Une excellente manière de te défendre d'eux, c'est d'éviter de leur ressembler.
N'agis point comme si tu devais vivre des milliers d'années. L'inévitable est sur toi suspendu. Tant que tu vis, tant que cela t'est possible, deviens homme de bien.
Si l'un des Dieux te disait:« Tu mourras demain ou, en tout cas, après-demain », tu n'attacherais plus une grande importance à ce que ce soit dans deux jours plutôt que demain, à moins d'être le dernier des rustres, car qu'est-ce que ce délai. De même, ne crois pas que mourir dans beaucoup d'années plutôt que demain, soit de grande importance.
N'use pas ce qu'il te reste de vie à t'imaginer ce que pensent les autres, à moins que ce ne soit en rapport avec l'intérêt général. Car tu manques une autre action en imaginant ce que fait un tel, pourquoi il le fait, ce qu'il dit, ce qu'il pense, ce qu'il prépare, toutes choses qui te détournent, en t'étourdissant, d'observer ton propre moi.
C'est malgré elle, dit-il, qu'une âme est privée de vérité : donc aussi de justice, de tempérance, de bienveillance et autres qualités pareilles. Il est absolument nécessaire de t'en souvenir continuellement ; tu auras alors plus de douceur envers tout le monde.
Troisièmement, la raison; réfléchis donc: tu es vieux; ne la laisse plus s'asservir, ni se faire tirailler par des désirs contraires au bien social, ni s'irriter contre le destin présent ou à venir.
Se dire dès l'aurore: Je vais rencontrer un indiscret, un ingrat, un violent, un perfide, un arrogant.
Le corps lui aussi doit être ferme et ne pas se laisser aller ni dans son mouvement ni dans son attitude.
Nie l'opinion, et "on m'a fait tort" se trouve nié. Nie : "l'on m'a fait tort", et c'est le tort qui se trouve nié.
Comparer ta pensée à tes paroles. Faire pénétrer ta pensée dans les évènements et leurs causes.