup de coeur qui va très rapidement faire l'objet d'une seconde lecture.

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Je remercie Babelio et les Editions du Seuil pour le dernier roman de Pascal Manoukian « le cercle des Hommes ». Roman d'aventure, il se révèle avant tout un vibrant conte écolo mettant en exergue les excès et dérives de notre société de consommation d'aujourd'hui. Je suis ravie de voir qu'une très grande majorité d'autres lecteurs l'ont aimé tout autant que moi.
Pour se rendre à un rendez-vous d'affaire, un riche industriel français survole l'Amazonie à bord de son avion. Il a un accident et s'écrase en pleine forêt, pas loin de la tribu d'indiens, les Yacou. Leur survie est menacée par l'exploitation et le défrichement de leur forêt. Ne le reconnaissant pas comme un homme, mais comme une « chose » tombée du ciel, ils le font prisonnier et le jettent dans un fossé parmi les cochons sauvages. Commence alors pour le français Gabriel une lutte au jour le jour pour se faire reconnaitre et accepter en tant qu'homme, bien décidé à se sauver et retrouver sa compagne Marie. Tentative bien difficile alors que tout les oppose. Alors même que la définition de l'homme les oppose. Parce qu'en plus de la langue, c'est toute une culture, une mentalité, des règles de vie qu'il va découvrir et devoir comprendre et assimiler. Une vie de frugalité, nus, parmi la nature, en respect avec la nature. Tant de règles si loin de son (de notre) monde, pour ne pas dire en complet décalage avec nos habitudes et comportements de sociétés dites « civilisées ».
Tous les matins, les Yacou régurgitent ce qu'ils n'ont pas digéré pour rendre à la terre et la nourrir comme elle les a nourrit. Tous les soirs, ils votent pour élire le chef du lendemain. Chaque matin, ils énoncent la couleur du vert qui prédomine autour d'eux et qui constituera leur journée plus ou moins active et enjouée. Ils respectent et remercient tout ce qui les entoure, la faune et la flore qui font partie de leur vie. Dès qu'il y a une source de désaccord entre eux, ils parlementent, discutent et votent. Chacun ensuite respecte ce vote, sans broncher (ou presque). Ils sont huit dans cette tribu et pas un de plus, car ils ont appris depuis des générations qu'être trop nombreux engendre des problèmes de survie et de conflits. D'ailleurs, une autre règle vitale est de ne jamais sortir du cercle dans lequel ils vivent pour leur sécurité et leur survie...
Autant de règles étonnantes pour nous, occidentaux et pourtant certaines sont si logiques, pour ne pas dire sensées et évidentes. le seul passage sur la recherche du miel nous ouvre un peu les yeux sur notre propre habitude de consommation facile, jetable... Quelle claque pour nous ‘'super-consommateurs'' ayant perdu conscience et morale (pour ne plus penser que profit et réussite) !
Chaque fois que je découvrais une de leurs « lois » et traditions, j'étais amusée, interloquée. Quelle étonnante imagination et conception de vie que cet auteur nous propose tout au long de ce roman ! Comme si, à chacun de nos problèmes et excès que connait notre civilisation occidentale, Manoukian avait soupesé les différentes solutions et choisi celle justement tellement opposée à nos habitudes, celle justement qui pourrait sauver encore notre planète avant que tout implose par notre inconscience et inconsistance. Dans ce roman, Gabriel est chacun de nous, français, européen, occidental. Loin d'être un ange tombé du ciel, il est notre miroir. A chaque page, nous sommes forcés de nous regarder bien en face, de réaliser ce que nous sommes, ce que nous sommes devenus, cherchant à posséder toujours plus, encore plus. Il nous représente, nous, ces humains individualistes avec des ornières.

On veut l'IPhone dernière génération, qu'importe son prix exorbitant, qu'importe sa durée de vie, qu'importe ensuite qu'on soit fliqué par des Big Brother, qu'ils connaissent nos comportements et nous géolocalisent, qu'ils nous proposent ensuite -lorsqu'on navigue sur internet- les produits qui nous correspondent et qu'il est bon de posséder. Ils le savent mieux que nous-mêmes, mieux que notre mère.
On veut le dernier jean, qu'importe s'il a parcouru pour cela des milliers de kilomètres. Faut avouer qu'il est trop bien, ça nous fait une belle paire de fesses quand même. J'ai réussi à l'acheter pendant le black Friday, j'avais loupé l'occas' lors des dernières soldes et des ventes privées. Et ce tee-shirt à 10€, il me tente bien aussi. Bon, j'en ai des tas entassés dans mon placard un peu pareils, mais celui-là, non quand même, il change des autres. Je sais qu'il est pas cher parce qu'il a été conçu par des petites mains asiatiques, peut-être très jeunes ou surexploitées. Mais, j'vais quand même pas acheter un tee-shirt qui vaut le double ou le triple parce que dit « écoresponsable » (je viens de m'acheter le dernier Iphone, soyons raisonnables, voulez-vous) et faut bien que les petites-mains vivent aussi. Je vais couper l'étiquette et oublier vite fait d'où il vient. Et il fera super bien avec mon jean.
Si on remet un peu les choses dans leurs contextes pratiques, quand je consomme, que je sors ma CB, je ne suis pas égoïste, c'est ma façon à moi de penser à l'économie française, au PIB, au taux de chômage. Les français économisent trop, c'est un fait. Heureusement avec la baisse du taux d'intérêt du livret A, espérons qu'ils se mettent à dépenser plus et arrêtent de s'inquiéter pour le lendemain. Si je garde mon super jean comme exemple (je sais, je focalise un peu trop dessus, mais ça passera avec le prochain), en l'achetant, j'oeuvre pour mon pays. Y'a pas à dire, il est top, mon jean. Je me sens hyper bien dedans.
Les émissions télévisées pour sauver la planète se multiplient et y'a plus vraiment de bons films sur les chaines tv (heureusement Netflix et Amazon sont là pour nous sauver de ce gouffre). Les scientifiques nous martèlent qu'il faut agir vite contre le réchauffement de la planète Terre, notre mère nourricière. Ils nous parlent de la fonte des glaces (J'en sais rien, j'suis jamais allée au Pôle Nord mais j'ai vu plusieurs fois « L'âge de glace »), des animaux et de tout l'écosystème en danger et tout le tralala. Certains écrivains de littérature blanche ou noire se mettent même à écrire des essais sur ce sujet (Fred Vargas avec « L'humanité en péril » pour ne citer qu'elle).
La jeune militante Greta Thunberg, élue personnalité de l'année 2019 par le magazine Time (et qui n'a rien à voir avec Adamsberg), est souvent citée dans les média. Certains hommes politiques se moquent d'elle et la fustigent et sont critiqués pour cela. Sérieusement, il faudrait arrêter d'ennuyer les politiques, tels que les sénateurs, à propos de leurs avantages financiers et leur retraite dorée. Rappelons qu'ils n'ont pas été élus pour ça mais parce qu'ils pensaient d'abord à leur pays. Eux, en plus de leurs longues études, ils ont pas mal bourlingué, sont bien au fait du système et connaissent quelques lobbyings fichtrement intéressants. Parce que, faut pas se mentir, la p'tite Greta de 17 ans avec ses petits yeux de cocker, ça finit par être assez agaçant, voire flippant. Elle ne pourrait pas sourire de temps en temps ? Ok, le monde va mal et tourne à l'envers. Mais est-elle vraiment obligée de faire une tête de quatre mètres de long et nous plomber le moral ?
Et, d'ailleurs, elle veut que je fasse quoi de plus ? J'en fais déjà pas mal, j'trouve, sûrement plus que la moyenne, j'ai ma conscience tranquille. Je fais mon tri hebdomadaire, je ne prends plus que des douches, j'ai réduit ma consommation de viande (je suis au courant que les cochons, en bout de chaine, créent les algues vertes sur nos plages ; que pour nourrir les vaches ça nécessite beaucoup d'eau et, en plus qu'elles pètent et sont en partie responsables du réchauffement climatique, sans parler des poulets maltraités), j'ai arrêté la pâte à tartiner avec huile de palme, et j'ai même limité ma consommation d'alcool, c'est dire...
Même les industriels s'y mettent et surfent sur les produits plus écolo, avec plein de labels environnementaux dessus, tous sains, tous beaux. Et même si on ne comprend toujours pas grand-chose à toute la liste des ingrédients, le label est là pour nous rassurer et surtout pour donner une bonne image du produit (et de l'industriel)…
Dans une récente émission, j'entendais que le 1/3 des ‘'produits'' issus de l'agriculture n'arrivait jamais dans nos assiettes parce qu'ils ne « respectaient » pas les normes imposées (et que des tonnes de pommes-de-terre trop grosses ou au mauvais calibre sont jetés par les agriculteurs). C'est sûr que pour finir en purée, j'aime bien qu'elles soient jolies et respectueuses, mes patates. Un quart ou plus des produits dans les supermarchés sont ensuite jetés car non achetés avant la date de péremption. Et, si on continue, une bonne partie de notre caddie finit aussi à la poubelle (yaourt périmé ou tristes carottes oubliées). Et entre temps, les assos caritatives essayent de se faire entendre pour dire qu'il y a de plus en plus de précaires et de moins en moins de dons… On marche un peu sur la tête, mais heureusement, on a de la chance, on est du bon côté…
Parce que, forcément, on peut pas s'occuper de ses belles petites fesses coincées dans son jean tendance, ou encore être ‘'plongés'' dans les réseaux sociaux où on a des tas d'amis virtuels et en même temps penser aux autres qu'on ne connait même pas. Ma mère m'a toujours dit de faire attention aux gens que je ne connaissais pas. (Ah, mais, j'avais pas vu ce super tuto qui m'explique comment bien me maquiller et me coiffer ! Hé, mais, c'est quoi son vernis à cette influenceuse ?! Je veux le même pour mon Noël !!...).
Durant l'hiver, plusieurs soirs de suite, j'ai vu des CRS et des membres de la sécurité de la RATP, alors qu'il faisait froid, déloger et obliger les SDF à sortir des métros. le CRS à qui j'ai demandé pourquoi ils ne s'occupaient pas d'abord des bandes de dealers à la gare St Lazare, m'a répondu qu'il n'était pas fier mais que c'était les directives. C'est sûr, ça fait plus propre... Les sans-abris dans Paris, ça casse un peu l'image d'Epinal de la plus belle des capitales. Pourtant le constat s'impose sous nos yeux : des hommes et des femmes, de tout âge, de toute nationalité, étaient de plus en plus nombreux dans la rue. Alors nous, nous marchons vite le soir, on détourne les yeux, on rentre vite dans notre logement pour préparer le dîner, en produits bio ou produits industriels qui facilitent notre quotidien.
Lors du dîner, on se dira « bon appétit » parce que c'est poli ou après, ça nous arrivera de dire « J'ai trop mangé » ou encore un « Tiens, il serait temps que je me fasse un petit régime » (cool, y'a des sociétés comme j'aime bien qui nous proposent des menus diététiques vite fait bien fait et nous garantissent de perdre dix kilos en deux mois et sûrement pour pas beaucoup plus chers, -ou si peu- qu'un repas standard qu'on aurait préparé soi-même, comme si on avait le temps avec notre rythme de vie effréné, ils nous font rire avec leur limitation de vitesse à 80 km/heure).
Et on s'installera dans notre canapé pour regarder un film sur notre TV Ecran extra large pour vite oublier ces images de la réalité. Et si une petite image désagréable nous harcèle encore sous les yeux, (oouhh, la méchante image qui fait mal aux yeux) on n'aura qu'à se rassurer en se disant qu'il y a au moins un mal pour un bien : ok, ils n'auront pas plus de patates mais avec le réchauffement de la planète, y'aura moins de SDF qui mourront de froid l'hiver (y'a qu'à voir ces records de température en janvier, ça donne du baume au coeur quand même, j'en parlais encore l'autre fois à ma voisine)… Enfin bon, j'dis ça, pas sûre que ce soit la solution. Déjà, on ne sait plus quoi faire de nos vieux, la population vieillit, les Ehpad se multiplient plus vite peut-être que les abeilles qui meurent.
Au moment des fêtes et des soldes, des opérations spéciales (pour la St Valentin, la fête des mères, la fête des grands-mères, Pâques, les vacances d'été, la rentrée, Halloween, Noël, j'en oublie ?), les boites aux lettres sont gavées comme des oies de prospectus sur toutes les bonnes affaires à ne pas manquer. Prospectus qui finiront en un rien de temps à la poubelle, dans le meilleur des cas dans la poubelle jaune… Tant pis si les forêts brûlent. Si le poumon de la mère Terre commence à ressembler à un poumon de gros fumeur de cinquante ans. Elle est plus vieille déjà, notre planète, elle a de la chance. Et tout a une fin, faut pas se leurrer, même les plus belles histoires d'amour.
A la télé, des dizaines de reportages évoquent l'évasion de Carlos Goshn. Ça change de Kim Kardashian ou de l'affaire Halliday. Y'aura sûrement un film sur la rocambolesque évasion de Goshn, sa personnalité atypique qui a gagné des millions et dépensé tout autant. D'accord, il a les dents longues, il se la joue un peu perso, il est dans son monde à penser que tout lui est dû, mais il est quand même très intelligent, il a réussi et est donc bien plus captivant que le quotidien de ces ouvriers à la chaîne de chez Nissan ou Renault qui peinent sous le labeur (CQFD). On parle déjà d'eux quand même avec les gilets jaunes, surtout quand ça pète et que ça flambe.
Et tant pis si, du coup, aux informations, on a vite oubliés (voire on passe sous silence) l'Amazonie qui brûle, les ours polaires, les guerres, les famines, les pays qui souffrent de sécheresse.
C'est moins glamour, ça nous empêche de digérer notre repas un peu lourd. Sinon, au pire, on a encore la possibilité de zapper car c'est trop triste, on a déjà assez avec nos problèmes, merci ça va bien, on ne peut pas porter toute la misère du monde sur nos épaules, j'ai déjà mal au dos.
Et puis moi, dans 20 ou 30 ans, la planète, peut-être que je ne la verrai plus, car je me serai fait écraser alors que je voulais attraper un bus, abimant au passage mon super jean que j'adorais (ch'uis dégoûtée), rongée par le crabe ou encore lobotomisée par la maladie d'Alzheimer. On nous a rabâché du « Carpe Diem » à toutes les sauces, fredonné Hakuna Matata, on nous a rappelé d'apprendre à profiter des petites joies du quotidien… Et maintenant faudrait que je pense à dans 20 ou 30 ans parce que la planète risque de ne plus supporter nos excès ? J'ai déjà mon cerveau qui fume à essayer de calculer le montant de ma retraite, alors, à force, ça risque de faire un trou dans la couche d'ozone.
Et puis si ça se trouve dans 10 ans, on aura trouvé une autre planète où aller vivre, suffira juste d'un long voyage en fusée et elle sera super aussi, la nouvelle planète. Alors qu'est-ce qu'on s'inquiète ?
S'il est très différent du précédent roman que j'avais aussi apprécié (« Ce que tient ta main droite t'appartient » qui traitait de Daesh), à bien y réfléchir, on trouve dans le dernier roman de Manoukian des thèmes récurrents sur l'identité, la différence, le respect entre les sociétés, l'humain (le pire et le meilleur) pour ne pas dire l'humanité.
J'ai trouvé que ce récit était un formidable plaidoyer écologique. Bien écrit, imaginatif, intelligent, sombre, qui n'empêche pas des passages très drôles. Je suis passée par toutes les émotions durant ma lecture. Qui plus est, il a su réveiller notre conscience durant quelques heures. C'est déjà pas mal. Forcément, on s'est senti égoïstes, individualistes, appartenant à cette société consumériste complètement folle, capable de détruire les terres des voisins d'à côté (parce qu'on ne va quand même pas se contenter de saccager uniquement nos champs ou la Méditerranée), juste pour notre petit plaisir personnel pour se croire vivre et importants, capables de s'autodétruire sans à peine s'en rendre compte. C'est à se demander qui sont les vrais sauvages et les êtres intelligents qui ont su se développer dans l'histoire.
Et au fur et à mesure qu'on tournait les pages, on s'est promis de faire un petit quelque chose pour changer un peu les choses, interpeler les politiques, voter vert aux prochaines élections ça fera les pieds aux autres, boycotter certaines entreprises, changer notre modèle économique, notre façon de consommer, notre mentalité d'énorme autruche occidentale. le tout est de ne pas les refermer aussi vite les yeux, une fois le roman terminé.
Et si, pour les prochaines bonnes résolutions des prochaines années, on se décidait à ajouter d'office une autre activité à notre liste ? En plus de faire un peu de sport, d'apprendre le suédois, pourquoi n'ajouterions-nous pas celui de consommer moins et surtout consommer mieux ? de faire un acte altruiste (un don, une heure de bénévolat, un geste écolo supplémentaire, limiter nos achats sur des sites de multinationales, que sais-je) ? Un p'tit quelque chose qui nous rendrait fier et nous donnerait un peu le sourire ?
Malheureusement, on ne peut pas toujours être de grands sages, impliqués et humanistes, verser toutes ces larmes de crocodile, se sentir coupables à chaque seconde, se dire que ce qui se passe dehors (d'autant plus, si ce n'est pas direct' sous nos fenêtres) nous concerne.
Faut que je pense aussi un peu à moi, sinon je vais péter les plombs. Comme j'ai été bien occupée à faire les soldes (j'ai pu enfin reprendre le métro après des semaines de galère et rattraper un peu le temps perdu), il me reste encore à regarder les derniers épisodes de la série qui cartonne en ce moment... C'est une série d'anticipation post-apocalyptique, un truc qui pourrait se passer soi-disant dans une cinquantaine d'années ou moins. C'est parfois un peu tiré par les cheveux, c'est vrai, mais les effets spéciaux sont incroyables de réalisme. Pas sûre que ça se finisse bien mais ça change des bouquins ou des films à l'eau de rose, pas plus crédibles d'ailleurs…
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Contraste entre une tribu amazonienne fictive et un PDG de grande entreprise.

Il s'agit d'une tribu de chasseurs-cueilleurs qui vivent en petits cercles, n'ayant aucun contact avec d'autres peuples. Ce sont des nomades qui n'ont pas d'écriture, mais vivent en harmonie avec la nature, dirigés par les traditions et les visions de leur « ancêtre ».

En parallèle, la vie d'un riche dirigeant d'entreprises du 21e siècle. Entre deux réunions, aux commandes de son avion, il survole le territoire brésilien, les zones de déforestation et de cultures intensives.

Les deux trames se rejoignent quand le PDG passe au-dessus d'une jungle inconnue et que, pour des raisons inexplicables, son aéronef s'écrase. Il sera recueilli par la tribu, même si ceux-ci auront bien du mal à voir en lui un homme. Peu à peu, les relations changeront et le PDG réfléchira sur ses valeurs et sur ce que c'est que la « vraie vie ».

Une fable écologique qui fait intervenir aussi bien la magie et les voyages mentaux, que les discours sur le bonheur du « paradis perdu ».
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Comment fait Pascal Manoukian pour passer avec autant de virtuosité d'un roman sur les migrants, « Les échoués », que je viens juste de lire, ou sur la misère sociale, « le paradoxe d'Anderson », à ce livre qui nous immerge dans le quotidien d'une tribu indienne ? Voilà encore un roman que l'on ne pourra pas oublier et qui est un gros coup de coeur pour moi !


D'un côté Gabriel, homme d'affaires puissant, riche et reconnu, survole l'Amazonie et est victime d'un accident. de l'autre, une petite tribu indienne qui vit en autarcie. Les huit membres vivent en communion avec la nature qu'ils respectent car elle leur fournit l'essentiel pour vivre : du feu, de la cueillette, de la chasse et de la pêche. Gabriel leur apparait tellement différent qu'ils se demandent s'il est vraiment un homme. Une fois qu'il aura fait cette preuve, notamment en montrant que lui aussi maitrise le langage, la confiance et le respect vont peu à peu s'installer entre eux.


Mais le delta est immense entre leur vie et l'existence de Gabriel. Celui-ci doit s'imprégner de leur philosophie et de leur rapport au monde pour partager leur quotidien, et bien sûr il doit s'interroger sur les valeurs qui l'animaient. Peu à peu il se remet en question. Comment faire autrement quand on vit avec des gens chez lesquels « il existait cinquante-sept mots décrivant très précisément chaque nuance de vert, mais aucun pour dire le profit, la science ou le bonheur. Pour une raison simple : le profit n'existait pas, la science tenait déjà tout entière dans la nature et le bonheur ».


La rencontre de deux mondes qui n'ont rien de commun est une recette déjà utilisée au cinéma dans « La forêt d'émeraude », « L'enfant sauvage » ou « Un indien dans la ville ». Ici Pascal Manoukian insiste sur la poésie et la spiritualité de cette tribu, ce qui fait ressortir le questionnement du héros sur le sens de notre vie sur terre. Ce conte est une belle réflexion sur la nature humaine et l'acceptation de la différence. C'est aussi un magnifique plaidoyer écologique sur la préservation de la nature et les dégâts de la déforestation en Amazonie ! A lire et à offrir autour de soi !
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" le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire " A.Einstein
Pascal Manoukian nous présente un conte sur la vie d'un peuple qui vit en Amazonie : les Yacou, indiens isolés, fragilisés et menacés par la déforestation.
Les Yacou sont rassemblés en un Cercle de 8 : Peïne, le Héron, la Tatouée ( sa femme ), le Rebelle : jeune mâle de 20 ans, Solitude : le veuve aux seins nus et son fils : Sans Nom, Pas d'âge et Reflet : une jeune vierge très convoitée ! Ils respectent la flore et la faune de la forêt au point de partager les tétées avec un animal, et quand ils doivent en tuer un : ils en discutent avec lui ! Ils ont 57 nuances pour définir le vert, ils classent les hommes en 3 types : les Yacou, les " sans mots" : les animaux et les enracinés : les plantes. Ils adorent se chatouiller, rire des fesses, vivent au rythme des lunes dans une autarcie totale.
Un vol d'aras heurte l'avion d'un pilote : Gabriel qui est un brillant dirigeant d'un consortium minier d'Amazonie et qui vole vers sa compagne : Marie ! Il s'écrase au sol, sanguinolant, complétement inconscient et les Yacou vont le ramasser en le prenant dans un premier temps pour une " chose puante ", puis à la vue de ses poils : ils vont décider de le parquer avec les jabalis (sangliers ) et enfin, quand il fait preuve de sa virilité avec la jeune vierge Reflet : il devient un 1/2 Yacou ! Mais, Gabriel aidé de l' Homme " Tigre " ou " Cendre " ou " Jaguar" ( c'est le même ) va peut être devenir leur Sachane, et les sauver de l'arrivée des "Têtes Jaunes " qui détruisent tout avec leurs engins, et aussi libérer les autres indiens qui ont été exploités par les hommes avides de richesse ?
Deux mondes que tout sépare et, que Pascal Manoukian utilise pour dénoncer nos modes de vie, nos excès, la déforestation qui va détruire inexorablement l'Amazonie, l'éradication des indiens par Jair Bolsonaro et la sagesse d'un peuple imaginaire ( imaginé ) qui vit près de la nature, la respecte !
L.C thématique de Juin 2022 : un titre à rallonge.
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"La forêt s'égouttait encore des larmes de la nuit. Parfois, racontait la légende des Yacou, le Soleil pleurait de se savoir enfermé dans le noir. Peïne ne lui en voulait pas, bientôt il réchaufferait la tribu." Ainsi commence le quatrième roman de Pascal Manoukian "Le cercle des hommes" qui nous projette d'emblée au coeur de l'Amazonie, et relève à la fois du roman d'aventure, d'un conte poétique et d'une sorte de fable moderne aux accents philosophiques.

Il s'agit d'une rencontre improbable entre une tribu d'Indiens dont la survie est menacée par les atteintes portées à leur forêt et un homme d'affaires pressé qui tombe du ciel à leurs pieds. Quand il le découvre – il, "le rebelle", un des membres du clan – il voit "une masse noircie, difforme, à l'odeur de brûlé, à moitié enfoui sous les ronces, couverte de poils et de sang séché. Il chercha la tête et la trouva cachée sous une fougère. Rien de reconnaissable." Ce sera à cette "masse" de prouver qu'elle est en réalité un homme.

En lisant cet ouvrage me revenait sans cesse en tête, les premiers vers du magnifique poème de Verlaine "Mon rêve familier"… Les romans de Pascal Manoukian ne sont, en effet jamais, ni tout à fait les mêmes ni tout à fait autres. L'auteur semble poursuivre un objectif, celui de raconter notre monde, ses noirceurs, mais aussi ses espoirs. Après les migrants, DAESCH et la casse des usines qui met à mal les petits, il s'attaque aux méfaits des grands groupes, à la surconsommation, à la destruction de la forêt amazonienne.
La langue est poétique, imagée, parfaitement adaptée aux personnages qu'il choisit de mettre en scène. La construction rend l'histoire vivante qui raconte en parallèle, par chapitres alternés, deux mondes si différents. L'ouvrage narre les difficultés à survivre de ces peuples poussés dans leur retranchement par les machines destructrices. Il foisonne de descriptions de la faune et de la flore, fait part des petits riens de la vie quotidienne et des traditions ancestrales tout en mettant en lumière la gravité de notre monde actuel et notre rapport à la nature. Et surtout, il nous donne à voir l'incroyable prise de conscience d'un homme des villes riche et puissant au contact d'un simple peuple nomade des forêts.

Pascal Manoukian fut grand reporter. Lors de la parution de son précédent roman j'avais dit qu'il était désormais un grand écrivain. Et ce n'est pas "Le Cercle des Hommes", ensorcelant, addictif, qui va modifier mon point de vue.

Lien : https://memo-emoi.fr
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