AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,51

sur 103 notes
5
6 avis
4
12 avis
3
9 avis
2
0 avis
1
1 avis
C'est incontestable, nous avons là un excellent roman. Un roman qui a marqué son époque ; voire, l'a révolutionnée. À tel point que l'énorme scandale qu'il déclencha, valut à Victor Marguerite d'être radié de la Légion d'honneur.

Une époque où les éditeurs mercantiles ne faisaient pas la loi et où le premier pin-pin venu ne s'autoproclamait pas écrivain au prétexte qu'il pond chaque année une niaiserie lucrative. Une époque où écrire exigeait du temps et de la rigueur.
Quel que soient le style et la teneur, que l'on soit conquis ou non, nous ne sommes jamais déçus par la qualité d'écriture de ces ouvrages d'un autre temps.

Mon seul regret est que, involontairement, j'avais mal choisi mon moment pour aborder cette lecture. En effet, en raison de mon récurrent problème de santé, mes sens cognitifs ont été quelque peu altérés durant un petit mois.
Ce style, ces subtilités, ces expressions datant d'un siècle s'heurtant à mon temporaire manque de concentration, j'avoue n'avoir pas été en capacité d'apprécier ce roman à la hauteur qu'il méritait. Et croyez bien que je le regrette.

Grâce à la pharmacopée, je vais mieux aujourd'hui. Pourvu que ça dure !
Pourvu que ça dure car, passionnée de lecture depuis toujours, j'aimerais bien que ma comprenette ne me cantonne pas qu'à des nanars.

Commenter  J’apprécie          495
Très beau coup de coeur pour ce roman inattendu !

"La garçonne", paru en 1922 et adapté au cinéma l'année suivante (c'est vous dire son succès) fut jugé tellement scandaleux que sa parution valut la perte de sa légion d'honneur à son auteur.

Années de l'après-guerre, dites les Années Folles - Paris.
Monique est une jeune fille issue de la bourgeoisie parisienne, enfant unique. Née avec le siècle, elle est de cette génération écartelée entre deux ères car la Première Guerre mondiale a tout changé dans les moeurs et le système économique. Les femmes ont assuré pendant quatre ans le labeur des hommes et ont gagné par là leur émancipation.

Fiancée sur la volonté de ses parents, Monique perd brutalement son innocence et ses idéaux d'adolescente au spectacle du comportement des hommes envers les femmes. De fil en aiguille, elle s'isole de la société pour devenir indépendante et frondeuse. Dans le cadre terriblement esthétique des Années Folles, elle fait son chemin, passionnée, devenant pour le lecteur une égérie féministe et une femme libre à la beauté inspirante.

"La garçonne" est un superbe roman sexué qui explore en profondeur la psychologie féminine. A travers Monique, c'est la femme moderne qui se dresse et avance vaille que vaille. Attachante, l'héroïne ne fait pas toujours les bons choix mais elle reste ferme dans sa résolution d'indépendance et de liberté. Touchante, on se prend à l'aimer, on voudrait la consoler dans les heures sombres et rire avec elle dans les heures joyeuses.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un vrai roman érotique et "La garçonne" en est un, au sens noble du terme. Je ne m'étonne pas qu'il ait eu du succès tout comme il ait soulevé l'indignation. Pas de censure pour les nombreuses scènes intimes à une époque où l'on testait aussi bien des hommes que des femmes, en duo ou en clan. Il se dégage du récit, parfaitement écrit, une vraie sensualité et une beauté magnétique.

Merci à Payot d'avoir redonné à ce magnifique roman une place sur nos étagères.


Challenge XXème siècle - Edition 2019
Commenter  J’apprécie          490
Pour apprécier ce roman à sa juste valeur, il est nécessaire de le restituer à l'époque de son écriture. En 1922,La garçonne scandalise et pas seulement les bourgeois. le journal l' Humanité y va d'une plume assassine. Victor Margueritte sera radié de l'ordre de la légion d'honneur.
Accusé de promouvoir la dépravation des moeurs,de tenir des propos pornographiques, l'auteur réaffirme qu'il n'a rien extrapolé et que,comme Zola, on lui reproche de prêter à ses personnages féminins une aspiration à la liberté. Il ajoute qu'il ne fait que rendre compte d'une dépravation déjà en cours et même supérieur à ce qu'il écrit. On pourrait y voir une ambivalence quant à ses engagements féministes, cependant il dénonce ouvertement le statut de " la femme prisonnière depuis des siècles, esclave habituée à la résignation et à l'ombre, titubant au seuil brusquement ouvert de la lumière et de la liberté."
Son message me semble être que la liberté s'apprend, et qu'en ouvrant la porte d'une cage sans éducation préalable, l'oiseau sera dévoré sans attendre que les ailes puissent se déployer harmonieusement !
Dans Ton corps est à toi, V.Marguerite développe cette idée en introduisant cinq ans plus tard la question de l'avortement.
Dans La garçonne, on suit le parcours d'une jeune fille d'un milieu bourgeois qui ,à la veille de son mariage découvre la turpitude de son fiancé. Assoiffée d'idéal amoureux au point de ne pas avoir perçu l'hypocrisie du système social dans lequel elle a grandi, elle renonce à son mariage et rompt avec sa famille et son milieu. Elle s'engouffre dans un mode de vie qu'elle veut sans limite quant à ses plaisirs. Un monde qui lui permet un temps seulement de profiter de la liberté mais au sacrifice de ses émotions. L'issue de l'histoire peut apparaître comme un retour minable à la morale, tel que Bruno Fuligni le reproche dans sa préface. Pour ma part,j'y vois davantage la dualité de l'auteur qui, à mon avis, est réellement féministe et prône une révolution qui permettrait un jour que les " d'eux sexes finissent un jour par avancer côte à côte harmonieusement ", et en même temps voit comme un piège, une liberté qui serait dépourvue d'une éducation préalable des femmes comme des hommes pour construire un autre modèle d'organisation sociale.
Ce victor Marguerite là me plaît beaucoup. Cependant j'apprends par B.Fuligni que derrière ce féministe anarchissant,se cache un homme qui,sous couvert de prôner la paix, s'est laissé détourner par la propagande allemande. La garçonne avait été utilisée par la Wilhelmstrasse afin de ternir l'image de la France à l'étranger. Attiré par le communisme, et à mon sens trompé par une mauvaise analyse de ce qui se jouait alors,il soutient Hitler lorsqu'il envahit la Rhénane. Ceci ne l'empêche pas de dénoncer la rigidité du stalinisme.
Alors, qui était vraiment Victor Marguerite ? Un humain imparfait avec ses erreurs,certes mais aussi un écrivain qui s'est engagé pour l'égalité homme/femme avec un réel courage et un bel humanisme. Il est toujours plus facile cent ans après de juger des positionnements critiquables que d'agir sans erreur dans une époque chaotique.
C'est un écrivain qui mérite d'être découvert, et dont les textes ne sont pas si démodés qu'on pourrait le penser.
Commenter  J’apprécie          310
Paris-1922. Les années folles de Montmartre et de Montparnasse au parfum de lilas après les années terribles de Verdun à l'odeur de moutarde.
La leçon reçue avait elle été délivrée par les bons maîtres ?
Les trois points cardinaux de la société : patrie, famille,honneur venaient de dessiner la pyramide sous laquelle on venait d'ensevelir des millions d'êtres au destin à jamais inconnu.
1920-1929- Neuf années durant lesquelles tous les arts déclarent leur liberté. Les points cardinaux s'échappent et s'élancent, ils dansent sur l'ossuaire des mensonges.
Le roman de Victor Margueritte a son histoire de celle qui résonne sous les grandes voutes de l'Histoire.
Il a le parfum de ces années folles , pleine de vie et de d'absolu, mais qui livrées à leur ivresse avaient oublié la prochaine dureté de leurs jours.
La garçonne a coupé court. Elle choisit sa route et invente son propre destin.
La coupe est nette, franche, trop franche pour que le vieux monde qui coule déjà l'acier, le cuivre, le fer de ses prochaines munitions l'accepte de bon ton.
Accepter que se profile la silhouette de cette nouvelle Eve serait ôter de la bouche de ses canons la prochaine moisson du ventre de la Nation.
Le succès du roman fut immense, le scandale qu'il suscita fut à sa mesure.
Victor Margueritte fut radié de l'ordre de la Légion d'honneur pour l'avoir écrit.
Les légionnaires continuaient à hurler leurs ordres.
L'honneur d'une nation vaut bien plus qu'une médaille.
Et d'ailleurs au dos d'une médaille un maître n'inscrit il pas toujours son nom ?
Le déshonneur est très souvent là où l'on accepte de porter certains noms.

Astrid Shriqui Garain
Commenter  J’apprécie          170
J'ai entendu parler de ce livre des années 1920 il y a quelques mois au détour d'une émission de France Culture. Il était question de la façon dont ce livre avait contribué à définir ce qu'était la garçonne, mais aussi du scandale que ce livre avait créé, allant jusqu'à valoir le retrait de sa légion d'honneur à l'auteur, sanction qui n'avait jamais été prise avant cela… Il était précisé que c'était un livre érotique, ce qui n'est guère ma tasse de thé, mais ce livre m'intriguait et, comme il est maintenant dans le domaine public, j'ai profité de l'acquisition de ma nouvelle liseuse pour me plonger dedans.
Il me faut d'abord préciser, avec une lecture près de centa ans après la publication de ce livre, que le qualificatif érotique ne s'applique pas. Beaucoup de choses qui peuvent choquer certes, les relations hors mariage, mais surtout la bissexualité assumée, la domination de la femme dans le couple, mais aucune description explicite, rien de graveleux. Mais Victor Margueritte n'a pas pour autant froid aux yeux. Il décrit une certaine réalité des années folles, concentre sur son personnage toutes les extravagances du moment, et il faut avoir le coeur bien accroché pour la suivre dans toutes ses expériences et expérimentations. Il y a le sexe, mais aussi la frénésie des soirées dansantes, la décadence de la consommation de drogue, tout y passe.
Mais Victor Margueritte donne un sens à tout cela. Monique Lerbier, son héroïne est en fait une femme de principe. D'une morale pure et exigeante, elle refuse les compromissions de la société et c'est parce qu'elle est bafouée qu'elle décide de vivre de façon libre et au grand jour. Mais très vite, Monique Lerbier se retrouve face à une existence vide de sens. Elle cherche alors dans la maternité ce sens qui lui échappe, mais la maternité lui étant refusée, elle se laisse sombrer dans une spirale d'auto-destruction, dont elle ne sortira que grâce à une confiance retrouvée dans les hommes (du moins certains hommes) et dans l'amour.
Et c'est dans ce propos que le livre pêche un peu car au fond, la morale est sauve, tout rentre finalement dans l'ordre et la société bourgeoise sort tout juste un peu égratignée. Certes, Monique Lerbier ne renie pas ses convictions profondes et réussit finalement à trouver un mode de vie qui convient tout autant à la société qu'à elle-même. Si bien que ce roman provoque beaucoup mais ne va pas au-delà. Il ne présente rien de radicalement différent, et finalement Monique Lerbier ne trouve son équilibre qu'en réalisant son rôle de femme, à savoir celui de l'épouse et probablement de la future mère.

Malgré cela, ce livre a été passionnant à lire. D'abord parce qu'il faut le replacer dans son époque, celle de l'entre deux-guerres, ensuite parce qu'il est intéressant de comprendre pourquoi il a en même temps été un grand succès de librairie et a fait scandale. Il met en effet à mal beaucoup des faux semblants de la société de l'époque, les tiraillements qui existent déjà entre la morale sociale et la libération de l'individu, il s'inscrit dans les débuts de l'émancipation des femmes, fruit inévitable des bouleversements de la première guerre mondiale car on ne envisager un simple retour en arrière.
En lisant ce livre, j'ai pensé au Tour du malheur de Kessel pour la période historique et la façon dont on a pu s'enivrer de musique et de danse pour oublier la vacuité de la vie ou bien aux Chemins de Katmandou de Barjavel pour les personnages qui cherchent l'oubli dans la drogue. C'est une lecture parfois déstabilisante, parfois frustrante, mais intéressante pour son caractère historique et pour ce qu'elle dit de la société de l'époque et du chemin que l'on a fait depuis et qu'il reste à faire. Et si ce livre est plein d'imperfections, je crois que l'on peut lui appliquer ce que l'auteur écrit à propos de son personnage : elle a beaucoup tenté, mal peut-être, maladroitement parfois, mais elle a tenté.
Commenter  J’apprécie          150
La première fois où j'ai vu ce livre, c'était dans les années soixante, dans la bibliothèque de ma grand mère, qui m'avait interdit d'y toucher.
C'est seulement cette anne que j'ai osé braver l'interdit et m'y plonger pour valider l'item de mon défi de lectures qui me demandait de lire un livre publié en 1922 !
Et quel roman !
Victor Margueritte nous y raconte la vie de Monique Lerbier, fiancée à 19 ans à l'industriel Lucien Vigneret, 35 ans, en passe de devenir l'associé de son père qui a grandement besoin d'argent frais pour faire fructifier son entreprise.
Mais deux semaines avant le mariage, Monique surprend son fiancé avec une inconnue, sa maîtresse , qui porte le même vison qu'elle.
Elle s'enfuit de la salle de spectacle, rencontre un inconnu, et au grand dam de son entourage, décide de rompre ses fiançailles et de vivre seule.
Le récent décès de sa tante, qui l'a pratiquement élevée, à Hyères, loin de Paris et de l'agitation mondaine de sa mère et industrielle de son père, lui fournit un petit héritage quinfinance sa nouvelle vie.
Elle ouvre une boutique de décoration intérieure,et grâce à l'entregent d'un de ses anciens amis, qui brave l'ostracisme dont elle est frappée, obtient des contrats de décors de théâtre qui la font connaître.
Son entreprise prospère, elle fréquente les amis intellectuels de sa tante mais aussi les plaisirs plus secrets dans sa garçonnière de Pigalle où elle goûte les pipes d'opium et ses amantes qui l'y retrouvent.
Se voulant libre comme un homme, elle conduit son automobile, gagné beaucoup d'argent, le dépensé effrontément …mais les hommes sont-ils prêts à vivre avec des femmes qui font tout aussi bien voire mieux qu'eux ?
Pas plus il y a cent ans qu'aujourd'hui …
Lors d'une conversation entre intellectuels, Victor Margueritte évoque le vote des femmes ce qui fait rire la majorité des présents … il faudra encore attendre 24 ans !
Mais combien de temps encore pour l'égalité des salaires, l'accès à toutes les fonctions et les sanctions réelles contre les actes de violence …
Ce roman fit scandale à sa sortie, il coûta sa légion d'honneur à Victor Margueritte et le premier film qui en fut tiré fut interdit en 1923.
Quelques passages sont datés mais ce roman est toujours d'actualité et mérite largement qu'on s'y plonge.
Une belle découverte !
Commenter  J’apprécie          122
Paru en 1922, ce roman d'après-guerre prend place dans les années folles, contexte d'intense activité sociale, artistique et culturelle, où les populations s'amusent et rêvent d'un monde nouveau, sans plus jamais de conflit. Une parution célèbre pour les nombreux scandales qu'elle a engendrée dès sa sortie : accusé de pornographie, largement critiqué, pointé du doigt par les féministes, censuré abondamment, notamment par le Vatican… pour finalement être traduit dans de nombreuses langues à travers le monde et adapté pas moins de quatre fois au cinéma !

Notre héroïne, Monique Lherbier, appartient, grâce à ses parents, à un cercle de personnalités mondaines, bien loin de ses aspirations personnelles. Hypocrisie, intérêts financiers, malhonnêteté, mariage forcé…. Monique en a marre et décide de rompre avec ces valeurs qu'elle ne partage pas. Elle s'isole, se différencie des autres, trace son propre chemin, sans s'occuper du regard extérieur et des convenances habituelles. Elle revendique son indépendance et sa liberté en tant que femme.

Victor Margueritte met à l'honneur la montée en puissance du féminisme d'après-guerre. Dans une France encore fragilisée et obtus, notre héroïne fait figure de précurseur bienveillante. Elle se fait une coupe de cheveux « à la garçonne », elle ne souhaite pas suivre le chemin déjà tracé des femmes de son âge : s'entraver dans un mariage et concevoir des enfants. Ce qu'elle veut, c'est jouir intensément de sa vie, profiter de tous les plaisirs à portée de main. Elle renvoie l'image d'une femme à la sexualité débridée, qui ne rougie pas de sortir fréquemment dans les bordels et d'en revenir avec des hommes, des femmes, parfois les deux ; une bisexualité qu'elle affiche librement. Elle s'enivre de la vie jusqu'à l'excès : bien qu'elle ne prenne que peu d'alcool, elle se vautre dans les drogues de toutes sortes. Elle a d'ailleurs aménagé un logement spécialement réservé à ses soirées de débauche libertines et à ses pratiques expérimentales nouvelles. Rassurez-vous, rien de graveleux néanmoins, les scènes tendent à être scandaleuses mais aucune description n'est assez explicite pour en devenir abjecte.

La question du mariage est longuement débattu, parfois trop. Des paragraphes entiers sont savamment consacré à cette thématique, dans d'interminables échanges entre des personnages aux points de vue convergents. Des passages qui m'ont passablement ennuyés, je dois l'avouer. D'abord, Victor Margueritte emploie le terme « garçonne » dans le sens où « il faut laisser mener aux jeunes filles aussi, avant le mariage, leur vie de garçon. Elles n'en seront pas moins de bonnes épouses, leur gourme jetée. » Après une expérience de mariage forcé avorti, Monique souhaite réaliser son rôle de femme avant de devenir épouse et mère. Elle apporte d'ailleurs une vision du mariage nouveau : la femme comme dominatrice, à égalité dans son couple avec l'homme.

Face aux hommes, Monique ne se laisse pas assagir. Elle leur tient tête et revendique haut et fort qu'une femme n'a pas que des devoirs, qu'elle a également des droits, qui la placent à égalité de l'homme. L'exemple professionnel de Monique est inspirant : c'est une femme qui a réussi à bâtir son propre empire, qui est devenue indépendante financièrement, sans dépendre de quiconque. Décoratrice d'intérieur, elle a installé un commerce rue La Boétie à Paris, qui a le mérite d'avoir prospéré admirablement. Une femme moderne, avant-gardiste, méritante.

Mais Monique, comme toutes personnes, a également ses faiblesses. Victor Margueritte nous dresse un portrait psychologique tourmenté de notre héroïne, contrebalancé entre les convenances, ses aspirations véritables, ses désirs profonds et la réalité des choses. de déceptions en regain d'espoir, de joies intenses en tristesse, nous cheminons à ses côtés, spectateurs de ses histoires amoureuses débridées, de ses choix de vie pas souvent acceptés, mais longuement jugés. Derrière la femme fatale et sensuelle, se cache une protagoniste particulièrement touchante, insaisissable, surprenante.

Somme toute, ce sont deux mondes qui s'affrontent : un monde de luxe, de vanité, de vices, une société étroite d'esprit, maniérée en parallèle d'un monde de débauche, d'ivresse, d'amoralité, de nécessité absolu de vivre. Un tableau assez juste de deux sociétés disjointes, obligées de cohabiter.

Un roman initiatique d'après-guerre, où l'héroïne Monique se complait dans l'allégresse des années folles. Une histoire féministe engagée et avant-gardiste, qui en dit long sur la société de l'époque.
Lien : https://analire.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          120
Ce roman, connu pour avoir scandalisé à l'époque, m'a permis de me plonger dans la France des années 20 qui souhaite oublier la première guerre mondiale avec les noctambules qui dansent et boient pour oublier tout cette terrible période. On suit la destinée de Monique qui après une grosse désillusion sur son futur mari, se retrouve déboussolée et se lance dans des histoires complexes avec une grande liberté de moeurs. le style d'écriture m'a un peu dérouté et pas si simple de s'attacher à cette héroïne qui se cherche mais ne trouve pas vraiment le bonheur ou l'épanouissement. Un livre intéressant à connaître mais qui a un peu vieilli.
Commenter  J’apprécie          120
Cent ans après, il est évidemment difficile de comprendre pourquoi ce roman, best seller des années folles, a causé un tel scandale et coûté à son auteur une déchéance de la Légion d'honneur. On comprend mieux aussi qu'il soit tombé dans l'oubli, Victor Marguerite, fervent pacifiste, ayant eu quelques compromissions pendant l'Occupation.

La lecture reste cependant intéressante, au même titre que la lecture de Zola par exemple, pour se replonger dans les déterminismes sociaux d'une époque coincée entre le traumatisme de la première guerre mondiale et la suite que l'on connaît. le roman est assez inégal, avec des scènes et des réflexions intéressantes sur le mariage, les stéréotypes de genre, mais pas mal de tartes à la crème et un schéma d'ensemble qui s'avère finalement convenu et décevant.
Effectivement, en arrivant au terme du roman, le lecteur comprend que les tentatives d'émancipation de Monique, cette jeune fille révoltée qui décide de vivre "comme un garçon", ne sont décrites que comme une longue et douloureuse errance, dont le dénouement sera un sage retour dans le rang.

Monique apparaît effectivement comme une victime de l'hypocrisie des convenances sociales et de la veulerie des hommes, en quête de sincérité et de vérité, plutôt qu'une féministe qui se construit une autonomie. Son indépendance est d'ailleurs permise uniquement par l'aisance financière que lui confère son statut social et lui donne une chance de pouvoir créer son activité professionnelle.

Victor Margueritte semble croire aux contes de fées en concluant le roman sur une happy end pénible pour la lectrice contemporaine, où la jeune femme, telle une Marie Madeleine moderne, se confond dans le repentir sous le regard bienveillant de son ultime (espérons le) amant. Avouons que c'est décevant et difficile à avaler. Mais La garçonne reste une lecture agréable et intéressante pour qui s'intéresse à la représentation de l'émancipation féminine dans la littérature.
Commenter  J’apprécie          93
"La garçonne" de Victor Margueritte a presque un siècle d'existence puisqu'il a été écrit lors du premier semestre 1922. À l'époque il avait causé un tel scandale que la Légion d'honneur fut retirée à son auteur. Intrigué par ce "roman sulfureux des Années Folles" comme le clame la couverture de sa nouvelle édition, je l'avais donc coché avec d'autres lors de la dernière Masse Critique.

Dans le Paris de l'après Première Guerre mondiale, Monique, fille unique d'un couple bourgeois doit se marier avec un ingénieur. C'est l'occasion pour l'auteur de décrire finement le milieu bourgeois parisien. La mère n'est que dans le paraître ; pour elle, il faut qu'elle soit vue dans les lieux à la mode (opéra, restaurants). le père, lui, est un industriel et le mariage de sa fille ne lui sert qu'à apporter de l'argent frais à son entreprise. Mais tout tombe à l'eau lorsque Monique, l'héroïne naïve, découvre que son fiancé entretient une maîtresse, et que cela ne choque même pas ses parents : ce sont les modes de fonctionnement normaux entre les hommes et les femmes de son milieu. Elle rompt alors avec sa famille et décide de vivre comme les hommes, comme une garçonne. Et c'est là que le roman s'est mis à m'ennuyer de plus en plus. Monique, personnage qui n'a pas réussi à attirer ma sympathie, se met à répéter le même schéma : elle est dépressive, s'enfonce dans la débauche (lesbianisme et/ou partouze et/ou drogue), tombe amoureuse d'un homme qui est l'Elu et la sort de sa fange mais qui finalement la déçoit et qu'elle quitte. Elle retombe alors dans la dépression et un nouveau cycle recommence.

Alors oui, ce roman parle de féminisme, mais, avec un siècle d'écart, ce qui était choquant à l'époque n'est que banal aujourd'hui : les femmes travaillent et ont une vie sexuelle libre.
Quant à la réputation de roman pornographique, elle est totalement usurpée aujourd'hui. Oui, l'héroïne est bisexuelle mais c'est tout. le roman ne comporte aucune scène même légèrement érotique. Je me souviens avoir lu il y a trente-cinq ans, en classe de 5e, "La nuit des temps" de René Barjavel autrement plus explicite sexuellement.

Il faut lire ce roman plus pour mesurer les progrès effectués en un siècle dans la condition féminine que pour ses qualités littéraires. Il est à noter que cette édition de poche de 2021 comporte une préface de Bruno Fuligni qui révèle que Victor Margueritte était tellement pacifiste qu'il était devenu un collaborateur du régime nazi lors de la Seconde guerre mondiale. "Heureusement" pour lui qu'il est décédé en 1942.

Je remercie les Éditions Archipoche de m'avoir envoyé ce roman dans le cadre de la Masse Critique de babelio.
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (291) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
561 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}