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Critique de Arakasi


Il y n'a pas à dire, il manque de suite dans les idées, Henri VIII… Après avoir secoué ciel et enfer pour briser son mariage avec la reine Catherine d'Aragon et épouser Anne Boleyn, le voici déjà lassé de sa nouvelle femme au bout de trois années seulement de mariage ! Il lorgne du coin de l'oeil la pâlichonne mais docile Jane Seymour et soupçonne son épouse d'infidélité, mais sa véritable faute est bien plus capitale : comme sa prédécesseure, la reine ne parvient pas à lui donner un héritier mâle. Pour rompre cette union encombrante, le souverain se tourne à nouveau vers son secrétaire, l'efficace et discret Thomas Cromwell qui avait déjà orchestré pour lui la rupture de son premier mariage. Mais les Boleyn s'accrochent férocement au pouvoir et il faudra des trésors d'habilité et d'obstination pour les en déboulonner – qualités dont Cromwell est, heureusement, pourvu en abondance.

Après un premier tome fort bien écrit mais très dense et parfois un peu difficile à suivre, « le pouvoir » nous conte la suite de la carrière de Thomas Cromwell et son point d'orgue, à savoir la chute d'Anne Boleyn. L'intrigue est plus resserrée que celle du tome précédent, s'écoulant sur une poignée de mois, et a gagné en fluidité et en cohérence. le scénario est mené de main de maître. Machinations politiques, querelles religieuses, complots de Cour, intrigues familiales, adultères s'y enchainent à toute vitesse, donnant au récit un rythme trépidant qui entraîne le lecteur et ne le relâche pas avant la dernière page. le tout reste pourtant intelligent et subtil sans jamais aller dans la surenchère scandaleuse, défaut dont souffrent beaucoup d'oeuvres consacrées au règne des Tudors. On frémit d'impatience et d'excitation mais on sourit aussi beaucoup car les touches d'humour sont nombreuses, notamment au niveau des dialogues très vifs et plein d'esprit.

Car Thomas Cromwell n'est pas seulement un homme d'état ambitieux et talentueux, c'est aussi un sacré comédien ! Fidèle dans ses amitiés, impitoyable dans ses haines, il n'a jamais pardonné aux Boleyn d'avoir précipité la chute de son ancien maître, le cardinal Wolsey, mais a su dissimuler sa rancune jusqu'à que les circonstances lui permettent d'éclater au grand jour. C'est aussi un homme lucide et la conscience de la fragilité de sa position – Henri qui s'est retourné contre tous ses anciens amis ne se retournera-t-il pas tôt ou tard contre lui ? – ne le rend que plus humain et attachant. Personnage étrange, très secret, dissimulant derrière une éternelle façade de bonne humeur et de flegme de lourds chagrins et des colères foudroyantes, il est pour une bonne part dans la séduction exercée par l'oeuvre de Hilary Mantel. le premier roman a été celui de son ascension, le deuxième celui de son apogée, le troisième contera sa chute. Inutile de dire que je l'attends avec la plus vive impatience !

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