AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782364130081
176 pages
Vents d'ailleurs (22/03/2012)
3.25/5   2 notes
Résumé :
Il y eut un long il était une fois...
D'une écriture libre, anarchiste, de la même veine qu'un chant de Joyce où la structure vole en éclat...
Il était une fois, un jeune narrateur, qu'importe son nom, pendu par les pieds par un chef aussi noir que les origines de l'homme, tiraillé par la faim et qui rêve de Blanche Goodfather en train de se baigner nue du côté des chutes du Rocher fin...
Il était une fois un amour magnifique, Marie, aveugle, co... >Voir plus
Que lire après Soleil noirVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est le genre d'oeuvre dont je n'aime pas trop faire de critique.
Qui suis-je pour dire quoi que ce soit sur des tripes étalées, sur cette vérité du vécu, des rêves et désespoirs de cet auteur qui déborde de sensibilité et d' intelligence émotionnelle…!?!

Néanmoins, cette critique est plus pour vous aider à vous faire une idée si cette oeuvre est pour vous ou non.
Tenez-le pour dit, elle n'est pas facile à lire ou à suivre.

« (…) elle prit place dans la voiture. Je redémarrai. Nous partîmes sur 2 pneus crissant qui arrachèrent un cri de douleur à l'asphalte. (…) Une brique de silence s'écrasa sur le pare-brise. »

Ouf! Qu'elle force dans l'écriture! C'est d'une beauté à en couper le souffle. le seul hic, c'est que tout le livre est écrit ainsi, c'est ce qui rend les 173 pages plus difficiles à digérer. Enfin, pour ma part.

D'autre part, l'auteur a sans aucun doute une passion pour la Grèce antique. Vous y découvrirai bien des références à travers votre lecture.

L'oeuvre est un grand cri du désespoir (contexte du Zimbabwe), mais écrite tout en poésie. La citation qui suit me semble bien résumer le livre:

« Les prisons sont pleines de viande enchaînées aux murs. Les morgues sont bourrées des espoirs de la multitude. Les salles de séminaire puent le parfum cannibale d'une nouvelle génération orientée vers le même chemin »…
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Mes pensées se balançaient doucement comme une brise incertaine. Elles se balançaient vers cette insouciante anthropologue femelle qui se baignait aux chutes du Rocher fin. Elle avait, je le savais, un certain renom dans son pays. Intrépide chercheuse d'une société humaine idéale. Elle s'appelait Blanche Goodfather. J'avais dévoré ses livres, sur la vie des chasseurs de têtes, sur la vie des skinheads, des cinglés, des clodos, des épaves, des putes, des zonards, sur la vie des cannibales. C'était une phalène irrésistiblement attirée par les lumières du sauvage, du bouseux, du primitif. Elle écumait la planète — elle aussi elle cherchait — traquait les derniers résidus de peuples authentiques pour les réduire à de méticuleuses combinaisons de l'alphabet anglais : des livres. En ce moment elle se baignait tranquillement aux chutes du Rocher fin dont l'eau était d'un vert translucide, et les rocs une masse de colonnes volcaniques noueuses et sauvagement cicatrisées. Son jean, son blouson et son sac à dos entassés sous les vieilles branches du msasa. Sa peau tannée, sac de bronze amphibie, enfermait une chair ferme, une ossature solide, un esprit lumineux. Et sous la masse des boucles couleur sable pointait son visage comme une souris placide sous une meule de foin. Je pendulais, j'oubliais les poulets, les poules et les coqs qui se rassemblaient autour de ma tête et me becquetaient les cheveux à la recherche de friandises. Me reconnaîtrait-elle après toutes ces années ? Nous n'avions passé qu'une seule année ensemble à Oxford, pleine d'études, d'étreintes, de galères, et puis cet après-midi somnolent...
Commenter  J’apprécie          10
Pendu par les talons, je me balançais dans cette putain de brise humide, j'avais une vue parfaite sur la cour et je pouvais entendre tout ce qui s'y passait. Voici donc le genre humain. Il se balance. En arrière et en avant. Il se balance à travers l'Histoire. Voici mon peuple. Je suis leur peuple aussi. Crucifié à l'envers par les talons. Mon Golgotha est un poulailler. Père ! Père ! Pourquoi bordel de merde m'as-tu conçu ? Tu n'as aucune raison d'être, et moi non plus. Seul reste le balancement. Et c'est ridicule. Absurde. Ah ! Ma putain de mère, pourquoi lui as-tu ouvert tes cuisses ? Après cette annonciation, cette lueur lubrique dans son œil unique. As-tu bien essoré le plastron de notre Histoire ? Tout comme maintenant je comprime l'humanité balbutiante dans le cocon de merde de volaille où je me balance. J'ai l'Europe dans la tête, tassée avec l'Afrique, l'Asie et l'Amérique, écrasées et entassées dans la poubelle qui me sert de tête. Il n'existe pas de décharge assez grande pour que je puisse y déposer mon fardeau. Pendu par les pieds, je risque de faire péter la fine toiture de mon cerveau. Ces années de voyage, d'innocence et d'expérience. Ces putains de mois entiers à me tourner les pouces dans l'incertitude, à rechercher mon vrai peuple, oui, à rechercher mon vrai peuple. Mais où que j'aille, je ne trouvais pas de peuple mais des caricatures de peuples qui insistaient pour être sérieusement pris pour des peuples. Peut-être étais-je sur la mauvaise planète.
Commenter  J’apprécie          10
À présent la chaleur oppressante me submerge. Une douceur blasphématoire flotte dans l'air humide. Toute la clairière, les étranges groupes de huttes en bois aux toits de feuilles, les portes alignées, cauteleusement entrebâillées, la vapeur opaque, bleu clair, qui signale la présence du ciel, là-haut, tout ce mirage vacille pour devenir quelque monstre préhistorique en train d'acérer ses griffes, de lécher sa fourrure, de se laver la mâchoire avec des hommes velus en guise de brosse à dents. Puis, derrière les gigantesques troncs qui enserrent étroitement la clairière, derrière l'entremêlement des vignes et d'étranges sous-bois, retentit le rugissement du léopard. La vibration dure, basse, sourde, gronde comme si un vide lointain dans les activités humaines allait surgir de lui-même. La volaille s'éparpille. Les sentinelles empoignent leur lance et scrutent la forêt. Le chef roule des yeux sévères. Toute la clairière est soudain plongée dans le silence, concentrée comme une aiguille à l'écoute de sa propre pointe. Tout en haut, le ciel lumineux a pris de l'intensité. On ne le regarde pas sans douleur. J'ai mal aux talons.
Commenter  J’apprécie          10
 Les prisons sont pleines de viande enchaînées aux murs. Les morgues sont bourrées des espoirs de la multitude. Les salles de séminaire puent le parfum cannibale d’une nouvelle génération orientée vers le même chemin.
Commenter  J’apprécie          10
elle prit place dans la voiture. Je redémarrai. Nous partîmes sur 2 pneus crissant qui arrachèrent un cri de douleur à l’asphalte. (…) Une brique de silence s’écrasa sur le pare-brise.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : apartheidVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Dambudzo Marechera (1) Voir plus

Lecteurs (8) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3176 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}