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Coupable … de rien ! Julius Margolin dénonce, dans la première partie de son livre, l'absurdité des régimes totalitaires et les conséquences catastrophiques pour les populations. Absurdité lorsque la nationalité polonaise n'est plus reconnue par les Soviétiques après qu'ils se soient partagé le pays avec les Allemands. Absurdité lorsque son statut d'étranger (il vit en Palestine et se trouve en voyage en Pologne) n'est pas reconnu et qu'on lui demande, à lui comme aux polonais, de choisir entre devenir Soviétique ou partir dans la partie allemande de la Pologne... Absurdité lorsqu'il voit d'un côté des populations qui fuient devant l'avance Allemande et ceux qui, inversement, fuient les Russes. Absurdité, encore, lorsqu'il raconte le destin de ceux qui sont restés, comme ses parents, et qui, si ils ont survécu sous le joug nazi, seront considérés comme traîtres par les Russes et déportés en masse. Son récit est teinté de colère et parfois de haine, mais comment ne pas en éprouver après avoir subi la disparitions de ses proches ? C'est un homme révolté qui raconte la bêtise humaine, la folie des hommes et la misère qu'elle entraîne. Dans la seconde partie de son ouvrage, c'est un ton plus posé, l'auteur se veut précis dans la description de ses cinq années passées dans les camps. Il a choisi, comme il le précise lui-même, de ne pas raconter "d'horreurs" même si la violence du quotidien se suffit à elle-même, de ne pas tout décrire afin de rendre son témoignage accessible à tous. Julius Margolin, tout comme Varlam Chalamov, deviendra un crevard, il ne sait toujours pas comment il a survécu si ce n'est grâce à un homme qui lui permettra, lors des dernières années, de devenir "invisible" aux yeux du système bureaucratique du Goulag. Il va vivre ou plutôt survivre "en souterrain", être inexistant pour l'administration jusqu'à sa libération. Même s'il ne raconte pas, en détail à la manière de Varlam Chalamov ou d' Alexandre Soljenitsyne, son ouvrage n'en reste pas moins un témoignage très fort et bouleversant sur sa déportation et sa vie quotidienne dans les différents camps où il fut emprisonné. Julius Margolin ne se contente pas de raconter, il analyse les situations, les hommes, essaye d'entrevoir et d'appréhender ce qui lui est arrivé, à lui et à tant d'autres. Mais peut-on comprendre ou expliquer la folie des hommes? Un témoignage essentiel de la part d'un homme dont le seul "crime" fut d'être au mauvais endroit au mauvais moment... + Lire la suite |