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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Marivaux - le Jeu de l'amour et du hasard - 1730 : L'amour est un jeu ! Il faut dire ça a tous ceux qui souffrent d'avoir approché d'un peu trop près sa lumière et qui s'en trouvent blessés jusqu'à la fin de leur vie. Marivaux utilisait ce sentiment dans l'immédiateté de comédies badines souvent très réjouissantes. Celle-ci par sa témérité et son rythme entraînait le lecteur dans un tourbillon de répliques qui lui faisaient tourner la tête. Il fallait être attentif pour s'y retrouver dans cette galéjade qui voyait les maitres jouer le rôle des valets et les valets celui des maitres. En laissant libre choix à sa fille de choisir ou pas l'homme qui venait lui demander sa main, monsieur Orgon validait une machination sensée découvrir la probité et le caractère de l'aspirant fiancé. Celui-ci se méfiant d'une personnalité orgueilleuse ourdissait le même complot afin de pouvoir jauger le comportement de sa future femme. Évidemment les quiproquos pleuvaient et c'est l'amusement qui prévalait avant tout dans cette pièce qui n'avait d'autres ambitions que de faire rires les spectateurs. Même si l'histoire était d'une facilité déconcertante les rebondissements perpétuels et les chassés croisés amoureux rendaient cette simple bacchanale absolument jouissive. Il faut dire que cette pièce pétillante était faite pour être jouée devant un parterre de nobles qui à l'instar de Louis XIV et de sa cour quand ils assistaient aux représentations de Molière se montrait en cette occasion capable de rire d'eux même. Il est d'ailleurs étonnant de constater que cette population tellement fière de son élitisme ait pu se divertir avec des pièces de théâtre qui de façon plus ou moins détournée cherchait à les ridiculiser. Sans doute que la longue tradition des fous qui se moquait ouvertement des monarques du moyen-âge et de la renaissance pour les distraire survivait ici. Souvent mise en scène à la comédie française car elle est une bonne école pour les jeunes acteurs se destinant aux classiques, "Les jeux de l'amour et du hasard" emporte encore l'adhésion du clampin moderne par sa légèreté certes mais aussi par sa langue déliée qui prouve qu'on peut faire rire en soignant son écriture... un bel exercice
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Quelle brillante pièce de théâtre ! Décidemment, je suis charmée par les dramaturges français ! Après Molière, Alfred de Musset et Edmond Rostand, je découvre Marivaux, avec sa pièce le Jeu de l'Amour et du hasard.

J'ai été emportée par l'histoire : une jeune femme, Silvia, est promise à Dorante, qui possède toutes les qualités d'un bon mari, honnête, beau, riche…Mais Silvia est farouchement opposée au mariage, et tente donc, avec la collaboration de sa femme de chambre Lisette, et de son père Monsieur Orgon, de découvrir si son prétendant est vraiment digne d'être aimé. Pour cela, elle a décidé d'échanger sa place avec Lisette, et ainsi, de mieux observer Dorante. Or, ce dernier a imaginé le même stratagème avec son valet Arlequin. Les rôles étant inversés, Silvia et Dorante seront-ils finalement faits l'un pour l'autre ?

Le Jeu de l'Amour et du hasard est une pièce relativement courte, mais tellement passionnante ! On décèle d'ailleurs de légères touches d'humour, à travers le couple Arlequin / Lisette, parfaite copie de leurs maîtres, mais plus ridicules et superficiels. Finalement, la modernité de cette pièce est ce qui m'a le plus marquée ; le mariage arrangé est ici parfaitement dénoncé par Monsieur Orgon, père compréhensif, affectueux et sincère, et l'inversion des rôles, surtout pour des aristocrates, est plutôt rare à l'époque de Marivaux. C'est sans doute pour cela que le Jeu de l'Amour et du hasard est une pièce si célèbre encore aujourd'hui, traversant les siècles sans jamais être démodée…

A lire !!
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Cette première rencontre avec Marivaux est un succès car j'ai adoré le jeu de l'amour et du hasard.
C'est une pièce très drôle qui mêle quiproquo et jeu d'acteur.

On y fait la connaissance de Silvia, sur le point d'épouser Dorante, mais ils ne se connaissent pas et pour mieux s'observer et apprendre a se connaître, ils ont tous deux la même idée : de se déguiser et se faire passer pour leur servante / valet. C'est forcement très drôle de voir les domestiques qui surjoue leur rôle, et puis pour les deux aristocrates, c'est assez déstabilisants. le père et Mario, le frère de Silvia, sont au courant de la supercherie et bien sur ils ne perdent pas une miette.

C'est une pièce tellement drôle qu'elle se lit très vite, la plume de Marivaux est aussi très belle et n'a pas pris une ride ce qui rend la pièce très fluide a la lecture bien sur la voir jouer et bien mieux.

Dans la foulé, j'ai donc visionné sur youtube, la pièce mise en scène par Galin Stoev en 2011 a la Comédie Française avec les merveilleux avec Léonie Simaga et Alexandre Pavloff qui interprètent a merveille Silvia et Dorante.

Si au départ, je m'attendais a une version plus traditionnelle avec de beaux costumes d'époque, j'ai aimé par la suite la modernité et le jeu des acteurs est tellement bon que je me suis vite laissée séduire.


La première partie est disponible ici :
https://www.youtube.com/watch?v=YWSwrFM1nUE
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Je n'aurai pas la prétention de rédiger une critique approfondie. Juste un témoignage après avoir vu cette pièce dans une adaptation réunionnaise. En créole réunionnais ça donne "Kan l'amour ek lo azar i zoue avek". L'adaptation en creole n'a pa du être facile. Les dialogues sont savoureux tant le créole regorge d'expressions accentuant le côté comique et parfois burlesque du jeux des acteurs. La représentation fut une veritable réussite. Je pense que Marivaux aurait apprécié de voir sa pièce jouée en créole à la Réunion. Lui qui dénonçait déjà les inégalités, le culte des apparences, l'esclavage, les conventions...
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Retour au théâtre et à Marivaux. Avec encore un classique de chez classique que j'aurais dû lire plus tôt, infiniment célèbre, et infiniment beau. le Jeu de l'amour et du hasard, où deux jeunes promis échangent leurs rôles avec leurs domestiques pour évaluer leur fiancé(e) et, comme le dit très bien la quatrième de couverture du Folio Théâtre, se retrouvent malgré le costume. Transcendé il y a deux ans par le cours de Fabrice Chassot de l'Université Toulouse-II sur son roman méconnu La Vie de Marianne, je voulais revenir à cet auteur magnifique du XVIIIème siècle, à l'oeuvre très subtile, à la langue merveilleuse, bien qu'entortillée, reproche même de ses contemporains. Cette pièce me rappelle mon amour de longue date du théâtre, que j'ai injustement délaissé dans mes lectures, il faut que j'y revienne!

Marivaux est véritablement passionnant à lire et à analyser : il est constamment dans la thématique de la posture, de l'attitude, de la physionomie, du verbe juste ou pas qui peut tout changer dans les rapports humains. Comme dans La Vie de Marianne, tout se joue ainsi sur le langage et la tenue. Dorante et Silvia, même travestis en serviteurs, ont ainsi l'instinct que l'autre devrait appartenir à la bourgeoisie ou l'aristocratie, et il y a une différence béante de registre entre eux et le couple Arlequin et Lisette déguisé en maîtres. Comme souvent répété par F.Chassot, Marivaux n'est pas Beaumarchais, et chez lui, malgré ce jeu avec la naissance et la condition sociale, il n'y a pas de revendication à la Figaro, le haut est le haut, et le bas est le bas. Dorante consent cependant à épouser Sylvia même en la croyant simple soubrette, geste chevaleresque à l'image de cette écriture de toute beauté. Par deux fois, je sortais du bus complètement immergé dans cet univers, pour en être violemment arraché par... les affiches de Brice 3 dans l'infâme métro toulousain. Oui, plus ça va, plus je deviens un réac anti-moderne (mais un réac hugolien!)

Marivaux me fait un peu penser à Shakespeare, dans l'importance du théâtre dans son oeuvre, avec ses personnages consciemment acteurs et metteurs en scène, dans le méta-théâtre... Dans une proportion moindre que le grand William, bien sûr. Encore une fois, il est bien plus intéressant à étudier qu'on ne le pense, et trop souvent résumé à ce qu'on a appelé les marivaudages.

Une pièce d'une efficacité à toute épreuve, on aurait voulu qu'elle continue encore...
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Une pièce remplie d'humour dans laquelle la jeune Silvia, à qui l'on veut imposer un fiancé qu'elle ne connait pas, demande à sa servante, Lisbette, de prendre sa place pour juger de la sincérité de celui qu'on lui destine. Cependant, ce qu'elle ignore, c'est que le jeune Dorante, le fiancé, a eu de son côté la même idée.
Magnifique quiproquo dans lequel le spectateur, ou le lecteur, est le seul témoin. Une histoire hilarante où tout finit bien puisque chacun et chacune va finalement finir par tomber amoureux de la personne qui lui est destinée. L'écriture de Marivaux est légère et la pièce se lit en un rien de temps. J'ai également eu la chence de la voir jouée sur scène par une troupe bourré de talent et dans un théâtre splendide à Aix-en-Provence et je n'ai qu'une chose à vous dire : cela vaut le coup d'oeil !
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Créée en 1730 au théâtre des Italiens, entrée en 1795 au répertoire de la Comédie Française et reprise régulièrement au XIXe siècle, c'est peut-être la pièce la plus célèbre de son auteur, si on s'en tient au nombre de mises en scène et représentations.

Orgon, le père de Sylvia, lui annonce que le jeune homme qu'il souhaite la voir épouser, Dorante, va bientôt venir lui faire sa cour. Sylvia lui demande de pouvoir observer son promis sous l'habit de sa soubrette Lisette, pendant que celui-ci fera semblant d'être Sylvia. Cette dernière pense pouvoir ainsi être sûre de voir qui est vraiment Dorante et si elle pourra être heureuse avec lui. Mais de son côté, Dorante use du même stratagème, et se présente sous l'habit de Bourguignon, un valet, pendant qu'Arlequin, son serviteur, joue le maître. Dorante et son fils Mario sont au courant de la double substitution et s'en amusent, pendant que les quatre jeunes gens vivent les affres des sentiments, trompés par les habits d'emprunts des uns et des autres.

Le déguisement du valet en maître et vice-versa est un ressort de comédie déjà apparu dans le théâtre antique, et repris abondamment dans le théâtre classique français, en particulier en imitation de la comédie espagnole. L'acteur comique le plus célèbre avant Molière, Jodelet, s'en est fait une spécialité, et lorsqu'il rejoindra la troupe de Molière à la fin de sa vie, ce dernier écrira en partie pour lui les Précieuses ridicules, pièce dans laquelle il pourra, avec un succès phénoménal jouer un valet déguisé en vicomte de Jodelet. Ce sera sa dernière pièce, et le premier triomphe de Molière dans la capitale.

Mais Marivaux imagine un double déguisement, la jeune fille rejoignant le jeune homme dans la démarche d'observation, ce qui met en quelque sorte les deux sexes à égalité : ils ont les mêmes interrogations, la même légitimité à se poser les questions sur le choix de leur futur conjoint et recourent au même stratagème pour être fixés. Malgré tout, ce double déguisement, que chacun croit unique, ne donne à chaque fiancé que l'illusion de maîtriser la situation : c'est au final Orgon, qui par la connaissance qu'il en a, qui tire les ficelles, qui est le plus à même de suivre les événements en leur donnant leur véritable sens et qui peut orienter le cours des choses, les rôles choisis par Sylvia et Dorante limitant leurs marges de manoeuvres, et leur ignorance de l'identité de deux autres protagonistes ne peut que les précipiter dans un jeu d'erreurs, sur les autres et sur eux-mêmes.

D'une façon sans doute rassurante pour les spectateurs de l'époque, Arlequin, avec son comportement de « valet » déplaît à Sylvia et séduit Lisette. de même, Dorante, sous son habit de valet séduit et est séduit par Sylvia. Une sorte de légitimation du mariage entre les semblables socialement, décidé par les pères. Même si les maîtres et valet changent d'habits, il est plus difficile de changer en un instant le comportement, la façon de parler, ce qu'on appellerait aujourd'hui les codes sociaux. Parce que c'est essentiellement cela que nos jeunes gens voient de l'autre, ils ont assez peu l'occasion dans la pièce d'éprouver d'autres caractéristiques, plus personnels de leurs partenaires potentiels. La pièce soulève l'interrogation de savoir ce que l'on aime dans l'autre, quels sont les éléments qui déterminent la naissance des sentiments, l'envie de former un couple, et elle pointe les déterminismes sociaux, même lorsqu'on pense pouvoir y échapper. Une célèbre enquête d'Alain Girard datant de 1959 avait démontrée une forte homogamie sociale, c'est dire le choix d'un partenaire socialement proche. Les choses n'ont pas tellement changées actuellement, l'apparente liberté de choix aboutit finalement à une forme de reproduction sociale, alors que notre société affirme la priorité du sentiment comme critère du choix du partenaire. . Marivaux pointait déjà ce mécanisme, dans un monde qui imposait le mariage du semblable avec le semblable : même sans contrainte, c'est cela qui va se produire le plus généralement.
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Ce qui fait selon moi le sel de toute comédie de Marivaux, c'est la réflexion sociale des plus dérangeantes qui est bien sensible derrière l'apparence d'une simple comédie agréable, légère, divertissante. Et là… Ladite réflexion est plus dérangeante que jamais ! Les questions posées par cette pièce sont en effet profondes et dérangeantes : le sentiment amoureux est-il lié à l'appartenance à une classe sociale ? Que signifie exactement l'appartenance à ladite classe ? L'apparence à ladite classe est-elle définitive ? etc., etc. Et toutes ses questions sont posées avec légèreté, sur un rythme endiablé, avec toujours la même maîtrise. Admirable.
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L'amour transcende-t-il toutes conditions ou bien est-ce plutôt que qui se ressemble finit immanquablement par s'assembler ?

Marivaux excelle à ces jeux de dupes, à ces joutes entre amour et raison.

Nonobstant tout cela, quel plaisir de lire et de relire cet auteur pour la beauté et la fluidité de sa prose, la subtilité et la finesse du sentiment. Un véritable chef d'oeuvre de cet esprit français, de cet art de penser et de dire perdus à jamais.
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Théâtre : Pièce en 3 actes (comédie)
Jeux de duperie qui finissent bien ! le but est de déjouer les pièges de l'apparence, voir l'autre tel qu'il est vraiment
Excellent moment de lecture ... Personnages très attachants
Drôle et émouvant à la fois ! Pour une fois le personnage du père est en accord avec sa fille, c'est rare ;)
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