Les Palestiniens, autrement dit, les gens originaires de Palestine comme le définiraient les dictionnaires, persistent à croire que la Palestine est leur patrie... Dans la longue conquête du droit à vivre sur le sol de leurs ancêtres, droit qui leur est aujourd'hui très largement reconnu de par le monde, la poésie a fait office, durant longtemps, de ce qu'elle est: une arme pacifique. Mahmoud Derwich, célèbre poète palestinien, a publié plusieurs recueils pour redire sans cesse et à chaque page l'espoir ininterrompu des siens et la violente douleur de la spoliation. Un de ses poèmes,
au début de l'Intifada, inspiré par ces enfants qui font guerre de toute pierre, a provoqué un courroux dont la fougue même montrait l'artificialité chez la classe dirigeante israélienne. Celle-ci avait saisi l'occasion de ce poème pour qualifier son auteur de «poète terroriste», «porte-parole des assassins», etc. La raison? Ces vers: Il est temps que vous partiez Que vous mouriez où bon vous semble Mais ne mourez pas parmi nous (...) Ce livre est un recueil de textes écrits, à la suite de cette affaire, par le poète palestinien et trois de ses amis juifs israéliens:Mahmoud Derwich, un poète pacifiste a été taxé de « poète terroriste » pour avoir renié une politique d'apartheid...
Une évidence: la guerre des «colombes» et des «faucons» paraît être très longue. C'est une guerre du bien et du mal... autrement dit «des passions et des principes».
L'homme de demain aura, dans sa nostalgie, bien récoltée dans sa mémoire tous les dépassements de ceux qui prétendent être les maîtres du monde et le peuple élu de Dieu.
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Parmi les femmes, vous évoquez constamment Rita, et nous l’évoquons aussi. Rita, dans vos poèmes, dont l’un est chanté : “Rita, tes yeux se perdent dans mon silence, et ton corps se charge d’été et de belle mort.” Rita qui s’enfuit, rien ne vous éprouve la nuit autant que son silence lorsqu’il s’étend devant la maison, comme la rue, comme le vieux quartier. Qui est Rita, balayée par la ville avec les autres chanteurs et dont l’image continue de vous hanter trente ans plus tard, un épi à la main ? Épi resté toute une vie enfermé dans un courrier venu d’un automne lointain5.
– Rita n’est pas le prénom d’une femme en particulier. C’est le nom poétique que je donne à l’amour en temps de guerre. C’est le nom donné à l’étreinte de deux corps dans une chambre encerclée par les armes. C’est le désir engendré par la peur, par l’isolement. Une lutte pour la survie entre deux corps, dans un monde où, hors de l’étreinte, ils se combattraient l’un l’autre.
Depuis vingt-cinq ans, l’hiver réveille en moi l’endroit même de cette douleur, là où le serpent m’a piqué. Non, ce n’était pas tant de l’amour qu’un événement, un paradoxe, un test de l’humanité du corps dans son affranchissement de la conscience.
Comme si elle, comme si son prénom, chantait après le hennissement, ce silence lointain, tellement lointain, qui ramène chacun de nous vers son propre exil qui ne voisine pas avec celui de l’autre. Ce prénom chantait dans une langue dont je ne comprenais que notre exil et la dissipation de l’ombre dans la nuit. Mais nous prétendons être les propriétaires du même lys.
Ce désir-là ne pouvait s’éteindre progressivement. Il fallait qu’il s’embrase et qu’il nous embrase. À l’aube, les éboueurs devaient balayer à la fois l’événement et son chanteur.
Non pas que les contes de Shéhérazade se soient épuisés, mais plutôt parce qu’ils ne font que commencer. Et qu’un corps à la portée des fusils ne peut longtemps usurper un autre corps. Mais, qui est Rita ? Je la chercherai dans mon corps une fois de plus et, qui sait, un poème pourrait un jour peut-être la retrouver !