L'expérience de lecture de cette fresque est, au bout du compte, ce qui se rapproche le plus de cette saisie de la complexité du monde par l'écrivain, non seulement de manière formelle, mais aussi humaine. Peu d'écrivains y parviennent.
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...je l’entends encore avec les lancinantes rumeurs des trains qui partent, pendant qu’elle me regarde, elle, la femme-corbeau, l’indigne, car ce n’est peut-être qu’une indigente, elle aussi, qu’un rebut de la société, bien que dans sa noirceur elle soit implacable, me regardant de haut, je sais qu’elle est elle aussi, comme tant de femmes, porteuse d’un secret, j’entendais ces confessions de femmes très belles qui m’avouaient ne plus pouvoir aimer leurs maris, quand je leur reprochais leur infidélité, leur insoumission à leurs maris, car avais-je jamais de la compassion pour celles, pour ceux qui se confessaient à moi, derrière un grillage de bois, oh non, nulle compassion, nulle pitié, je n’avais que le souverain orgueil des prêtres confesseurs, me délectant de ce déballage de sensations, d’aveux contrits, en juge présomptueux j’écoutais ces confidences, reniflant le parfum des femmes qui me chuchotaient, je ne puis dire cela qu’à vous, oui, qu’à vous seul, je ne peux éprouver aucun contact charnel avec mon mari, disaient-elles, car à treize ans j’ai été violée, à treize ans.
Parfois les femmes qui mendient dans les rues, le jour, viennent cacher ici leurs enfants la nuit, des nourrissons, des bébés, le jour, elles mendient avec leur progéniture dans leur giron, tu les vois partout dans les quartiers les plus condescendants qui tendent la main vers le passant, le bébé, tout calé dans ses langes malpropres, ne sert qu’à la mendicité, et moi que l’on accusait de pervertir l’enfance, c’est là où je vois la perversion, dans le cœur de cette femme misérable qui pervertit son enfant dans la mendicité, mais est-ce sa faute, non, il faut que cette femme puisse nourrir les siens.
Je les entendais fuir le confessionnal, ne savais-je pas déjà en les écoutant combien leurs secrets étaient le mien, les miens, les méprisant pour leurs aveux, car dans ces viols précoces leurs vies avaient été consommées, elles qui étaient belles s’étaient fanées, réduites dans le refus de la sécheresse, refusant à l’homme sa part de plaisir, elles étaient mères sans l’avoir voulu, et élevaient avec rigueur des enfants qui avaient aujourd’hui douze, treize ans, des enfants nés pour le viol, eux aussi, ne savaient-elles pas, ces pénitentes, combien nos liens étaient proches, ce qui était inavouable avait été avoué.
Il pensait en s’écoutant que rien n’était plus mensonger que ce qu’il racontait à cet homme, car il détestait souvent se mettre à sa table de travail, la nuit, ou le matin, à sa détestation de l’écriture se mêlait un malicieux plaisir, ce qui ne concernait pas le journaliste, écrire, c’était se lever le matin dans la fébrilité de la jeunesse.
...on eût dit que j’avais compris en un instant, en entendant ce cri, combien peuvent souffrir les hommes, que j’avais découvert, moi théologien et prêtre défroqué, l’essence immonde d’un mal qui nous gouverne tous, que ce fût le cri d’un Hitler ou celui d’un saint, ce cri ne serait jamais entendu, ce cri s’exhalait dans la plus grande indifférence.
Spectacle hommage à des voix littéraires québécoises marquantes qui nous ont quittés depuis peu, Marie-Claire Blais, François Blais, Serge Bouchard et Simon Roy. La comédienne Émilie Bibeau lira des extraits des regretté·e·s auteur·trice·s et les écrivain·e·s Kevin Lambert, Hélène Bughin et Ayavi Lake rendront compte de la filiation que leurs propres écrits entretiennent avec les oeuvres des disparu·e·s.
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