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Critique de le_Bison


Le premier type passe son temps à courir. Des kilomètres à avaler les champs de sa campagne. Il ne sent plus la douleur. Il la recherche juste comme sa dose d'adrénaline. Il court, il court, et ne baise même plus sa femme. Ne pas mélanger plaisir et performance. Il doit garder son influx pour la course. Uniquement. Comme un drogué du sport qui écoute les variations Goldberg de Gould.

Elle boit plus que de raison. du matin au soir. Une gueule de quinquagénaire, pourtant elle n'en a que trente, délaissée par son mari. le visage bouffé et bouffi par l'alcool. Elle ne le supporte plus, elle ne se supporte plus, elle ne supporte plus la société bourgeoise dans laquelle son mari la traîne au milieu de ses jeunes putes ou pouffiasses – ou est la différence dans ce milieu. Alcoolique.

Une gamine, à peine 17 ans, et pourtant des fréquentations peu fréquentables. Une dose. Deux doses. Aller au fourgue et réclamer son matériel. de l'argent, petits vols, je me déshabille, touche-moi, je descends ton pantalon, je te suce. File le fric. J'en ai besoin. Une accroc, une droguée.

Rouge, impaire et manque. Faites vos jeux. La bille d'ivoire tourne, tourne, comme un manège désenchantée. Elle cogne contre le 0, le dix, le 69, cogne tous les numéros comme une boule de flipper, rien ne va plus, elle s'arrête sur le mauvais numéro. Il a tout perdu, l'argent du loyer, la prime mensuelle, même les extras pour les putes. Pourtant, il a eu la main chaude toute la soirée, au poker. Mais il ne peut s'empêcher de finir sa soirée à la roulette et sortir du casino comme un clodo les yeux rougis par la honte et la rage. Encore un de ces accrocs aux jeux qui devraient se contenter de parties entre amis ou de tirer quelques gains sur Winamax. Au lieu de flamber sa vie sur une bille blanche.

Je ne t'ai pas encore parlé de cet accroc au sexe. Certes, il a besoin de s'habiller en costumes pour assouvir ses besoins, tantôt en Napoléon, tantôt en poilu – et je ne te parle pas du sosie de Demis Roussos – ou en chevalier écuyer avec bottes et cravaches, et pour gicler à la face de ces conquêtes sa puissance, son venin, son fluide. Sans parler de sa collection privée de films pornographiques aux titres aussi poétiques qu'enchanteurs, Autant en emporte le gland, Enculons-nous dans les bois, Bite et Châtiment… Que du lourd et des gros nénés.

J'allais oublier ce curé pas comme les autres. Et non parce que c'est le sosie parfait du pape, réplique du pape François en banlieue parisienne. Son problème, une différence notable avec les habituels curés que l'on peut croiser pour peu qu'on aille s'agenouiller dans une paroisse le dimanche matin. Il aurait pu être pédophile, comme cela se fait si bien dans le milieu, mais non, il est cocaïnomane. Cela n'aurait pas dérangé le clergé s'il ne s'était pas mis à détourner les fonds et à piocher dans la quête pour aller se payer sa dose vers le paradis artificiel.

Au milieu de ces étranges personnages aux caractères bien extrêmes, il y a Clarisse que j'imagine en petit tailleur crème, string noir dessous, crinière noire et des cuisses à écarter. Profession : addictologue. Et elle a la folle idée de réunir toutes les personnes souffrant de ces addictions pour une thérapie de groupe d'un nouveau genre. Fini le cloisonnement entre alcooliques anonymes, la séparation des anorexiques ou des drogués de la drogue ou du sexe. Elle mélange tout le monde, pour une partouze cérébrale où chacun plonge son âme dans l'addiction des autres. Et lorsque tu remplaces ton addiction par celle des autres, cela donne un roman de Héléna Marienské avec folle frénésie et burlesque rebondissement. Une comédie de rentrée littéraire et une belle écriture même si l'histoire ne tient pas tout à fait la longueur du roman.

Par discrétion, peut-être, je n'ai pas évoqué ce gars, grand timide aux premiers abords, qui cumule tant de tares ou d'addictions, les achats compulsifs de bouquins, l'alcool, la drogue et le sexe… Surtout le sexe. Un type comme ça, mieux vaut ne pas le croiser dans une ruelle étroite et sombre tant il a une gueule à faire peur, du genre à ressembler à un bison fuyant la vie ordinaire.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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