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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cette mise en perspective économique de l'oeuvre de Houellebecq est intéressante bien que je n'ai pas lu tous les romans cités. Bernard Maris tragiquement disparu convoque de grands noms de la pseudo science économique pour présenter une critique du libéralisme omniprésente dans le discours et de l'auteur et de son sujet...Cet essai très accessible se lit d'une traite en moins de deux heures...
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On peut essayer de comprendre l'économie en se tapant les théories décérébrées des économistes (tous pourris) mais on peut aussi se mettre à la lecture de Houellebecq. On comprendra aussi bien la marche aberrante de l'humanité, et on sirotera à l'occasion son pur style d
ésenchanté.


Derrière tous les romans de Michel Houellebecq, Bernard Maris reconnaît la figure de certains grands économistes. Ceux-ci s'appellent Marx, Malthus, Schumpeter, Smith, Marshall ou Keynes, et ils ont popularisé les notions de « minimum vital nécessaire », de « destruction créatrice » ou d' « infantilisme des consommateurs ». On peut ainsi lire L'extension du domaine de la lutte comme un roman sur le libéralisme et la compétition, Les particules élémentaires sur la marchandisation des rapports humains, Plateforme sur l'absurdité de l'offre et de la demande, La possibilité d'une île pouvant quant à lui se lire comme la science-fiction d'une humanité dont tous les membres seraient enfin devenus les kids éternels rêvés par la société de consommation.


Si les romans de Houellebecq sont si violents et cruels, c'est parce qu'ils reproduisent à l'échelle individuelle la violence et la cruauté qui se cachent derrière les théories économiques les plus nobélisables. Ce qui se passe dans les romans de Houellebecq est-il plus odieux et répugnant que la théorie de Gary Becker (les familles se répartissent en deux catégories selon qu'elles ont peu d'enfants mais de bonne qualité ou beaucoup d'enfants mais de qualité médiocre), celle de Gérard Debreu (notre société doit réfléchir de toute urgence à la question de la durée de vie des vieux : vaut-il mieux les débrancher tôt ou les maintenir en vie le plus longtemps possible pour créer des emplois ?) ou celle de Larry Summers (il vaut mieux déverser la pollution du Nord vers le Sud pour faire mourir les noirs et conserver les blancs afin que l'humanité y gagne en termes de revenu mondial économisé) ? N'oublions pas de préciser que les trois bonhommes sus-cités ont chacun reçu le Prix Nobel d'économie.


Un être humain trop sensible ayant grandi et vécu dans une société qui valorise de tels raisonnements et qui reconnaît les valeurs qui en découlent ne peut finir autrement qu'un personnage de Houellebecq. Il se montrera cynique pour se protéger, il déprimera s'il ne peut pas lutter, ou il collaborera s'il croit encore pouvoir tirer son épingle du jeu. Chacun des romans de Houellebecq présente des personnages pris au piège de ces comportements qui découlent d'un paradigme nauséabond. Voudrait-on s'en sortir que le reste de la société nous rattraperait et nous collerait à nouveau le nez devant les étalages de cosmétiques puants du Monoprix.


Les personnages des romans de Houellebecq présentent tous un léger décalage : ils louchent un peu trop et se prennent les jambes dans le tapis en voulant filer droit avec les autres. Leur regard dévie d'un angle infime par rapport à l'angle droit de la servilité joyeuse. Ils sont peut-être nés trop tard ou espèrent être nés trop tôt, ils regrettent la disparition du christianisme qui permettait de « refuser l'idéologie libérale au nom de l'encyclique de Léon XIII sur la mission sociale de l'Evangile » tandis que « le marché, lui, se charge de les abolir et de les pulvériser, en abolissant tout lien autre que monétaire ». En considérant que le déclin du christianisme s'accompagne de la naissance du matérialisme et de la science moderne, avec pour conséquences le rationalisme et l'individualisme, on peut interpréter Soumission, le dernier roman de Houellebecq, publié après cet essai de Bernard Maris, sous l'angle de la recherche d'un nouveau paradigme apte à mieux satisfaire les aspirations authentiques de l'être humain. Et si cette perspective semble affreuse, il faut alors se demander quel terreau a pu lui permettre de se développer ? Il paraît que les chiens ne font pas des chats.


Si Bernard Maris parle de Michel Houellebecq, c'est surtout pour dessiller certains de ses (mauvais) (ou faux) lecteurs qui croient voir en lui le représentant démoniaque des pires aspects de notre société. Peut-être n'est-il finalement que le témoin le plus intérieur de la catastrophe économique.
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Qui aurait cru que ces deux-là soit politiquement et amicalement compatible. A ma droite le plus médiatique, le plus controversé, le plus adoré ou le plus détesté des écrivains français de ce début de siècle, à ma gauche l'économiste humaniste (oxymore ?) journaliste à Charlie Hebdo et France Inter.

Qui aurait cru que l'univers nihiliste, anxiogène et le regard sans espoir que porte Michel Houellebecq sur notre monde ont pu inspirer le doux et bienveillant Oncle Bernard, lui qui bataillait contre Dominique Seux chaque vendredi sur notre radio national.

Bref la droite et la gauche se rencontre dans cet essai érudit mais accessible au commun des mortels. Bernard Maris sait parler d'économie de manière simple et compréhensible, il utilise les romans et essais de Houellebecq, qu'il connait parfaitement, pour décortiquer et expliquer notre monde contemporain : l'offre et la demande, l'individualisme, l'entreprise, le consumérisme, l'utile et l'inutile, le capitalisme en fin de règne, bref toutes ces joyeusetés qui font le monde Houellebequien si désespéré et pourtant si proche de nous.

Que vous aimiez ou détestiez Houellebecq, vous retrouverez le regard singulier de notre regretté oncle Bernard, disparu dans l'attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier dernier, en 150 pages il réussit à rendre attachant le plus énervant des écrivains français contemporains, ce n'était pas gagné d'avance.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je me suis intéressée à ce livre parce que j'apprécie les chroniques économiques de Bernard Maris sur France Inter et que j'aime la littérature Houellecquiènne. Alors quand les deux de rencontre, ça donne envie d'aller voir.
L'auteur de « Houellebecq économiste » explique dans le prologue pourquoi il a voulu écrire ce livre : à l'origine, ce sont les thèmes chers au grand économiste Joseph Schumpeter révélés dans le grand roman d'amour « la carte et le territoire » (la fine analyse du travail, de l'art, de la création, de la valeur, du progrès, de l'industrie et de la « destruction créatrice »). Des thèmes d'ailleurs que l'on retrouve dans plusieurs romans de Houellebecq.
Bernard Maris organise son essai autour de 5 chapitres allant du règne de l'individu jusqu'à la véritable fin de l'histoire et la fin de l'espèce autrement dit l'au-delà du capitalisme. Ceux qui lisent Houellebecq s'y retrouveront.
Même si ce livre ne bouleverse pas notre pensée, il y a quelques passages intéressants comme les propos sur le libéralisme qui conditionne et incite les individus à consommer (du sexe notamment) en surfant sur la peur de vieillir et de mourir.

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Lire et analyser l'oeuvre de Michel Houellebecq par le prisme des principales théories économiques contemporaines, telle est la proposition alléchante du regretté Bernard Maris.
Avec une plume engagée, alerte, non dénuée d'humour, l'économiste qui raille l'économie et ses confrères nous invite à lire entre les lignes des romans et des poèmes de Houellebecq pour y découvrir là le principe de la destruction créatrice, souligner l'infantilisme des consommateurs, plus loin le règne absolu des individus avant de finir sur une méditation qui bien que lucide serait terriblement pessimiste, s'il ne posait pas la compassion ou la bonté comme bouée de sauvetage. L'exercice est non seulement intellectuellement stimulant mais aussi brillant et sensible.
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Houellebecq économiste est le livre le plus stimulant de mes dernières lectures. L'économiste Bernard Maris (parmi les victimes de la tuerie de Charlie Hebdo) propose de relire les romans de l'écrivain Michel Houellebecq à travers une grille de lecture économique (tout en égratignant pas mal au passage cette discipline qu'il ne considère pas comme une science, ses prédictions s'avérant souvent fausses écrit il).

suite de la chronique sur mon blog...
Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
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Je découvre, malheureusement trop tard, la plume et l'esprit de Bertrand Maris dans cet essai consacré à notre société libérale mondialisée vue au travers de l'oeuvre de Michel Houellebecq.

L'auteur y fait référence à de nombreux économistes prestigieux et à leurs concepts dans une structure facile d'accès : l'individualisme, l'entreprise, les consommateurs, le travail et la fin de l'espèce.

Même si cet essai pourtant rédigé par un économiste n'a pas eu pour moi la même force qu'un essai de Jean-Claude Michéa avec lequel il partage pourtant quelques convergences au niveau des analyses tout en ayant une qualité d'écriture supérieure, il permet pourtant de redécouvrir certains romans de Houellebecq sous un angle nouveau et invite à s'aventurer dans la bibliographie de l'économiste.
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Ce livre a eu une seconde vie.

Sa première vie creusait son sillon comme son auteur qui intervenait dans les médias avec un certain succès, les réparties de celui-ci dans les débats faisaient mouche, sa gouaille du sud emportait l'adhésion.

7 janvier 2015, Bernard Maris est assassiné par les bouchers islamiques. Houellebecq son ami qui vient de publier Soumission comme une ironie de l'histoire est en quelque sorte rattrapé par l'actualité. et son oeuvre présentée alors sera interrompue, et l'oeuvre de Bernard Maris en trouvera bénéfice

Ca fait drôle d'ailleurs de lire la bio de Bernard Maris et d'y voir : assassiné ! Comme si nous étions des siècles en arrière.

Et bien ce Houellebecq économiste va voir ses ventes décupler rendant ainsi hommage à son auteur.

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C'est avec une certaine émotion que j'ai lu ce petit manuel de recadrage de l'Economie sur fond des romans de Houellbecq. La disparition de l'auteur, dans les conditions tragiques, donne un éclairage particulier à ce livre.
On sait depuis longtemps qu'il y a plus de "vérité" dans la grande littérature romanesque que dans la plupart d'écrits "savants". Il n'est donc pas anormal qu' immergé dans une époque où la pseudo-science économique s'autoproclame reine, un romancier, Houellbecq en l'occurrence, rende bien compte de l'obscénité de la chose. Ce qui est remarquable c'est que cela se manifeste à travers toutes les oeuvres ( romans, poèmes...).
La lecture de cet essai est plaisante et instructive.
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Une attaque justifiée de la bullshit économique. Donne le goût de relire Houellebecq.
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