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Citations sur Le roi de coeur (28)

Malo les soupçonnait même, dans certains petits États d’Afrique un peu trop calmes ou en voie de stabilisation, d’avoir commandité quelques liquidations judicieuses de meneurs pacifistes qui menaçaient de gâcher leur florissant commerce. La famille avait grimacé quand la France avait signé l’accord sur la vente de mines antipersonnel, commerce juteux au coût de revient dérisoire – mais on était plein de ressources chez les de Fontevreaux.
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— Noyée ?
Malo avait répété ce mot comme il aurait goûté du bout des lèvres un mets répugnant. Il sentait, dans sa gorge, sa poitrine, un point douloureux, sourd, qui augmentait.
Ces « o » ronds et généreux, opposés à ces « l » enlevés, légèrement penchés, trahissant à la fois la sensualité et la distinction, Malo les connaissait très bien pour avoir passé de longues heures à les parcourir, les caresser du regard, comme ses mains avaient caressé celle qui les avait tracés.
Archambault, qui ne l’avait pas lâché des yeux une seconde et dont il sentait le regard peser sur lui avec une acuité de plus en plus insupportable, répéta, implacable.
— Noyée, oui, la nuit dernière.
— Où ? demanda Malo
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Ce type était un fonctionnaire de l’État. Tout était résumé dans le mot. Il ne vivait pas, il fonctionnait. Pour Gabriel Archambault, la vie se réduisait à une sorte d’équation, ou de mécanisme, de rouages qui entraînaient d’autres rouages. Pour lui, les crimes et les criminels n’étaient que des grains de sable plus ou moins gros qui empêchaient la grande machine qu’était la France de fonctionner correctement. Il traitait donc ces problèmes avec une efficience froide et appliquée et autant d’empathie qu’une caisse enregistreuse… Et encore, certaines, parmi les dernières, celles qui causaient, le faisaient avec plus de chaleur que lui.
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Fabien lui ouvrit la porte. Malo lui dédia un sourire narquois qui s’effaça aussitôt, car le bureau du commandant Archambault était à l’image de son propriétaire… C’est-à-dire l’antithèse de celui de Malo. Austère en diable, aussi bien rangé que le sien était bordélique…
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— Le chef veut me voir ?
Malo sentit une inquiétude diffuse se répandre en lui. Qu’est-ce que le commandant pouvait bien lui vouloir ? De ce qu’il en savait, il n’avait pas fait de bourde ces derniers temps, aucune bavure au tableau de bord. Il n’était pas sorti de ses gonds, même pas l’autre jour, quand ils avaient pincé, Albert et lui, cette petite ordure de violeur multirécidiviste pour ainsi dire à pied d’œuvre. Ce n’était pas l’envie qui lui en avait manqué, et il devait bien avouer avoir été à deux doigts de rechuter une ou deux fois, mais il s’était contenu.
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Malo, qui grimaça une seconde sous le volume sonore, leva un index pour couper son subalterne et le reprendre, avec un sourire suave.
— Les violences policières.
— Les violences policières… Les violences policières… grommela Albert en singeant la voix de Malo, assortissant ses paroles d’une grimace dégoûtée. Mais, patron…
— Non, non, non, Albert… Rappelez-vous les consignes.
La main d’Albert demeura levée, telle l’épée de Damoclès, alors que se disputait, sur le visage minéral du Cantalou qu’on aurait dit taillé à même les montagnes
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Bref, cette main à elle seule, et même détachée du reste de son propriétaire, aurait eu de quoi coller des sueurs d’angoisse au plus rétif des malandrins parisiens – mais elle n’était pas seule… Oh non ! Ce n’était qu’un prélude. Cette main était celle d’Albert… Et Albert, eh bien ! Albert, lui aussi, était, en son genre et comme son instrument effroyable à cinq branches, une parfaite réussite naturelle. Hollywood avait créé le Terminator. Le Cantal avait créé Albert.
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— Non, Albert !
La voix avait résonné dans le petit bureau encombré – pour ne pas dire submergé – de paperasses et d’objets divers. En cherchant bien, on aurait certainement pu retrouver des trucs vaguement alimentaires oubliés là depuis longtemps, à des stades avancés de décomposition, sous les strates successives d’affaires et de dépositions non classées. Tout un écosystème se développait ici. De part et d’autre de ce capharnaüm plus ou moins écologique se tenaient deux hommes.
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— Les flics.
La motarde se retourna. Ses yeux se posèrent sur les phares et la forme reconnaissable de la voiture de police qui s’approchait à allure réduite.
D’un même mouvement, le géant et les autres reprirent leur marche, comme s’ils ne l’avaient jamais interrompue. De simples promeneurs rentrant chez eux.
La femme en cuir noir, consciente qu’elle ne pouvait s’éclipser comme ça, composa sur son beau visage le plus charmant, le plus délicieux, le plus avenant des sourires.
Alors que la voiture de police s’arrêtait à hauteur de sa moto, que la vitre, côté passager, s’ouvrait, elle s’approcha et s’enquit, d’une voix qui aurait donné des montées de sève à un grabataire.
— Bonsoir, monsieur l’agent.
Tandis que le jeune policier, envoûté, lui répondait, les silhouettes anonymes, éclipsées par sa voix et son sourire, se fondaient dans la nuit poisseuse.
Là-bas, sur le cours tumultueux du fleuve, une étoile noyée à la traîne d’or s’éloignait vers l’ouest. La Seine en avait digéré d’autres. Mais elle les rendait toujours… Tôt ou tard.
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Celle dont les yeux l’observaient sous le rebord de la visière n’était pourtant pas Satan. Ce qu’on devinait de son visage, au contraire, aurait pu être qualifié de plaisant – voire de très plaisant – s’il n’y avait eu, au fond de ses prunelles sombres, cet éclat froid, telle une pierre d’obsidienne tranchante, la pointe d’une intelligence acérée comme une lame de couteau… et tout aussi dénuée d’empathie. Cette dureté, on la retrouvait sur ses traits. Elle altérait sa beauté, lui conférant une note inquiétante.
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