Les problèmes, c’est comme les orages, ça finit toujours par passer.
Nos vies sont pleines d’orages imprévisibles.
Tellement d’eau a coulé sous nos ponts depuis le début de l’année. L’eau qui transforme, l’eau qui nettoie. L’eau qui emporte les petites peurs de l’enfance et fait gronder en nous de nouvelles terreurs. L’eau qui nous berce, l’eau qui nous blesse.
Le dernier parcours ne sera pas un grand droit, mais plutôt un cent mètres haies, avec des sauts à faire et des obstacles à enjamber sans reprendre son souffle.
Je prends toujours plein de précautions pour que ça n’arrive pas. Je ne fais pratiquement pas de câlins, je m’assure de n’être jamais seul avec un enfant… C’est débile, tous ces soupçons qui pèsent sur nous, les enseignants au primaire !
– Grilled cheese ! annonce-t-il.
Les enfants se précipitent aussitôt en hurlant leur bonheur.
Les merveilles de l’enfance. Se permettre autant de joie pour deux morceaux de pain et une tranche de fromage…
La vie est une succession de choix, une parade de priorités qui s’affrontent. Un canevas blanc qu’on remplit, qu’on efface, qu’on reconstruit.
C’est fou comme ne pas avoir le temps devient une notion relative. Quand on travaille à temps plein, on pense être les seuls à n’avoir le temps de rien. Pourtant, une fois à la maison, je me rends compte que je cours aussi après les minutes. J’ai meublé mon temps de choses qui me paraissent importantes et que je m’oblige à accomplir.
Plusieurs enfants doivent essayer nombre de molécules avant de trouver une pilule et un dosage qui leur conviennent. Certains ont des sautes d’humeur étranges, perdent l’appétit ou le sommeil. Lui semble épargné par tous les inconvénients. Il est différent, mais pas trop. On reconnaît son esprit vif, ses réponses franches et sa créativité. Seulement, il se contrôle tellement mieux.
Entre les contes, les cartes et les bricolages de Noël, les périodes de mathématiques paraissent presque une torture aux enfants, qui sentent le congé venir à plein nez. C’est la dernière semaine. Je consens à les laisser jouer davantage, mais il reste qu’ils sont quand même là pour apprendre ! On fait des régularités avec les guirlandes de Noël, on mesure le sapin de la classe, on compte les cadeaux préparés par les lutins. Malgré tout, les élèves se découragent vite et les apprentissages me paraissent en suspens.