Selon les biographes, la précocité de Charles Le Brun fut admirable. Les témoignages de cette précocité ne sont pas également vraisemblables, d’ailleurs. Nous pouvons douter qu’à trois ans l’enfant ait dérobé des charbons éteints pour dessiner dans l’âtre à la lueur du foyer. Par contre, très jeune, il esquissait des têtes colossales sur les carreaux de la maison familiale. A neuf ans il s’exerçait à la sculpture dans l’atelier paternel. A treize ans il travaillait avec François Perrier, dit le Bourguignon, cet élève de Lanfranc, qui, sans balancer la réputation de Simon Vouet fut un des meilleurs artistes de la première moitié du dix-septième siècle, un décorateur adroit qui transmit peut-être à son élève son goût très vif pour les allégories subtiles.
Chez Vouet Le Brun rencontre sans doute pour la première fois Mignard. Tous deux sont dans le même temps élèves du maître ; ils peuvent dès lors se connaître et se mesurer. De ce premier contact date peut-être la haine qui les divisera toute leur vie.