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Pierre Malandain (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253180029
127 pages
Le Livre de Poche (25/08/1999)
3.59/5   107 notes
Résumé :
Pour mieux juger de la fidélité de Lélio qu'elle doit épouser, mais qui ne la connaît pas, une jeune et riche Parisienne se présente à lui déguisée en faux chevalier. Elle découvre alors qu'il doit se marier avec une comtesse envers qui il a contracté des dettes. Pour éviter à Lélio d'avoir à rompre ce mariage et payer dix mille livres de dédit, le faux chevalier courtise la comtesse, puis la vérité sur son sexe se trouve révélée : le faux chevalier se fait finaleme... >Voir plus
Que lire après La Fausse Suivante ou Le Fourbe puni Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Une femme que l'on destine à un homme, Lelio, qu'elle ne connait pas, décide de juger par elle même de sa valeur en le mettant à l'épreuve. Apprenant qu'il séjourne à Paris, elle se déguise en homme et devient son ami. Ainsi elle peut examiner sa probité et sa fidélité.

L'exposition nous fait rencontrer Trivelin, valet sans engagement et de peu de scrupules comme il se définit lui-même “Tantôt maître, tantôt valet ; toujours prudent, toujours industrieux, ami des fripons par intérêt, ami des honnêtes gens par goût.” et Frontin, valet du faux Chevalier dont il trahit aussitôt par étourderie le secret. Trivelin devient aussi valet du Chevalier.

Lelio, se souciant peu de sa future épouse en qui il ne voit qu'une belle dot, a déjà engagé une intrigue avec une Comtesse qui a tout de même le défaut d'être moins riche. Il envisage donc de la laisser le moment venu comme il délaissera son épouse lorsque le charme de la nouveauté sera passé. Toutefois il y a entre la Comtesse et lui des affaires d'argent.

Il est d'ailleurs plus question d'argent que d'amour dans cette pièce.
Mais pourquoi ce titre de Fausse suivante ? Je vous laisse la lire pour le savoir.

Challenge théâtre
Défi 18e siècle
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Encore une jolie pièce courte - 3 actes- de Marivaux! Une perle à laquelle Benoït Jacquot a donné récemment un écrin parfait au cinéma, avec Huppert, Kiberlain, Amalric et Arditi...excusez du peu!

Encore une fois, Marivaux use du travestissement pour mettre ses personnages à l'épreuve, mais cette fois il va nettement plus loin : la jeune demoiselle de paris se déguise ...en chevalier pour faire tomber les masques des autres personnages. Elle entreprend de démasquer Lélio, un futur Valmont, cynique et intéressé, qui se prend d'amitié pour ce hardi chevalier et lui confie la "mission" de séduire la jeune comtesse qui lui est attachée afin de l'en débarrasser et de faire endosser à la comtesse un dédit fort coûteux qui l'a jusqu'ici empêché de rompre..Jusqu'au vertige, la jeune femme déguisée en chevalier éprouve l'ivresse de séduire une fragile et tendre comtesse qui s'éprend follement d'elle...

Il y a beaucoup d'audace dans cette pièce: le féminisme de Marivaux va jusqu'à faire connaître à une femme audacieuse mais droite tous les avantages d'un sexe qui ne cesse d'abuser du sien mais sans adhérer pour autant au cynisme qui lui sert de code...Mais c'est aussi une femme qui démontre à une autre femme sa faiblesse, sa légèreté inconsidérée et son aveuglement...

Le monde des valets intervient aussi dans cette pièce incisive: plus directement cruels, moins embarrassés des formes, les valets découvrent rapidement la vraie nature de ce gracieux chevalier...et leur menaçante présence le pousse à se découvrir.

Une femme travestie en homme dans un monde de brutes et de fourbes...
Joli sujet, dont Marivaux se tire avec sensibilité et brio!

Si vous ne l'avez vu, courez voir le film de Benoît Jacquot : le texte, ciselé, y est respecté à la lettre, et l'interprétation est époustouflante!
Sandrine Kiberlain est magistrale en chevalier!
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Le marivaudage est symbole de dialogue léger mais de haut niveau, de badinage auquel s'ajoute une bonne dose de cynisme. Cette pièce n'échappe pas à la règle. Une jeune femme, "la demoiselle de Paris" se déguise en chevalier pour connaître les véritables intentions de son promis Lélio. Elle découvre qu'il n'est qu'un fourbe, cynique et calculateur. Il voudrait épouser cette "demoiselle de Paris" car elle est riche mais est lié à la comtesse, riche également mais bien moins. Le problème c'est qu'il a contracté auprès d'elle un engagement financier. S'il rompt, il devra lui payer un dédit. Il demande donc au chevalier de la séduire sans se douter de l'identité de ce chevalier qui n'est autre que la demoiselle fortunée qu'il veut épouser. Ainsi la comtesse portera la responsabilité de la rupture.
La comtesse, femme frivole et légère (les femmes le seraient-elles toutes?) succombe rapidement...
Le déguisement, le masque permettent paradoxalement d'accéder à la vérité et Lélio qui se croyait si stratège découvre à ses dépens qu'une femme (le chevalier, alias la "demoiselle de Paris") peut l'être encore davantage.
A cela, s'ajoutent des personnages de valets rustres ou au contraire tout aussi retors et calculateurs de leurs maîtres (Trivelin)
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Chez Marivaux, les personnages dissimulent souvent leur véritable identité, adoptant les habits d'un valet ou d'une suivante pour mieux se dissimuler aux yeux des autres, et découvrir leur véritable nature, un jeu qui n'est jamais sans conséquence. Ici, le déguisement est un travestissement, puisque comme dans le Triomphe de l'Amour, l'héroïne change de sexe et de condition sociale, en se faisant passer pour une suivante qui elle-même jouerait à être un homme. Elle le fait pour observer secrètement l'homme qu'on lui destine.
Mais dans cette pièce, l'originalité vient du fait que l'important n'est pas le déguisement, mais le fait que l'héroïne l'utilise comme prétexte pour piéger un homme volage et infidèle. le sous-titre de la pièce, "le Fourbe puni" est ainsi plus révélateur de l'intrigue. L'héroïne, sous les traits du chevalier, s'érige en défenseur des femmes, et se donne la mission de les venger. Dommage que cet aspect très moderne ne soit pas plus abordé - ni même que les troubles que le chevalier en homme suscite chez la comtesse ou chez Lélio ne soient pas explicités ; mais c'est un ressenti avec des yeux modernes.
C'est enfin une comédie qui ne se termine par aucun mariage. Si le fourbe a été puni, si les valets se sont montrés dignes de Sganarelle ou de Figaro en faisant rire et en dupant leurs maîtres, il faut penser à la comtesse qui se retrouve abandonnée. N'est-ce pas la plus trompée de tous ?
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Chez Marivaux, les personnages ne font rien mais, ils ont tout à perdre. A l'inverse, les valets n'ont rien à perdre.
On peut en effet remarquer que la Comtesse n'a pas de domestiques, elle n'a pas de suivante, elle n'a donc strictement personne à qui se confier.
Les valets de Lélio et du Chevalier ne sont eux pas du tout attachés à leurs maîtres. Au contraire, ils tentent même de leur extorquer de l'argent.

Le travestissement est une quête de vérité, pour soi et pour les autres.
Le Chevalier se découvre être une bonne actrice dans la mesure où elle ne se travestit pas pour le plaisir mais par nécessité.
Peu à peu, le personnage perd son innocence.
Elle découvre en elle une masculinité qui lui était inconnue mais elle reste tout de même une femme, ce qui n'est pas évident à jouer...

D'Alembert avait d'ailleurs dit dans un éloge à Marivaux "Il faut donc, comme le disait très bien Marivaux lui-même, que les acteurs ne paraissent jamais sentir la valeur de ce qu'ils disent et qu'en même temps les spectateurs la sentent et la démêlent à travers l'espèce de nuage dont l'auteur a dû envelopper leur discours"

Pour conclure, l'une de mes pièces de théâtre préférée !
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
LE CHEVALIER

Quoi ! lorsque tu as pris de l’amour, et que tu n’en veux plus, il s’en retourne comme cela sans plus de façon ? Tu lui dis : va-t’en, et il s’en va ? Mais, mon ami, tu as un cœur impayable.

LÉLIO

En fait d’amour, j’en fais assez ce que je veux. J’aimais la Comtesse, parce qu’elle est aimable ; je devais l’épouser, parce qu’elle est riche, et que je n’avais rien de mieux à faire ; mais dernièrement, pendant que j’étais à ma terre, on m’a proposé en mariage une demoiselle de Paris, que je ne connais point, et qui me donne douze mille livres de rente ; la Comtesse n’en a que six. J’ai donc calculé que six valaient moins que douze. Oh ! l’amour que j’avais pour elle pouvait-il honnêtement tenir bon contre un calcul si raisonnable ? Cela aurait été ridicule. Six doivent reculer devant douze ; n’est-il pas vrai ? Tu ne me réponds rien !
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LÉLIO (tirant son épée.) : Ah ! tu ne veux pas ! Voici qui te rendra plus docile.
TRIVELIN : Fi donc ! Savez-vous bien que vous me feriez peur, sans votre physionomie d'honnête homme ?
LÉLIO : Coquin que tu es !
TRIVELIN : C'est mon habit qui est coquin ; pour moi, je suis un brave homme, mais avec cet équipage-là, on a de la probité en pure perte.

Acte III, Scène 2.
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Le marivaudage est symbole de dialogue léger mais de haut niveau, de badinage auquel s'ajoute une bonne dose de cynisme. Cette pièce n'échappe pas à la règle. Une jeune femme, "la demoiselle de Paris" se déguise en chevalier pour connaître les véritables intentions de son promis Lélio. elle découvre qu'il n'est qu'un fourbe, cynique et calculateur. Il voudrait épouser cette "demoiselle de Paris" car elle est riche mais est lié à la comtesse, riche également mais bien moins. Le problème c'est qu'il est lié à elle par son engagement financier. S'il rompt, il devra lui payer un dédit. Il demande donc au chevalier de la séduire sans se douter de l'identité de ce chevalier qui n'est autre que la demoiselle fortunée qu'il veut épouser. Ainsi la comtesse portera la responsabilité de la rupture .
La comtesse, femme frivole et légère (les femmes le seraient-elles toutes ?) succombe rapidement...
Le déguisement, le masque permettent paradoxalement d'accéder à la vérité et Lélio qui se croyait si stratège découvre à ses dépens qu'une femme (le chevalier, alias la "demoiselle de Paris" peut l'être encore davantage.
A cela, s'ajoutent des personnages de valets rustres ou au contraire tout aussi retors et calculateurs de leurs maîtres (Trivelin)
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LE CHEVALIER

Allons, mon cher amour, régalez ma tendresse de ce petit trait-là ; vous ne risquez rien avec moi ; laissez sortir ce mot-là de votre belle bouche ; voulez-vous que je lui donne un baiser pour l’encourager ?

LA COMTESSE

Ah çà ! laissez-moi ; ne serez-vous jamais content ? Je ne vous plaindrai rien quand il en sera temps.

LE CHEVALIER

Vous êtes attendrie, profitez de l’instant ; je ne veux qu’un mot ; voulez-vous que je vous aide ? dites comme moi : Chevalier, je vous adore.
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LE CHEVALIER

Non ; vous manquez votre proie ; voilà tout ; il est vrai qu’elle était assez bonne ; mais aussi pourquoi êtes-vous loup ? Ce n’est pas ma faute. On a su que vous étiez à Paris incognito ; on s’est défié de votre conduite. Là-dessus on vous suit, on sait que vous êtes au bal ; j’ai de l’esprit et de la malice, on m’y envoie ; on m’équipe comme vous me voyez, pour me mettre à portée de vous connaître ; j’arrive, je fais ma charge, je deviens votre ami, je vous connais, je trouve que vous ne valez rien ; j’en rendrai compte ; il n’y a pas un mot à redire.
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