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EAN : 9782080431455
128 pages
Flammarion (16/08/2023)
3.79/5   2646 notes
Résumé :
Musset s'en moque, il publiera les autres pour son plaisir, insouciant d'aucune règle, sauf celle de ses caprices et de sa fantaisie douloureuse et si légère. Ce sera son "spectacle dans un fauteuil". C'est pourquoi on ne cessera jamais de jouer ses comédies et proverbes.

Dans quel rêve, quel château, quel parc mélancolique sommes-nous? Le jeune seigneur Perdican devrait y épouser sa cousine Camille, mais en un instant il décide d'aimer une jeune be... >Voir plus
Que lire après On ne badine pas avec l'amourVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (151) Voir plus Ajouter une critique
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sur 2646 notes
"Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux...
"Toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses...
"Mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de ces êtres si imparfaits et si affreux..."
Ne me dites pas que ça ne vous donne pas envie de le lire... Quelle petite merveille que cette oeuvre !
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Étonnant cet Alfred de Musset ! Étonnant, vraiment, car on croirait dur comme fer que sa pièce a été écrite au XVIIème siècle par un dramaturge espagnol à la Lope de Vega.

Il a l'art de remettre au goût du jour (au goût de SON jour, s'entend, c'est-à-dire la première moitié du XIXième siècle) des styles et des formes désuètes comme le genre théâtral du proverbe, dont il signe ici l'un des plus grands opus.

(Pour ceux que cela intéresse, le proverbe, au théâtre, est une sorte de comédie, le plus souvent en un acte, à l'origine destiné à être représenté dans les salons mondains et dont le public — un cercle d'invités — devait retrouver à quel adage, dicton ou maxime cette petite farce faisait référence. Alfred de Musset a su donner quelque relief au genre qui, bien qu'assez populaire à une époque — XVIIè puis XVIIIè s. —, n'a jamais vraiment livré à la postérité une bien longue descendance.)

Il faudra attendre la fin du siècle pour que quelqu'un sache faire encore mieux que Musset dans le maniement d'un style suranné tombé en totale désuétude, (mais c'est tellement exceptionnel que c'est du registre de " l'exception qui confirme la règle "), je pense évidemment à l'immense Cyrano d'Edmond Rostand.

Ce que réussit Musset avec On Ne Badine Pas Avec L'Amour (ou Rostand avec Cyrano de Bergerac) est tout à fait comparable au récent succès du film muet The Artist de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin et Bérénice Bejo dans les rôles titres, en allant tout à fait à contre-courant du style du moment.

C'est osé, donc, quant à la forme. le fond est forcément largement contraint par l'intitulé même du proverbe « on ne badine pas avec l'amour ». Mais pour donner du relief et de l'épaisseur à la chute forcément connue, l'auteur s'ingénie premièrement à greffer une assez longue introduction, deuxièmement à créer des personnages secondaires qui portent le comique, et troisièmement à tendre les ressorts tragiques au maximum, si bien que de la modeste forme du proverbe, on arrive à une pièce en trois actes qui fait très fortement penser aux tragi-comédies espagnoles du siècle d'or et qui s'inscrit pleinement dans la mouvance romantique du moment, sans être caricaturale à l'excès. Chapeau bas, Monsieur de Musset, car c'était une vrai gageure.

Je crois qu'il est grand temps que je vous parle un brin du synopsis car je m'enfonce par trop dans des considérations personnelles. Nous voici donc avec un baron, homme d'importance, probablement dans la capitale, mais aussi détenteur d'un domaine en province où se déroule l'action.

Il est aux anges notre brave baron car c'est aujourd'hui que son fils Perdican, fraîchement promu docteur en droit, littérature, botanique et je-ne-sais-plus-quoi encore, vient d'accéder à la majorité (21 ans à l'époque et ce jusqu'à Giscard d'Estaing) et semble donc bon à marier.

La fiancée toute désignée est sa cousine Camille, qui elle aussi précisément sort du couvent où elle a reçu une éducation sérieuse et stricte, notamment sur la morale. tout doit aller pour le mieux, ils s'adoraient enfants, il est beau comme l'air, elle est belle comme l'aube, comment pourrait-il en être autrement ?

Mais voilà, ce vilain couvent avec ses pièces froides et austères, n'abritant que des nones ou des femmes déçues du monde, ce vilain couvent, dis-je, a injecté dans le cerveau de Camille des préceptes incompatibles avec un mariage terrestre. Et donc, la damoiselle, s'attendant fatalement à souffrir des amours humaines, en vient à exposer à Perdican qu'elle envisage de prendre le voile, et par la même, de mettre les voiles et de s'échapper dès le lendemain, direction couvent, destination paradis.

Perdican, forcément est un peu piqué par la chose, car il sent bien qu'il l'aime, et mieux encore, il sent bien qu'elle l'aime un peu aussi, elle, et que ce sont ces vieilles punaises de sacristies qui lui ont bourré le crâne avec cette mauvaise farce.

Celui-ci décide donc de titiller la fibre de la jalousie de sa dévote cousine en prétendant s'en fiche comme de l'an quarante et d'être tout disposé à épouser sa soeur de lait, paysanne certes, mais elle aussi belle à croquer et probablement bien plus facile à vivre et à satisfaire…

Vous en savez déjà bien assez. Il me reste à vous avouer que cette lecture m'a paru très plaisante mais qu'elle ne m'a tout de même pas emmenée dans les confins stellaires telles que d'autres lectures ont eu le pouvoir de le faire, d'où mes quatre étoiles et non cinq, mais sachez qu'on ne badine pas avec les étoiles et que ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Un très grand classique, chef-d'oeuvre du romantisme. Alfred de Musset y montre avec justesse que le cheminement amoureux est semé d'obstacles et que l'amour fraie avec la tragédie. Une pièce à lire et à relire, pour sa justesse. Ce qu'écrit l'auteur est toujours d'actualité, c'est intemporel. Cette oeuvre on la savoure sans doute encore davantage justement lorsqu'on s'approche du tombeau ou tout du moins que l'on avance en âge, avec plus précisément la célèbre tirade de Perdican.
Tout simplement réaliste et magnifique!
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Étrange pièce qui oscille entre la comédie et la tragédie. J'ai eu l'impression de perdre sans arrêt l'équilibre.

Dès le début je me suis pris le chou avec les personnages de maître Blazius, maître Bridaine et dame Pluche. Ils ne sont pas mal définis, au contraire, ils sont simplement infects. Puant la tradition conservatrice imperméable, ils ne pouvaient que détraquer l'éducation des jeunes Perdican et Camille. Je me suis dit que passer cinq actes avec des gus pareils, ça allait faire long.
Puis Musset fait prendre un virage comique à ces vieux je-sais-tout décrépis, dévoilant leur goût immodéré pour la vinasse et la bonne bouffe ou les mettant dans des situations casse-gueule d'intermédiaire dans la romance. Et ils en deviennent dès lors sympathiques car on voit bien que l'auteur veut se foutre de leur gueule.

Comme en miroir, les deux jeunes Perdican et Camille qui s'annonçaient comme d'innocents oisillons se révèlent tacticiens hors pair dans leur grand combat d'amour. le baron, père de Perdican et oncle de Camille, veut les marier pour apporter un lustre clinquant à son blason (oui, marier deux cousins germains, bah, l'église apportera une dérogation, pas de soucis). Perdican n'a rien contre, Camille refuse. Perdican est un coureur, l'amour pour lui est équivalent au tourisme. Camille, qui a vécu dans un couvent, est dans le fond absolument effrayée par l'idée d'un amour qui ne serait pas synonyme d'éternité. Ils sont pourtant, et de plus en plus, attirés l'un par l'autre.

Leur partie d'échec amoureuse aurait pu rester badine s'ils ne décidaient pas d'utiliser un pion sacrifiable : la pauvre Rosette, paysanne au coeur pur qui n'a rien demandé à personne, soeur de lait de Camille. Au moment où l'on est prêt à placarder les mots « tout est bien qui finit bien » on tombe finalement dans la tragédie pure comme dans un profond ravin. Alors que quelques scènes plus tôt on s'amusait encore des réparties pathétiques de Blazius et Bridaine.

Bref on ne sait jamais sur quel pied danser et c'est plutôt agréable d'être mené par le bout du nez comme ça. Lorsqu'il écrit cela, Alfred de Musset est sur le coup d'une grosse déception amoureuse avec George Sand qui a elle aussi joué les « touristes » ailleurs. Il irrigue carrément sa pièce de son affliction. Il en profite pour égratigner l'Église qui maintient encore la femme dans un carcan de « règles civilisées » restrictives et pour démontrer que cinquante ans plus tôt la Révolution a échoué à détruire la dominance de la noblesse et du clergé sur la paysannerie.

Je retournerai certainement visiter cet auteur.

Challenge XIXème siècle 2017
Challenge Théâtre 2017-2018
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C'est une pièce que j'affectionne.Elle est certes cruelle, mais tellement pleine de passion, de complexité !

Elle est aussi particulière car elle mélange les styles: le tragique, avec ce choeur annonciateur de événements, le comique et le grotesque incarnés par certains personnages, Blazius, le gouverneur pédant de Perdican, et Bridaine, le curé ivrogne à l 'éloquence ridicule. Enfin et surtout le psychologique et le dramatique autour des deux personnages principaux, jeunes héros romantiques et exaltés : Camille et son cousin Perdican.

Ils s'aiment depuis longtemps mais sont à un âge où ils se cherchent .Ce qui complique leurs retrouvailles, c'est aussi le fait que Camille sorte du couvent, la tête emplie d'idées fausses sur le monde, et que Perdican ait encore des incertitudes et un idéal un peu présomptueux d'adolescent.Orgueil et préjugés ...

Alors, on joue, on expérimente, on ment aux autres, à soi-même...Et surtout on utilise une jeune fille innocente, Rosette.

Mais le jeu se transformera en tragédie.

La fin, les élèves ne la comprennent pas. C'est vrai qu'elle peut paraitre excessive dans son romantisme exacerbé . Ils me disent, très pragmatiques: " Mais Madame, elle peut en trouver un autre!"

Elle est surtout le symbole de ce que peut entraîner le travestissement de la vérité, surtout celle des sentiments. Car , non, on ne badine pas avec l'amour...
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Citations et extraits (234) Voir plus Ajouter une citation
Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueuilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompés en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueuil et mon ennui.
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On est souvent trompé en amour souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois : mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.

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PERDICAN
Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu'on te fera de ces récits hideux qui t'ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : “ J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. ”
Il sort.
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"Adieu Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. "
Acte II Scène 5
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Vous saurez, mes enfants, que le jeune Perdican, fils de notre seigneur, vient d’atteindre à sa majorité, et qu’il est reçu docteur à Paris. Il revient aujourd’hui même au château, la bouche toute pleine de façons de parler si belles et si fleuries, qu’on ne sait que lui répondre les trois quarts du temps. Toute sa gracieuse personne est un livre d’or ; il ne voit pas un brin d’herbe à terre qu’il ne vous dise comment cela s’appelle en latin ; et quand il fait du vent ou qu’il pleut, il vous dit tout clairement pourquoi. Vous ouvririez des yeux grands comme la porte que voilà de le voir dérouler un des parchemins qu’il a coloriés d’encres de toutes couleurs de ses propres mains et sans rien en dire à personne. Enfin c’est un diamant fin des pieds à la tête, et voilà ce que je viens annoncer à M. le baron. Vous sentez que cela me fait quelque honneur, à moi, qui suis son gouverneur depuis l’âge de quatre ans ; ainsi donc, mes bons amis, apportez une chaise, que je descende un peu de cette mule-ci sans me casser le cou ; la bête est tant soit peu rétive, et je ne serais pas fâché de boire encore une gorgée avant d’entrer.
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Vidéo de Alfred de Musset
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : « La confession d'un enfant du siècle », _in_ _Oeuvres de Alfred de Musset,_ ornées de dessins de M. Bida, Paris, Charpentier, 1867, p. 432.
#AlfredDeMusset #LaConfessionDUnEnfantDuSiècle #LittératureFrançaise
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