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EAN : 9782370551115
195 pages
Le Tripode (06/10/2016)
3.57/5   62 notes
Résumé :
« Comme un ascenseur qui s’arrête, le moment du déchirement semble très évident, très clair dans la mémoire. L’annulation totale d’une journée qui avait pourtant commencé autrement et dont le souvenir restera à jamais inaccessible, une journée comme d’autres, qu’on croyait pouvoir être honorable, passer plus ou moins vite, dont on ne comptait pas particulièrement retenir la date ; et qui redémarre brutalement. »

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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Après avoir présenté une sélection pour mettre en avant le fonds très riche des éditions du Tripode, j'ai acquis plusieurs autres textes de cette maison d'édition, que j'avais retenus, dont les « Carnets » de Goliarda Sapienza, et ce petit livre d'une auteure-journaliste-éditrice, dont je souhaitais lire avant tout, « le Sillon » [ ce que je ferai aussitôt après celui-ci ]…

Un récit personnel d'une auteure, mal dans sa vie, portant une histoire familiale marquée par la mort et trop de suicides….dont celui de sa grand-mère, qui l'interpelle dans sa propre existence…
« Je repense à ma grand-mère souvent, comme à une ombre errante; je sais n'avoir pas fait ce que j'aurais dû après sa mort. J'ai laissé passer l'occasion d'un livre, d'une catharsis. Un échec en suspens que je n'ose pas entériner. (p. 55)”

Un texte au titre trompeur, puisqu'il s'agit de tout sauf de calme et de tranquillité…sauf peut-être le souhait de la narratrice de retrouver un sens et un équilibre, après l'irruption cataclysmique de la violence dans sa vie : les meurtres de ses amis de Charlie-Hebdo…en janvier 2015, alors qu'elle se trouvait à Marseille… et partait pour d'autres projets, tout en restant très liée avec sa bande de Charlie, où elle avait trouvé une famille élargie , après le choc du suicide de sa grand-mère !

Des tentatives de comprendre comment tant de haine et de violence peuvent surgir, exploser envers les autres ? Aucune réponse satisfaisante…ne peut faire comprendre la mort brutale, injuste d'hommes, de femmes…engagés, aimés, respectés, contestés également car ils (les journalistes, caricaturistes, en l'occurrence) défendent les Libertés d'expression…
« Bien sûr qu'on se sent coupable.
On aura beau mobiliser tous les soutiens qu'on voudra.
Comment en est-on arrivé à cristalliser la haine à ce point. Ce point où l'on fait ressortir le pire chez l'autre. (p. 80)”

Valérie manteau relate son intense chagrin, le manque de ses amis, dont Charb…, le sens qu'il faut retrouver à son propre chemin, après avoir perdu avec autant de barbarie, les personnes que l'on aimait, avec lesquels on a partagé travail, complicités, échanges, amitié, virées pour refaire le monde ! …. Et puis PLUS RIEN !


L'auteure rejoindra Istanbul, ville qui la fascine, l'attire comme un aimant… et où de plus, un homme aimé… s'y trouve… Elle fuira dans l'alcool, les nuits agitées, l'écriture… pour retrouver pied dans un monde qui s'était subitement totalement obscurci. Ce que j'ai fortement apprécié dans ce récit personnel, c'est une sorte d'honnêteté, sans pathos, en tentant d'analyser, de saisir l'Innommable…, tout en restant fidèle à ses amis, à ses convictions, et , en dépit de tout, d'éprouver le miracle de la Vie…d'aimer l'existence…les personnes, envers et contre tout !

Je suis très curieuse de découvrir « le Sillon »… où justement le personnage central du roman se trouve être la mystérieuse Istanbul…

****Et un petit clin d'oeil de remerciement pour la qualité du choix des textes des éditions du Tripode, ainsi que pour l'esthétique simple ,harmonieuse et expressive des maquettes de leurs ouvrages !
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Acheté sur un coup de tête, je ne savais rien de ce livre sinon le court résumé en quatrième de couv': "Calme et tranquille décrit l'irruption brutale de la violence dans la vie d'une jeune femme. du chaos, Valérie Manteau a fait une maison familière, puis ce livre".
Trois auteurs et pas des moindres en font l'éloge, Ernaux, Despentes et Laferrière. Si j'avais connu le thème, je ne l'aurais peut-être pas acheté car ce n'est pas ce que je cherchais alors, mais je ne regrette pas pour autant.
Valérie est au Congo lorsqu'elle voit, délirante de fièvre, une représentation de 4?48 psychose de Sarah Kane; l'acteur, sur scène les mains dégoulinant de sang, rit dans le silence. Une image qui reviendra fréquemment à la jeune femme dans les années éprouvantes qui suivront et lors de ses rendez-vous psy.
Valérie Manteau a été journaliste à Charlie Hebdo. Elle y a connu et fréquenté toute la clique bien sûr, mais en particulier Charb et Pelloux. Elle n'y travaillait plus depuis quelques mois lorsque l'attentat a eu lieu, ce moment où sa vie bascule en un enfer dont elle devra remonter.
Ce roman autobiographique a peut-être été la clé de sa convalescence, on n'en saura rien, mais sans doute son écriture lui aura permis d'enfin vomir en mots ce que son corps vomissait en douleurs et maltraitances.
J'ai lu ce roman avec attention et intérêt, suivant Valérie Manteau dans ses tentatives de surmonter ses souffrances, mais je n'ai pas totalement accrochée ni à toutes ses idées ni au texte tout simplement. L'autofiction est un genre qui peut toucher mais aussi facilement agacer et c'est ce qui m'est arrivée par moments.
Avec ce roman, j'ai replongé dans ce mois de janvier 2015, les marches pour la liberté d'expression, puis ce qu'il s'est ensuivi par la suite, le Bataclan, les faux-procès de plus en plus nombreux voulant censurer des paroles pas politiquement correctes; ce livre a le mérite de remettre tout cela à plat.
Il reste malheureusement quelques coquilles, quelques maladresses syntaxiques sans doute non corrigées qui obligent à relire certaines phrases pour les comprendre.
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Louise, la grand-mère, est morte, elle s'est suicidée. Pourquoi? Comment? L'auteure tente d'essayer de comprendre et trouve du réconfort au sein de la famille Charlie Hebdo.
Puis l'auteure quitte Charlie pour travailler à Marseille. Elle vit alors entre trois villes Paris, Marseille et surtout Istanbul.
« Vue sur la mer intérieure calme et tranquille » écrit l'auteure. Et puis, tout s'effondre, assassinat à Charlie Hebdo. le chaos.
Ce livre m'a séduite par son ton, par sa sincérité, par son histoire. Comment continuer à vivre, trouver un sens à la vie face à la violence? Comment on vit quand tout bascule. On boit plus qu'il ne faut, on rit, on pleure,... et la vie continue avec tous ses absents.
Ce livre, c'est l'histoire d'une femme qui, face à cette violence à laquelle personne n'est préparé, essaie de trouver des pistes pour continuer à avancer pas à pas. Elle est touchante, bouleversante et incroyablement vraie. J'ai hâte de lire « Le sillon ». Bonne lecture!
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Ceci est le premier livre publié par la Française Valérie Manteau, la désormais ex-journaliste de Charlie Hebdo, qui passe sa vie entre Marseille et Istanbul, collectionnant les amants turcs comme d'autres boulottent des loukoums.
Contrairement à son 2e livre, le Sillon, où elle évoque l'assassinat d'un journaliste kurde en pleine rue, ce premier texte est plus intime. En effet, la jeune femme est au coeur de la tragédie quand elle apprend que ses collègues de Charlie se sont fait décimer puisqu'elle a décidé de quitter le journal peu de temps avant. Folle de douleur, elle rejoint son envoûtant refuge, à cheval entre l'Europe et l'Asie, les rives de son Bosphore adoré, peut-être pour se confronter aux contradictions du monde moderne, à cet Orient occidentalisé malgré lui par Atatürk et à cet Occident qui voit ses valeurs chahutées. Entre ses déambulations stambouliotes et ses pèlerinages parisiens (elle enchaîne les enterrements), dans une écriture pudique et sensible, elle explore ses propres failles, mises au jour par le suicide récent de sa grand-mère, tentation morbide qui la travaille elle aussi, alors qu'elle navigue de psy en psy, cherchant l'apaisement, la reconstruction de soi, déjà, malgré les hallucinations, les cauchemars, les mauvaises rencontres, le souvenir de ses collègues si drôles...
Un beau texte, sincère, pertinent, qui marque, qui reste. A lire.
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J'ai choisi ce livre sur le seul nom de son auteur, dont j'ai récemment aimé le sillon, auquel j'avais trouvé un ton très personnel, une ardeur, une nécessité. J'ai sans doute aussi été séduite parce titre, Calme et tranquille et là je n'ai pas été déçue : ce n'est absolument pas calme et tranquille.

Comme quoi, quand je ne cherche pas les livres sur le stress post-traumatique, ils viennent jusqu'à moi, même si c'est par le biais d'une espèce de publicité mensongère.

Cela commence avec le suicide de sa grand-mère, chose terrifiante, déboussolante. Pour se restructurer, se ressourcer, lasse des psys à côté du sujet, Valérie Manteau a ses copains de Charlie Hebdo, à commencer par Charb avec qui elle développe un lien d'une proximité amicale réconfortante, qui ne manque pas de lui rappeler qu'on peut rire de tout, absolument tout, et qui l' encourage dans ses recherches littéraires inabouties sur le suicide.
Seulement, travailler à Charlie Hebdo en 2015, ce n'est pas forcément la solution pour aider à faire un deuil compliqué…
Retrouver ensuite à Istanbul un ancien amant turc, dans un contexte d'élections consternantes en Turquie non plus d'ailleurs.
S'accrocher à son humour caustique ne suffit plus forcément.

À travers ces événements dramatiques, témoins d'une époque chaotique ou le (bon) sens se perd, Valérie Manteau réussit un auto-portrait atypique : une jeune femme « libre, très libre », en recherche d'expériences et d'humanité, emmenée à la dérive par la violence de la vie contemporaine.
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critiques presse (2)
Lexpress
03 décembre 2018
La vie pulse dans ce texte écorché, tour à tour grave et léger, introspectif et généreux, personnel et fraternel. Entre rires et larmes, Valérie Manteau invite à une catharsis poignante.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LePoint
30 décembre 2016
Une entrée en littérature, autant que le récit vibrant d'un deuil au long cours.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Il y a un dessin de Wolin [ski] merveilleux, des années 1970, on voit une fille ligotée à un arbre. Un homme passe, la mate, l'embrasse. Elle demande "Vous êtes un salaud, hein ?" Il répond oui et s'apprête à passer son chemin. Alors elle déracine l'arbre et le suit tout sourire en disant "Je viens avec vous. Je crois que je vous aime". C'est moi ça. Je n'en souffre pas particulièrement, je n'ai pas de manque, je ne veux pas fonder de famille simplement parce que quand on a un arbre généalogique comme le mien où l'on se suicide les uns les autres, c'est bien simple, on n'a pas vraiment envie de transmettre. (p. 35)
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(...) - Le quatrième Mur de Sorj Chalandon.
La fable tragique de Chalandon est une réalité pour ces sept femmes qui ont traversé la Méditerranée et racontent leur histoire dans la langue et les masques d'Antigone, devant une salle combe, avide de les entendre.
Dans la France post-13 novembre, la France de l'Etat d'urgence, des 45% au Front national, de la parano antiréfugiés, on peut encore remplir un théâtre de gens venus écouter ce que ces femmes ont à expirer de leur saison en enfer. (p. 110)
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Retour dès le lendemain à bouquiner et recopier des pages et des pages de livres (...) Des livres d'auteurs qui ont écrit sur le suicide, d'auteurs qui se sont suicidés, avec des personnages qui se suicident ou qui en parlent.
Pascal Quignard, comme pour m'encourager, publie un livre sur le sujet, -La Barque silencieuse-, qui déclare d'entrée de jeu que "tout homme qui ose commenter la mort qu'un autre homme vient de se donner est un misérable" (p. 46)
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Il me demande depuis quand je suis revenue à Istanbul, pour combien de temps, pour quoi faire. Que dire. Que je suis revenue parce que les frères kouachi ont voulu nous l'interdire, ces soirées à boire, à fumer, à rire, à rêver ensemble, notre anglais qui détricote le choc des civilisations (...)
Je dis que je suis venue écrire.
Istanbul est un bon endroit pour écrire, il approuve. J'ai lu -L'Homme désoeuvré- d'Atilgan, exactement. Je veux être la lenteur millénaire de cette ville, électrisée par le XXIe siècle qui l'inonde de sa jeunesse, de sa détresse, sa joie, sa religiosité; je veux l'impatience de ses générations, la mélancolie de ses auteurs. (p. 117)
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Bien sûr qu'on se sent coupable.
On aura beau mobiliser tous les soutiens qu'on voudra.
Comment en est-on arrivé à cristalliser la haine à ce point. Ce point où l'on fait ressortir le pire chez l'autre. (p. 80)
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À lire : Valérie Manteau, le Sillon, le Tripode, 2018.
À visiter : http://www.institutfrancais-kinshasa.org/ https://www.facebook.com/FeteduLivredeKinshasa/ http://www.ohlesbeauxjours.fr
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