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Critique de Myiuki


Comment ne pas succomber au charme de ce roman original et décalé ? Impossible m'est avis ! Mon tout premier roman sur les zombies et je suis déjà conquise ! Il faut dire que l'auteur met tout en oeuvre pour nous embarquer dans une histoire passionnante, à la fois tendre et dure, qui vous accroche dès les premières lignes. Je ne suis pas loin du coup de coeur pour ce livre hors du commun que je vois comme une petite pépite de bonheur au milieu de la multitude grisonnante et je vais de ce pas vous dire pourquoi vous devez absolument lire ce livre !

Tout d'abord, pour l'univers sombre et nécrosé que l'on y découvre. D'accord, dis comme ça, ça ne donne pas franchement envie, mais, je vous assure, c'est très attractif une fois qu'on est plongé dedans. Vous ne me croyez pas ? Attendez encore un peu, je vais vous expliquer. Donc, je disais, nous voici projetés dans un monde post-apocalyptique ou les zombies ont pris le pouvoir, décimant les populations humaines, appelées les « Vivants », afin de se nourrir en grignotant leurs cerveaux (charmant n'est-ce pas?), et où l'espoir se ternit de jour en jour. Les Vivants, reclus au coeur d'un ancien stade de football (américain, je précise ^^), vive dans la peur et se retranchent derrière de hauts murs pour éviter la confrontation. J'avoue, je les ai trouvé un peu attentistes voir peureux ces Vivants, même si je comprends tout à fait leur choix. Se calfeutrer et se « contenter » de la situation telle qu'elle est sans essayer de la changer, hum, pas franchement courageux tout ça. du coup, ça n'a donné que plus d'écho dans mon petit cerveau de lectrice aux bouleversements qui ont suivi, il fallait donner un grand coup de pied dans la fourmilière pour que cesse l'immobilisme de ces Vivants et que bougent enfin les choses. le statut quo entre les Vivants et les zombies ne pouvait pas durer, sinon, on se serait ennuyer, vous ne pensez pas ? J'ai trouvé ça moins passionnant de voir comment le « conflit » était géré par les dirigeants Vivants, parce qu'en vérité, on ne le voit que peu. Par contre, j'ai apprécié les descriptions du stade, du mode de vie des Vivants, de ce qu'ils font pour essayer de survivre, de leurs devoirs, de ce qu'est leur vie tout simplement, si on peut appeler ça comme ça. L'ensemble apporte une lourdeur supplémentaire au texte, mais dans le bon sens, je précise, une profondeur qui vous rend presque claustrophobe et qui vous donne envie de vous échapper de là et de hurler à plein poumons. L'auteur arrive très bien à nous rendre cette vie-là, sans but, sans avenir, ce monde dans lequel les Vivants vivotent au lieu d'exister pleinement. Je l'ai trouvé sombre, triste, gris, cette vie-là n'a rien d'enviable, elle vous donne la chair de poule tant elle vous enferme dans un carcan, on se sent un peu prisonnier de cet enfer permanent et le fait que le lecteur arrive à ressentir tout cela prouve à quel point l'auteur a bien fait son job ! Ça nous rend plus proche de notre propre espèce aussi, de ses représentants, qui, dans ce monde déchiré, détruit, tentent de faire de leur mieux. Et c'est toujours la même question qui se pose, à leur place, qu'auriez-vous fait ? On peut dire ce qu'on veut, il n'est jamais facile de prendre des décisions quand des vies sont en jeu …

En face, se situe le camp des zombies et des Osseux. Les premiers sont plutôt sympathiques au premier abord (outre le fait qu'ils mangent les Vivants … mais bon, ils y sont obligés pour survivre, ça n'est pas vraiment un choix conscient, du coup, on leur pardonne plus facilement ^^) et j'ai beaucoup apprécié aussi de voir quelle était leur vie à eux. Les cours d'attaque des petits, les messes, les déplacements en groupe, l'idée de la pensée collective aussi m'a plu, parce qu'elle présuppose quelque chose de plus grand … mais je ne dirai rien de plus là-dessus, ça gâcherait le suspens ! Ce monde-là m'a paru tout aussi peu enchanteur que celui des Vivants. Morne, blafard, se déroulant au ralenti, il n'a rien d'enviable non plus et, là encore, les zombies, je les ai perçus comme des prisonniers de leur condition, des hommes, des femmes, des enfants, atteints d'une maladie qu'il faudrait guérir plus que réellement responsables de leurs actes. On ne choisit pas de devenir zombie, c'est clair ! du coup, fatalement, on finit par s'y attacher à ces morts-vivants, parce qu'on sent leur souffrance, même si elle n'est pas évidente au premier abord vu qu'ils ne peuvent que grogner légèrement. Ils m'ont rendu tristes ces zombies qui n'ont plus de coeur qui bat, qui font semblant en permanence alors qu'ils ne savent même plus pourquoi, des marionnettes aux fils pendant ayant perdu leurs marionnettistes. J'ai eu de la compassion pour ces zombies, vraiment, et, là aussi, c'est que l'auteur a vraiment du talent, parce qu'au début, je ne pensais vraiment pas pouvoir m'attacher à eux ! Enfin, pas à tous non plus hein, leurs « chefs », autrement appeler Osseux, m'ont réellement foutu les jetons et j'aurais bien eu envie d'avoir un désintégrateur sous la main ou un truc du genre pour tous les dégommer un par un, ils sont flippants je vous dis ! de quoi faire des cauchemars la nuit. On sent aussi qu'ils ont la main mise sur tout ce petit monde qui, de fait, vie aussi en autarcie et le raccourci est vite fait pour se dire que les zombie sont eux aussi enfermés … dans un aéroport ici pour le coup. On sent d'ailleurs toute l'ironie de la chose au passage, j'ai apprécié ! Donc, je disais, le parallèle se fait très vite entre les Vivants et les zombies dont les vies m'ont semblé finalement très similaires, tristes, solitaires, sans but et sans avenir, c'est déprimant au possible tout ça et en même temps, fascinant ! J'ai adoré pouvoir plonger ainsi dans le quotidien de ces deux « peuples » qui cohabitent ensemble dans un monde en perdition et voir les deux côtés de la barrière. On se rend vite compte qu'ils ont beaucoup plus de points communs qu'il n'y paraît au premier abord et ça nous rappelle aussi que, dans tout ça, la notion d'humanité qui a été un peu mise de côté jusque-là devrait refaire surface …

Humanité, c'est le mot clé qui définit parfaitement, selon moi, les deux personnages principaux du roman, à savoir R., zombie de son état et Julie, on ne peut plus Vivante. Commençons par R.. Ah la la, que dire si ce n'est que me voilà tombée sous le charme d'un zombie ! Incroyable, mais vrai ! Impossible de résister au charisme dévastateur de ce zombie vraiment pas comme les autres. R. est notre narrateur, chose que j'ai d'autant plus apprécier parce que, vous avouerez que pénétrer ainsi dans l'esprit d'un zombie c'est pas donner à tout le monde ! Je disais donc, un super concept car on prend plaisir à suivre le fil des pensées de R. (et oui, un zombie qui pense!), elles sont tellement étonnantes, sentimentales, vives, qu'elles vous touchent, il ne peut en être autrement. J'ai pris énormément de plaisir à écouter R., à tenter de comprendre avec lui le pourquoi du monde qui l'entoure, le comment des sensations, des émotions, c'est un véritable ré-apprentissage de la vie que nous offre ici l'auteur à travers ses yeux et son regard sur les autres. C'est tendre au possible et d'une telle sensibilité que souvent j'en ai eu des frissons. Ce zombie romantique a tous les atouts pour vous faire craquer ! On sent dès le départ sa différence d'avec les autres zombies puisque lui se pose des questions, réfléchit, ressens des choses alors qu'il n'a pas techniquement de coeur. Comment ne pas craquer pour un zombie qui écoute de la musique sur vinyles parce que le son est meilleur ? Ah, je crois que je suis amoureuse ! Non, sérieusement, ce personnage-là est tellement beau, tellement fort, tellement puissant, qu'on ne peut que l'apprécier. C'est un super héros des temps modernes qui s'ignore. On sent bien toutes les étapes par lesquelles il passe durant ce roman, toute sa tristesse, sa douleur, sa joie aussi, et, à la fin, son amour. Je ne sais pas, j'ai trouvé cette re-découverte des sentiments humains tout simplement magique parce qu'à travers ce zombie, elle prend une teinte nettement plus colorée, chaleureuse, qui contraste grandement avec l'environnement dans lequel cette petite graine grandit. C'est comme un film en noir et blanc qu'on va coloriser, sublime ! Et tout bascule dans le monde plat et répétitif de R. quand il croise la route de Julie. Coup de foudre instantané et petit coeur qui bat ! Cette Vivante est, elle aussi, différente des autres. Dès le départ on voit sa détermination, sa compassion, son empathie, elle rayonne de l'intérieur et vous irradie de sa lumière, elle est pleine d'humour, de bonne humeur mais surtout elle porte en elle les germes d'une graine qui ne demande qu'à pousser, ceux de l'espoir ! Elle y croit encore ! Et rien que ça, ça vous donne envie d'y croire avec elle. Que le changement est possible, que l'on peut « guérir » les zombies, leur donner une seconde chance, que l'on peut vivre autrement, tout simplement vivre. Leur rencontre est au coeur du roman car elle va tout changer et les voir évoluer ensemble m'a chamboulée. Il faut dire que, bien évidemment je ne vous apprends rien ici, une romance va naître entre eux et que c'est elle qui va porter tout le texte. C'est romantique, certes, mais c'est aussi très réaliste car on voit que les sentiments entre les deux naissent progressivement, avec tout ce que cela entraîne de doutes, de questionnements, de douleurs aussi, mais surtout, de petits bonheurs. C'est un régal que de voir ce couple qui crève l'écran grandir sous nos yeux, ils sont juste parfaits et on ne peut que leur souhaiter dès le départ un happy end !

Il y a bien évidemment d'autres personnages dans le texte, tous aussi attachants les uns que les autres, chacun avec leurs cicatrices, leur passé et leur avenir, pas un que je n'ai pas appris à aimer d'une certaine façon, mais je ne vais pas vous parler de tout le monde sinon ma chronique va encore plus s'étirer ! Juste deux encore. M, le tombeur zombie qui m'a fait marrer comme pas possible et qui dégage nettement plus de profondeur qu'il n'y paraît au premier abord, vous allez l'adorer et Perry, l'ex de Julie qui tient un rôle important aussi dans le roman puisqu'il interagit avec R., je ne vous dis pas comment ni pourquoi, mais ça apporte une belle touche au texte, ça m'a plu comme concept, lisez et vous comprendrez pourquoi. Sinon, il me reste à vous parler du style de l'auteur. J'ai beaucoup aimé la plume de Isaac Marion, elle m'a emportée dès les premières lignes dans un monde que j'ai trouvé fascinant d'arpenter car il était complexe et qu'il allait bien au-delà de notre vision purement manichéenne du monde, j'ai trouvé le récit très humain, très sensible, ça m'a touchée, par bien des aspects et je n'avais clairement pas envie de le quitter. L'auteur a su habilement mêler psychologie, action et humour dans ce texte qui, bien qu'écrit de manière simple, a tout d'une oeuvre trompe l'oeil, comme j'aime à les appeler. Ici, on vous demande de voir au-delà des apparences, de croire, d'espérer, de faire confiance, de rêver, c'est quelque chose de difficile mais ce qu'on vous offre en échange vaut la peine. J'aime ces livres qui vous donnent des leçons sans en avoir l'air, qui vous rappelle ce qu'avoir une âme veut dire. Et oui, ce roman a beaucoup d'âme, bien plus que beaucoup d'autres que j'ai lu ! On se laisse glisser dans ce récit avec délice, il se dévore en un clin d'oeil et, arrivé à la dernière page, on en redemande ! Une romance impossible à la Roméo et Juliette sur fond de guerre perdue d'avance, c'est accrocheur, provocant aussi peut-être mais surtout extrêmement fort. Rien ne laisse indifférent dans ce livre, pas même les plus petits détails. Et même s'il y a quelques petites choses qui ne m'ont pas plu ou que j'aurais préféré autres, j'ai tout simplement adoré livre ce livre ! Parce que, comme ses personnages principaux, il est différent, parce qu'il vous pousse à réfléchir, parce qu'il vous offre la vision d'un monde où tout est encore possible. J'ai aimé du début à la fin. Je me dis que le style y est pour beaucoup, parce qu'il a cette touche qui le rend si particulier, si différent des autres, on a envie de se laisser porter par ces mots qui nous parlent d'amour, tout simplement. Et je me dis que cette leçon-là est le plus importante de toutes celles que nous enseignent le roman : l'amour est plus fort que tout ! Ou serait-ce l'espoir ?

En conclusion, un roman qui, vous l'aurez compris, m'a bluffée et dont je suis désormais fan ! Il faut dire qu'une fois qu'on a fait la connaissance de R., on ne peut plus l'oublier ! Laissez-vous porter avec humour et tendresse dans ce texte plein de poésie et d'émotions qui vous fera passer du rire aux larmes en un battement d'ailes et qui ne vous lâchera plus une fois que vous l'aurez refermé. A lire absolument !
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