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Simone Biberfeld (Traducteur)
EAN : 9782070413393
96 pages
Gallimard (14/03/2000)
4.15/5   10 notes
Résumé :

Lisbonne, fin des années 50. Une femme, seule, attend la mort. " Pour la première fois, quelqu'un vient me chercher, quelqu'un se penche vers moi. Pourquoi ne serais-je pas heureuse, moi, l'élue ? " Et cependant, non : " Je voudrais vivre. Comme je sais. Comme je peux. " Avec Tous ces gens, Mariana..., son premier récit, publié au Portugal en 1959, Maria Judite de Carvalho atteint les sommets d'un art fait de désespoir et de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'auteure nous raconte l'histoire de Mariana, une femme confrontée à la mort qui fait repasser toute sa vie, en faisant un bilan de cette existence… Elle a toujours eu envie de mourir, et lorsqu'un médecin lui dit qu'elle est très malade, paradoxalement l'espoir montre le bout de son nez.

Mariana a perdu sa mère, alors qu'elle était enfant et son père ne s'est jamais vraiment consolé, laissant traîner dans la maison une mélancolie profonde. Leurs chagrins sont parallèles, ils pleurent seuls, ne partagent pas la douleur de cette mort tragique. Une seule fois, son père tentera de la consoler, et on ne peut pas dire que ce fût efficace :

« Nous sommes tous seuls, Mariana. Seuls avec une foule de gens autour de nous. Tous ces gens, Mariana ! et personne ne fera rien pour nous. Personne ne peut rien faire. Et si on le pouvait, personne ne voudrait. C'est sans espoir. » P 16

Elle va repenser à Antonio, l'homme qu'elle a épousé, pratiquement en cachette, car elle n'était pas assez bien pour la famille, à Paris, où ils ont vécu un peu tous les deux et où il a rencontré une artiste, Estrela qui va le lui enlever. Mariana les voit tomber amoureux, mais ne fait rien pour empêcher les choses, tant pour elle c'était inéluctable…

Elle subit sa vie, ne se révolte jamais, rencontre des gens, accepte qu'ils la délaissent, ou la traitent mal. Elle est fataliste, en amour comme en amitié.

Je retiens au passage la manière dont Mariana parle des cartes postales que lui envoie son ami Luiz Gonzaga, un homme que sa famille destinait au séminaire et qui est en proie au doute en ce qui concerne sa vocation:

« Comme lorsque arrivent ses cartes postales. Elles ne disent rien de particulier, mais c'est son écriture, et il est doux de me dire que quelqu'un a pensé à moi, ne serait-ce que deux minutes. » P 56

J'ai eu un vrai coup de coeur pour ce récit (court roman de quatre-vingt treize pages ou longue nouvelle comme on veut), tant l'histoire est belle, empreinte de tristesse voire de mélancolie. L'écriture est rapide, jouant avec les espaces, la ponctuation, et d'une précision presque chirurgicale. Lire ce texte à haute voix procure beaucoup de plaisir.

Une très belle réflexion sur la vie et ce qu'on en fait, sur ce qui nous échappe, sur la résignation, et surtout la mort dans ce qu'elle a de fascinant, quand on la côtoie de près depuis longtemps, quitte parfois à jouer avec elle.

Une auteure, trop peu connue hélas, que j'ai beaucoup appréciée et dont je vais continuer à explorer l'oeuvre.


Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Maria Judite de Carvalho est trop peu lue, malgré ses quelques livres traduits en français, notamment l'éblouissant recueil de nouvelles Chérie?, que j'ai beaucoup aimé et dont je vous ai parlé dans un billet que vous pourrez (re)lire ici.

C'est avec Tous ces gens, Mariana… que la peintre et écrivaine native de Lisbonne a fait son entrée en littérature en 1958. Elle avait alors 37 ans, soit à peu près l'âge de Mariana, le personnage de ce court récit qui met en scène une femme à qui on vient de détecter une maladie mortelle. le temps d'une centaine de pages, Mariana fait le tour de sa vie, se remémore certains moments, se rappelle les trahisons, revoit des visages. Elle le fait sans s'apitoyer sur elle-même ni étaler ses défaites et ses regrets, mais en constatant les choses, tout bonnement.

D'une certaine manière, Mariana n'attendait plus rien de la vie. La nouvelle à laquelle elle fait face ne l'étonne pas. Comme si tout avait été écrit depuis longtemps. Depuis ce jour où son mari est parti avec une autre. Depuis cet accident où elle a perdu un enfant. Depuis toujours. Et c'est peut-être la raison pour laquelle Mariana accepte l'idée de la fin et voit dans l'échéance une forme de soulagement. le combat est fini. La tristesse des jours ne sera plus. le fardeau de la vie va enfin disparaître.

Il y a dans le récit de Maria Judite de Carvalho, non pas de la tristesse, ni même un renoncement, mais une espèce de sérénité face à la mort qui va bientôt prendre dans ses bras celle qui a, à ses yeux, suffisamment vécu et, de plus, vécu ce qu'elle avait à vivre. Un livre bouleversant, grave, avec des images indélébiles d'un Paris que l'auteure a connu, ayant fui le régime de Salazar et vécu quelques années en France et en Belgique. Un beau livre, un très beau livre, à l'écriture fluide et imagée, qui donne à réfléchir sur le sens de la vie.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Ce livre m'a énormément frustrée. En fait, il s'agit moins du livre que de Mariana.
De ce qu'on apprend à la lecture de ce roman, le personnage principal a vu sa vie jonchée de trahisons et d'abandons. Là où j'étais - personnellement - révoltée du traitement que lui infligent ses proches, Mariana reste incroyablement passive. J'ai terminé ma lecture avec une boule dans la gorge.

Néanmoins, est-ce une mauvaise chose? Rien ne sonne faux dans les réactions du personnage. de plus, je pense que ses réactions - ou absences de réaction - sont motivées par le mal profond qui la ronge : le constat que « nous sommes tous seuls ».
Constat amer pour ma part, mais je pense ne pas avoir lu ce livre au moment propice. L'autrice - dont l'évidence du talent s'est imposée à moi lors de la lecture de ce roman - a consciemment choisi l'attitude de Mariana face à l'injustice.

De plus, l'indignation que j'ai ressentie n'était absolument pas dirigée vers le livre, mais vers les abandons subis par Mariana. Cela veut donc dire que l'autrice a réussi à créer entre le lecteur et son personnage un lien d'empathie très fort, très bel exploit trop peu réalisé par d'autres auteurs.

Je garderai ce livre dans ma bibliothèque et en ma mémoire avec l'intention de le relire dans quelques années. Peut-être alors serai-je en mesure de comprendre Mariana.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Penser à l’espoir, c’est idiot ! c’est même comique. L’espoir… Il y a vraiment des gens… Et l’espoir se cache, comme le sable, dans les plis et les ourlets de l’âme. Il se passe des années, des vies, puis vient le dernier jour, et la dernière heure, et alors il surgit, fait paraître inattendu ce à quoi l’on s’attendait, rend plus amer ce qui l’était déjà. Tout est plus difficile à cause de lui. P 11
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Je parlais haut, quand les usages les plus élémentaires exigeaient de parler tout bas, je me taisais quand j’aurais absolument dû dire quelque chose, je n’ai jamais su « être ». J’ai toujours tout confondu, tout mélangé, au point de ne pas me retrouver. P 51
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Ma vie est comme un tronc, dont toutes les feuilles et toutes le branches, l’une après l’autre, se sont desséchées. Et maintenant, il va s’abattre, faute de sève. P 17
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Video de Maria Judite de Carvalho (1) Voir plusAjouter une vidéo

Maria-Judite de Carvalho : tous ces gens, Mariana
A Porto, au bord du fleuve Douro, Olivier BARROT présente le livre de Maria JUDITE de CARVALHO "Tous ces gens, Mariana..." A propos duquel il conclut "la solitude n'est pas un acquis, elle est innée"!
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