- Vous êtes belle, madame, vous êtes belle pour deux raisons, belle parce que vous êtes une femme et belle parce que vous avez aimé et parce que vous aimez encore. Vous portez cela sur votre visage comme un diadème.
Edouard abandonna la marquise à la recherche du comte dans cette cohue. Ce fut lui qui le trouva, allongé dans le grand lit de sa chambre royale, avec un cheval qui mangeait les roses de la comtesse sur une table de chevet.
Il y avait du crottin sur le grand tapis fin XVIIe et la pluie entrait par la fenêtre sans carreaux
C’était comme sur un champ de bataille, il ne servait à rien de gueuler « chargez » avant de savoir où et pourquoi ; même au polo un semblant de stratégie était nécessaire.
Edouard respirait cet air doux et parfumé de la Gironde à la fin de l’été, un peu d’orage, un peu de cette odeur de pins qui se mélangeait avec un relent discret d’iode, car l’océan n’était pas si loin. C’était le Sud, encore plus au sud que le Sud, car après tout on cueillait le raisin à peu près à la même hauteur que le coton, juste en face, de l’autre côté de l’océan, là où on avait envoyé pendant plusieurs siècles des touristes colorés qui n’avaient pas choisi cette destination.
Il n’était jamais à l’aise dans le beau monde ; il pensait que le beau monde n’était pas si beau que ça et que la laideur dans le confort, les beaux meubles et les beaux vêtements étaient comme les mauvaises odeurs corporelles que les grands parfums n’arrivent pas à masquer complètement.
Edouard se disait que pour entrer dans les ordres la foi n’était pas nécessaire, et que pour entrer dans l’aristocratie l’amour n’était pas indispensable.