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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voici un ouvrage saisissant de vérité, brut, sans fioritures, sans artifice, sans voyeurisme ni apitoiement,un livre coup de poing, lu d'une traite grâce à de très courts chapitres qui m'ont fait penser aux récits d'un grand-pére, gazé au fort de Vaux, à côté de Verdun....
Cent treize narrateurs, jeunes hommes perdant leurs illusions de façon brutale, des témoignages secs, précis, nets, traversés de fulgurances en scènes de quelques secondes comme la vision du christ en croix répondant au soldat :"dis moi ce que je dois faire si tu le sais", la vision éphémère de la campagne française" couverte de coquelicots et de moutarde en fleurs", ce soldat pleurant de bonheur à l'hôpital aux côtés du chirurgien qui va l'amputer de sa jambe,de même, ce soldat blessé gravement par les barbelés, entendant le maire de sa ville exaltant les mérites des soldats morts au champ d'honneur et achevé par un soldat ...allemand...
Un récit apocalyptique et inoubliable où les morts reviennent d'outre tombe et le quotidien qui les accompagne: la veulerie, le mépris, l'incurie ou la vanité idiote de certains gradés, leur brutalité et leur suffisance, les corps en souffrance, la violence des armes,le cauchemar dans les tranchées entre les cadavres avec ce commentaire d'un de ces soldats:"j'aimerais qu'ils puissent savoir que j'ai honte pour l'humanité entière", les permissions,les combats, les tués,les cruautés, les horreurs, les gueules cassées, la crasse, les poux, la promiscuité, les exécutions de prisonniers.....
Les scènes grotesques ou dramatiques se succèdent en l'espace d'un moment très court de mort ou de vie, d'une réflexion, d'une pensée, d'un dialogue ou d'un flash.
Parfois, les soldats racontent leur propre mort ou évoquent celles qu'ils ont données à coups de baïonnette ou de fusil....
La guerre que l'auteur raconte est effroyable , stupide, hasardeuse, incohérente menée par des hommes qui condensent ou qui résument l'étendue d'une humanité condamnée à l'inhumanité, à des secondes d'effroi ou des années à souffrir....à se remémorer....
Un ouvrage remarquable,féroce, extrêmement violent, mais moderne à la fois, un chef d'oeuvre à mes yeux que chacun devrait lire ...en cette année de centenaire....







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Au départ, c'était des bleus.

Des jeunes adultes, loyaux et idéalistes, tous animés de l'énergie débordante de leur jeunesse, jeunes chiens fous à la joie de vivre brouillonne, naïvement étonnés du triste sérieux des français, plongés dans la guerre depuis trois ans.

La compagnie K débarque en France en 1917.
Et le quotidien du trouffion, fut-il américain, les rattrape, avec la violence des armes, le bruit, la faim, le froid, la crasse, les brimades, la souffrance des corps, l'incurie et la vanité des gradés. Une triste réalité qui parle aussi de courage, de fraternité entre soi ou avec l'ennemi, de désertion, de l'esprit qui s'égare jusqu'à la folie et, dans les rêves de ces garçons, le désir de douceur d'une femme.
Le retour à la vie civile après la guerre est d'une brutale banalité.

Par ses chapitres courts de tranches de vie de soldat, ce livre prend aux tripes, plus que ne le ferait un bel ouvrage littéraire et narratif. Je me suis vue ouvrir le carnet de route d'un grand-père, retrouvé dans la poussière d'un grenier. L'essentiel est là, dit en mode factuel, parfois ironiquement grinçant ou humoristique, souvent fataliste, toujours tristement effrayant.

Le ton de ces brèves de combattants est si moderne que la guerre s'affiche en couleurs, sans ce noir et blanc désuet de nos images d'archives. Par son expérience personnelle, William March en dresse un tableau animé d'une grande justesse et d'une belle humanité.

De très beaux passages, comme des fulgurances, à l'image de cette vision onirique du Christ en croix répondant au soldat vindicatif demandant des comptes: "Dis-moi ce que je dois faire si tu le sais!..."
Et aussi cet homme, sur son lit d'hôpital, qui pleure de bonheur parce qu'il est blessé...

Poignant!
Mon conseil est de ne pas lire ce livre par petites touches, au prétexte de sa construction en chapitres indépendants. Il faut accepter de s'y plonger, de s'imprégner, de se faire bousculer... Juste quelques heures de furie pour nous, lecteurs, en modeste devoir de mémoire pour ce centenaire de la Grande Guerre.
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« La compagnie K a engagé les hostilités le 12 décembre 1917 à 22h15 à Verdun (France) et a cessé le combat le 11 novembre 1918 au matin près de Bourmont […] ayant participé, au cours de la période susmentionnée, aux opérations décisives suivantes : Aisne, Aisne-Marne, Saint-Mihiel et Meuse-Argonne. », dixit le Caporal Stephen Waller. Ainsi donc, c'est cette fameuse compagnie K que l'on découvre au gré d'une centaine de fragments. Cent treize soldats, lieutenants, caporaux, sergents prennent tour à tour la parole le temps d'une pensée, d'un souvenir, d'une réflexion liés directement à leur quotidien de guerre.

Certes, on pourrait se dire « Voilà encore un récit de guerre » et forcément l'on retrouve les grands thèmes récurrents à ce genre de sujet : le manque de nourriture, les tranchées, les morts massives, la désertion, les corps abîmés, blessés, atrophiés… Mais « Compagnie K », ce n'est pas seulement ça. C'est aussi et surtout la première guerre mondiale vue par les américains, c'est une construction narrative audacieuse et pertinente. du soldat à l'agonie à celui qui s'illustre par ses faits d'armes, toute cette galerie de portraits forme un immense tableau dont le lecteur/spectateur observe avec attention chaque détail, bouleversé par la force et le réalisme de ces fragments. Cent treize anonymes qui tout à coup reprennent vie sous nos yeux et retrouvent une identité. Des portraits qui se répondent, se complètent et s'enrichissent. Un roman brut, sans fioritures, mais absolument passionnant, écrit par un américain qui a lui-même combattu en France en 1917.

Je tiens à remercier vivement Libfly et les éditions Gallmeister pour cette découverte marquante réalisée dans le cadre de « La Voie des indés ».
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Ce livre est composé de très brèves "scénettes" d'une ou deux pages, une sorte de condensé des horreurs de la "grande -guerre".
Sa structure peut paraître minimaliste mais elle permet à l'auteur d'avoir une large palette de situations et de personnages, et de donner aux lecteurs une vue d'ensemble.
On y trouve de tout, des blessures aux corps et aux âmes, l'auteur ne nous épargne rien.
J'ai pu regretter de ne pas savoir quelles histoires étaient issues du vécu de william March et lesquelles étaient de son imagination.
A lire, bien sur ! Par le plus grand nombre...
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Magistral ! Quelle claque ! Qu'il est difficile d'écrire quelque chose après cette perfection ! L'auteur a mis dix ans à rédiger cette oeuvre pour nous raconter ce qu'il a vu et entendu de ces concitoyens américains venus en 1917 sur le front en France. Ce roman est construit sous forme de témoignages de 113 soldats avec des mots justes, qui nous montrent tout l'éventail de la guerre : l'horreur, la peur, la souffrance, l'attente, le viol, le meurtre, l'absurdité, l'observation, l'amitié, la désertion, la bravoure, le remord et même de la drôlerie. Ce livre, chef-d'oeuvre aux Etats-Unis où il est paru en 1933, a été traduit en 2013 grâce à Gallmeister.
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Reçu dans le cadre de Masse Critique, merci à Gallmeister et Babelio.

Brillant, voilà le mot qui me vient à l'esprit en refermant ce livre. Brillant comme les fusées éclairantes, les shrapnels chauffés au rouge, comme la lumière baissante du mois d'octobre, comme les médailles reçues, volées, arrachées aux soldats, la rosée accueillant le cadavre d'un soldat allemand, comme les yeux de ce faon domestiqué qui finira en rata, la Meuse glacée...

113 témoignages, autant que d'hommes ayant servi au sein de la compagnie K, certains étaient lâches, d'aucuns étaient braves.

Ils ont tué, eu de la compassion, des remords.

Ils sont rentrés blessés, ont été accueillis comme des héros, d'autres ont laissé leur humanité sur les champs de bataille.

Remarquable, féroce, extrêmement moderne, violent , complet, désabusé 230 pages qui se payent le luxe de résumer la guerre dans son entièreté : des interactions entre les troufions et la population, des hôpitaux, des champs de bataille, des tranchées, de la bouffe, du retour au pays, des exécutions de prisonniers, des actes héroïques en passant par les tentatives de désertion

Oui c'est un chef d'oeuvre ce livre et je ne peux que le conseiller

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Vision panoptique de la Grande Guerre par les voix de 113 soldats américains. Lecture indispensable.

Engagé volontaire dans les Marines en 1917, William March quitta l'Alabama pour Verdun en février 1918. Son premier roman, «Compagnie K», du nom de son unité dans l'armée, fut publié en 1933. Il eut un succès immédiat aux Etats-Unis, et est enfin édité en français, quatre-vingts ans plus tard, grâce aux éditions Gallmeister.

En 113 brefs chapitres, qui expriment les points de vue d'autant de soldats de la compagnie K, ce récit hors normes livre une vision panoptique de la guerre et de l'expérience des soldats, dépouillée de tout pathos, authentique, terrifiante.

«J'aimerais que les types qui parlent de la noblesse et de la camaraderie de la guerre puissent assister à quelques conseils de guerre. Ils changeraient vite d'avis, parce que la guerre est aussi infecte que la soupe de l'hospice et aussi mesquine que les ragots d'une vieille fille.»

«Compagnie K» est la guerre dans la tête, les tripes et le coeur des soldats. On est confronté aux manques, de nourriture, de souliers confortables, de bain, qui progressivement deviennent des obsessions, à l'idée de l'héroïsme et à la désillusion, au courage, à la chance, aux contacts, souvent complexes, avec des civils français subissant l'horreur de la guerre depuis déjà quatre ans, au sifflement des obus qui rend fou, à la peur qui génère les actes les plus horribles, à l'horreur nue, aux mauvaises décisions, aux erreurs de jugement et à leurs conséquences irrattrapables, à la culpabilité, à la fin de la guerre quand d'un coup les tirs cessent, aux blessures, aux séquelles, à l'impossibilité de se réintégrer, à la reconnaissance des soldats avec des médailles et des discours mais si peu par les actes, à la fiction sur le champ de bataille pour supporter la guerre.

«J'ai jamais vu les tranchées aussi calmes que cette fois-là à Verdun. […]
Les gars ont inventé une histoire comme quoi il y avait personne devant nous, rien qu'un vieux qui avait une bicyclette, et sa femme qui avait une jambe de bois. le vieux roulait sur les caillebottis et sa femme transportait la mitrailleuse en courant derrière lui. Et puis l'homme s'arrêtait, il lançait une fusée pendant que la vieille envoyait la mitraille. Et après ils remettaient ça, jusqu'au matin.
Les gars ont tant parlé du vieil Allemand et de sa femme à la jambe de bois qu'au bout d'un moment tout le monde s'est mis à croire qu'ils étaient vraiment là.»

Certaines situations, terribles, comme la fusillade de prisonniers de guerre allemands, sont racontées par les voix de plusieurs soldats, condensé d'humanité du pire jusqu'au meilleur. Enfin, même au coeur du pire, on croise parfois l'humour, un combat au déroulement négocié entre américains et allemands, ou encore le sort du pire soldat de tous, celui qui n'a jamais réussi à apprendre à tirer.

A l'instar de ce soldat qui, mourant, efface toute trace de son identité, pour que son nom ne serve jamais à glorifier la guerre, «Compagnie K» est, porté par 113 voix, un livre sans héros pour une guerre sans héroïsme.

En quoi la guerre nous concerne-t-elle ? "Compagnie K" permet d'approcher une réponse à cette question qu'on ne finit jamais de sonder.

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/03/29/note-de-lecture-compagnie-k-william-march/
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Petit mais puissant, simple mais d'une très grande richesse, ce roman vous envoie une véritable claque.
Cent treize claques en fait, chacune portée par un élément de la compagnie K, du capitaine au troufion, vivant ou mort, résilient ou dévasté, qui chacun raconte en une à trois pages un instantané de sa guerre, de l'enrôlement au front, de l'hôpital au retour au pays.
Une guerre présentée en une mosaïque d'images sans filtre et ressentis brutaux, crus, où tous les sentiments et réactions humaines se succèdent, courage et terreur, dégoût et désabusement, cynisme et naïveté.

Je croyais avant de l'ouvrir que Compagnie K avait pour thème la guerre en Irak; en le refermant, j'ai eu cette sensation étrange de me dire que j'aurais pu avoir raison. Ce qui frappe en effet est le caractère universel de ce roman dans lequel l'auteur, rentré bardé de décorations mais profondément traumatisé par son expérience sur le front français de décembre 1917 à novembre 2018, a cherché à exprimer toute la diversité des réactions humaines en temps de guerre et "le triomphe de la stupidité sur toute autre chose" : un pari amplement réussi.
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Un roman saisissant en forme de témoignages. L'auteur s'inspire de ce qu'il a vu et vécu lors de la bataille du bois de Belleau, en juin 1918, qui fut une véritable hécatombe pour les troupes américaines arrivées sur le front l'année précédente.
Plutôt qu'un texte centré sur l'expérience d'un seul et même protagoniste (on se rappelle le livre puissant d'Erich Maria Remarque, A l'Ouest rien de nouveau), March propose 113 récits de soldats, autant de voix qui racontent le quotidien du conflit, sur un mode tragique ou, parfois, humoristique. C'est glaçant (voir l'épisode central du livre, sur l'exécution sommaire de prisonniers allemands), souvent ironique et sarcastique, mais, surtout, formidablement humain.
Sur un style exempt de tout artifice, nous sommes à coup sûr en présence de l'un des plus beaux livres sur les horreurs et la stupidité de la guerre, de toutes les guerres. A placer à côté du chef d'oeuvre d'Ernst Junger, Orages d'Acier.
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Suite du tour d'horizon de tous les romans/témoignages d'hommes du monde entier ayant vécu la première guerre mondiale. Après Trois soldats de John Dos Passos l'an dernier qui m'avait laissé une impression mitigée, je continue sur le point de vue américain avec ce Compagnie K dont j'ai repoussé un moment la lecture parce que je craignais sa construction chorale à 113 narrateurs (je crois) qui, bien qu'originale, me paraissait courir le risque d'être décousue.
Eh bien comme quoi parfois, les a priori n'ont pas lieu d'être, pour moi ce fut un carton.
Pas d'énorme surprise, hein, les soldats de l'US Marines Corps ont peu ou prou vécu la même guerre que les poilus, les boches et les tommies, et l'on va retrouver les mêmes constantes : violence inouïe, horreur, dégoût, désertion, auto-mutilation, mutilation, petits chefs autoritaires, souffrance, peur, mort. Même les morts témoignent dans ce grand orchestre de l'atrocité, ça peut paraître bizarre mais ça marche.
Tout marche, d'ailleurs, tout s'enchaîne parfaitement bien, que ce soit lorsque plusieurs témoins donnent leur propre version d'un même événement, ou lorsqu'on erre d'une situation à une autre.
Le langage utilisé est simple et accessible à tous, mais il s'agit de soldats, pour beaucoup peu lettrés, et ça paraît d'autant plus authentique... Chapeau au passage à la traductrice, Stéphanie Levet, qui a fait un travail épatant.
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