Ce n'est pas la meilleure des pièce de l'auteur loin de là mais elle est très représentative de l'esprit des Lumières : goût du débat philosophique , de l'utopie, apologie de la Raison , humour satirique ( elle est très voltairienne) . L'idée de base ,que les hommes rapetissent en s'éloignant de la Raison , aurait eu besoin des effets spéciaux modernes pour être réalisée . Quelques moments divertissants ( satire du médecin , du courtisan...) mais l'ensemble est un peu trop "à thèse" .
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J’ai eu tort de donner cette comédie-ci au théâtre. Elle n’était pas bonne à être représentée, et le public lui a fait justice en la condamnant. Point d’intrigue, peu d’action, peu d’intérêt ; ce sujet, tel que je l’avais conçu, n’était point susceptible de tout cela : il était d’ailleurs trop singulier ; et c’est sa singularité qui m’a trompé : elle amusait mon imagination. J’allais vite en faisant la pièce, parce que je la faisais aisément.
Quand elle a été faite, ceux à qui je l’ai lue, ceux qui l’ont lue eux-mêmes, tous gens d’esprit, ne finissaient point de la louer. Le beau, l’agréable, tout s’y trouvait, disaient-ils ; jamais, peut-être, lecture de pièce n’a tant fait rire. Je ne me fiais pourtant point à cela : l’ouvrage m’avait trop peu coûté pour l’estimer tant ; j’en connaissais tous les défauts que je viens de dire ; et dans le détail, je voyais bien des choses qui auraient pu être mieux ; mais telles qu’elles étaient, je les trouvais bien. Et, quand la représentation aurait rabattu la moitié du plaisir qu’elles faisaient dans la lecture, ç’aurait toujours été un grand succès.
Mais tout cela a changé sur le théâtre. Ces Petits Hommes, qui devenaient fictivement grands, n’ont point pris. Les yeux ne se sont point plu à cela, et dès lors on a senti que cela se répétait toujours. Le dégoût est venu, et voilà la pièce perdue.
Si on n’avait fait que la lire, peut-être en aurait-on pensé autrement : et par un simple motif de curiosité, je voudrais trouver quelqu’un qui n’en eût point entendu parler, et qui m’en dît son sentiment après l’avoir lue : elle serait pourtant autrement qu’elle n’est, si je n’avais point songé à la faire jouer.
Je l’ai fait imprimer le lendemain de la représentation, parce que mes amis, plus fâchés que moi de sa chute, me l’ont conseillé d’une manière si pressante, que je crois qu’un refus les aurait choqués : ç’aurait été mépriser leur avis que de le rejeter.
Au reste, je n’en ai rien retranché, pas même les endroits que l’on a blâmés dans le rôle du paysan, parce que je ne les savais pas ; et à présent que je les sais, j’avouerai franchement que je ne sens point ce qu’ils ont de mauvais en eux-mêmes. Je comprends seulement que le dégoût qu’on a eu pour le reste les a gâtés, sans compter qu’ils étaient dans la bouche d’un acteur dont le jeu, naturellement fin et délié, ne s’ajustait peut-être point à ce qu’ils ont de rustique.
Quelques personnes ont cru que, dans mon Prologue, j’attaquais la comédie du Français à Londres. Je me contente de dire que je n’y ai point pensé, et que cela n’est point de mon caractère. La manière dont j’ai jusqu’ici traité les matières du bel esprit est bien éloignée de ces petites bassesses-là ; ainsi ce n’est pas un reproche dont je me disculpe, c’est une injure dont je me plains.
FLORIS : Votre cœur ne doit point se donner ; c’est bien assez qu’il se laisse surprendre. Je vous instruis contre moi ; je vous apprends à me résister, mais en même temps à mériter ma tendresse et mon estime. Ménagez-moi donc l’honneur de vous vaincre ; que votre amour soit le prix du mien, et non pas un pur don de votre faiblesse : n’avilissez point votre cœur par l’impatience qu’il aurait de se rendre.
Acte III, Scène V.
LE POÈTE : Comme si les Français n’étaient pas raisonnables.
BLAISE : Eh morgué, non : ils ne sont que des Français ; ils ne pourront pas être nés natifs de deux pays.
Acte I, Scène VIII.
BLAISE
Eh mais, morgué, pisque vous n’avez pas besoin de gagner voute vie en tuant le monde, ou avez donc tort d’être médecin. Encore est-ce, quand c’est la pauvreté qui oblige à tuer les gens ; mais quand en est riche, ce n’est pas la peine ; et je continue toujours à dire qu’ou êtes un sot, et que, si vous voulez grandir, faut laisser les gens mourir tout seuls.
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