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The Dream tome 1 sur 1
EAN : 9782800169767
56 pages
Dupuis (12/01/2018)
3.29/5   7 notes
Résumé :
Travailleur du sexe dans une boîte huppée de Broadway, Jude se produit chaque soir lors de spectacles érotiques sous les yeux avides d'une population nantie. Une nuit, il se voit offrir par Megan, belle femme énigmatique, une proposition qui ne se refuse pas : un contrat pour un film, censé l'arracher à sa vie présente pour un fantasme qu'il n'aurait jamais espéré atteindre. Pour être embauché, il doit être accepté par l'Invisible Art Production, dont les membres se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il est initialement paru en janvier 2018, écrit par Jean Dufaux, dessiné, encré et mis en couleurs par Guillem March. Dufaux est un scénariste réputé et prolifique de BD franco-belge ayant oeuvré dans de nombreux genres. March est un dessinateur espagnol de bandes dessinés et de comics, ayant travaillé pour DC Comics, sur des séries comme Batman, Catwoman et Gotham City Sirens.

Dans un quartier de Broadway, une belle jeune femme blonde (Megan) se rend dans une boîte de nuit qu'on lui a recommandée pour son spectacle pornographique. Lorsqu'elle y pénètre, elle constate effectivement qu'il ne s'agit pas d'un établissement pour touristes. Elle envoie paître sans ménagement un jeune cadre qui essayait de la draguer, et s'installe pour profiter du spectacle. Jude entre en scène, nu, un beau jeune homme à la musculature bien dessinée sans être gonflée. Sa partenaire Ona le rejoint sur scène. Ils commencent à onduler au son des bongos, puis à s'accoupler en rythme. Les clients sont en transe devant le spectacle. Une jeune femme commence à entamer le mouvement pour rejoindre les artistes sur scène. Elle est arrêtée par son compagnon qui a remarqué l'entrée dans la boîte d'une femme asiatique (Sina Songh), accompagnée de 3 gardes du corps dont Owen Di. Elle se met à fumer malgré l'interdiction, alors que le patron lui-même vient lui offrir à boire, offert par la maison.

Megan sort pour fumer et demande au videur de lui indiquer la loge de Jude, après lui avoir graissé la patte. Elle va s'installer dans sa loge, sur son canapé, et l'attend. En arrivant, Jude lui demande ce qu'elle fait là après lui avoir dit qu'elle n'a pas le droit de fumer dans les loges. Megan ne se démonte pas et lui indique qu'elle est venue le recruter pour le premier rôle dans un film réalisé par Saul Epstein. Elle lui indique que si tout travail mérite salaire, Jude doit encore faire la preuve qu'il mérite un travail. Il s'agit d'un film retraçant un mois de la vie du poète Jon Keats (1795-1821). Jude ayant pris sa douche et s'étant habillé, ils sortent par l'arrière du bâtiment, où les attend Ona appuyée sur sa grosse moto. Mais sur ces entrefaites, Sina Songh arrive avec ses gardes du corps et l'un d'eux interpelle Ona. Elle ne se laisse pas faire, il la frappe, la met à terre et lui casse 2 ou 3 côtes à coup de pied. Sina Songh indique à Jude qu'il doit la suivre. Elle l'emmène piqueniquer sur a plage, et exige de faire l'amour avant sous la surveillance d'Owen Di.

Difficile de résister à la séduction vénéneuse de la couverture qui montre une belle femme élancée, avec un individu en serviette de bain qui s'avance vers elle, sa silhouette se reflétant dans le miroir. de plus le lecteur a l'assurance d'un scénario de bonne qualité du fait de l'expérience de Jean Dufaux. Un rapide feuilletage du tome montre des dessins très soignés, avec une mise en couleurs sophistiquée évoquant l'aquarelle, mais peut-être réalisée à l'infographie. le début du récit installe rapidement la dynamique : un travailleur du sexe (Jude) est recruté par une rabatteuse (Megan) pour tourner dans un film à gros budget, sous réserve de passer quelques tests. Dans le même temps, une jeune héritière (Sina Songh) profite de l'agent de papa (Hue Songh) pour contraindre Jude à devenir son amant. Il s'agit donc d'un thriller, avec une touche de polar, et une ambiance de violence et de sexe, servi par des dessins très agréables à l'oeil.

Guillem March est connu pour son travail sur des séries de premier plan de DC Comics, mais aussi pour ses pinups aux poses lascives et suggestives, en particulier avec une couverture polémique de Catwoman. Dès la première page, le lecteur a le plaisir de voir que pour cet album, il a adopté un mode de représentation correspondant à une bande dessinée franco-belge, dans un registre descriptif plus dense. le lecteur peut donc admirer les lumières de la ville dans la perspective de la rue du quartier de Broadway, avec une belle teinte rose générée par les néons. La rue à l'arrière de la boîte présente un urbanisme réaliste, avec des façades réalistes, baignant dans une lumière jaunâtre un peu grisâtre correspondant bien à ce type de rue. Si le lecteur lève la tête (euh, non pardon, regarde le haut de la case supérieure en page10), il peut voir les nuages rétro-éclairés par la lumière lunaire. le lecteur éprouve la sensation de se trouver aux côtés de Sina & Jude sur la plage. Juste après il découvre Megan et Jude en train de prendre un verre à une terrasse de café, protégé par un parasol, d'un chaud et doux soleil d'été. L'effet est remarquable, avec des ombres projetées des feuilletages, représentées à l'aquarelle, transcrivant avec délicatesse l'impression ressentie sous cet ombrage discret et changeant.

Tout du long du récit, Guillem March donne à voir des endroits bien consistants, avec un fort niveau de détails, sans donner l'impression de surcharger les cases. le lecteur se projette avec plaisir dans ces endroits qui échappent aux stéréotypes visuels, qui existent avec conviction et qui sont réellement habités, utilisés, parcourus par les personnages. Ce ressenti est accentué par la mise en couleurs sophistiquée, sans être clinquante. March utilise des couleurs un peu délavées, avec un premier effet d'ambiance, grâce à une teinte majoritaire par séquence, un rose tirant sur le violet pour le spectacle dans la boîte de nuit, une teinte jaune entre beurre frais et topaze pour la loge de Jude, un gris bleuté pour le premier essai de film avec Pakap Salem, un jaune plus vif pour la boîte très spéciale The Butcher. Il utilise également les couleurs pour faire ressortir les surfaces les unes par rapport aux autres, et pour apporter des textures aux tissus ou aux surfaces. le lecteur apprécie aussi la manière dont les couleurs l'informent sur la qualité de l'éclairage naturel ou artificiel, la chaude lumière en terrasse, ou la lumière très cru du restaurant dans lequel Jude fait la connaissance d'Hue Songh, le père de Sina.

Guillem March apporte le même soin pour camper les personnages. Il leur attribue des silhouettes athlétiques sans être celles de culturistes, avec des visages facilement mémorisables, sans être exagérés. le lecteur peut percevoir l'état d'esprit de chaque protagoniste dans son visage et sa posture. L'artiste s'investit tout autant dans les tenues vestimentaires : les robes de Sina Songh, les toilettes élégantes de Megan, les tenues décontractées de Jude, les fringues gothiques de The Strange, le costume strict d'Owen Di. Au travers des dessins, le lecteur plonge donc un monde riche, lui permettant de s'immerger dans ces milieux, ces endroits allant de boîte de nuit, en plage tranquille, en passant par un superbe appartement sur un bateau. Ces endroits présentent une telle consistance que le lecteur finit par se demander où ils se situent, comment Jude peut avoir une petite maison sur la plage, en étant aussi proche de Broadway. Il accepte de supposer que les séquences sont distantes de plusieurs heures, et que les auteurs n'ont pas souhaité consacrer des cases à expliquer les déplacements.

Dès la première séquence, le scénario montre explicitement que Jude est un travailleur du sexe, et que ce métier joue un rôle essentiel dans l'intrigue, et ne se résume pas à une simple excuse pour montrer des corps dénudés. du coup, les auteurs ont dû faire des choix quant à la représentation de cette nudité. Ils ont choisi une forme de compromis, avec une nudité frontale (et dorsale aussi), montrant les fesses et les torses nus, mais pas les organes sexuels masculins ou féminins situés au niveau du pelvis. Il y a également des relations sexuelles, mais sans gros plans de pénétration. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut en être déçu, ou au contraire estimer que cela est déjà trop. Néanmoins ce choix fait sens dans l'histoire. Guillem March et Jean Dufaux font en sorte de ne pas stigmatiser ce métier, de ne pas être dans le registre de la pornographie, de rester dans une forme d'érotisme qui n'est pas racoleur. Ainsi la narration n'a rien de sordide, mais n'édulcore pas non plus la nature du métier de Jude. Il y a 3 scènes de relations sexuelles explicites, permettant d'admirer la musculature de Jude, et la poitrine de sa partenaire.

Le lecteur s'immerge donc totalement dans l'historie grâce à des planches superbes, denses et gracieuses, à la séduction palpable. Il découvre un récit basé sur un mystère. Quelle est cette mystérieuse organisation Invisible Art Production ? Quel est son but ou son objectif ? D'où proviennent ces fonds conséquents ? Il n'y a pas de réponse dans ce tome. Jean Dufaux met en place les différentes phases d'initiation de Jude, avec un soupçon de surnaturel, et une touche d'horreur. Là encore le lecteur prend les choses comme elles viennent, sans trop savoir comment se positionner. le portrait psychologique de Jude reste superficiel, et celui de Megan encore plus. le scénariste s'amuse avec quelques thèmes comme le pouvoir de l'argent (le comportement de Sina Songh, ou celui de son père), l'attrait d'un milieu sulfureux (le monde des travailleurs du sexe). Il pimente son récit d'un peu de violence (la ratonnade d'Ona, les méthodes de gangster d'Hue Songh), et de surnaturelle (les capacités de The Strange, peut-être un succube). À la fin, la situation de Jude a avancé, sans qu'il ait commencé à travailler pour IAP. le lecteur comprend également que la mission de Megan vis-à-vis de lui est arrivée à son terme. Et c'est tout.

Effectivement s'il s'en tient à l'intrigue, le lecteur se retrouve un peu déçu par une narration visuelle magnifique, mais une histoire qui n'aboutit pas vraiment. Il y a bien eu une ou deux références culturelles comme à Mad Men, à Kiera Knghtley, ou aux 4 réalisateurs borgnes (John Ford, Fritz Lang, Raoul Walsh, André de Toth). Il jette alors un dernier coup d'oeil au titre : le rêve. Effectivement, Megan promet le rêve de la célébrité à Jude, mais sans que le récit n'aille jusqu'à sa concrétisation dans ce tome. le lecteur voit aussi qu'il y a quelques commentaires sur la nature du désir, assouvi ou inassouvi, sur le désir physique qui rend les hommes idiots. Au fil des pages, son esprit à également enregistré quelques phrases qui sonnent comme des observations sur la nature de la vie. Les personnages évoquent en passant que connaître l'envers du décor est toujours intéressant, que la valeur de chaque individu est estimée comme s'il était un produit, que les plus forts finissent toujours par se heurter à plus forts qu'eux, que tout se résume à une transaction monétaire. Sous réserve d'être sensible à cette fibre, le lecteur découvre alors une interrogation sur le sens de la vie, sur ce que l'individu doit sacrifier pour essayer de réaliser ses rêves, sur l'obligation de devoir se vendre comme un produit. Sous des dehors de récit facile et joli, il apparaît une vision noire de la vie et de ses nécessités.

Ce premier tome tient ses promesses d'une histoire mettant en scène un professionnel du sexe, dans la recherche de l'atteinte de son rêve. Guillem March réalise des planches somptueuses et fluides, emmenant le lecteur dans le monde de Jude et de Megan. Jean Dufaux donne l'impression de dérouler un mystère s'apparentant à un artifice bien pratique, avec des personnages un peu superficiels, le tout saupoudré d'un peu de violence, de sexe et de surnaturel pour faire bonne mesure. La fin donne l'impression d'avoir lu un chapitre qui ne se suffit pas à lui-même. Mais sous les apparences, les auteurs évoquent la condition humaine, dans sa noirceur et son désir sans espoir d'être un jour assouvi.
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Ouah, c'est du très bon ça ! Je suis lecteur tardif des séries, mais celle-ci me semble parfaitement bonne, pour une suite qui tarde d'ailleurs un peu trop.
Ce premier album contient tout ce qu'il faut pour donner envie de lire. On a un polar, mâtiné de fantastique et d'érotisme, empli de mystères que l'on sent bien mais aussi de petites choses qui donnent envie d'une suite.

L'histoire ne semble pas extraordinaire mais exploite l'idée du rêve américain, et l'ensemble n'a pas l'air d'être parti pour bien se finir. C'est aussi des personnages qui sont marquants très vite alors qu'ils n'apparaissent que très peu. Je suis conquis par la façon dont chacun est vite caractérisé mais aussi dont les liens s'enchainent. Tout baigne encore dans le mystère et c'est ce qui fait fonctionner le récit. On se demande quelle est cette boite de production, qui sont ces personnages mystérieux, quelle est la part du fantastique et vers quoi tout ceci va tendre au final. J'avoue que j'ai une petite impatience à voir la suite arriver.
Niveau dessin, je suis conquis par le trait de March, qui a aussi réalisé Karmen, dont la qualité m'avait époustouflé. J'ai retrouvé ici (et je me l'étais dit sans même faire le lien avec le dessinateur) une certaine audace des plans, des compositions et des perspectives. L'auteur se fait plaisir et ça se sent, c'est fluide et dynamique, avec une touche de fantaisie dans les représentations. Je suis admiratif de ce dessinateur !

En somme, une réussite pour ma part ! Vivement la suite.
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Une lecture très surprenante, un peu dérangeante par moments mais quand même plus soft que ce à quoi je m'attendais en lisant le résumé.
Le dessin est incroyable, très évanescent et doux, comme pour contraster la rudesse des actes et des propos tenus dans l'album. J'ai beaucoup adhéré à cet univers original.
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Je n'ai ps accroché : cela n'est pas mon univers.
De plus, le scénario n'est pas clair, car on ne sait pas quel est l'avenir de Jude : le bel étalon se laisse manipuler, mais sans vraiment savoir ce qui l'attend.

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critiques presse (2)
Sceneario
23 mars 2018
Ce premier opus est passionnant d'un bout à l'autre. On garde pas mal de questions sans réponses, mais c'est habilement amené et la suite devrait nous amener quelques réponses...
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDGest
27 février 2018
Alliant un certain classicisme du trait et des cadrages fortement influencés par les productions Comics, The Dream explore - sur fond de décadence et de rêve américain - le spleen de la jeunesse éternelle et entraîne le lecteur dans un road-movie satanique…
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Les voyages n'ont jamais tué les clichés, et des clichés, il y en avait en abondance dans ce quartier de Broadway. Mais il y avait cette boîte, Girls in Love, qu'on m'avait indiquée, et qui, à première vue, semblait moins retenir l'attention des touristes, ce que l'on pouvait comprendre en apercevant la façade qui dégageait une atmosphère plus sobre, assez sombre. Impression corrigée dès que l'on entrait. L'ensemble était plutôt correct, dans le style des années 50. L'influence de Mad Men ? Possible. On y buvait sec en tout cas, et ce n'était pas donné.
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Dans les dossiers, j'avais un nouveau nom, une nouvelle rencontre, une possibilité ou un échec, des mensonges à assumer, un succès à proposer. Le vieux pacte de Faust, sans cesse remis au goût du jour. Dans un monde qui n'avait plus de saveur, si ce n'est celle de l'argent, un monde vulgaire qui nous convenait à tous.
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Je ne remercierais jamais assez mon père, buveur impénitent, de m'avoir initiée jeune à l'alcool. Il tenait bien la route, pas son foie. Il est mort au seuil de ses 70 ans. Ce qui me laisse du temps. Mon âge ? Je n'ai pas d'âge. J'ai oublié.
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Owen Di plaçait ses obsessions ailleurs. Le long des jambes de Sina Songh. Le long de son corps, de ses soupirs, de son regard qui saisissait tout. Le désir, les fantasmes d'Owen Di qui, jamais, ne possédera Sina Songh, la fille de Mr. Hue.
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Je permets à certaines personnes de participer au grand rêve américain. Celui que l'on voit défiler sur un écran. Permettant aux habitants de cette planète de fantasmer sur un produit accessible à tous.
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