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EAN : 9782266230872
936 pages
Pocket (16/05/2013)
4/5   703 notes
Résumé :
À l'aube du XVIIIe siècle, un des plus petits États d'Europe, le duché de Lorraine, se relève de l'occupation française, dans l'espoir de connaître une génération de paix. Nicolas Déruet est chirurgien ambulant. Emprisonné à la suite d'une opération durant laquelle le patient est décédé, il est obligé de s'exiler dans les armées de la coalition en guerre contre les Turcs. De retour à Nancy, il développera son art à l'hôpital Saint-Charles et n'aura de cesse de laver... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (115) Voir plus Ajouter une critique
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sur 703 notes
Quoi de mieux en lecture de vacances qu'un bon roman historique, vivant et fort bien documenté!

Il fut un temps où transiter entre Nancy et Budapest prenait, au pas des chevaux, 25 jours de voyage. Ce temps devait paraitre fort long et les reins bien moulus!

Engagé non volontaire dans les armées du Duc de Lorraine , Nicolas Déruet va exercer son art de chirurgien dans les combats des guerres opposant les forces de coalition du Saint Empire et de la France de Louis XIV, puis dans la paix retrouvée du Duché de Lorraine.

Dans les pas de ce sympathique héros, c'est une reconstitution historique minutieuse qui entraine le lecteur, dans le travail des gens du peuple et dans les événements du siècle. Mêlant des personnalités ayant existé et des personnages de fiction, les destins individuels se fondent en douceur dans les années mouvementés de la Lorraine, si mal placée entre deux grandes puissantes, au tournant du 18ème siècle.

La lecture est aisée, les détails fourmillent sur les us et coutumes de l'époque. L'action ronronne quelque peu mais l'ensemble reste agréable et vivant. Ceux qui aiment les histoires à secrets, les grands sentiments et les amours contrariés seront gâtés. Heureusement, Eric Marchal reste mesuré dans le domaine "guimauve"et offre en revanche une documentation de qualité, sur le plan social et politique.

Un livre d'aventures très réaliste sur les tables d'opérations et de dissections, pour la science pionnière des chirurgiens barbiers.
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Je sors un peu étourdie de ce pavé, la tête pleine de connaissances diverses sur la période qui couvre les vingt dernières années du règne de Louis XIV. Certains ont pu écrire que le sujet était essentiellement la chirurgie à cette époque, or je considère qu'il s'agit du sujet dominant puisque notre héros, Nicolas déruet est un chirurgien compétent pour l'époque, mais le romancier ne se contente pas de relater des interventions, des soins et de décrire les traitements utilisés à l'époque, il alimente son récit d'intrigues, de discussions entre la couronne de France et le duché de Lorraine, de manoeuvres politiques de la part du roi Soleil, comme de Léopold, duc de Lorraine qui se bat pour maintenir l'indépendance de son duché, la Lorraine n'étant pas française à l'époque.

Concernant la médecine, j'ai beaucoup appris, moi qui considérais les médecins de l'époque, ceux dont Molière se moque ouvertement, comme des charlatans, souvent à juste titre. Or il y avait deux sortes de soignants : ceux de « l'Académie » qui n'intervenaient pas chirurgicalement, le rôle de chirurgien étant rabaissé au rang de barbier, bons pour le petit peuple, formés comme on dirait aujourd'hui sur le tas, et les chirurgiens ambulants ou oeuvrant dans des maisons de soin souvent dirigées par les religieuses. Les médecins officiels qui avaient une formation pratiquaient les saignées autant que faire se peut, ce n'est pas nouveau, et ne possédaient pas les connaissances d'un chirurgien comme Nicolas Deruet qui timidement, affirme au début du roman que le sang circule dans les veines, sans trop insister pour ne pas froisser les éminents médecins du royaume. Il faut dire de Maître Deruet a de la pratique : chirurgie de toute sorte, accouchements, quelques années sur les champs de bataille de Hongrie,
autopsies …
Il a fallu avoir parfois le coeur bien accroché pour lire les descriptions d'opérations exposées par l'auteur.

Mais Eric Marchal ne se contente pas de la médecine, ça fricote dans le roman! Nicolas Deruet oscille entre deux amours : Marianne, sage-femme de son état et Rosa, veuve du Marquis de Cornelli, faisant partie de la suite du duché. Cette situation générera bien des intrigues et des situations délicates qui entretiennent un suspense relatif.

Je me demande si ce roman avait besoin de ses neuf cents pages ! beaucoup de dilution, de digressions au cours desquelles de nouveaux personnages surviennent, ce qui rend le récit quelque peu lassant. J'ai terminé en ayant vraiment hâte de lire la dernière page. Rien de grandiose dans cette histoire. La première moitié se laisse lire aisément, la deuxième devient parfois très fatigante.

Je suis étonnée qu'un roman si documenté commette des erreurs quant aux relations sociales : l'auteur ne prévoit pas que des amours entre une personne de la haute société et un chirurgien ambulant puissent se réaliser sans obstacles, qu'un bohémien ait ses entrées au duché, que les amis de Nicolas Deruet deviennent les amis de la marquise sans que l'entourage ne s'offusque... et l'étiquette que diable!

La vie décrite ne semble pas si dure : le duc pardonne aisément, même quand on essaie d'attenter à sa vie, engage des paris sur les relations amoureuses de Deruet, les amis du chirurgien, chirurgiens eux-mêmes, font figure de joyeux fêtards, le vin coule à profusion, on fait la fête, on souffre parfois, mais on guérit souvent. Diable, à en croire l'écrivain, il faisait bon vivre sous le règne du roi Soleil !
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Lu dans le cadre de l'opération masse critique.
Je me souviens l'avoir sélectionné en pensant "il a l'air bien" mais en réalité il est bien plus que ça!! En effet, je l'ai adoré.
Tout d'abord, l'auteur a su doser le juste milieu d'éléments historiques pour nous transporter a la fin du XVIIe au début du XVIIIe siècle. Il explique a merveille la pratique de la médecine, de la chirurgie et des accouchements a cette époque (et toutes les découvertes qui viennent d'être faite ou qui ne sont pas encore en pratique a ce moment de l'histoire).
Mais en plus de ce travail documentaire, il se cache dans ce livre un véritable roman qui combine a merveille le suspense et les rebondissements. Eric Marchal ne laisse en effet aucun moment de répit a ses lecteurs et j'ai été prise dans le tourbillon de l'intrigue. Enfin les personnages sont attachants et se révèlent tout au long du roman, méfiez vous les apparences sont trompeuses......
Ce roman est pour moi une très belle découverte que je recommande vivement.
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920 pages d'une lecture instructive et passionnante.
J'ai lu Éric Marchal pour la première fois, il s'agit d'un auteur Lorrain, passionné d'histoire et son livre le prouve.
Nicolas Déruet est le personnage principal de ce récit, il est chirurgien ambulant. En janvier 1694, il rentre à Nancy, où il avait fait son apprentissage chez François. Sur son chemin, il rencontre Marianne, accoucheuse et Rosa, que son oncle conduit à Nancy pour la marier (contre son gré) au Marquis de Cornelli. Ces deux femmes vont marquer fortement la vie de Nicolas.
A son arrivée à Nancy, Nicolas se rend chez François et lui demande de l'héberger, en échange, il le secondera gratuitement. Malheureusement l'un des patients succombe et Nicolas est accusé, à tort, de ce décès. Il est enfermé à la prison de la Porte de la Craffe et pour se sortir de sa captivité, il se rend en Hongrie où la guerre qui oppose l'Empire ottoman au Saint-Empire romain germanique auquel la Lorraine (qui est séparée de la France).
Il rejoint les hôpitaux militaires de fortune et exerce avec beaucoup de professionnalisme son métier de chirurgien.
A son retour en France, il est reconnu par le Duc de Lorraine Léopold et reprend son activité à l'hôpital St Charles à Nancy.
Je ne vous ai parlé que d'une infime partie de ce livre, très dense et riche en événements. Ce fut une lecture très agréable pour moi. Ce livre est à la fois tourné vers l'histoire de la Lorraine au temps du Duc Léopold, mais on y découvre aussi l'exercice de la chirurgie à une époque où les praticiens avaient appris « sur le tas » l'issue des opérations était risquée pour les patients, l'anesthésie n'existait pas. C'est aussi une histoire d'amitié et de complicité entre François, Nicolas et Azlan (jeune gitan rencontré en Hongrie et qui s'est formé au métier de chirurgien).
Et bien sûr, pour compléter le roman, il y a l'amour tout d'abord avec Marianne, mais aussi et surtout avec Rosa.
La belle écriture d'Éric Marchal m'a éblouie, le mot n'est pas trop fort, non seulement elle se lit facilement tant elle est fluide mais aussi, très riche, elle mêle la réalité à la fiction avec beaucoup d'adresse. Ce livre est une pépite, je dirais plutôt un lingot !
J'ai aussi été impressionnée par la bibliographie qui a servi à la rédaction de ce récit. L'auteur a fourni un travail de recherche considérable et c'est une réussite.
J'ai aussi la chance de connaître Nancy ce qui m'a permis d'imaginer les endroits où se déroulent les événements, certains endroits ayant encore le même nom qu'à l'époque.
Bravo et merci pour ce bon moment passé avec Nicolas et tous les autres.
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Je vais donc essayer de faire passer mon ressenti en lisant ce livre.

Le soleil sous la soie, possède d'abord une bien jolie couverture très agréable au toucher et dont l'allure sombre au titre exotique laisse, par la suite, rêveur. Dans l'ensemble, ce roman ce révèle intéressant sur certains points et très décevant sur d'autres.
L'un des points qui m'a le plus passionné, car méconnu pour moi, c'est l'histoire du duché de Lorraine face à son voisin la France. J'imagine que l'auteur c'est documenté aussi bien sur les étapes militaires, que sur les différents protagonistes qui entourent le duc. J'avoue avoir été perdue parfois –une habitude chez moi- entre les noms de certains éminents personnages, leurs grades et leurs fonctions auprès du duc dans un premier temps.
L'autre point intéressant est la chirurgie bien entendue. C'est de voir à travers Nicolas Déruet, l'état de cette discipline à cette époque, les conditions parfois précaires, qui aujourd'hui nous paraissent archaïque, ajouter aux remèdes de grand-mères. Sans oublier les expériences et découvertes plusieurs fois montrées à travers les diverses lectures des personnages qui montrent aussi l'ancienneté et les progrès qu'il nous restait (et nous reste) encore à faire. Encore plus lorsque l'on voit Marianne Pajot, accoucheuse de son état, sorte de pendant féminin de Nicolas qui nous montre un autre aspect de ce que les femmes pouvaient endurer.
La fameuse rivalité médecin/chirurgien est finalement minime dans l'histoire, bien qu'elle soit l'élément déclencheur du départ de Nicolas sur le front.

J'avoue avoir été déçue, mais cela n'est imputable qu'à moi même à cause de mes attentes, parce que je n'ai pas trouvé dans ce roman un aspect plus cru et sombre. Cependant, on remerciera l'auteur de nous épargner un aspect trop documentaire, objectif et sans âme, pour une version plus romancée.

Pourtant, certains passages ont été pénible à lire, non par leurs contenus mais bien à cause de leurs personnages ce qui pour moi est l'un des gros point noir du livre :
Le plus gros étant Rosa de Cornelli.
Il y a parfois dans les romans des personnages exécrables que l'on adore détester et d'autres qui vous gâchent une lecture, Rosa fait partie de la seconde catégorie. Jamais vu personnage plus égoïste, au comportement puéril. C'est simple, elle n'évolue pas du début à la fin du roman, sa seule ligne de défense face aux problèmes est de pleurnicher et de se faire plaindre des autres. Son désir de liberté, ainsi que de vouloir fuir avec Nicolas (parfait inconnu à ce moment là), dans les premières pages du livre prête à sourire, et l'on le met facilement sur le compte de la jeunesse. Seulement, avoir le même raisonnement des années plus tard, c'est simplement ridicule, parce qu'elle semble parfaitement incapable de vivre sans son petit univers lotie dans de la soie. Toute les manigances qu'elle met en oeuvre pour s'accaparer un homme qu'elle n'a vu qu'une fois il y a plusieurs années… c'est à la fois incompréhensible, par son manque de réalisme, et rajoute une couche au comportement futile du personnage.

Rosa a aussi le pouvoir de rendre fade tout les personnages qu'elle touche :
Nicolas d'abord, leurs atermoiements amoureux sont dégoulinant de niaiserie dans les moments où ils sont ensemble au point de vous donner envie de sauter des pages.
Azlan ensuite, personnage que j'ai particulièrement apprécier. du petit tzigane sur les champs de batailles, au jeune homme plein d'enthousiasme pour la chirurgie, elle vous le transforme en coquet à froufrou qui préfère le jeu de paume. le pire restant, après la rupture de Nicolas et Rosa, que cette dernière le ralliera à sa cause en laissant pourrir la situation. Ce passage fût d'ailleurs d'une grande pénibilité pour moi : Rosa est la fautive de la situation en se retrouvant le nez dans son propre caca, dans un juste retour de bâton, mais au final c'est Nicolas qui paie les pots cassés en passant pour le grand méchant. Un comble.
Je préfère donc largement un personnage comme Marianne Pajot : beaucoup plus forte psychologiquement (il en faut avec son métier), plus indépendante et débrouillarde mais ayant tout de même des faiblesses ainsi qu'une part d'ombre.
L'autre personnage qui malheureusement perd des points sympathie en cours de route est Nicolas. Homme au départ humble, passionné par son métier et sans réel attache, il devient au fur et à mesure un peu trop droit, intègre…un peu trop propre et lisse en somme en finissant de s'empâter dans la ville. de même que le schéma narratif mit en place par l'auteur ne lui donne pas gain de cause. Chaque fois qu'un problème –non chirurgicale- se pose, il fait appel au duc. Certes cela sert d'avoir des amis haut placés mais utiliser la carte « duc » à tout bout de champ donne l'impression que le personnage ne sait rien faire par lui même. de plus, le fait d'avoir fréquenté Rosa finit par déteindre sur lui. Ses réactions deviennent peu compréhensible, comme la fois où il apprend que Rosa à manigancer pour le faire croire mort à Marianne. Cela lui semble normal et pardonnable car fait par amour, par contre ne pas avoir voulu donner un centime ni reconnaître un enfant illégitime, c'est inacceptable. Alors que de mon point de vue, faire croire à un être cher votre mort pour s'accaparer votre attention et baser ainsi toute une relation sur un mensonge, me semble quand même plus grave. Ce cher Nicolas reviendra finalement la queue entre les jambes vers Rosa une fois Marianne partie, achevant de faire sombrer ce qui restait de bien dans le personnage.

Au final l'auteur se focalise sur une poignée de protagonistes, au détriment des autres. A plusieurs reprises, des personnages apparaissent pour disparaître peu de temps après alors qu'il aurait été intéressant de les développer. En général je prends plaisir à retrouver des personnages apparu un peu plus tôt dans le récit. Malheureusement dans le roman de Eric Marchal, l'apparition n'est que de courte durée puisqu'il s'agit de les faire mourir, pour la plupart, quelques lignes plus loin sans que cela apporte grand chose à l'histoire. Si bien que l'on peut se demander quelle importance ils ont pour le récit…
L'auteur semble passer son temps à développer des pistes d'histoire dans l'histoire sans que jamais cela n'aboutisse ou alors finit en queue de poisson. le plus frustrant restera Ribes de Jouan. Son apparition donne un nouveau souffle au récit, en lui rajoutant un peu de mysticisme alchimique au passage, pour nous planter là, alors que ce cher Germain semblait avoir eu un éclair de génie sur le plus grand secret de tout les temps. Cette pirouette scénaristique malheureusement ne prend pas, car déjà vue et mal mise en scène ici par un auteur en manque d'idée.
En parlant de scènes, je me suis interrogée à plusieurs reprises sur l'intérêt de certaines tellement elles semblaient hors contexte.
Parce qu'au fond il n'y a pas vraiment d'histoire. Passer les deux cent premières pages et le retour de Nicolas de la guerre, on pourrait croire que celui ci va passer le reste du roman à laver son honneur… il n'en est rien. L'honneur est rapidement lavé et la vie paisible de Nicolas se poursuit dans un aspect tranche de vie, ponctué de cas chirurgicaux et de petites histoires avec comme trame (et seul fil rouge ?) l'histoire de la Lorraine.


Je préfère m'en tenir là, tellement il y a de choses à dire en détails. Si j'ai l'air de démolir ce roman il n'en est rien. Il reste une lecture plaisante et facile, au fond intéressant mais dont les formes restent encore à soigner.
Lien : http://outsitoutsi.over-blog..
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critiques presse (1)
LeFigaro
23 septembre 2011
Dans un style simple et évocateur, Marchal nous conte, à la façon d'un Ken Follett - avec un souci du détail comparable mais aussi parfois les mêmes longueurs -, les aventures de Nicolas Déruet, chirurgien barbier itinérant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Ce n’est pas un secret, je rentre dans la catégorie des acheteurs compulsifs de livres, ce qui fait que les raisons de la présence de tel ou tel ouvrage dans ma bibliothèque sont souvent aléatoires. C'est on ne peut plus vrai pour Le soleil sous la soie. Un petit tour sur le site web de la librairie d’occasion que je visite parfois (enfin, euh... régulièrement... bon d'accord, très souvent...), il est là. Je me souviens d’en avoir vaguement entendu parler, le prix est attractif, je clique, et il intègre ma PAL. Cette même PAL qui siège sur mes étagères (et qui a toujours la fâcheuse tendance à croître, croître, croître sans que je sache vraiment pourquoi, c'est un véritable mystère cette PAL, je vous le dis!) et dans laquelle je plonge régulièrement, juste pour le plaisir de laisser courir mes doigts sur les couvertures. Ils se sont arrêtés sur ce roman. Et je n’ai aucun regret…

Je suis partie en voyage avec Nicolas Déruet et l’ai accompagné sur les chemins de Nancy et jusqu'aux tranchées hongroises. Porté par une écriture très élégante, et aux accents de l’époque (qui m’ont déstabilisée pendant les premières pages pour finalement m’envelopper), ce roman m’a littéralement fait remonter le temps. Le XVIIIe siècle est sur le seuil de la porte, avec lui ses conflits, politiques d'abord –le duché de Lorraine et la France notamment-, sociaux ensuite –l’insertion dans le récit de l’intégration des Roms est d’une habilité déconcertante-, mais également professionnels. La médecine est divisée. Plutôt que de s’imbriquer comme les pièces d’un puzzle et ainsi se compléter, ses différentes branches s’affrontent dans une lutte parfois déloyale.

En plus de s'être livré à une remarquable reconstruction historique (les cas de médecine que rencontre Nicolas sont d'une précision incroyable), Eric Marchal a su créer une intrigue sans vrais temps morts, pimentée d’histoires d’amour et d’amitié qui sont autant de reflets de l'évolution de nos personnages. Marianne? Rosa? Finalement la question n'est pas là. Tout n'est qu'une question de moment. De qui on est. De qui on devient. De ce que l'on veut être. J'ai suivi avec passion le parcours de Nicolas, cet homme en prise avec son époque.

Je me suis surprise à tourner les pages, à lire attentivement les cas de médecine et je me suis immergée pleinement dans ce récit, peinant à sortir de mon apnée pour reprendre mon souffle. Cela faisait très longtemps qu’un roman historique ne m’avait pas captivée autant.

Et comme d’habitude, un lourd dilemme m’adresse un sourire narquois : je n’ai plus de romans dans cette veine dans ma PAL… Elle est encore trop petite…
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Depuis que je suis rentré dans cette guerre, j'ai plus dialogué avec les morts qu'avec les vivants, Nicolas. Des types, j'en ai ouvert des centaines et des centaines. Des Turcs aussi, qu'on essayait de sauver après les avoir grêlés de plomb, des mamelouks, des yayas, des spahis. Une fois passé la peau, on a tous la même couleur à l'intérieur. Rien ne change. Et je n'ai même pas rencontré âme qui vive dans une dépouille. Juste l'odeur de la mort. Cette odeur, elle est sur moi, elle ne me quitte plus. Et crois-moi, ce n'est pas le parfum de Dieu...Je doute mon ami, je doute d'une autre vie que celle qui nous anime ici. Et cela me fait parfois peur.
Nicolas posa ses instruments de chirurgie et s'assit à côté de lui.
- J'ai les mêmes doutes. Mais nous sommes les seuls à voir l'être humain pour ce qu'il est, à essayer de comprendre les mécanismes qui le constituent, comment la vie coule en lui. Le clergé se méfie de nous afin de protéger son Dieu, les médecins se méfient afin de protéger leur institution, tous tentent de nous contrôler de peur que nous percions les ultimes secrets de l'homme. C'est le prix de notre passion.
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Un bon roman historique qui se lit avec beaucoup de plaisir et d'intérêt. Malgrè ses 900 pages, l'attention ne faiblit pas grâce à une narration et une construction bien faite. Les personnages principaux sont attachants et suffisamment complexes pour permettre au lecteur de s'accrocher à l'histoire. La comparaison au Ken Follett des "Piliers de la terre" n'est pas usurpée.
La partie médicale est de mon point de vue assez remarquable. Elle nous fait plonger, corps et âme (!), dans la situation historique de la chirurgie à la fin du 17ème siècle.
Bref, il y en a pour tous les goûts, roman , histoire des sciences, et histoire tout court.
Personnellement je l'ai préféré à son roman "la part de l'aube" sur le 18ème siècle Lyonnais, très intéressant sur le plan de l'histoire des idées et de la ville, mais un peu faible sur son support romanesque.
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La Lorraine n'avait pas fière allure en cette fin de siècle, martyrisée par trente ans de guerre et d'occupation française, avec un clan ducal exilé en Autriche, en campagne ouverte contre Louis XIV. Abandonnés à leur sort, les habitants payaient un lourd tribut au conflit, par l'enrôlement des leurs dans la milice et les impôts levés dans tous les bailliages pour l'entretien des troupes.
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Le cœur est un soleil, avait écrit Nicolas. Elle lui avait demandé un jour quand elle pourrait voir ce soleil sous la soie, elle qui n'avait jamais assisté à une autopsie et était curieuse de connaitre l'anatomie de cet organe autrement que dans les planches de traités. Ils n'avaient pas eu le temps de le faire, mais il avait trouvé l'image élégante et y pensait depuis chaque fois qu'il ouvrait une peau d'un trait de scalpel.
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