Soudain, il m'est revenu que ce banc sur lequel j'étais assise avait été une pierre tombale, récupérée dans quelque haie. Du temps où les protestants étaient interdits de cimetière par les catholiques, on leur faisait place à l'ombre des maisons parpaillottes. Chacun gardait les siens. Au Sud du Poitou, on découvre ainsi parfois au bout d'un carré de choux un tumulus décoré de verroteries funéraires, ou encore, au milieu d'un clos fleuri ou trois cyprès veillant le cimetière familial. Aujourd'hui encore, certains maintiennent la tradition, et la coutume locale abolit les décrets qui ont cours ailleurs.
376 - [p. 9]
J'aurais aimé être de la Religion pour dormir ainsi sous les grands tilleuls de l'allée, là où le vent, coupé par le haut mur, ne sait plus que caresser. Il y fait si bon, si calme. Je me suis prise à penser que mon banc avait abrité le sommeil d'un saint, un homme tranquille et sans doutes. Et là, sur la longue pierre lisse, dans l'odeur puissante des orties foulées, oubliant d'un coup mes révoltes et mes impatiences, l'envie m'est venue de savourer la fin de mon gâteau - Miette après miette - Tout comptera désormais et tout me sera compté.
L'histoire et le
roman font bon ménage
Ce numéro d'Apostrophes est consacré au
roman historique.
Barbara CHASE RIBOUD présente son livre :"
La Virginienne", relation des
amours de
Thomas JEFFERSON, un président sudiste des Etats Unis et d'une esclave Sally HEMINGS ;
Maurice DENUZIERE pour son livre : "
Bagatelle";
Marguerite GURGAND pour :"
Les Demoiselles de Beaumoreau"; à l'époque napoléonienne, trois demoiselles venues de...