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EAN : 9782051014618
Slatkine (01/01/1996)
4.35/5   112 notes
Résumé :
Ni confessions ni journal intime, mais plutôt dialogue avec lui-même, les Pensées de l'empereur Marc Aurèle (121-180 après J.-C.) sont un document humain exceptionnel. Inspirées des principes du stoïcisme, ces méditations pleines de sagesse révèlent un homme en proie au doute qui cherche la paix intérieure. Un examen de conscience étonnamment moderne à lire et à relire.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Tout homme politique a le devoir de montrer l'exemple, ce qu'il fait peu souvent. Marc Aurèle ( 121-180 ) est un des rares hommes d'état philosophes. Je voulais un peu pénétrer sa personnalité. Ces « Pensées » ou « Pensées pour moi-même » sont séparées en 12 chapitres. C'est un ensemble d'aphorismes, de réflexions. Ado, moi aussi j'avais mon petit carnet de pensées, mais beaucoup moins approfondi. Les sujets abordés sont plus philosophiques que politiques : l'orgueil, l'âme, le bien/ le mal, la connaissance, le bonheur, la mort, le plaisir, les passions, l'évitement, Dieu, la nature, l'intelligence, la connaissance, les obstacles, la connaissance de soi-même, les « galères », la maîtrise de soi, la sérénité, les méchants, le présent. Je donne tous ces concepts en « vrac », car, même si certaines phrases sont superbes, c'est en vrac que Marc Aurèle nous les balance.... Et, à plusieurs siècles de distance, il me rappelle Nietzsche et d'autres philosophes dans sa « non-construction » du livre.
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Donc, je ne mets que trois étoiles, car, même si c'est riche, trop riche, il y a des coqs à l'âne, des répétitions, et des aphorismes où je ne comprends rien. Mais il présente de beaux concepts, communs à beaucoup de philosophes, lui qui s'inspire d'Epictète et d'autres.
Avec ce « fatras d'idées », je vais essayer de conceptualiser, modéliser la pensée, le système philosophique de Marc Aurèle à ma façon.
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Tout d'abord, il y a le TOUT, la Nature, le(s) DIEU(X), qui crée, transforme et fait mourir l'homme, tels les olives sur l'arbre, etc. et qui, M.Aurèle s'interroge, fait périr l'âme ou l'envoie « dans l'éther ».
Puis il y a l'HOMME, citoyen avec son âme (= caractère ? concept flou chez lui ) et son intelligence ou génie, qui doit guider avec réflexion, raison, le corps (centre des sensations ) de l'homme vers des actions qui suivent en droite ligne, si possible sans s'éparpiller, comme une flèche le PRINCIPE DIRECTEUR ( but ? Ensemble de valeurs ? ) qui lui est propre.
Enfin, il y a les ACTIONS, qui peuvent être bonnes ou mauvaises.
Dans les MAUVAISES ACTIONS, on a les trucs traditionnels : orgueil ( M. Aurèle fait de superbes phrases sur l'orgueil qu'il appelle aussi « gloriole » ), abondance de richesses, passions, volupté, volonté de nuire et autres « péchés ».
Les bonnes actions suivent, comme pour la plupart des philosophes, les « principes directeurs » du bien, du beau, du juste, de la vérité, de l'amour, de la résistance aux péchés, de la sérénité.
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J'ai noté trois choses intéressantes, et une qui m'agace.
1 ) Ce qui est original, et je vois là l'homme politique, c'est que les BONNES ACTIONS sont aussi celles de la solidarité, de la sociabilité, de l'entre-aide, car, dit le philosophe, les hommes sont faits pour vivre ensemble, ils doivent pratiquer la bienveillance et la bienfaisance.
2 ) Ce qui est intéressant aussi, c'est qu'il élabore un peu « une théorie de l'obstacle qui rend plus fort », chose que développera José Marti au XIXè siècle, mais aussi Gaston Bachelard au début du XXè.
3) Enfin, je note que Marc Aurèle insiste sur ce que j'appelle « la théorie de l'ignorance » : si les gens sont méchants, c'est qu'ils sont ignorants, n'ont pas capté « la lumière » comme toi, donc ne les juges pas, surtout, qui es-tu pour les juger ? Sois donc bienveillant, bienfaisant ! Cependant, reste quand-même sur tes gardes !
4) Et puis la mort ! Elle est omniprésente dans le livre, particulièrement dans les derniers chapitres. Trop, c'est trop ! Je sais bien que les philosophes pensent que l'homme n'est que « poussière »,ça permet de se distancier, et c'est bien, mais là … Comment dire ? Epictète lui a mis ça dans la tête : « Tu n'es qu'une âme chétive qui porte un cadavre ». Ca en devient macabre.... En plus, par rapport aux Dieux, au Tout, à la Nature, Marc Aurèle s'interroge, comme plus tard Jean d'Ormesson et sans doute d'autres, sur ce que devient « l'âme » après la mort, et comme pour notre académicien, on sent son angoisse entre les lignes.
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J'ajouterai un bémol à toute cette belle philosophie : l'éducation... A part les Grecs anciens qui ont créé des « Ecoles », les philosophes ne savent pas éduquer, et c'est trop dommage, je pense que c'est pour ça qu'on en est là, sinon, le Traité de Versailles n'aurait pas coûté si cher aux Allemands en 1919 et Hitler ne se serait peut être pas vengé, ou, du moins, aurait été beaucoup moins suivi... Bref, Marc Aurèle a créé des écoles de philosophes à Rome, mais je n'en ai jamais entendu parler.
D'autre part, bien que l'empereur ait associé depuis longtemps son fils Commode à ses actions politiques, je pense qu'il l'a mal éduqué à sa belle philosophie qui fut reconnue par les Romains à posteriori. Certaines rumeurs courent comme quoi Commode aurait assassiné son père pour être plus vite seul aux commandes de l'empire !
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En tous cas, à l'opposé de son père, Commode fut un empereur sanguinaire, et pour le coup, l'exemple hélas ne porta pas ses fruits, car, et c'est là ma conclusion, le fait d'avoir un empereur philosophe pendant 19 ans, a permis aux Romains de guerroyer un minimum pour repousser les barbares, et aux citoyens de payer pas trop d'impôts, l'empereur ayant vendu des objets de prestige appartenant à l'Etat pour financer la guerre.
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Que de bonnes et sages paroles, une fois le style et la forme intégrées le livre se lit plutôt correctement à mon plus grand étonnement, moi qui en le recevant me suis dit :
< mais pourquoi tu l'as commandé, ça va être une galère à lire. > .
Je rejoins certaines critiques , les maximes tournent légèrement en rond : mort, principe directeur, nature, acceptation et lien à autruis.
Mais en soi cela ne m'a pas dérangé, c'est bien pour mieux internaliser sa pensée et la faire sienne.
Ouvrage à garder sous la main et à ouvrir régulièrement ou en cas de coup dur.

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Enfin lu! Et déjà à relire! C'est un livre de chevet, un compagnon de traversée, une quête humaine, un livre de recherche de la vérité, de la prudence. Un livre pour devenir un peu plus humain, un livre de consentement à ce que l'on est, à la mort. Un livre hautement politique, puisque "nous sommes fait les uns pour les autres": nous sommes pour habiter la cité, pour vivre ensemble.
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Les "pensées pour moi-même" de Marc-Aurèle, où comment garder les pieds sur terre et agir avec sagesse quand on est l'homme le plus puissant du monde. Un livre un peu plus aride que les oeuvres des autres grands stoïciens romains antiques (Sénèque et Épictète), mais un complément idéal à l'oeuvre d'Épictète, justement : le stoïcisme fait alors la preuve de son caractère universel, pouvant apaiser l'âme du maître du plus puissant empire comme celle du plus misérable esclave.
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Le plus grand intérêt des "Pensées" provient du fait qu'elles sont écrites par un politicien, dont la mission est à son apogée, ce qui lui permet de porter un regard de philosophe pratique sur l'homme et la cité. Il m'a semblé être obsédé par le temps et la mort, comme s'il n'avait plus rien à faire sur cette terre.
L'oeuvre n'a pas de structure, pas de fil conducteur. Chacune des « Pensées » forme un tout. C'est au lecteur d'en faire le tri et de dégager les principes que veut nous communiquer l'auteur. Un ouvrage intéressant pour sa vision pratique, mais qui laisse le lecteur sur sa faim d'enrichissement intellectuel.
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Citations et extraits (101) Voir plus Ajouter une citation
La philosophie consiste en ceci : à veiller à ce que le génie qui est en nous reste sans outrage et sans dommage, et soit au-dessus des plaisirs et des peines ; à ce qu'il ne fasse rien au hasard, ni par mensonge, ni par faux-semblant ; à ce qu'il ne s'attache point à ce que les autres font, ou ne font pas. Et en outre, à accepter ce qui arrive et ce qui lui est dévolu... Et surtout à attendre la mort avec une âme sereine, sans y voir autre chose que la dissolution des éléments dont est composé chaque être vivant.

NDL : peu de philosophes définissent la philosophie : j'aime cette définition, exhaustive, à laquelle il ne manque pas grand chose, je pense.
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Vois ce qu'ils sont lorsqu'ils mangent, dorment, s'accouplent, vont à la selle, etc. Vois-les ensuite lorsqu'ils se donnent de grands airs, font les fiers, se fâchent et vous accablent de leur supériorité. Peu avant, de combien de maîtres étaient-ils les esclaves, et par quelles sujétions ! Peu après, ils se retrouveront réduits au même état !

NDL : j'adore ce passage sur l'orgueil, et il y en a bien d'autres dans ce livre.
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On va se chercher de lointaines retraites dans les champs, sur le bord de la mer, dans les montagnes ; et toi-même aussi tu ne laisses pas que de satisfaire volontiers les mêmes désirs. Mais que tout ce soin est singulier, puisque tu peux toujours, quand tu le veux, à ton heure, trouver un asile en toi-même ! Nulle part, en effet, l’homme ne peut goûter une retraite plus sereine ni moins troublée que celle qu’il porte au dedans de son âme, surtout quand on rencontre en soi ces ressources sur lesquelles il suffit de s’appuyer un instant, pour qu’aussitôt on se sente dans la parfaite quiétude. Et par la « Quiétude », je n’entends pas autre chose qu’une entière soumission à la règle et à la loi. Tâche donc de t’assurer ce constant refuge, et viens t’y renouveler toi-même perpétuellement. Conserve en ton cœur de ces brèves et inébranlables maximes que tu n’auras qu’à méditer un moment, pour qu’à l’instant ton âme entière recouvre sa sérénité, et pour que tu en reviennes, exempt de toute amertume, reprendre le commerce de toutes ces choses où tu retournes. A qui, je te le demande, pourrais-tu en vouloir ? Est-ce à la perversité des humains ? Mais si tu rappelles à ta mémoire cet axiome que tous les êtres doués de raison sont faits les uns pour les autres, que se supporter réciproquement est une partie de la justice, et que tant de gens qui se sont détestés, soupçonnés, haïs, querellés, sont étendus dans la poussière et ne sont plus que cendres, tu t’apaiseras peut-être assez aisément. Ou bien, par hasard, est-ce que tu en veux au sort qui t’a été réparti dans l’ordre universel ?
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Se rendre coupable d’une injustice envers autrui, c’est faire un acte d’impiété, parce que la nature qui gouverne l’univers, ayant créé les êtres raisonnables pour s’aider par des secours réciproques, selon leurs mérites divers, sans qu’il leur soit jamais permis de se nuire entre eux, celui qui méconnaît cette volonté expresse de la nature se rend impie envers la plus auguste des divinités. Faire un mensonge est une autre impiété aussi grave envers elle ; car la nature qui régit l’univers est également la nature pour tous les êtres ; et les êtres d’ici-bas sont évidemment de la même famille que les êtres éternels. C’est là ce qui fait qu’à un certain point de vue, la nature est appelée la Vérité, parce que c’est elle qui est la cause première de tout ce qui est vrai. Celui donc qui trompe sciemment fait acte d’impiété ; car c’est un délit de mentir. Mais même quand on trompe sans le vouloir, comme on se met en désaccord avec la nature universelle, et que l’on provoque un désordre dans son sein, on combat par cela seul la constitution naturelle du monde. C’est la combattre que de se porter, fût-ce à son propre détriment, vers ce qui contredit la vérité. Car celui qui s’égare ainsi avait préalablement reçu de la nature toutes les facultés nécessaires, et c’est en les négligeant qu’il s’est rendu désormais impuissant à distinguer le faux du vrai.
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Lorsqu'un homme a commis une faute contre toi, considère aussitôt quelle opinion il se fait du bien ou du mal pour avoir commis cette faute. Lorsque tu le sauras, en effet, tu auras pitié de lui, et tu n'éprouveras ni étonnement, ni colère.
Car, ou bien toi aussi, tu te fais la même opinion que lui sur le bien, et il faut donc lui pardonner. Mais si tu ne partages pas ses opinions sur le bien et le mal, tu seras plus facilement bienveillant à celui qui les distingue mal.
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Vidéo de  Marc Aurèle
Épictète, Marc-Aurèle et le Stoicisme Les Nouveaux chemins de la connaissance, présenté par Raphaël Enthoven, invité Thomas Bénatouïl, maître de conférences à l'Université de Nancy 2. Épictète, Marc-Aurèle et le Stoïci
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