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Critique de Levant


Levant
12 décembre 2017
En l'an de grâce 1777, la monarchie régnante en notre royaume de France ne présage pas du cataclysme qui l'attend au cours de la décade suivante. Dans cette insouciance, le roi est pourtant soucieux de préserver le fondement de légitimité que s'est bâtie sa lignée depuis Hugues Capet, à grand renfort de recours à la bénédiction divine. Aussi, lorsque lui parvient la nouvelle qu'auraient été trouvés dans quelque souterrain de la colline lyonnaise de la Croix Rousse des écrits de nature à remettre en question non seulement la tradition orale de la civilisation celte mais surtout la primauté de sa dynastie d'origine franque, le roi s'empresse de dépêcher ses limiers entre Saône et Rhône, armés d'une lettre de cachet, pour couper court à toute menace de remise en question de sa légitimité. L'inventeur du trésor culturel, le jeune avocat Antoine Fabert, est alors pourchassé.

Ancré dans une page d'histoire dont Eric Marchal délimite avec précision, en fin d'ouvrage, la part de l'imaginaire de l'avéré historique, se développent tout au long de ce pavé de 900 pages les péripéties d'un thriller historico-politique séduisant dont l'un des intérêts, non le moindre, est de donner la vedette à l'ancienne capitale des Gaules, à ses traditions, ses personnages et quartiers historiques. A cette lecture, plus disciple d'Épicure que de Jules Michelet que je suis, l'île Barbe sur la Saône s'est rappelée à mon souvenir de lyonnais de naissance autrement que pour son auberge étoilée au Guide Michelin, puisqu'une composante essentielle de l'intrigue tient lieu dans ce qui y est pressenti comme le refuge des Celtes traqués lors de la conquête de la Gaule par les légions romaines.

Tout en me défendant de pécher par chauvinisme dans ma perception de cet ouvrage j'avoue volontiers avoir apprécié la composition des caractères, le rôle plausible et à peine surjoué qui leur est attribué, l'ancrage historique des faits et le suspens entretenu, non quant à l'épilogue historique qui ne fait pas débat, mais quant au sort des protagonistes. Un prétexte nous est également offert de nous replonger dans le siècle de l'Encyclopédie des grands D Alembert et Diderot. L'inscription de la découverte dans les pages de ce symbole éditorial du siècle des lumières est présentée comme le seul moyen d'officialiser, d'avaliser l'événement et déstabiliser ainsi le régime en place.

L'amour s'invite dans cette intrigue historique, à la juste place qu'il a dans la vie. Amour simple et vrai d'une femme qui s'inquiète de voir son amant s'entêter à risquer sa vie pour restaurer une vérité historique. Dilemme de la petite histoire qui se confronte à la grande pour rendre justice aux humbles.

Ce roman est une belle et passionnante immersion dans un siècle et dans une ville où la civilisation gallo-romaine a laissé de beaux vestiges. Eric Marchal s'est plu à tenter de redorer le blason d'une civilisation silencieuse face à l'histoire dans son effacement. Avec en arrière plan l'interrogation sur le fondement de la légitimité d'une dynastie.

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