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EAN : 9782283025727
112 pages
Buchet-Chastel (06/09/2012)
3.82/5   33 notes
Résumé :
Ma rivière d’enfance a nom Santoire. Elle borna le monde, c’est définitif, elle fut l’été, la plage d’ardoise, et l’immobile après-midi d’août, le temps arrêté dans le babil lumineux de son lit de cailloux. Elle fut de chaque hiver, et des printemps brefs, haute, pressée d’en finir, se hâtant, tournoyant à bout de gris, cinglant les branches nues et penchées. Horizontale, insolente et enfuie.

C’est un abécédaire choisi, où l’on irait de Arbres à Vache... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Marie-Hélène Lafon, à travers les 26 petits textes, par ordre alphabétique, qui composent cet album, décline son attachement à son Cantal natal dans un embrassement sensuel, violent, exclusif, empreint de poésie.

Egrené de Arbres, Automne...., 
Brumes «En lisière des jours, d'aubes en crépuscules, les brumes tissées de silence se coulent, s'enroulent, parcourues de frissons blancs, froissées, provisoires.», 


Bottes, Burons, Chiens, Cochons, (....)

en passant bien sûr par Pays
«On étreint le Cantal, à plein bras, on le regrette, on le récite, on le rêve, on l'emporte partout, on le respire, on le flaire, on ne l'avale pas, on le déglutit, on le suinte, on le suppure, il s'avère virulent, il s'accroche, il résiste, il persiste, il s'exaspère, il demeure.
(...) J'en suis. de là-haut. J'en descends. Comme d'une lignée profonde. Lignée de vie, ligne de sens. Je n'en reviens pas de cette grâce insigne que c'est d'en être. Je n'en reviens pas et n'en veux pas finir de n'en pas revenir.»

le Cantal, ses Pierres, ses Rivières et ses Toits ne se laissent pas oublier, arbre de vie de cette auteure exigeante. La dernière phrase de Album montre qu'elle a aussi de l' humour : "Les vaches ruminent. Moi aussi."

A lire en complément des "Pays" qui est paru en même temps.

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De « Arbres » à « Vaches », un abécédaire preste, caracolant, du Cantal. Celui de Marie-Hélène Lafon. le Cantal dans sa pérennité, avec ses saisons qui ne font rien à moitié, ses nuages (je ne savais pas qu'ils pouvaient être régionaux…), ses pierres qui disent son passé géologique, sa nuit qui « ne tombe pas, elle monte », ses rivières et parmi elle, unique, la Santoire.
Mais le Cantal aussi des hommes qui y vivent. Leurs « burons » (et je découvre des abris de bergers, de pierres et de lauzes), leurs chiens et leurs chemins, leurs tracteurs et leurs bottes tout-terrain, leurs toits, leur lecture du quotidien régional.
Dans une langue généreuse, profuse et emportée, Marie-Hélène Lafon livre toute la poésie de son Cantal. Parfois âpre, souvent lumineuse et odorante. Ce Cantal dont elle ne revient pas « de cette grâce insigne que c'est d'en être. Je n'en reviens pas et n'en veux pas finir de ne pas revenir ».
Qui dit mieux ?
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Un ensemble de 26 textes courts, des miniatures aurais-je envie de dire. Présentés par l'ordre alphabétique, en commençant par Arbres et terminant par Vaches. Parce que tous ces petits textes sont en rapport avec la campagne, avec le monde paysan, proche de la nature, de la terre, mais en même temps un monde d'agriculteurs qui travaillent cette terre, qui en tirent substance, dont elle est la raison d'être et l'activité, une activité difficile, usante, prenante, gratifiante aussi, qui détermine une façon de vivre, des mentalités.

Une campagne et un mode de vie en partie disparus aujourd'hui, avec l'évolution technique, les modifications dans la façon de travailler et de vivre. Marie-Hélène Lafon évoque ce monde avec tendresse et amour.

Ces textes sont somptueux, des véritables poèmes en prose, une ode à la nature, et à un certain rapport de l'homme à cette nature, dont il est une partie plus que le maître absolu. Une poésie qui n'a pas peur d'une dose de trivial, de réel, sans pour autant perdre à aucun moment la sensation de beauté, d'éblouissement.

Une merveille, à lire et à relire.
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Ces courts textes poétiques et évocateurs, caractéristiques du style de Marie-Hélène Lafon, présentent sous forme d'un abécédaire, ce qui représente son enfance, sa région agricole.
Arbres, Bottes, Cochon,
J'ai grandement apprécié la construction des phrases, précises et fluides, qui créent une atmosphère immersive. Des phrases rythmées et cadencées, avec une attention particulière aux détails et aux sensations, qui contribuent à créer une ambiance sensorielle et émotionnelle.
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L'auteur de L'annonce demeure fidèle à ses racines, son Cantal, sa campagne, pour une évocation sous forme d'Abécédaire.
Le Cantal... " estives bleues hivers blancs automnes de feu, et pas de printemps.
Pas. De. Printemps.
Sauf les jonquilles.
Pas de printemps; sauf deux heures, sauf trois jours; de violente folie très douce sous le vitrail immense du ciel neuf."

Son écriture heurtée, brève souvent, et râpeuse est puissamment évocatrice. Chez d'autres auteurs ce style m'horripile, mais là je ne peux m'empêcher de voir, de ressentir, de me souvenir. Ces courtes vignettes ancrées dans la terre rude et l'univers rural sont pétries de réalité parfois poétique et de véracité.

Jardins n'est qu'une liste de propos tenus ou entendus . "Il faut s'y tenir. Un peu tous les jours. Pour la santé. Avoir ses légumes. Et les salades, vous les avez repiquées. Les limaces ont tout mangé. Les radis viennent trop gros. Les haricots, on les sème par sept, cinq ou neuf, toujours, un nombre impair, et pas trop serrés.(...) On commande pas le temps, encore heureux. etc..."

Journal lui aussi est tellement bien observé. Vous savez, le journal quotidien apporté par le facteur, régional, pas parisien pour deux sous.
"On commence par les Avis d'obsèques, on fait ses réflexions, on connaît, on pourrait connaître ou avoir connu, on compare les âges." "Le journal sera prêté, il circulera entre deux maisons et reviendra le lendemain."

Longues litanies pour Pierres. "Chevelues d'herbes folles, duveteuses, moussues, vêtues, grenues de lichen. Ou nues. Éclatées, rompues aux usages de tous les temps, pierres d'angle, pierres de seuil, elles portent trace. Taillées, sculptées, scarifiées, lézardées, écartelées bras en croix, bouches d'ombre ouvertes sur maints cris ravalés, obscures, cabalistiques, bossues, rondes, lourdes de mystères tus. Qu'elles ne diront pas si elles pouvaient parler."

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Bottes

Elles sont volontiers vertes, d’un vert modeste et contrit, ou rousses, voire cuivrées, façon vaches salers ; elles ne sont pas noires, ni bleues, on n’est pas au bord de la mer, on n’est pas au manège, on vient de l’étable, on y va, on y retourne ; les bottes agricoles sont d’abord faites pour ça, pour le fumier, le lisier, la merde dans tous ses états, solide, liquide, grasse, grumeleuse, compacte, en croûte, en ruisseaux, en flaques étales ; les bottes sont faites pour la bouse dont elles se rient, retrouvant leur virginité au premier coup de brosse sous le jet d’eau ou en trois pas dans le mouillé de l’herbe.
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D'abord il est blanc. C'est un épuisant mystère, une puissante chimie, tant de blancheur sans égale, incomparable, tant de blancheur issue de la bête ; brune, ou noire, rousse, rouge, acajou, blonde, châtaigne, tachetée, marquetée, plus ou moins crottée, pas du tout virginale, absolument pas immaculée, la bête cornue plantée dans la terre, nourrie d'herbe verte ou sèche et d'autres friandises plus ou moins fourragères, la vaste bête placide abrite le secret, bien caché, au chaud, le secret magique de la machine à lait.

C'est qu'il y a le pis. On dit mamelle, on dit tétines, on dit comme on peut, comme on veut, on n'ose pas toucher ; c'est presque rose, parfois, et tendre ; c'est palpitant, pelu, velouté, fragile et savant, gonflé, lourd et dru, à la limite de l'indécence. Ca sent la femme, la mère, ça vit de l'intérieur, c'est ferme et délicat, on le graisse, on l'oint, on le bichonne, ça résiste à la main profane, faut savoir faut connaître, faut avoir vu, avoir appris, avoir été initié, pour brancher le trayon, ou pour empoigner la chose, et faire gicler le blanc dans le seau, le seau pressé entre les genoux, tronc penché, dos rond, nuque ployée, casquette lustrée, tête contre flanc, à pleine odeur, la selle de bois sanglée à la taille. C'est un geste disparu, on le sait, je le sais, on se souvient, ça ne s'oublierait pas, des corps en ont la mémoire.
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BRUMES: En lisière des jours, d'aubes en crépuscules, les brumes tissées de silence se coulent, s'enroulent, parcourues de frissons blancs, froissées, provisoires.
CHEMINS: Les chemins sont parfumés, terre, eau, pierre, feuilles neuves, humus rassis, aubépine fugace, sureau entêté, lilas incongru qui garda jadis le coin du jardin. Plus de jardin, la maison a fondu, glissé, reste le lilas, seul, glorieux.
HERBE: Ramassée, compressée, engrangée dûment, elle persiste, elle repousse, elle revient, elle recommence, elle est là, plus légère et non moins crue, à peine émaciée, en regain convoité, une ou deux fois par saison sur les terres les plus généreuses.
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L'hiver serait la grande saison des arbres. Tout est à venir. Ils bruiront dans la lumière neuve de juin, caressés, traversés. Tout est à venir ; ils attendent, nous attendons, j'attends au coin d'eux quand le feu craquetant est mis. L'arbre est encore là, en bûches fendues, il fleure doux, se dissipe et monte au ciel en volutes souples, c'est une vocation ultime.
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L'arbre dressé seul se laisse embrasser de loin , prendre par le regard., il est sur le bord de la route, dans le troisième tournant après la sortie du bourg, ou dans le pré, derrière la grange, à droite. On le connaît par les yeux, de loin. On peut aussi aller jusqu'à lui, marcher, s'approcher, le toucher, s'accoter, et faire avec lui le tour muet de son horizon immobile. Plus qu'une visite, ce serait un rendez-vous, et un hommage rendu, hors les mots. La langue de l'arbre s'invente dans ses mille bouches feuillues. Les chants du monde commencent là.
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Vidéo de Marie-Hélène Lafon
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