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EAN : 9782845730328
365 pages
Parole Et Silence (30/11/-1)
4.38/5   12 notes
Résumé :
Raïssa Maritain retrace dans ce livre ses années d'enfance, de jeunesse et le trajet spirituel qu'elle et Jacques Maritain ont suivi à travers l'enseignement de leurs maîtres et l'affection de leurs grands amis de ce temps, Henri Bergson, Ernest Psichari, Georges Rouault, Léon Bloy... " L'histoire de Jacques et Raïssa Maritain, ce serait peu de choses si elle n'était que l'histoire de très belles intelligences : qu'ils soient l'un et l'autre comblés des dons de l'es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Quand on écrit ses mémoires et qu'on les intitule "Les grandes amitiés", le lecteur s'attend logiquement à y trouver un hommage à ceux qui ont orienté le cours de la vie de l'auteur. En refermant ce livre, les attentes du lecteur que je suis ont été comblées.
Ces mémoires, qui comportent deux parties [les grandes amitiés ; les aventures de la Grâce] retracent l'étonnant itinéraire de la philosophe Raïssa Maritain.
Un itinéraire géographique d'abord, qui va la mener de Russie vers la France à la fin du 19ème siècle, et qui nous offre de belles évocations de ses souvenirs d'enfance et de jeunesse, dont un superbe hommage à Paris (début du 2ème chapitre). Il s'en dégage une certaine nostalgie et une certaine sagesse.
Un itinéraire spirituel aussi et surtout, qui va la mener de ses racines juives "vers la vérité", grâce à  de belles rencontres. Les portraits que l'auteur en dresse sont autant d'hommages : le philosophe Jacques Maritain qui deviendra son mari, le poète Charles Péguy, l'écrivain Ernest Psichari, le philosophe Henri Bergson, le peintre Georges Rouault, et surtout l'écrivain Léon Bloy, ou encore St Thomas d'Aquin et sa Somme théologique. Lassée par "le scepticisme des philosophes et le relativisme des savants" (page 71), son itinéraire commence par une quête et aboutit à sa conversion à la Foi catholique, qui sera un nouveau départ. Jacques Maritain, devenu son mari, connaîtra le même itinéraire. Tous les deux sont baptisés en 1906, en pleine période anti-cléricale, un an après la loi de 1905 séparant l'Église et l'État.
Leur quête est racontée avec une langue si belle, qu'on ne peut pas ne pas en citer quelques extraits, comme des jalons :
Enfance : "Mais avant tout, il fallait m'assurer l'essentiel : la possession de la vérité sur Dieu, sur moi-même, et sur le monde" (page 37).
Adolescence : "Rien n'arrivait cependant à combler le vide grandissant de mon coeur. Il était toujours en attente d'un grand événement, d'une parfaite plénitude" (page 40).
Lors de leurs études : "Nous décidâmes donc de faire pendant quelque temps encore confiance à l'inconnu ; nous allions faire crédit à l'existence, comme à une expérience à faire, dans l'espoir qu'à notre appel véhément le sens de la vie se dévoilerait, que de nouvelles valeurs se révéleraient si clairement qu'elles entraîneraient notre adhésion totale, et nous délivreraient du cauchemar d'un monde sinistre et inutile" (page 75).
La rencontre avec L. Bloy : "Cette fois, la question de Dieu était posée, et dans toute sa force, et dans toute son urgence" (page 113).
La visite de la cathédrale de Chartres : "Nous étions inclinés à croire que l'unité et l'harmonie de tant de beautés si hautes ne pouvaient avoir pour fondement que la présence de la vérité" (page 131).
Un déjeuner chez Léon Bloy et sa femme : "Nous partagions le festin royal de leur charité en les écoutant parler des merveilles de Dieu" (page 133).
La maturation finale : "La Cité de Dieu se dessinait à notre horizon en lignes encore imprécises, mais déjà éblouissantes" (page 142).

Les grandes amitiés offrent une découverte de la vie intellectuelle en France entre 1905 et 1920 et montrent comment on peut venir à la Foi par l'intelligence ou par l'art. Si elles parleront davantage aux férus de philosophie qu'aux néophytes, elles parleront en revanche à tous ceux qui s'interrogent sur le sens de leur vie et qui cultivent la vertu d'amitié. Les grandes amitiés : une belle découverte !
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Entre 1905 et 1914, pendant que la France, à la veille de la 1ère guerre mondiale était en proie à des déchirements internes puissants teintés de forts anticléricalismes, une jeunesse intellectuelle est née qui a marqué durablement son époque et les générations suivantes.

C'est cette époque que Raïssa décrit dans les Grandes amitiés, puis celle qui précéda la seconde guerre, et à travers ces amitiés puissantes qui sont autant d'itinéraires spirituels, ce fut également le sien, et celui de son époux Jacques que nous parcourons.

Le couple Maritain a eu ceci d'extraordinaire d'être resté fidèle à la force qui les habitait, où le désir de connaissance a rejoint celui de l'amour, où le besoin de viscéral d'un ordre de l'esprit s'est épanoui dans celui de la charité.

Raïssa porte en elle et décrit si bien cette soif d'illumination de l'intelligence par la transcendance, ce besoin de cohérence et de recherche de vérité comme nécessité vitale, qu'immergée au sein de grands intellectuels, artistes, peintres, poètes, écrivains, elle est un guide et un témoin incroyable du destin singulier des âmes qui cherchent la Vérité et tentent de s'y conformer en pensée et en actes.
Lien : http://alarecherchedutempspr..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Pâque juive

Mais la fête plus impressionnante était celle de Pâques. Aux premières vêpres avait lieu le repas liturgique. la table était mise avec beaucoup de recherche, on sortait ce qu'on avait de plus beau. Une nappe éblouissante, des flambeaux d'argent l'éclairaient. mon grand-père paternel présidait le repas, assis sur le plus haut siège, exhaussé par des coussins. La nuit tombait, on goûtait aux herbes amères, les prières commençaient. Toute pénétrée du mystère de cette Pâque j'étais chargée de poser en hébreu les questions auxquelles mon grand-père répondait par le déroulement du récit biblique et l'explication des rites de la nuit pascale. C'était un long discours, en hébreu aussi, mais dont on nous avait expliqué le sens auparavant, en même temps qu'on ne faisait apprendre ma partie dans le dramatique dialogue.
Tous les cœurs étaient étreints par la grandeur des promesses et des faveurs divines, par la pathétique histoire de tant de siècles de souffrances qui n'avaient pas éteint l'espoir. Je ressentais obscurément cette immensité de douloureux mystères sans me rendre compte, naturellement, de leur signification et de leur contenu. Alors arrivait le point culminant de cette nuit sacrée: le passage de l'Ange. On remplissait toutes les coupes d'un vin rouge, doux et fort, dont je n'ai jamais retrouvé la saveur comme liturgique en aucun autre vin même de France. A la coupe la plus grande, remplie de ce beau vin, devait goûter l'Ange de Dieu. qui cette nuit là visitait la maison des Juifs. On éteignait toutes les lumières et dans le silence lourd d'adoration et de crainte on laissait à l'Ange le temps de passer. Puis, les flambeaux rallumés, on terminait rapidement le souper, et et chacun allait à son repos conscient d'avoir participé à une grande action.p27/30
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Ma vie arrive à ce terme beaucoup moins par les épreuves qui m'ont atteinte moi seule, que par le malheur qui s'est abattu sur l'humanité toute entière, parce que la justice est en deuil, que les affligés ne sont pas, ne peuvent pas être consolés, que les persécutés ne sont pas secourus, que la vérité de Dieu n'est pas dite, et parce que tout à coup le monde est devenu si petit, si étroit pour l'esprit, par l'uniformité du mensonge qui y règne et presque seul fait entendre sa voix.
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Nos entretiens devinrent de plus en plus rares par ma faute, et cessèrent bientôt complètement. Je les regretterai beaucoup par la suite. Cet homme bon, généreux, loyal, méritait une entière confiance ; par maladresse je mettais fin à une précieuse amitié, mais j’étais trop jeune pour penser alors à tout cela, et j’agissais avec les gestes brusques et maladroits de ceux qui n’ont encore que peu d'expérience humaine (pages 66-67).
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Je me présentai à l’examen avec une dispense d'âge, et mon professeur, tout enflammé de mon succès, me fit une déclaration -la première que je recevais- et me demanda en mariage. J’en fus surprise et bouleversée, et je refusai la main de mon professeur. Le sentiment d’une grande responsabilité me pénétra et je me sentis tout à coup dépossédée de la longue sécurité de mon enfance (page 38).
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J’appris de cette manière ce que l’acquisition d’un peu d’argent peut coûter de forces, ce que le manque d’un peu d’argent peut représenter de souffrances (page 36).
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