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La Révolution tome 3 sur 4
EAN : 9782752900692
608 pages
Phébus (18/03/2005)
4.39/5   42 notes
Résumé :
Troisième épisode de ce roman vrai de la Révolution française que Margerit a conçu au rebours des habitudes du roman historique : en obligeant ses personnages de fiction à ne vivre que selon la stricte exactitude de l'Histoire...
Cet ouvrage, unique en notre littérature, avait été couronné à sa sortie (1963) par le Grand Prix du Roman de l'Académie française. A l'issue des deux premiers tomes de cette vaste fresque, le lecteur avait laissé son monde dans le d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les bourreaux sont destinés à devenir à leur tour des victimes...
Ceci donne le ton de ce troisième volet du superbe roman socio-historique de Robert Margerit, "La Révolution".

Le "vent d'acier" de la Terreur souffle encore sur la France révoltée, les guillotines sont si utilisées que leurs couperets s'émoussent et doivent être journellement affûtés... La Révolution, en donnant naissance à la politique moderne française fut aussi par conséquent le terreau duquel les premiers politiciens ont émergé. Danton, Robespierre, Marat et les autres, leurs noms nous sont familiers ; ce sont eux les véritables protagonistes de ce troisième tome, volant ainsi la vedette à Claude, Bernard et Lise, le trio d'amis jetés dans la tourmente, l'un siégeant à la Convention, l'autre bataillant pour la liberté et la dernière essayant tant bien que mal de continuer à vivre dans cette société qui perd la tête, aux deux sens du terme.

Fidèle par le style aux précédents tomes, "Un vent d'acier" offre une nouvelle fois au lecteur un exaltant voyage dans le temps, en cette période phare de notre histoire. Il n'y a vraiment pas d'autre adjectif que "passionnant" à employer pour le qualifier.
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"Ce mois de juin 93 était radieux. Fini, le printemps froid. Toutes les roses de Paris s'épanouissaient, tandis que, sur la place de la Révolution, tombaient à intervalles quelques têtes."

Les événements du tome 3 se déroulent sous la Terreur, entre juin 1793 et l'exécution de Robespierre, le 28 juillet 1794.

J'apprécie particulièrement la capacité de l'auteur à me faire découvrir tous les aspects de cette époque, de façon nuancée, en envoyant ses personnages, principaux ou secondaires, partout où il y a des choses à raconter.

Ainsi le héros, Claude, est membre du comité de salut public. Il faut d'abord lutter à la fois contre les réformes fédéralistes en province et contre les monarchies européennes qui attaquent la France. Puis trouver une voie entre les modérés qui se satisferaient d'une monarchie parlementaire et les enragés qui sont des communistes avant l'heure. Claude suit Robespierre qui lui semble le mieux à même d'éviter les écueils mais il n'apprécie pas sa rigidité et sa religiosité. Après l'exécution des Hébertistes, la Terreur tourne à la dictature.

On suit aussi Bernard aux armées (fin tacticien, il est rapidement monté en grade) ; Fernand à la marine ; l'ancien homme de loi Kerveseau, de retour à Paris après 18 mois d'absence et qui découvre la surveillance généralisée qui s'est mise en place ; et enfin, la malheureuse Léonarde, du tribunal révolutionnaire à la guillotine.

Je dois dire que j'ai trouvé ce tome particulièrement passionnant. Ce que je lis d'eux modifie les images que je me faisais des grands protagonistes de ces événements. Desmoulins apparaît comme un personnage brouillon et impulsif, qui fonce sans réfléchir. Danton, un corrompu. Saint Just, un second couteau, plus souvent en mission aux armées qu'à Paris et emporté avec Robespierre au moment où il voulait ralentir la Terreur. Robespierre, longtemps à la recherche d'un juste milieu, tentant de sauver Desmoulins et Danton de la guillotine.

Ce que je peux reprocher à l'auteur c'est la légèreté avec laquelle il traite certaines répressions en province et particulièrement le sort de la Vendée. Quand il est question de violences dans cette région, c'est uniquement de celles du clergé catholique.

Robert Margerit fait aussi bien peu de cas des actrices de la Révolution. La femme idéale pour lui c'est Lise, douce et qui fait de la politique par procuration, en discutant avec son mari de ses engagements. Quand même, dans ce tome, elle va agir en encadrant un atelier de confection d'uniformes militaires (!) pendant la levée en masse. Quant à celles qui veulent défendre leurs idées sans passer par l'intermédiaire d'un homme, ma foi on nous décrit des scènes de fessée déculottée en place publique (oui, j'apprends que l'on faisait ça, pour remettre ces dames à leur place) qui sont présentées comme pittoresques, encore plus quand cela se passe entre femmes.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
On vit à Saint-Denis, rebaptisé Franciade, violer les cercueils des anciens rois. On vit le corps d'Henri IV, dans un état de parfaite conservation, mis debout contre un pilier, avec sa barbe grise, la figure pâle et les dents serrées. Un soldat lui coupa la moustache. Une femme, d'un soufflet, fit rouler le cadavre sur le sol. On sortit du tombeau Louis XIV, le visage noir comme de l'encre, Louis XIII encore reconnaissable, saint Louis cousu dans un sac en cuir. On fouilla la pourriture liquide pour en tirer les ossements de Marie de Médicis, d'Anne d'Autriche, de Marie-Thérèse, de François Ier, de sa mère, de sa femme, et la pourriture sèche pour y trouver les restes des rois et reines des premières races. Tous, Capétiens, Valois, Bourbons, au milieu d'une puanteur effroyable furent jetés pêle-mêle dans des fosses. On vit la momie brune du grand Turenne exposée chez le gardien de la basilique, puis plus tard au Jardin des Plantes entre le squelette d'un éléphant et celui d'un rhinocéros. On vit à Reims, en grand spectacle, le vieux Rühl briser la sainte ampoule, qu'il fallait détruire, sans doute, mais en secret. On vit brûler sur la Grève, devant la Maison commune – on ne disait plus l'Hôtel de Ville –, les reliques de Geneviève et autres patrons parisiens. On vit saccager le trésor de Notre-Dame, mutiler sa façade en arrachant des niches les statues des rois, des saints. Les sans-culottes exaltés se taillaient des pantalons dans le velours des chasubles. Partout en France, on menait en processions grotesques des ânes, mitrés, habillés en évêques ou portant le saint sacrement sous la queue. On vit enfin, dans certains quartiers de Paris comme dans certaines grandes villes, en province, le culte de la Raison, dégénérant en saturnales, sombrer dans la pire débauche.
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L'échec de la Révolution dans l'État et dans les consciences apparaissait avec plus de désolante évidence au sein du Comité, dans ces oppositions causées par l'impuissance fondamentale des individus à s'accorder sur une vérité. Dans le pire du péril on avait sauvé la patrie, parce qu'il suffisait d'accomplir un farouche effort de volonté, de travail, d'autorité. Mais on n'avait pas sauvé la Révolution, on ne la sauverait point, parce que chacun en concevait selon sa vérité à lui l'aboutissement. Tous assez républicains, tous démocrates, les uns savaient, d'une certitude absolue, que la république devait être nécessairement vertueuse et déiste. D'autres, qu'elle devait être, absolument, rationnelle et fondée sur la dignité de l'homme, sur son unique responsabilité envers lui-même et autrui. D'autres, qu'elle ne s'établirait indubitablement pas sans l'élimination radicale de tous les Français portant en eux le moindre germe d'aristocratie. D'autres savaient non moins sûrement que seules l'indulgence, la patience, la longueur de temps viendraient à bout de l'aristocratisme et de la superstition, alors que l'abus de la guillotine les renforçait. Il n'était pas possible de faire une vérité avec des vérités si ennemies, et il semblait fatal que l'on continuât de s'entrecouper le cou, jusqu'au moment où, toutes les personnalités fortes ayant disparu, s'instaurerait un compromis de la médiocrité.
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On ne démontait plus la guillotine. Elle se dressait entre le Jardin national et l'énorme statue de la Liberté élevée par David au centre de la place pour la fête du 10 août. À sa vue, Vergniaud entonna l'Hymne des Marseillais, et les dix-neuf autres l'imitèrent. En descendant des charrettes, en montant un à un sur l'échafaud, ils ne cessèrent de chanter. Sillery, appelé le premier, s'avança au bord de la plate-forme et salua le peuple qui, interdit, fit silence. Scandé avec une régularité hallucinante par les coups sourds du couperet, le chœur s'affaiblissait peu à peu. Vingt-huit minutes. La voix grave et ample de Vergniaud s'éteignit. Bientôt on n'entendit plus que celle de Vigier. Elle se tut brusquement quand il bascula sur la planche engluée de sang. Trente-deux minutes.
Sous l'averse qui crevait, la foule se dispersa rapidement tandis que les tombereaux emportaient les restes des suppliciés au cimetière de la Madeleine.
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La bigarrure des rues le stupéfiait : ces façades peinturlurées, les pavillons tricolores au-dessus des portes de toutes les maisons habitées, les banderoles surmontant les fenêtres, et ces inscriptions sur les murs : "Unité, indivisibilité, liberté, égalité, ou la mort", "La bienfaisance, la justice et l'humanité sont à l'ordre du jour", ou encore : "Les citoyens habitant cet immeuble ont fourni leur contingent de sel vengeur pour immoler les tyrans". Partout se répétaient les mêmes mots : fraternité, égalité, liberté. Il pensait à la scène dont il avait été témoin dans la nuit ; et, songeant aux deux cent mille détenus dans les maisons nationales, il médita sur une phrase de Voltaire : "On ne parle jamais tant de liberté dans un État que quand la liberté n'y existe plus."
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Elle se nommait Marie-Charlotte Corday. Elle était venue de Caen, où elle vivait avec une vieille tante, pour tuer Marat. Non, personne ne l'avait poussée à cet acte. Elle l'avait conçu seule, comme le seul moyen de délivrer son pays de l'anarchie sanglante dans laquelle le plongeait ce monstre. Oui, elle fréquentait à Caen les députés proscrits par la tyrannie de Marat, mais aucun d'eux ne connaissait son dessein. Elle l'avait exécuté par ses seules ressources.
Avant de la voir, Claude se figurait la meurtrière comme une virago furieuse. Il considérait avec étonnement cette jeune fille de noble maintien, élégante, d'apparence sage, douce, si féminine, qui avait porté en elle pendant des jours la pensée de tuer et venait de le réaliser avec un extraordinaire sang-froid.
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Video de Robert Margerit (1) Voir plusAjouter une vidéo

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Le prix Goncourt a été attribué à Julien GRACQ pour "Le rivage des syrtes" et le Renaudot à Robert MARGERIT pour "Le dieu nu".
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