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EAN : 9781511799287
80 pages
CreateSpace Independent Publishing Platform (19/04/2015)
3.33/5   9 notes
Résumé :
L’Île de la raison ou les petits hommes est une comédie sociale en trois actes et en prose de Marivaux représentée pour la première fois le 11 septembre 1727 par les Comédiens français ordinaires du roi.

Le défaut essentiel dont souffrait L’Île de la raison, qui reprend les mêmes thèmes que l'Île des esclaves en les développant, était d’être dépendante d’une mise en scène reposant sur une optique théâtrale irréalisable : dans l’idée de Marivaux, les p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'Île de la Raison ou les petits hommes est une comédie sociale sans trop de prétention, dont le principal argument est de nous questionner sur notre propre vanité et notre propre hypocrisie.

La pièce se situe dans la droite ligne des deux autres grandes expérimentations sociales de Marivaux, à savoir L'Île des Esclaves et La Colonie, dont le thème était respectivement, l'inversion des rôles entre les maîtres et les esclaves puis l'inversion des rôles entre les hommes et les femmes. Ici, il n'est pas vraiment question d'inversion des rôles, a priori, mais du fait que sitôt débarqués sur l'Île de la Raison, les hommes ordinaires deviennent minuscules.

On voit clairement l'influence de l'époque et notamment des Voyages de Gulliver de Swift mais ici le propos est que les hommes, dans leur ensemble, se conduisent déraisonnablement. Il faut leur mettre devant les yeux le miroir de leur propre vanité, de leurs propres hypocrisies pour qu'ils en prennent conscience et daignent s'amender.

Ici, si inversion des rôles il y a, c'est que les individus d'humble extraction reconnaissent plus volontiers leurs errements que ceux qui sont réputés être les plus raisonnables. le caractère comique de la chose provient du fait que quand les hommes deviennent raisonnables, ils recouvrent leur taille d'origine tandis que s'ils s'obstinent à ne pas le devenir, ils demeurent ridiculement petits.

Très sincèrement, cette petite pièce ne me semble pas du niveau de ses consoeurs sus-mentionnées mais se révèle tout de même agréable à lire. Je vous laisse toutefois le soin d'en juger par vous-mêmes.
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Ce n'est pas la meilleure des pièce de l'auteur loin de là mais elle est très représentative de l'esprit des Lumières : goût du débat philosophique , de l'utopie, apologie de la Raison , humour satirique ( elle est très voltairienne) . L'idée de base ,que les hommes rapetissent en s'éloignant de la Raison , aurait eu besoin des effets spéciaux modernes pour être réalisée . Quelques moments divertissants ( satire du médecin , du courtisan...) mais l'ensemble est un peu trop "à thèse" .
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J’ai eu tort de donner cette comédie-ci au théâtre. Elle n’était pas bonne à être représentée, et le public lui a fait justice en la condamnant. Point d’intrigue, peu d’action, peu d’intérêt ; ce sujet, tel que je l’avais conçu, n’était point susceptible de tout cela : il était d’ailleurs trop singulier ; et c’est sa singularité qui m’a trompé : elle amusait mon imagination. J’allais vite en faisant la pièce, parce que je la faisais aisément.

Quand elle a été faite, ceux à qui je l’ai lue, ceux qui l’ont lue eux-mêmes, tous gens d’esprit, ne finissaient point de la louer. Le beau, l’agréable, tout s’y trouvait, disaient-ils ; jamais, peut-être, lecture de pièce n’a tant fait rire. Je ne me fiais pourtant point à cela : l’ouvrage m’avait trop peu coûté pour l’estimer tant ; j’en connaissais tous les défauts que je viens de dire ; et dans le détail, je voyais bien des choses qui auraient pu être mieux ; mais telles qu’elles étaient, je les trouvais bien. Et, quand la représentation aurait rabattu la moitié du plaisir qu’elles faisaient dans la lecture, ç’aurait toujours été un grand succès.

Mais tout cela a changé sur le théâtre. Ces Petits Hommes, qui devenaient fictivement grands, n’ont point pris. Les yeux ne se sont point plu à cela, et dès lors on a senti que cela se répétait toujours. Le dégoût est venu, et voilà la pièce perdue.

Si on n’avait fait que la lire, peut-être en aurait-on pensé autrement : et par un simple motif de curiosité, je voudrais trouver quelqu’un qui n’en eût point entendu parler, et qui m’en dît son sentiment après l’avoir lue : elle serait pourtant autrement qu’elle n’est, si je n’avais point songé à la faire jouer.

Je l’ai fait imprimer le lendemain de la représentation, parce que mes amis, plus fâchés que moi de sa chute, me l’ont conseillé d’une manière si pressante, que je crois qu’un refus les aurait choqués : ç’aurait été mépriser leur avis que de le rejeter.

Au reste, je n’en ai rien retranché, pas même les endroits que l’on a blâmés dans le rôle du paysan, parce que je ne les savais pas ; et à présent que je les sais, j’avouerai franchement que je ne sens point ce qu’ils ont de mauvais en eux-mêmes. Je comprends seulement que le dégoût qu’on a eu pour le reste les a gâtés, sans compter qu’ils étaient dans la bouche d’un acteur dont le jeu, naturellement fin et délié, ne s’ajustait peut-être point à ce qu’ils ont de rustique.

Quelques personnes ont cru que, dans mon Prologue, j’attaquais la comédie du Français à Londres. Je me contente de dire que je n’y ai point pensé, et que cela n’est point de mon caractère. La manière dont j’ai jusqu’ici traité les matières du bel esprit est bien éloignée de ces petites bassesses-là ; ainsi ce n’est pas un reproche dont je me disculpe, c’est une injure dont je me plains.
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FLORIS : Votre cœur ne doit point se donner ; c’est bien assez qu’il se laisse surprendre. Je vous instruis contre moi ; je vous apprends à me résister, mais en même temps à mériter ma tendresse et mon estime. Ménagez-moi donc l’honneur de vous vaincre ; que votre amour soit le prix du mien, et non pas un pur don de votre faiblesse : n’avilissez point votre cœur par l’impatience qu’il aurait de se rendre.

Acte III, Scène V.
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LE POÈTE : Comme si les Français n’étaient pas raisonnables.
BLAISE : Eh morgué, non : ils ne sont que des Français ; ils ne pourront pas être nés natifs de deux pays.

Acte I, Scène VIII.
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BLAISE
Eh mais, morgué, pisque vous n’avez pas besoin de gagner voute vie en tuant le monde, ou avez donc tort d’être médecin. Encore est-ce, quand c’est la pauvreté qui oblige à tuer les gens ; mais quand en est riche, ce n’est pas la peine ; et je continue toujours à dire qu’ou êtes un sot, et que, si vous voulez grandir, faut laisser les gens mourir tout seuls.
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