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sur 150 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
°°° rentrée littéraire 2020 # 29 °°°

Voilà un roman qui réchauffe les coeurs, une ode à l'amitié, à la solidarité et à l'idéalisme. Je découvre Gilles Marchand et c'est évident qu'il possède un vrai univers littéraire entre fantaisie, humour, engagement politique, poésie et rock'n roll.

A travers cette histoire de résistance collective, Requiem pour une apache dresse le portrait des invisibles Tous les personnages sont des éclopés de la vie, des laissés-pour-compte qui ont posé leur valise dans un hôtel-pension devenue autant une famille qu'un refuge pour se faire oublier, peinards, de la société ... jusqu'à ce que le monde extérieur ne leur foute plus la paix.

Et ils sont tous terriblement touchants et attachants, ces éclopés : le couple d'ex-taulards qui ne peut s'empêcher de voler quelques fourchettes à l'hôtelier qui les remet gentiment à leur place ; l'ancien catcheur bon gros géant qui en a pris tellement la figure que son cerveau tourne au ralenti ; l'escroc notoire qui a voulu amener la mer à Paris lorsqu'il était promoteur immobilier ; la vendeuse qui espère sauver le monde en vendant des encyclopédies ; le narrateur, ex-star du rock devenu ringard ridicule ; et l'Apache du titre surnommée Jolène ( comme la chanson de Dolly Parton ) caissière au bord de la crise de nerf parce qu'elle refuse d'afficher son prénom sur un badge alors que le patron est un Monsieur, lui, et que dans son prénom à elle, chaque lettre dise sa classe sociale.

Gilles Marchand réussit la gageure de les faire tous vivre. Et vivre, c'est ce qu'ils veulent. Exister surtout. Et lorsque Jolène sonne l'heure de la révolte, ils la suivent comme une revendication de dignité. Comme dans une tragédie grecque aussi. le titre et le premier chapitre ne laisse aucune place à une issue autre que celle que l'on pressent.

«  Nous n'étions rien et nous devenions quelque chose. Des gens pour qui les étoiles brillent. Quand on connaît la puissance d'une étoile, c'est assez impressionnant.

Toutes proportions gardées, il y a un souffle à la Vernon Subutex ( de Virginie Despentes ) dans ce drame quasi romantique centré sur une révolte idéaliste contre la laideur du monde et de ses laquais. Même si dans sa deuxième moitié, quelques répétitions apparaissent, c'est la générosité et la fraicheur de cette fable politique engagée qu'on retient, tout comme le fait qu'elle ne tombe jamais dans du moralisme lourdaud. Ce coup de pied dans la fourmilière montre qu'il n'est pas nécessaire de vociférer pour dénoncer et faire réfléchir. le poing levé.
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Ding. Coups impatients sur la sonnette de réception de l'hôtel. J'ai toujours rêvé de faire cela. le Pas d'étoile est complet selon le proprio. Il s'appelle Jésus et ses 13 chambres sont occupées par ses drôles d'apôtres. Messie si, mais pas au sens biblique du terme. Ce Jésus a déposé ses espérances au clou. Il ne prêche que son velours des Carpates, cocktail maison pour carapatés. Dans son antre, il recueille plus qu'il n'accueille, les éclopés de la vie, des ex quelque chose ou des futurs rien du tout. Comme la plupart sont fauchés, les résidents participent à l'entretien quotidien de l'hôtel et à son ravitaillement. Pas lasse la clientèle pas très classe.
Nous sommes dans les années 70 et ce refuge abrite en pension complète un chanteur has been, un catcheur un peu trop secoué, une photographe qui déchiffre l'écume des vagues, un vieux résistant oublié dans le grenier, une vendeuse d'encyclopédies, un couple de voleurs inséparables, quelques autres bras cassés, jambes foulées, cerveaux embrumés et surtout Jolène. Jolène, c'est pas n'importe qui parmi les n'importe qui, une invisible qui se révolte, une caissière qui n'accepte plus d'être rabaissée à un prénom sur un badge. Une meneuse qui s'ignore et qui doit son prénom à une chanson surannée de Dolly Parton.
Tout ce petit monde ne demande qu'à écouter de la musique et à survivre paisiblement dans l'anonymat des réprouvés. Mais l'impolitesse d'un employé du gaz et l'intolérance du voisinage va pousser l'hôtel à se transformer en Fort Alamo.
Il y a du Gérard Mordillat dans cette histoire mais Gilles Marchand fait dans la poésie, pas dans la satire militante. Il orchestre avec humour la révolte des timides, de ceux qui baissent toujours les yeux et n'ont même pas la considération de leur ombre. Les sans voix à l'hygiaphone.
Cette amicale de têtes de turcs, cette confrérie de ceux qui restent assis et regardent les autres danser, partage repas, soirées et solitudes. L'hôtel est aussi miteux qu'eux mais ils vont le défendre comme un sanctuaire.
Une belle galerie de portraits version polaroid pour cette cour des miracles dont l'hymne pourrait être l'unique succès du chanteur de la troupe, intitulé "les coeurs déchirés".

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À l'hôtel des cabossés de la vie

Avec «Requiem pour une apache» Gilles Marchand confirme son grand talent en nous offrant une fable poétique et politique autour d'un hôtel menacé de fermeture et défendu par ses pensionnaires.

Fable poétique et politique, ce nouveau roman de Gilles Marchand vient confirmer la place à part qu'occupe le romancier dans le paysage de la littérature française contemporaine. Son écriture très originale, empreinte de poésie, d'humour et de fantaisie n'est pas sans rappeler Boris Vian. Une bouche sans personne et Un funambule sur le sable, ses deux premiers romans écrits en solo, ont en commun avec Requiem pour une apache de nous offrir toute une galerie de personnages auxquels on va très vite s'attacher, à commencer par Jolene.
Quand cette caissière de supermarché pousse la porte de l'hôtel tenu par Jésus, elle vient de perdre son travail, mais pas son énergie. Et si, dès le titre, le lecteur est prévenu que cette apache aura droit à un requiem, on aura droit d'abord à un joyeux combat mené par une troupe de cabossés de la vie riches d'une profonde humanité. Au pays des utopies il n'y a pas de vaine bataille!
Au cet de cet «établissement qui ne respirait pas le grand luxe», les clients ont établi des règles de vie commune proches d'une phalanstère et se retrouvent, par exemple, dans la grande salle «tous les soirs, été comme hiver, du lundi au dimanche». L'occasion de faire plus ample connaissance avec cette troupe hétéroclite.
Commençons par Wild Elo, le pseudonyme du narrateur qui avait connu son heure de gloire dans les années 1970. «Les gens débordaient d'amour et de drogue, on militait, on draguait et on chantait. Sur scène une véritable communion avec les spectateurs.» Mais désormais son public a déserté les salles et il est classé au rang des ringards, ce qui ne l'empêche pas de composer et de se produire dans la grande salle. Autour de lui, Marie-Claire, une représentante en encyclopédies qui continue à croire en sa mission alors qu'à l'heure d'internet plus personne ne semble vouloir s'encombrer de ces lourds volumes. Et que dire de ce couple passé par la case prison et qui rêve d'une gloire à la Bonnie et Clyde. Pour ce faire, ils ne cessent de raconter leurs exploits passés. Pour faire bonne mesure, on ajoutera un ancien catcheur. Antonin, Marcel, Joséphine et les autres vont se battre pour leur hôtel menacé de fermeture et leur dignité, tout en se livrant à de superbes digressions qui, avec un humour teinté de mélancolie, vont nous enrichir de dizaine d'histoires… Celle du contrôleur du service de gaz faisant figure de running gag. Mais n'en disons pas davantage!
Sur une bande son signée des Beatles, des Doors ou encore de Dolly Parton, Gilles Marchand réussit à faire rimer nostalgie et poésie, humanité et combativité, amitié et solidarité. Autrement dit, voilà le roman idéal en ces temps troublés.



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La lecture d'un roman de Gilles Marchand est un voyage dans un monde parallèle mais je ne suis pas inquiète. Après Une bouche sans personne, Un funambule sur le sable (romans) et Des mirages plein les poches (nouvelles),  je le retrouve avec ce poing levé sur fond sombre étoilé et je m'embarque au sein d'une communauté qui a tout de l'auberge espagnole pour les déshérités, les solitaires et les branquignoles de toutes espèces.

Ce poing levé c'est celui de Jolene, qui n'avait pourtant au démarrage rien d'une égérie, mais à force de trop, de pas assez, elle va devenir la tête pensante d'une révolte des mis à part qui ont trouvé refuge chez Jésus, leur sauveur, le tenancier de cette hôtel-pension-de-famille-refuge. Ici tout se paie en amitié, en entraide, suivant ses moyens, sans jugement sauf celui de la confiance.

Dans ce roman le réel et l'imaginaire se côtoient  : un couple de cambrioleurs, un architecte, une caissière, l'inventeur d'un bizarrotron (comment ne pas penser à Boris Vian....oui je sais on fait souvent la comparaison) et un ancien catcheur, en autres, cohabitent avec une odeur ou une cuvette pleine d'eau et chacun à sa place, son rôle à tenir, sans compter que parfois dans les greniers on retrouve celui que l'on avait oublié.

Quand on a un père qui est peintre de la Tour Eiffel, quand on ne supporte plus le monde qui vous entoure, qui ne nous voit plus, quand les règles deviennent trop lourdes, trop absurdes, il n'y a qu'un endroit pour reprendre goût à la vie, c'est auprès de Jésus, ce sauveur des âmes et des êtres. Mais chez lui, il y a des règles qu'il ne faut pas enfreindre et quand un employé du gaz y déroge, le quartier entre en ébullition et les barricades vont s'ériger.

Jolene, qui doit son prénom mais pas son physique à une chanson de Dolly Parton (voir ci-dessous), et sa joyeuse bande hétéroclite de révolutionnaires m'ont entraînée dans leur sillage, dans un univers fait de solidarité, de fraternité et de regards sur notre monde à travers un récit plein d'humanité

A chaque lecture c'est une parenthèse enchantée pour moi. Je n'attends rien, je me laisse bercer par les mots qui m'amènent des décors, des musiques, des visages. Il y a de la douceur, de la bienveillance mais aussi des soirées arrosées, des partages "Alors ta gueule"  comme dirait Nino, le père de Jolène, lisez et rêvez. Prenez l'histoire pour ce qu'elle est, acceptez l'univers qu'on vous propose, envolez-vous et oubliez notre monde pendant 400 pages pour en découvrir un autre. Un roman à la manière d'une fable et encore une fois, et plus particulièrement en ces temps troublés, que cela fait du bien.

"On pourra te confisquer ton argent, ta montre, ta maison, ton travail. Même ta virginité et ton honneur peuvent être volés. Personne ne pourra jamais te voler les livres que tu as déjà lus. C'est pour ça que l'on fait croire aux pauvres et au miséreux que la culture n'est pas faite pour eux : parce que l'on sait que s'ils parviennent à l'acquérir,  jamais on ne pourra la leur reprendre. (p362)"

Gilles Marchand est fidèle à son style et à ses personnages, n'hésitant pas à laisser des traces de ses précédents romans comme page 94 :

Parce qu'elle faisait partie de ces ombres qui rythmaient sa vie et qu'elle voulait en garder une trace, comme cet homme qu'elle avait aperçu quelques fois et dont elle n'avait jamais pu distinguer le visage camouflé par une grande écharpe. (Une bouche sans personne)

ou page 278 :

On ne se débarrasse pas si facilement d'un homme qui a des mirages plein les poches ... (Des mirages plein les poches)

Alors debout les damnés de la terre, croyez en vos rêves et visez les étoiles.
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Voilà un roman un tantinet déroutant, qui nous fait passer par pas mal d'émotions et par quelques moment surréalistes.
Il parle d'une pension qui a pour habitués des personnages très différents mais hauts en couleur et qui vont peu à peu, avec l'arrivée de Jolene, devenir malgré eux des portes paroles des "reclus/ parias" de la société.
C'est clairement original, parfois étrange comme récit ( je bloque encore sur le résistant du grenier ^^) mais avant tout c'est une formidable ode à la fraternité. Une belle aventure que vont vivre ensemble cette fine équipe de l'hôtel, des individus attendrissants et attachants dont on partage le quotidien. Il y a parfois quelques longueurs mais c'est un beau récit, fluide, qui interroge avec humour les problèmes de la société.
Pioche dans ma PAL novembre 2022
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Wild Elo, de son surnom d'artiste alors qu'il était encore sous les feux des projecteurs avant de terminer dans le creux de la vague après quelques albums, choisit de se retrancher dans un hôtel par lequel le propriétaire, Jésus, a fondé malgré lui, une communauté de laissés pour compte : Marcel, le catcheur en retraite forcée, qui n'a plus toute sa tête ; Pierre, l'architecte visionnaire qui s'est laissé dévorer par un projet démesuré qui lui a fait réaliser des transactions condamnables, et vite condamnées ; Bonnie and Clyde, couple d'anciens taulards qui veut avant tout, désormais, se faire discret ; Antonin, jeune homme perdu dans un monde pas fait pour lui, inventeur du Bizarrotron – pour n'en citer que quelques-uns, et laisser à chacun la possibilité de la découverte des autres. Quand il décide de prendre la plume, c'est pour raconter l'histoire d'une naissance, ou plutôt d'une renaissance, qui a eu lieu dans cet hôtel, celle de Jolène, une « apache » qui, un jour, a simplement décidé de dire « non » aux incivilités banales et quotidiennes faites à ceux pour qui le reste de la société ne considère pas que les égards soient un passage obligé pour que leur monde tourne rond. Par ce non, Jolène, qui avait au départ simplement choisi de venir boire quotidiennement un verre et d'écouter sur un juke-box la chanson de Dolly Parton qui lui vaut son surnom dans cet hôtel, va devenir une légende, et élargir, bien aussi malgré elle, la communauté originelle pour en faire le lieu de toutes les acceptations, de toutes les marges, jusqu'au drame finalement attendu…

Et c'est cette légende, comme n'importe quelle légende digne des plus grands héros de l'Histoire ou de la littérature, que Wild Elo s'évertue à nous conter : de la naissance de Jolène dans une famille qui va vaciller jusqu'à sombrer en raison de l'alcoolisme du père, jusqu'à son arrivée imprévue dans l'hôtel qui va la mener à la gloire, en passant par ses nombreuses expériences, professionnelles, personnelles… qui la mèneront plutôt vers la voie de la dévalorisation constante, l'artiste devenu ringard nous dresse un portrait riche, touchant, non dénué d'humour et de tendresse, d'un personnage qu'il admire, au même titre que tous ses compagnons de communauté, qu'il décrira de la même façon au fil du récit, de même qu'il se décrira aussi.

Passé et présent, réalisme et fantastique, références littéraires, culturelles et musicales ancrant le récit dans une atmosphère très rock, nous ramenant notamment dans les années 60 et 70, tout se mêle à merveille et donne lieu à un roman rafraîchissant, qui donne la parole d'une manière originale à ceux qui sont en marge : plutôt que de faire de cette marge une faiblesse et une fatalité, comme c'est le cas dans la majorité des oeuvres qui traitent de ce thème, le plus souvent via un regard sociologique assez sombre, Gilles Marchand en fait une force qui galvanise et transcende, via un regard au contraire bienveillant et lumineux, qui nous rend immédiatement tous ses personnages attachants – même si, finalement, le réalité du monde finira par rattraper cette étrange société créée sous l'impulsion de l'apache au destin détonnant.

Requiem pour une apache est donc un belle découverte, assez inattendue, que je ne regrette pas d'avoir faite, surtout en cette période de morosité ambiante.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Que c'est agréable de retrouver la plume de Gilles Marchand !
Ici un roman qui narre la vie d'un groupe d'hommes et de femmes exclut de différentes manières par la société et qui a trouvé refuge chez Jésus, patron de ce qu'on peut appeler un restaurant-hôtel.
Comme un conte, on suit le récit d'un chanteur déchu qui, par ses mots, racontent les siens et l'arrivée de Jolene dans leur groupe.
Ces gens qui sont moqués à longueur de journée : pas assez ci, trop cela (caissière, ex taulard, rêveur, ...) trouve un refuge ensemble et vont voir leur vie basculée par l'arrivée de Jolene et sa colère.
A lire, à faire lire. Tellement bien écrit. Mêlant tendresse, humour merveilleux et dureté, un régal de lecture.
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Roman décalé s'il en est, Requiem pour une apache raconte la révolte d'une bande de laissés pour compte, installés dans un hôtel parisien décrépi, sous l'influence d'une nouvelle venue qui n'en peut plus de se laisser marcher sur les pieds. de bagarres en barricades, ils deviennent les idoles de tous les moqués, oubliés, mal-aimés de la capitale, voyant ainsi leur petite vie paisible de pensionnaires chamboulée à jamais. Distillant quelques mésaventures fantasques dans son récit, Gilles Marchand nous offre un livre rafraichissant d'humanité et de sincérité, un brin loufoque mais aussi délicatement sérieux, dont les « petites gens » sont définitivement les plus grands héros.

Il nous rappelle, avec ce récit un peu fou, à notre part d'enfance, enfouie mais toujours bien présente au fond de nous, avec ses rêves et sa vision naïve du monde, qui croit encore que tout est possible et fait pour nous rendre heureux. Alors que chaque personnage semble avoir fait le deuil de ses propres rêves et semble s'accommoder de la réalité telle qu'elle est, Jolene leur permet de renouer avec leurs espoirs déçus, de retrouver la fougue qu'ils avaient laissée sur le pas de la porte et de raviver leur envie de se battre pour exister.

Sacré histoire que celle-ci ! Je salue l'imagination débordante de l'auteur d'avoir réussi à me faire adhérer à une intrigue aussi tirée par les cheveux – même si j'avoue que le coup de la liquéfaction m'a légèrement déstabilisée… Si cette histoire tient la route, c'est surtout grâce à cette galerie de personnages formidablement attachants, simples et atypiques à la fois, dont les confessions, restituées petit à petit par le narrateur avec force jeux de mots et réflexions décalées, nous atteignent en plein coeur.
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Coup de coeur de nombreux libraires, « Requiem pour une apache » est un roman jubilatoire. Ecrivain, nouvelliste et éditeur Gilles Marchand livre ici son quatrième roman. Dans la lignée de Boris Vian, Daniel Picouly, Virginie Despentes … il poursuit la tradition d'une littérature décalée, imaginative, et profondément humaniste. le titre illustre le récit improbable de Wild Elo, ancien chanteur de rock qui a connu un moment de gloire dans les années 70. Fatigué et ringard, il trouve refuge dans une pension, propriété de Jésus qui lui donne la chambre 12…Là, cohabitent des déclassés et laissés pour compte d'une société exclusive. Leurs parcours sont chaotiques, leurs personnalités constituent un bel échantillon de la diversité. Wild Elo narre l'arrivée de Jolène, une révoltée qui a refusé les humiliations subies à la caisse d'un super marché. Elle mène, avec efficacité, l'opposition au monde extérieur qui veut imposer contrôles et injonctions . le roman est émaillé de références à la poésie (de Maurice Carême, Maïakovski, Prévert, Aragon…), à la chanson (« Jolène » de Dolly Porton, Paul McCartney, les Beatles, Nino Ferrer, Christophe….). La pension se transforme en Fort Chabrol, épicentre d'une révolte sympathique et désespérée, miroir sociologique et politique d'une société normative. le style est alerte, empreint d'humour et de fantaisie. Les situations quotidiennes sont métamorphosées par des retournements cocasses et des dialogues décalés. Ce patchwork paraît virevolter au risque d'un zapping qui frise le trop plein. Mais au final, « Requiem pour une apache » porte un regard pétillant sur des sujets sensibles. A conseiller.
Merci à Babelio ( à l'Opération Masse Critique ) et aux éditions « Aux forges de Vulcain » et "Points" pour cette découverte.
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A la fin des années 70, dans un quartier résidentiel se tient un hôtel, une pension de famille pourrait-on dire voire une auberge espagnole.
Là vit une petite communauté d'une dizaine d'habitués tous un peu perchés avec chacun sa part d'ombre. Comme le narrateur, star déchue, ou Bonnie et Clyde, 2 ex taulards.
L'hôtel n'est plus aux normes mais chacun y a trouvé un refuge pour rester un peu à l'écart de la société qui les égratigne. le prix des chambres est fixé par le patron en fonction des revenus de chacun…
Alors qu'au début, l'hôtel accueillait des groupes de musiciens le soir, il ne reste plus qu'un juke-box aujourd'hui suite aux réclamations du comité des riverains.
Dans ce groupe organisé, qui vit à son propre rythme, va débarquer une femme à la recherche d'un café avec un juke-box qui va y choisir à chaque fois le même disque : « Jolene » de Dolly Parton. Elle en héritera son surnom.
Jolene est caissière dans une supérette de quartier. Elle a du mal à admettre de devoir porter un badge avec son seul prénom alors qu'il faut appeler son patron « Monsieur le Directeur » et les clients « Madame, Monsieur ». Elle finit donc par se rebeller et retire son badge, ce qui causera son licenciement. Elle aussi va trouver refuge au sein de l'hôtel.
Puis survient un employé du gaz qui entre pour le relevé du compteur sans dire bonjour. Cette impolitesse va faire réagir les pensionnaires qui vont le chasser sans ménagement.
Cette événement va faire boule de neige. S'en mêleront la police et le comité des riverains qui supporte mal ce joyeux bazar.
Avec le mot « requiem » dans le titre et la construction du texte dès le départ, on sait que tout cela se finira mal.
Même si certains points improbables sont dérangeants, ce roman est drôle et délicat, un brin mélancolique, poétique (Aragon, Maïakovski, ...), et musical (Les Beattles, Jim Morisson...). Un bon moment de lecture hors du temps
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