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Patrick Marcel (Traducteur)
EAN : 9791030706383
416 pages
Au Diable Vauvert (19/10/2023)
3.74/5   267 notes
Résumé :
Une vieille dame achète dans une boutique, sans le savoir, le Saint-Graal. Lorsque le chevalier Galaad vient le quémander croyant sa quête achevée, il ne se doute pas que la négociation sera âpre... Un écrivain anglais débarque à Hollywood pour adapter l'un de ses livres au cinéma. Il va faire une curieuse rencontre dans son hôtel jadis palace des starlettes... Miroirs d'un quotidien - le nôtre - en apparence banal mais glissant imperceptiblement vers le surnaturel ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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« HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!!!!!!!!!!!

-Si vous avez l'impression de pas comprendre la première ligne, les moches, c'est normal. Déidamie est passé dans le côté fan-girl de la force et j'arrive pas à l'en tirer. Mmh ? ce qui se passe ?

Bon. J'ai rien à faire de toute façon avec le couvre-feutage, je vais vous expliquer. Elle s'est mis en tête de lire Miroirs et fumée, de N… de l'auteur de Coraline. Et pendant qu'elle le lit, paf ! une nouvelle tombe : Sandman va être adapté sur la plateforme qui fait « Popom » quand on l'allume. Et voilà. Ca fait deux semaines qu'elle est incalmable !

-HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

-Alors on dirait qu'elle ne dit rien, comme ça, mais en réalité, outre sa voix suraiguë, elle adopte un débit ultrarapide. Les mots sont inaudibles à l'oreille nue. Ce qu'elle dit ? Vous voulez savoir ?

-HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

-« Et en plus c'est Brienne qui va jouer Lucifer ! Brienne je t'aime, Brienne, je t'aime, vraiment c'est toi la plus badaaass, Brienne je t'aime, Brienne, je t'aime, t'es une meuf super top classe ! » Si vous avez l'impression que la deuxième phrase se chante sur l'air de « Juliette je t'aime », la réponse est oui. Et si vous trouvez ça nul, la réponse est aussi oui. Même si ce n'était pas une question.

-HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

-Oh bah, moi, j'en ai pris mon parti, hein. Vu qu'elle ne sent plus pisser depuis la news dans tous les sens du terme, j'ai monté sur Internet ma boutique de culottes sales à exporter au Japon. Ca marche d'enfer ! C'est pas la crise pour tout le monde, j'vous l'dis… Ah ? elle crie moins fort ? reprend-elle formulation humaine ?

-Oh, les gens sont là ! pardon, je n'avais pas vu ! Bonjour les copains, bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, c'est la critique de Miroirs et fumée, de… hhh… hhh… de…NIII…

-NON ! Ne prononce pas son nom !

-D'accord. de l'auteur d'American Gods. Or donc, pas de or donc : chaque nouvelle est indépendante, je ne puis donc point vous fournir de résumé. J'ai trouvé plusieurs de ces nouvelles excellentes !

-Et moi, plusieurs autres sans grand intérêt…

-Le format court se révèle parfait pour le style de N… de cet écrivain brillant ! J'aime beaucoup comment certaines nouvelles laissent planer le mystère tout en semant des indices sur l'histoire.

-Mais parfois, les histoires restent nouées après la conclusion ! La nouvelle sur le premier meurtre, là, qui a été adaptée en comics, ben je reste larguée comme l'ancre du Titanic, c'est dire si je touche le fond ! Et l'histoire du modèle Charlotte, quel ennui ! Qu'ai-je à faire des fantasmes sexuels d'un mec pendant des décennies ? Rien du tout !

-D'accord, mais il y a aussi des idées brillantes, voire hilarantes dans ce recueil ! J'ai bien ri avec la parodie du Cauchemar d'Innsmouth. Et la vieille dame qui trouve le Graal, je l'ai trouvée pleine de tendresse (et accessoirement, j'ai une furieuse envie de foie depuis que je l'ai lue…). le dosage de la tendresse constitue un exercice complexe en littérature : trop, vous tombez dans la mièvrerie, pas assez, vous devenez sec. le narrateur ne se moque pas des manies des personnages. Son regard reste doux.

J'ai également adoré la réécriture de Blanche-Neige ! Je n'aurais jamais pensé qu'on puisse tordre une histoire à ce point !

-Boh, t'as lu La mort de la Pythie, non ? Parce que, façon réécriture de mythes, ‘scuse-moi, j'ai pas vu plus extrême…

-Oui, mais c'est pas pareil… La mort de la Pythie, je n'y repense jamais quand je lis Oedipe-Roi. En revanche, la Blanche-Neige du recueil va me hanter longtemps, et je sais que je ne pourrai plus lire ce conte ou une version de conte sans la comparer au texte de Miroirs et fumée. Bref ! Miroirs et fumée, c'est bien !

-Pas tout le temps.

-SI, c'est BIEN !

-NON, PAS TOUT LE TEMPS !

-Et elle est passée où, la blanche à coeurs rouges ?

-Elle s'est envolée pour Tokyo.

-Quoi ?! »

Epilogue :

« Méchante Déidamie, je n'en reviens pas ! Je suis furieuse !

-Tu vas me sortir le discours de la confiance et de la trahison, tout ça ?

-Non ! Je suis furieuse que mes culottes se baladent au Japon, pays que je rêve de visiter depuis le Club Dorothée, sans moi à l'intérieur ! C'est Dégueulasse ! On va s'le préparer, ce voyage ! »
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Neil Gaiman est devenu un classique dans le monde de l'Imaginaire et il semble très apprécié des lecteurs et de ses contemporains. J'ai découvert l'auteur par deux adaptations de deux de ses livres : Stardust et Coraline. J'adore ces films et j'avais été légèrement moins emballée, ensuite, par ma lecture des textes d'origine (une histoire d'ordre de découvertes, sans doute) ; en revanche, ma lecture de L'Etrange vie de Nobody Owens il y a quelques mois, avait été une révélation !
On m'avait prévenu que ce recueil laissait un arrière-goût mitigé et comme je ne suis pas fan des formats courts au départ, j'appréhendais un peu… Finalement, ma lecture n'a pas été désagréable mais je n'en ressors pas particulièrement enthousiaste et n'en garderai sans doute pas de grands souvenirs…

Miroirs et fumée rassemble une trentaine de nouvelles aux sujets aussi variés que leur format (de une à une trentaine de pages) mais restant tout de même dans le domaine de l'Imaginaire. Neil Gaiman revient en effet sur certains mythes, certaines légendes et y apporte sa petite touche, en prose ou en vers. Dans l'ensemble, les textes en vers m'ont moins marquée et moins plu que les autres, à part celui qui s'attarde sur le célèbre Mr Fox (Maître Renard pour les français).
Difficile d'avoir la même qualité sur tout un recueil, surtout lorsque les nouvelles sont si nombreuses et n'ont pas été écrites à la même période de la vie de l'auteur, à l'occasion d'anthologies complètement différentes et même dans des buts qui n'ont rien en commun. C'est un peu un patchwork qui rassemble un petit texte trouvé dans un tiroir, un autre découvert au grenier et un dernier retrouvé entre les pages d'un magazine…
Il y en a pour tous les goûts et ce recueil illustre bien la diversité du travail de Neil Gaiman mais je regrette tout de même l'absence de « cohérence ». Bien sûr, l'auteur introduit le recueil en expliquant son titre et en justifiant ce « thème » commun à tous les textes mais ça me semble trop vague, trop vaste…

Je ne vais pas revenir sur chacune des 30 nouvelles. Tout d'abord car ce serait indigeste, ensuite parce que certaines m'ont laissé si peu de souvenirs que je suis bien incapable d'en parler et enfin car je n'ai pas le recueil avec moi alors autant vous dire que je suis loin d'avoir mémorisé tous les textes.
La nouvelle qui m'a le plus marquée est, sans hésiter, la toute dernière du recueil « Neige, verre et pommes » qui reprend le conte de Blanche-Neige d'un autre point de vue et avec de nouveaux éléments : j'approuve ! Je retiens également « Les Mystères du meurtre » (située dans les dernières pages) qui me semblait un peu floue au départ mais qui s'est éclairée au fil des pages et devient très intéressante (si vous avez envie de faire un tour du côté des premiers jours du monde et des tests mis en place par les anges pour les futurs humains que nous sommes…). Je me souviens également du « Troll sous le pont » qui revient sur une légende assez célèbre et la chute, même si je l'attendais, m'a plu. Enfin, je n'ai plus les titres en tête, mais les textes mettant en scène un loup-garou (vomissant une patte de chien et une main d'enfant en se réveillant d'une nuit de chasse… bon appétit !) et un chat en mauvais état chaque matin, m'ont fait forte impression même si je ne les ai pas forcément adorées.
Je ne vous en ai citées que cinq ou six mais vous pouvez déjà constater la richesse, la diversité des sujets et des personnages (pas toujours humains) mis en avant. Pour savourer l'ensemble du recueil, peut-être vaut-il mieux piocher une nouvelle de temps en temps et ne pas toutes les lire à la suite, ce qui se révèle un peu indigeste…

Si j'aime le style de Neil Gaiman, je regrette de ne pas avoir trouvé plus d'humour noir et d'ironie dans ses nouvelles. Peut-être les ai-je mal apprivoisées, mais je les ai senties très « sérieuses », contrairement au ton employé par l'auteur dans sa longue introduction d'une quarantaine de pages (dans laquelle il explique le pourquoi de ce recueil, revient sur la raison de chaque texte et nous offre même une nouvelle, inédite, dont l'idée lui est venue en rédigeant l'introduction…). C'est bien écrit, c'est un fait. J'ai aimé parcourir les textes et je n'ai pas eu beaucoup de mal à m'y plonger malgré leur brièveté, mais il m'a manqué un petit truc… dommage !


De bonnes idées et d'autres beaucoup moins marquantes. Des nouvelles parfois trop longues, parfois trop courtes… en prose ou en vers. Neil Gaiman réécrit plus ou moins pertinemment des légendes et mythes vieux comme le monde. Un recueil riche et diversifié mais qui gagnerait à être découvert par bribes et non d'un seul coup, sinon, risque d'indigestion…
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
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Miroirs et fumées est un recueil de trente nouvelles écrites par Neil Gaiman. le livre commence avec une introduction assez sympathique dans laquelle l'auteur explique ce qui l'a motivé ou inspiré pour écrire chacune d'entre elles.

Alors évidemment, dans un recueil, il y a toujours des textes qui nous plaisent plus que d'autre, mais j'ai trouvé que Neil Gaiman avait réussi à trouver un angle original dans chacun des sujets qu'il traite : on revisite le mythe du Père Noël, l'histoire de Blanche-Neige, la rebéllion de Satan, on trouve le Saint Graal à trente pence dans un magasin de seconde main, ... L'ambiance est entre le fantastique et l'onirique. Ces nouvelles sont très agréables à lire, et donne un aperçu de l'immense talent de l'auteur.
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Dans le numéro de Bifrost consacré à Neil Gaiman, ce recueil était fortement conseillé. J'ai par conséquent eu envie de le lire, afin de me faire une idée de ce que donnait l'écriture de l'auteur dans un format court. Tout d'abord, il faut savoir que les nouvelles constituant ce recueil ne sont pas liées par un univers particulier ou une thématique, mais ont été choisies par Neil Gaiman qui a imaginé ce recueil. Les textes présents ont été écrits dans la période allant du début des années 80 jusqu'à 1998, année où l'écrivain a constitué le recueil de 31 textes.

Parmi ces 31 textes, on trouve différents registres, différentes formes d'écriture allant des poèmes à des textes très courts puis des nouvelles plus longues. Les mythes et les contes sont une des sources d'inspiration de ces textes qui évoluent du fantastique à la fantasy. le recueil est ainsi marqué par la diversité à plusieurs titres : formes, écriture, genre littéraire, thématique. Cependant, dans tous ces textes, on retrouve « la patte » de Neil Gaiman qui traite l'ensemble des sujets avec une perception bien particulière et originale et surtout sa plume si unique, fluide, très imagée, capable en quelques mots de dépeindre un personnage et une situation.

Le livre débute par un poème suivi d'une introduction où Neil Gaiman explique les circonstances de l'écriture de chaque texte. Chose surprenante, Neil Gaiman y a ajouté un texte appelé « le cadeau de mariage » qui est une histoire qu'il voulait offrir à des amis pour leur mariage. L'idée de la nouvelle est géniale: un couple reçoit en cadeau de mariage anonyme un texte sur leur mariage qui va s'avérer se modifier au fil des années. le texte est court mais vraiment très beau, parlant à la fois du deuil, et des différents choix de vie. La lecture de l'introduction vaut vraiment le coup, rien que pour ce texte, plein de sensibilité.

Il y a beaucoup trop d'écrits pour parler de chacun d'eux. Parmi les textes courts, il y en a un très original « La Fille des chouettes » qui est écrit dans un langage rappelant l'ancien temps. Parmi tous ces textes courts, on y trouve le diable, le Père Noël, un étrange personnage peuplant les rêves. Ces écrits contribuent à l'ambiance du recueil qui semble façonner un monde proche du notre, comme si on voyait tout au travers d'un miroir qui nous emporterait vers un univers proche de l'onirisme. Un miroir de notre monde, de nos mythes, de nos contes où la vision des choses n'est plus la même: dans Neige, verre et pommes, Neil Gaiman revisite l'histoire de Blanche-Neige en la racontant du point de vue de la belle-mère et avec une Blanche-Neige très différente de celle du conte. Cette nouvelle vision de la légende est vraiment excellente, un peur bonheur de lecture.

Le folklore est également au centre d'autres nouvelles, comme Chevalerie, où une vieille dame trouve le Saint Graal dans un magasin de seconde main pour une somme dérisoire (si le roi Arthur savait cela, il en perdrait son latin!). Elle croisera ainsi le chevalier Galaad qui aura du mal à négocier avec elle. Neil Gaiman nous offre un texte cocasse et plein d'humour. Une autre nouvelle liée à la mythologie qui vaut à elle seule la lecture du livre: le Troll sous le pont (un titre magnifique, vraiment). Un jeune garçon rencontre un troll sous un pont qui veut lui prendre sa vie, il arrive à négocier avec lui et promet de revenir. L'auteur revisite ainsi cette légende de très belle manière avec une fin bien amenée. Dans Les Mystères du meurtre, Neil Gaiman s'intéresse à la religion catholique avec l'histoire revisitée de la rébellion de Satan. Dans le Bassin aux poissons et autres contes, c'est le folklore autour du cinéma et d'Hollywood qui au coeur du récit avec un écrivain anglais (rappelant vaguement quelqu'un) se rendant à Los Angeles.

D'autres écrits sont des hommages à des écrivains de l'imaginaire :Une vie, meublée en Moorcock première manière raconte l'histoire d'un jeune garçon fan de Michael Moorcock et plus particulièrement d'Elric. le jeune garçon rappelle également l'auteur sous bien des aspects. Michael Moorcock a d'ailleurs beaucoup aimé le texte. Neil Gaiman aime beaucoup Lovecraft et on trouve ainsi 2 textes liés au maitre de Providence: La Spéciale des Shoggoths à l'ancienne et Une fin du monde de plus où on croise un lycanthrope vivant à Innsmouth. La Spéciale des Shoggoths à l'ancienne désigne une bière un peu particulière, que va boire un jeune homme visitant l'Angleterre et découvrant une ville appelée Innsmouth. L'ambiance du récit est proche de Lovecraft, et c'est une des meilleures nouvelles du recueil.

Autre thème assez présent dans le recueil: le sexe. Avec tout d'abord le changement de sexe, effet secondaire non voulu d'un médicament soignant le cancer dans Changements. Les conséquences produites par cet effet sont inattendues et nombreuses, le médicament devenant une véritable drogue. le sexe et les maladies dans Corps étrangers qui raconte comment une maladie vénérienne fait changer le comportement d'un jeune homme. le sexe au travers de photos de charme dans Cherchez la fille où un homme fait une fixation pendant de longues années sur une jeune fille posant dans Penthouse, très beau texte plein de mystères. Enfin le sexe vu par un « escort man » qui a la faculté de savoir ce que les femmes ressentent.

Le titre du recueil est ainsi tout à fait symbolique: Neil Gaiman se propose de donner sa vision du monde au travers de miroirs, de filtres déformants vers l'extraordinaire. Il offre ainsi une nouvelle forme de mythologie à la fois moderne et différente mais toujours remplie de sensibilité et du désir de voir le monde différemment. Avec ce recueil, l'auteur prouve à nouveau son extraordinaire talent avec sa capacité à transformer l'ordinaire en merveilleux au travers d'une plume riche et pleine d‘émotions. Comme un magicien, il utilise à merveille les miroirs.

Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Le titre de ce recueil fait référence aux illusionnistes dont les tours ont toujours fasciné Gaiman. Ils sont un thème récurrent dans son oeuvre. Après tout, n'est-il pas lui-même un magicien ? Il gratte sous le vernis du quotidien, de la banalité et de l'évidence pour dévoiler l'étrange, le merveilleux ou encore le dérangeant qui se cachent dessous. Cela fait de lui un nouvelliste de génie, comme Ray Bradbury ou Lisa Tuttle, pour ne citer qu'eux.
Il faut du talent pour écrire un roman, mais c'est dans l'écriture de textes courts qu'on voit le génie d'un auteur. Gaiman parvient toujours à nous faire regarder le monde d'un oeil différent. Ses textes me nourrissent et entretiennent mon imagination. Il me rappelle toujours de changer d'angle de vue.
C'est aussi pour cela que j'aime particulièrement lire ses introductions. Gaiman y parle toujours de la naissance des textes qu'il présente et je trouve passionnant d'en apprendre à chaque fois davantage sur la façon dont naissent ses histoires. En outre, l'introduction de ce recueil compte une nouvelle dont j'aime beaucoup le thème, bien que le texte lui-même m'ait toujours laissée circonspecte. Sans offense pour cet auteur qui est l'un de mes préférés depuis plus de vingt ans, c'est bien un texte écrit par un homme…
Je le confesse, de tous ses recueils, celui-ci n'est pas mon favori. Il compte néanmoins certains textes que j'adore que je relis toujours avec grand plaisir.
Miroirs et Fumée est le plus ancien recueil de Gaiman paru en français et il n'a pas vieilli. Il propose des textes très variés. Comme à son habitude, Gaiman ne s'attache pas à un seul genre. L'on peut ainsi lire dans ce recueil du merveilleux, du fantastique — parfois horrifique à tendance lovcraftienne ou plus classique — aussi bien que de la science fiction, de la poésie ou encore des contes — réécrits ou originaux, modernisés ou transposés — et même de la littérature blanche.
Mon texte préféré, d'ailleurs, qui bien qu'il ne soit pas le plus connu ni ne culmine parmi ceux qu'aiment à évoquer régulièrement les fans, pourrait aisément être assimilé à de la littérature générale. Il s'agit du Bassin aux poissons et autres contes, qui représente, à mon sens, un peu tout ce qui fait l'imaginaire de Gaiman, l'élégance de son écriture, la profondeur de sa réflexion. Ce texte est un chef-d'oeuvre trop méconnu à mon goût.
Cependant je comprends qu'il puisse être éclipsé par d'autres récits qui semblent plus marquants de prime abord. de fait, ce recueil compte, et ce n'est pas pour rien, certains des textes les plus connus de Gaiman. Parmi ceux-ci se trouve Chevalerie, et j'avoue ressentir moi-même une grande tendresse pour cette nouvelle. Elle semble toujours tellement… familière. En vérité, elle sonne juste et représente un peu tout ce que j'aime en matière de nouvelles et dans le genre fantastique, même si on parlerait davantage de réalisme magique pour qualifier ce texte. Chevalerie, c'est le surgissement du merveilleux et de l'insolite dans le quotidien, la magie dans la banalité et la banalité devenue magique.
Je ne peux manquer de mentionner également le Troll sous le pont, autre texte très connu et un peu dans la même veine. L'histoire m'a toujours semblé très classique. Cependant je l'aime bien aussi, mais j'ai du mal avec les personnages antipathiques tels que le narrateur et c'est le style que préfère dans ce texte, surtout au début. La peinture que Gaiman fait de l'enfance est toujours très parlante pour moi et l'est particulièrement dans ce récit.
Neige, verre et pommes est la troisième nouvelle la plus emblématique du recueil et elle fait partie de mes favorites. Je vous disais plus haut combien Gaiman aimait regarder les choses, et vous les montrer aussi, sous un autre angle. Il aime aussi les réécritures de contes. Il allie les deux dans cette nouvelle écrite du point de vue de la belle-mère de Blanche-Neige. Ce texte est superbe d'un bout à l'autre.
Parmi ses nouvelles inspirées de contes, on trouve aussi La Route blanche, mélange des contes de Barbe bleue et de Mr Fox. Mais il ne faut pas oublier le titre du recueil et jamais trop se fier à ce que nous conte l'auteur…
Si j'aime les contes, je suis aussi une avide lectrice de fantastique. Les textes d'inspiration lovcraftienne ne sont pas du tout ma tasse de thé, mais heureusement on trouve aussi entre ces pages du fantastique plus traditionnel. J'aime beaucoup le Prix, qui maintenant que j'y songe a sans doute aussi un petit relent de conte. D'autres textes se trouvent un peu entre les deux, notamment le Balayeur de rêves ou encore Nicholas était... Deux textes aussi courts que marquants que j'ai toujours trouvés très inspirés. Très classique et subtil, La Reine d'épées appartient également à ce genre qui m'est cher et fait écho, encore une fois, aux illusionnistes et au titre du recueil. Vous pourrez lire d'autres récits fantastiques entre ces pages. Certains vous toucheront plus que d'autres, mais ces lectures vous feront toujours vous interroger, chercher le vrai du faux. Elles vous choqueront parfois, vous laisserons un sentiment bizarre de malaise, mais nourrirons toujours votre réflexion.
Parmi les quelques textes relevant d'autres genres, j'ai été marquée par Mignons à croquer, une fiction spéculative grinçante d'autant plus dérangeante qu'elle est plausible. On trouve de la bonne SF dans ce recueil.
Miroirs et Fumée ne peut laisser aucun lecteur indifférent. Je vous invite à découvrir tous ces textes ainsi que ceux que je n'ai pas cités, à les faire vôtres, à les rêver, à chercher le mécanisme qui fait le tour ou à préférer en ignorer les ficelles pour mieux le savourer. Faites à votre guise. Je suis persuadée que vous ne serez pas déçus.
Lien : https://livropathe.blogspot...
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
C'est pourquoi il se résolut à passer son après-midi à examiner les Pages jaunes au peigne fin.
La rubrique "Assassins", put-il ainsi découvrir, ne se trouvait pas coincée entre "Assainissement (entreprises d')" et "Assurances (cabinet d')". Pas plus que "Tueurs" entre "Truquistes" et "Tuiliers", ou "Meurtriers" entre "Menuisiers" et "Mobilier". La mention "Exterminateur de vermines" lui parut prometteuse, du moins jusqu'à ce qu'une lecture plus précise des encarts les concernant ne les montrent concernés et intéressés par rien d'autre que par les "rats, souris, puces, cafards, lapins et taupes" (pour ne citer qu'une seule de ces publicités, que Peter jugea d'ailleurs plutôt sévère avec les rats). Rien de ce qu'il avait en tête, en tout cas.
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Richard se demandait où Moorcock trouvait ses idées.
Probablement dans le temple en ruine, décida-t-il enfin, bien qu'il ne puisse plus se souvenir de l'aspect qu'avait le temple. Il se souvenait d'une ombre et d'étoiles, et de sa sensation de douleur à son retour vers quelque chose qu'il avait cru achevé depuis longtemps.
Il se demanda si c'était là que tous les auteurs trouvaient leurs idées, ou si c'était juste Michael Moorcock.
Si vous lui aviez dit qu'ils inventaient tout, dans leur tête, il ne vous aurait jamais cru. Il devait y avoir un endroit d'où provenait la magie.
Non?
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- Et pour terminer, madame, je vous ai apporté ceci."
Galaad sortit l'objet de sa bourse et le lui donna. C'était une pomme, qu'on aurait dite ciselée dans un rubis, ornant le bout d'une tige d'ambre.
Avec un peu de nervosité, elle la prit. Le fruit était lisse au toucher -un poli trompeur; les doigts l'écorchèrent et un jus aux reflets rubis coula de la pomme le long de la main de Mrs Whitaker.
La cuisine fut emplie - de façon presque imperceptible, magique - de l'odeur des fruits d'été, des mûres et des pêches, des fraises et des groseilles. Comme venues d'une lointaine distance, Mrs Whitaker entendit au loin des voix qui chantaient et une musique qui flottait.
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Benjamin Lassiter en arrivait à la conclusion inévitable que la femme qui avait écrit "Randonnées pédestres sur le littoral britannique", l'ouvrage qu'il transportait dans son sac à dos, n'avait jamais accompli la moindre randonnée pédestre de quelque sorte que ce soit, et qu'elle serait probablement incapable de reconnaître le littoral britannique s'il traversait sa chambre, en dansant à la tête d'une fanfare défilant au pas cadencé, et en chantant à tue-tête d'une voix enjouée : «Je suis le littoral britannique», tout en s'accompagnant au cornet à piston.
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Quand tous les rêves sont finis, après que vous vous êtes réveillé et que vous avez quitté le monde de démence et de gloire pour le banal train-train quotidien de la lumière du jour, à travers le rebut de vos fantasmes abandonnés s'avance le balayeur de rêves.
(...) A l'instant précis où vous vous éveillez, il vient à vous, et balaie royaumes et châteaux, anges et chats-huants, montagnes et océans. (...) Il balaie tout ce que vous avez abandonné derrière vous dans vos rêves, la vie que vous portiez, les yeux par lesquels vous regardiez, la copie d'examen que vous n'avez jamais pu retrouver.
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Découvrez un extrait de la fière Béa Wolf, porte-drapeau de la cabane Coeur-d'arbre, lu par Boulet ! La cabane de Coeur-d'arbre est un sanctuaire créé par des enfants infatigables qui passent leurs journées à jouer, à manger des sucreries, à faire des bêtises et à repousser l'ombre de l'âge adulte. Mais un jour, leur sinistre voisin Grindle s'attaque à Coeur-d'arbre et transforme une dizaine d'entre eux en adolescents boutonneux ! Les survivants du premier assaut réclament un nouveau champion capable de les protéger… Ils ont besoin de Béa Wolf!
Bea Wolf raconte aux enfants une épopée glorieuse, mordante, profondément stupide et drôlement profonde." – Neil Gaiman Dessins de : Boulet Texte de : Zach Weinersmith Traducteur : Aude Pasquier
Plus d'infos : https://www.albin-michel.fr/bea-wolf-9782226479235
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Coraline découvre un autre monde qui semble plus agréable que la réalité. Mais pour y rester, il faut...

offrir son âme à une sorcière
manger une araignée vivante
se coudre des boutons à la place des yeux
oublier son passé
chanter du karaoké

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