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Critique de Luniver


Au milieu du 18ème siècle, l'athéisme est encore fortement tabou en France, et peu de gens osent avouer qu'ils en sont. Sylvain Maréchal fait exception à la règle, et l'affirme avec fracas, ce qui lui valut d'ailleurs quelques soucis et la perte des postes qu'il occupait.

L'athée, selon lui, doit mener sa vie avec pour seules compagnes la Vérité et la Vertu : « le sage, seul, a le droit d'être Athée. » Les libertins, les hypocrites qui nient la religion tout en admettant qu'elle est nécessaire pour le peuple, sont sévèrement critiqués.

Dans ce livre, il compile pas moins de 800 noms de philosophes, rois ou hommes de science qui ont selon lui professé leur athéisme. Et je dis bien « selon lui », car il brasse très très large : il suffit d'avoir nié ou simplement remis en doute les dogmes catholiques de l'époque pour être qualifié d'athée. Ainsi, on voit apparaître dans la liste Saint Augustin (pour avoir dit « Dieu est un être dont on parle sans en pouvoir rien dire. ») ou encore Saint Thomas d'Aquin.

Quelques constantes reviennent : l'absence de religion chez les peuples « primitifs », jugés moins corrompus et plus fiables que les autres sur le bon sens, et l'agacement de l'auteur de voir des philosophes proclamer leur attachement à la religion en public pour avoir la paix et ne parler d'athéisme qu'en secret ou au seuil de la mort.

À noter aussi une misogynie radicale, même pour l'époque, puisqu'il s'agace de devoir mettre des femmes dans la liste, alors qu'elles n'ont pas leur place dans la vie publique : « Elles n'ont d'autre culte à remplir que celui du temple de l'hymen. Des questions métaphysiques sont tout à fait étrangères à leur esprit léger, à leur âme sensible. » Misogynie qui sera confirmée quelques mois plus tard par un « projet d'une loi portant défense d'apprendre à lire aux femmes. »

Le livre est au final plus intéressant pour découvrir l'époque, qui imposait visiblement une certaine hypocrisie sur les croyances, que pour l'athéisme en lui-même.
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