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3,62

sur 176 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Elle n'est au coeur de rien et pourtant elle est au centre de ce roman qui voit un couple « parfait» se briser sous la lame d'un couteau d'un déséquilibré. Elle c'est Maria Dolz, jeune femme travaillant au sein d'une maison d'édition, trop orgueilleuse et réservée pour interrompre le petit rituel de ce couple qui la fascine et qui se retrouve chaque matin pour partager le petit-déjeuner dans un café, face à elle depuis des années.
Témoin muette de ce bonheur, elle devient une oreille douce et attentive lorsque l'épouse Luisa devient veuve. Une volonté tenace de ne pas s'imposer de manière frontale mais un regard de biais et un sens de l'analyse subtile la conduisent à pénétrer l'intimité et les secrets inavouables de cette mort incompréhensible…


L'auteur Javier Marias offre un roman d'une complexité insoupçonnée. Dans le sillage d'un personnage tel que Maria, immobile, discrète, on tente de tracer des cercles de plus en plus petits autour de ce meurtre pour approcher la vérité car il suffit d'une rencontre avec Diaz-Varela le meilleur ami du défunt pour découvrir que la vérité se dérobe sous le poids de faux-semblants, d'attitudes ambigües ou de discours suspects.

Les doutes, les convictions, les déductions … on progresse lentement, à pas feutré dans ce qui ressemble à une descente lente et minutieuse dans les contorsions de l'âme de cette femme instinctive. Rien n'est gratuit dans ce roman. L'auteur n'expose jamais les faits au grand jour, il ne permet pas au lecteur d'interpréter avec certitude les évènements, les dialogues, les regards. La narration est emplie de zones d'ombre et de jugements silencieux qui élargissent le champ des hypothèses. C'est troublant, de nature à épuiser même la patience du lecteur lorsque l'écriture se fait parfois didactique ou ostentatoire dans l'analyse.
Il faut faire preuve de persévérance pour parvenir au bout de ce roman psychologique. Une fois passée les quelques moments de lassitude face à la prolixité des premiers dialogues et aux réflexions qui s'étirent à l'infini, il demeure étrangement une sensation d'envoûtement. Oui rétrospectivement il reste un univers entêtant car une fois qu'on se laisse guider par l'intuition et le sens de l'observation de Maria, et même berner par les manipulations des personnages, on est fasciné par leurs subtilités. Au-delà de l'histoire elle-même, c'est la part de mystère de ces personnages à l'élégance incorruptible qui suscite l'intérêt et déroule l'intrigue.
On est séduit par leur lucidité froide et leur érudition. La réflexion, la rhétorique, le recours à la littérature classique pour rappeler une certaine universalité leur confère presque une coloration surannée, à contre-courant de la littérature contemporaine.


Une fois le livre refermé on se dit que la plume de Javier Marias appartient à celles qui s'épanouissent dans la littérature de la lenteur et de la sophistication. On garde en mémoire sa faculté à saisir tous les ressorts psychiques de ses personnages, les intonations, les changements de voix, les regards suspicieux. Il excelle dans l'art d'égarer le lecteur dans tout ce qui est feint et artificiel.

Méticuleux, l'auteur espagnol ne laisse rien au hasard. Il signe un roman suffisamment dense, méditatif, sombre, exigeant pour apparaître éblouissant.
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Madrid, un homme Miguel Desvern tombe sous les coups de couteau d'un SDF déséquilibré. Il laisse une épouse Luisa aimée et aimante et leurs deux enfants. Une femme , sans les connaître est profondément marquée par cette tragédie . Il s'agit de Maria Dolz , éditrice madrilène, qui sans les connaître les observait chaque matin quand ils prenaient leur petit déjeuner dans la même cafétéria . Un matin elle décide de se rapprocher de Luisa et de lui parler . Invitée chez elle elle y fait la connaissance de Javier Diaz-Varela, le meilleur ami de Miguel qui veille sur Luisa ...
Elle sera amenée à rencontrer à nouveau Javier et à au fil de leurs rencontres des zones d'ombre , des interrogations vont venir perturber cette relation.
Si vous aimez les phrases sobres et courtes, un rythme cadencé ,ce texte n'est assurément pas pour vous ! Par contre si vous aimez prendre le temps de lire , voir de relire certaines phrases dont la longueur frisent parfois l'insolence, si vous aimez les joutes verbales , les analyses de l'âme humaine, des motivations de chacun alors vous serez aux anges ! Un roman atypique à l'intrigue certes ténue mais surtout et avant tout une fable morale sur l'amour et la mort . Belle rencontre donc avec un auteur que je ne connaissais pas mais que je me promets bien de fréquenter à nouveau.
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María Dolz est une jeune femme qui déjeune tous les matins dans la même cafétéria. Elle y épie, chaque jour, un couple heureux qui la met de bonne humeur, c'est son petit rituel jusqu'au jour où elle apprend que le mari a été assassiné par un déséquilibré. Un peu par hasard et beaucoup par curiosité, elle va être amenée à découvrir qui se cache derrière ce meurtre.
Voilà un livre dans lequel j'ai eu du mal à entrer. Je trouvais l'écriture fort belle, les idées intéressantes, la narratrice attachante mais l'intrigue, lente et entrecoupée de réflexions, ne m'emballait pas. J'ai failli arrêter. Ce que j'avais fait, pour les mêmes raisons, avec Confiteor. Et puis, je me suis un peu forcée, ne voulant pas cumuler deux abandons de romans déclarés comme magistraux. J'ai été bien inspirée. La puissance de ce livre m'a finalement happée, l'universalité de ses thèmes aussi : l'amour, la mort, l'envie, la justice, la moralité. L'histoire est tragique mais elle reste plausible, réelle, et rien ne tourne au mélodrame.
Javier Marías fait preuve de brio dans la description des émotions, des sentiments, des troubles qui envahissent María et toujours, cela sonne juste. L'auteur nous parle du Colonel Chabert, de la sulfureuse Milady et d'Athos, de Macbeth aussi pour nous rappeler que l'âme humaine connait depuis longtemps les mêmes tourments, que la mort reste un abandon difficile à appréhender et que l'amour nous pousse au-delà de nos limites.
C'est un roman entier, pas facile d'accès au début mais fascinant ensuite. Un vrai coup de maître.
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De la littérature dans la littérature.... Ce grand roman de Javier Marias, très proustien dans ses analyses psychologiques et dans ses rapports de l'être humain au temps, est une oeuvre qui revisite les thèmes du Colonel Chabert et des Trois mousquetaires, reliant leurs questionnements à l'histoire d'un meurtre où le mort est finalement plus présent que ses "assassins" , à cause du questionnement que sa disparition provoque. Place des morts, rôle des vivants, ambiguïtés entre ce qui est bien et mal et leurs interférences, fragilité de ce qu'on croit éternel et illusions des habitudes, mensonges que l'on se fait à soi-même pour justifier ses pensées ou ses actes, nécessité des ruptures qui nous débarrassent du poids des servitudes dans lesquels on s'enferme par peur des changements, tout est analysé avec profondeur, intelligence et acuité et montre combien l'être humain qui se croit libre ne vit en fait que dépendant de ses peurs et des illusions d'une morale qui le rassure mais l'entrave.
Chapeau monsieur Marias pour cette démonstration brillante quelquefois un peu simplifiante et avec laquelle je n'ai pas été toujours d'accord, mais qui n'en est pas moins brillante et percutante dans son ensemble.
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Si vous ne connaissez pas encore le style rédactionnel de Javier Marias, ce roman peut constituer une bonne porte d'entrée à son oeuvre, tant elle est représentative. À partir d'un fait divers en apparence banal, l'écrivain nous entraîne dans le cerveau de deux trentenaires.

Ce qu'on y trouve n'est pas toujours glorieux, mais cela nous oblige à nous confronter à nos propres zones d'ombres : pourquoi suis-je attirée par cette personne même si je sais que notre aventure est condamnée à l'éphémère ? Jusqu'où suis-je prête à aller pour devenir sa favorite voire son épouse ? Autrement dit, peut-on se créer artificiellement le destin dont on rêve ?

Maria Dolz, une séduisante célibataire, travaille à Madrid pour une maison d'édition. Tous les jours de la semaine, elle prend son petit déjeuner dans son café préféré. À chaque fois, elle est fascinée par le même couple de quadras « parfaits » qu'elle y observe : enjoués, amoureux, heureux, vêtus avec goût, travailleurs... Rien que de les côtoyer durant une petite demi-heure, sa journée démarre de la meilleure des façons. C'est devenu pour elle une véritable addiction.

Pourtant, un beau matin, ils ne sont plus là, ni les jours suivants. Que s'est-il passé ?
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Voilà un petit moment que je vois passer cet auteur, très souvent avec d'excellentes critiques sans que j'ai eu le courage, ou plutôt l'opportunité de me plonger dans son oeuvre.
C'est dorénavant chose faite grâce au bookclub #cemoiscionlit

C'est donc sur ce roman que mon choix s'est porté, intrigué par l'histoire de cette femme, Maria, éditrice madrilène, qui observe un couple silencieusement à la terrasse d'un café avant de découvrir que l'homme a été sauvagement assassiné. Voilà pour le pitch.
Pour le reste, quelle découverte ! Une langue raffinée, subtile, faite de digressions diverses et variées pour dire l'âme humaine et ses tortuosités.

Maria est donc sous le charme de ce couple qui rit, échange, blague, qui semble se stimuler mutuellement, comme si les jours passaient sur eux sans que le quotidien ne les rattrape.
Après la mort violente de Miguel Desvern, elle se rapproche de Luisa, sa femme, et fait la connaissance de Javier Dias-Varela, le meilleur ami de Miguel, dont elle devient l'amante. Très rapidement, le lecteur se doute que Javier cache quelque chose.

C'est là que la subtilité et l'intelligence de l'écriture de l'auteur nous transporte, jouant de notre curiosité et de notre impatience à vouloir découvrir la vérité. Il nous fait cheminer à travers les méandres des pensées tortueuses et troublantes de chacun, empruntant à la littérature française ou anglaise des personnages (Le colonel Chabert de Balzac, Les trois mousquetaires de Dumas ou encore Macbeth de Shakespeare, excusez du peu !) nous permettant d'accéder à la vérité par des analogies. Mais que fait-on de cette vérité ? Quelles sont nos raisons, nos sentiments ? Peut-on trahir ou rester loyal ? That is the question !

Lecture exigeante mais oh combien exaltante quand on parvient à la dompter. Des digressions, des tours, des détours, des tournures originales, un brin d'autodérision et malgré tout un rythme dans l'écriture qui subjugue.

Merveilleuse découverte que cet écrivain espagnol.
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Un polar ? Un suspense psychologique ? Une plongée introspective ? Un essai sur le deuil, le mensonge, la manipulation, la responsabilité ?

Le livre inclassable de Marias est un peu tout cela à la fois. Il est aussi (en dépit d'une mauvaise traduction) un brillant exercice de style où l'introspection, le non-dit et l'hypothèse prennent plus de place que l'action, le dialogue ou les faits, où le lecteur est englué- comme la mouche dans une toile d'araignée- par une phrase tâtonnante, méandreuse, têtue et par une intrigue où des motifs littéraires reviennent obstinément, modifiés par les états de conscience de la narratrice, éclairant progressivement ce labyrinthe : deux répliques de Macbeth, deux phrases des Trois mousquetaires, dont l'une sert de titre au roman, et surtout l'intrigue du colonel Chabert revisitée sous toutes ses facettes par les protagonistes du récit.

Le point de départ est mince : une jeune éditrice observe tous les matins un homme et une femme qu'elle a appelé «le Couple Idéal »prenant son petit déjeuner dans la cafétéria qu'elle fréquente. Un jour, elle ne les voit plus : l'homme, apprend-elle, s'est fait larder de coups de couteau dans un parking par un voiturier à moitié fou. Elle revoit la jeune veuve éplorée, pénètre brièvement dans son intimité, devient la maîtresse d'un des amis du couple. A travers ses interrogations sur la mort, le deuil, le hasard, la jeune éditrice que le couple avait de son côté, baptisée « la jeune Prudente », accède bientôt à des soupçons qui l'effraient.

Sa réserve, son attentisme naturels sont mis à l'épreuve : faut-il agir ? mais comment savoir où est la vérité quand le coeur triche, que les protagonistes sont romancier ou éditeur, rompus à toutes les ficelles de la fiction ? Sans jamais céder à la facilité du polar, du récit à suspense, ou de l'analyse psychologique convenue, Javier Marias nous mène jusqu'à la scène finale qui est un modèle de conclusion. Tout est compris et signifié, rien n'a été dit ni fait.

Un seul bémol : une traduction parfois laborieuse (omineux, luctueux), des fautes de syntaxe invraisemblables (se fier de), qui obscurcissent malencontreusement le sens et gênent la lecture au début.



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Dans Comme les amours, la narratrice (Maria) a l'habitude de prendre son petit déjeuner dans une cafète tout près de la maison d'édition où elle travaille. Tous les matins, elle observe un « couple parfait » qui fréquente le même endroit, admirant la complicité des époux et leur bonheur apparent. Un jour, le couple n'est pas au rendez-vous. Maria apprend dans le journal que le mari est mort, poignardé en pleine rue. Elle fait alors la connaissance de la femme. Ce n'est que le début.

J'ai découvert Javier Marías au début de l'année avec Un coeur si blanc, une lecture qui a été une véritable révélation, du genre qu'on ne vit qu'une fois avec un auteur jusque-là inconnu. Pour cette raison, et parce que Marías est exigeant avec ses lecteurs, j'ai attendu plusieurs mois avant d'attaquer un autre de ses romans. Comme les amours me confirme ses talents d'écrivain. Encore une fois, il s'interroge sur les rapports amoureux (et plus largement les rapports humains), la mort, le deuil et la part d'ombre de nos proches, en sortant des sentiers battus et en exposant des pensées inavouables.

Alors qu'Un coeur si blanc regorge de digressions, Comme les amours ressemble davantage à un exercice de circonvolution qui tourne autour de son sujet pour en atteindre finalement le noyau. Je dirais aussi qu'il est plus théorique, moins romanesque ou poétique qu'Un coeur si blanc. le style et les thèmes abordés sont toutefois aussi captivants et les références littéraires aussi nombreuses. Ici, le Colonel Chabert de Balzac illustre brillamment les propos de l'auteur. Peu importe le livre avec le lequel on l'aborde, Marías est une grosse pointure de la littérature contemporaine. Mon aventure avec lui ne fait que commencer.
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Un roman exigeant qui demande attention et persévérance pour en goûter toute la teneur. Javier Marias est un maître dans l'art de disséquer l'âme humaine. L'intrigue est policière mais le roman est subtilement psychologique. D'où un récit qui progresse lentement, entre digressions, réflexions de la narratrice, analyse et interprétation du Colonel Chabert, mais qui maintient le suspense. Questionnement sur la relation de l'amour et de la mort, sur le meurtre, la trahison, le mensonge, le doute, la vérité, ce roman est brillament intelligent.
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La narratrice, Maria Dolz, prend chaque matin son petit déjeuner dans une cafétéria où elle observe un couple qui fait de même et qu'elle a baptisé le Couple Parfait. Chaque matin le spectacle renouvelé de leur complicité et de leur bonne entente lui donne du courage pour affronter sa journée de travail chez un éditeur. Un jour, cependant, le Couple Parfait disparaît. Deux mois plus tard Maria apprend que le mari, Miguel, a été assassiné dans la rue par un déséquilibré. Elle se décide alors à aborder Luisa, la veuve, qui l'invite chez elle où elle fait la connaissance de Javier qui fut le meilleur ami de Miguel.

Il ne se passe pas grand chose dans ce roman, si ce n'est quand Maria découvre fortuitement que les circonstances de la mort de Miguel sont plus troubles qu'il n'y paraît. L'intrigue est surtout un prétexte à une réflexion sur le deuil et le sentiment amoureux. Maria a en effet entamé une liaison inégale avec Javier. L'analyse psychologique est approfondie, j'y retrouve des choses que j'ai moi-même ressenties. L'auteur appuie sa réflexion sur l'histoire du Colonel Chabert de Balzac ou des épisodes des Trois mousquetaires (les deux morts de Milady). C'est intelligent, cultivé et très bien écrit. Les digressions sont fréquentes, certaines que je trouve un peu longues. Enfin il me semble que c'est le genre de roman dont rapidement je n'aurai plus de souvenir c'est pourquoi, bien que j'en ai apprécié la lecture, mon avis n'est pas enthousiaste.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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