Le dico féerique

CORRESPONDANCES DES SORCIÈRES : chacun a plus ou moins en tête les noms étranges et inquiétants des ingrédients dont, dans tous les contes, les méchantes sorcières font usage pour les potions et autres brouets qui mijotent dans leur chaudron. Un peu de bave de crapaud par-ci, un peu d'yeux de chat par-là... Mais en réalité, si les récits pour les enfants ont beaucoup détourné cette pharmacopée, de fait les sorcières utilisaient bel et bien des ingrédients aux appellations mystérieuses – non qu'ils soient si exotiques, mais parce qu'elles avaient pour cela un vocabulaire spécifique. A chaque nom de sorcellerie correspondait une véritable plante, selon le lexique ci-dessous : noisetier des sorcières : hamamélis ; œil de cheval : grande aunée ; œil du Christ : sauge ; ombrage des bois : benoîte ; oreille de souris : piloselle épervière ; os d'ibis : bourdaine ; pain de saint Jean : caroubier ; pain du coucou : plantago ; patte d'ours : acanthe ; patte de chat : asaret ; patte de corbeau, corneille : géranium tâcheté ; patte de crapaud : noyer cendré ; patte de loup : bugle rampant ; petit dragon : estragon ; petit houx : dragon épineux ; pied d'âne, pied de taureau : pas-d'âne ; pied de chèvre : graines de chêne ; pied de griffon : hellébore noir ; plante du tonnerre, sperme d'Amon : joubarbe ; plante royale : basilic ; plume d'aigle : ail sauvage ; plume de paon : coquelicot ; poivre à queue : cubèbe ; pomme épineuse : datura ; pomme d'Arménie : abricotier ; prendre la cervelle d'un coq : recueillir de la résine de cerisier ; punaise mâle : coriandre ; queue de chapon : valériane ; queue de renard : prêle ou amarante ; quintefeuille : potentille rampante ; queue de cheval, queue de chèvre : prêle des marais ; queue de cochon : fléau du léopard ; racine de l'amour : racine de patchouli ; racine d'oeil : hydrastis ; racine de licorne : alétris ; réglisse des bois : polypode ; raisin de renard : parisette à quatre feuilles ; raisin d'ours : busserole ; reine de la nuit : vanille ; reine des prés : pigamon ; rouvre : chêne commun ; roseau : acore calame ; rose de Noël : hellébore noir ; rudbeckie pourpre : échinacée ; sabot de Vénus : valériane américaine ; salivaire : pyrèthre d'Afrique ; sang : sang de dragon (résine rouge tirée du dragonnier), sève de sureau noir ; sang d'Arès : pourpier ; sang de chatte : verveine ; sang d'oie : lait de mûrier ; sang de nez : mille-feuille ; sang de titan : laitue sauvage ; sang d'Héphaïstos : absinthe ; santé de l'homme : ginseng ; sensitive : mimosa ; serpentaire : clématite ; soucis des jardins : soucis ou calendula ; sparte : genet d'Espagne ; sperme d'Hélios : rose de Noël ; sperme d'Hermès : aneth ; stoechas du levant : variété de lavande ; tabac indien : lobélie ; tête de grenouille : renoncule ; thé des abyssins : qat ; toile d'araignée : cuscute ; trifiol : trèfle ; tenir une baguette d'amandier : un cierge allumé ; tue-loup, tueur de brutes, tueur de femmes, tueur de léopard : aconit napel ; turquette : herniaire ; verbénaire : verveine ; verge des ménagères : genêt ; violette du sorcier : petite pervenche ; yeux de chat : chicorée sauvage.

AUBEPINE : son fort parfum permet de se protéger des esprits néfastes, à l'instar du millepertuis. Plus puissante encore, une pointe d'aubépine serait une arme idéale pour lutter contre un vampire. À Rome, on attachait ses branches au berceau d'un nouveau-né. Dans nos contrées, il n'y a pas si longtemps, on se servait de rameaux d'aubépine en fleur pour chasser le mauvais œil. Ses haies veillaient sur 'les maisons', que l'on ornait aussi d'une branche afin d'éloigner la foudre. Souvent demeure de fées ou de lutins, le buisson d'aubépine est tristement fameux pour avoir été le piège dans lequel la dame du Lac enferma l'enchanteur Merlin pour un endormissement dont il ne s'est toujours pas réveillé.