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Critique de ODP31


ODP31
02 février 2021
Ding. Coups impatients sur la sonnette de réception de l'hôtel. J'ai toujours rêvé de faire cela. le Pas d'étoile est complet selon le proprio. Il s'appelle Jésus et ses 13 chambres sont occupées par ses drôles d'apôtres. Messie si, mais pas au sens biblique du terme. Ce Jésus a déposé ses espérances au clou. Il ne prêche que son velours des Carpates, cocktail maison pour carapatés. Dans son antre, il recueille plus qu'il n'accueille, les éclopés de la vie, des ex quelque chose ou des futurs rien du tout. Comme la plupart sont fauchés, les résidents participent à l'entretien quotidien de l'hôtel et à son ravitaillement. Pas lasse la clientèle pas très classe.
Nous sommes dans les années 70 et ce refuge abrite en pension complète un chanteur has been, un catcheur un peu trop secoué, une photographe qui déchiffre l'écume des vagues, un vieux résistant oublié dans le grenier, une vendeuse d'encyclopédies, un couple de voleurs inséparables, quelques autres bras cassés, jambes foulées, cerveaux embrumés et surtout Jolène. Jolène, c'est pas n'importe qui parmi les n'importe qui, une invisible qui se révolte, une caissière qui n'accepte plus d'être rabaissée à un prénom sur un badge. Une meneuse qui s'ignore et qui doit son prénom à une chanson surannée de Dolly Parton.
Tout ce petit monde ne demande qu'à écouter de la musique et à survivre paisiblement dans l'anonymat des réprouvés. Mais l'impolitesse d'un employé du gaz et l'intolérance du voisinage va pousser l'hôtel à se transformer en Fort Alamo.
Il y a du Gérard Mordillat dans cette histoire mais Gilles Marchand fait dans la poésie, pas dans la satire militante. Il orchestre avec humour la révolte des timides, de ceux qui baissent toujours les yeux et n'ont même pas la considération de leur ombre. Les sans voix à l'hygiaphone.
Cette amicale de têtes de turcs, cette confrérie de ceux qui restent assis et regardent les autres danser, partage repas, soirées et solitudes. L'hôtel est aussi miteux qu'eux mais ils vont le défendre comme un sanctuaire.
Une belle galerie de portraits version polaroid pour cette cour des miracles dont l'hymne pourrait être l'unique succès du chanteur de la troupe, intitulé "les coeurs déchirés".

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